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27 janvier 2011

Le Petit Pierre à Biskra !

 

Il y a quelques jours, je vous présentais le livre (ICI) de Pierre-Philippe Barkats :

"Ô Briska une enfance algérienne"

J'ai beaucoup aimé ce témoignage de souvenirs d'un enfant jusqu'à l'âge de 8 ans. Cependant, contrairement à ce que m'avait dit l'ami qui m'a offert ce bouquin, j'ai un peu envie de dire que tout nous sépare jusqu'à "l'exode".

Famille juive.jpgLe petit Pierre nous fait tout d'abord évoluer dans une famille de culture juive avec des liens ancestraux avec cette région des Aurès et de Biskra. Son arrière grand-mère est agricultrice dans les Aurès, elle produit du lait de vache et de chèvre, elle ne parle que l'Arabe et le Kabyle,  en fait vu la situation géographique je pencherai plutôt vers le Chaoui, enfin, elle est aussi la sage-femme attitrée de toute la région de Khenchela.

Il nous montre que, tout en gardant leurs coutumes, leurs traditions et leur religion, ces juifs ancestralement "algériens" ont bénéficié des décrets Crémieux qui les intégraient dans le Giron de la France. Que seraient les musulmans devenus si…

Biskra est une petite ville de Province coincée sous les Aurès et en limite du Sahara. Nous y promenons avec ce regard d'enfant de la maison à l'école, de l'entreprise export de dattes jusqu'aux palmeraies. Nous y découvrons ses rues, ruelles, rigoles à secs ou débordantes. Nous promenons avec ses habitants, arabes, touaregs, juifs, "européens" et métropolitains.

Sa demeure est très typique de l'habitat d'origine. On vit en famille et chaque "père" est logé autour d'une cour qui est le rassemblement de cette famille. On y lave le linge, organise les repas de famille, les enfants s'amusent et les adultes s'y retrouvent le soir "à la fraiche" pour refaire le monde.

Il nous entraine à la suite de Gide, Camus et Le Clézio sur les traces de ses souvenirs. Pas à Alger ni à Oran, ni à Tlemcen ni ailleurs… A Biskra !

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Nous vivons sous la chaleur estivale, les pluies torrentielles d'hiver, les vents de Sable…

Quelques escapades de vacances estivales à Alger, chez sa grand-mère, ou en métropole à Nice.

Alger, où nous vivions dans le même secteur et où nous aurions pu nous côtoyer au jardin public, mais le petit Pataouète est bien plus grand que Petit Pierre (3 ans). C'est à Alger qu'il découvre la guerre et la politique. A ma grande surprise, je pensais que la proximité des Aurès lui aurait laissé quelques souvenirs de guerre du Bled. En fait, il ne se souvient que de quelques douilles de fusils de guerre aperçues au hasard d'une balade en Simca paternelle sur les hauteurs de Biskra.

Enfin ce sera, la Bombe à De Gaulle, son père et De Gaulle qui, quelques heures avant le discours de Biskra annonçant l'autodétermination, lui assurait qu'il n'avait pas de craintes à avoir, l'OAS, la nouvelle villa ou je n'habiterai jamais, il faut quitter Biskra et la dernière fois que j'ai vu Biskra !

Si vous avez quelques souvenirs ou si vous souhaitez découvrir la vie de l'époque dans une petite ville de province, le tout vu à la hauteur d'un petit garçon de 8 ans, je vous conseille cette magnifique ode à Biskra !

Biskra 2.jpgJe terminerai sur sa dédicace :

Pour Biskra

Pour mon vieux Papa.

19 janvier 2011

Les émeutes de la mondialisation

Régis Soubrouillard - Marianne

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Algérie, Tunisie, Chine, banlieues françaises, sur tous les continents ces mouvements populaires témoignent d'une mutation de l'Etat contemporain. Violences politiques pour les uns, ou sociales motivées par une certaine exaspération de jeunes en quête d’emplois, alors même que les gouvernants donnent l’impression de vivre à leur aise.

Les récentes émeutes en Algérie et en Tunisie sont venus le rappeler : la combinaison de la corruption, des difficultés économiques et de la hausse des prix des matières premières est explosive.

En Tunisie, les heurts gagnent la capitale alors que le bilan fait état d’une cinquantaine de morts. Ce lundi 10 janvier, le président Ben Ali a bien promis de créer 300 000 emplois d’ici 2012. Insuffisant pour calmer la colère de la rue tunisienne, malgré la répression.

Dans son rapport annuel sur les risques mondiaux, publié ce mercredi matin, deux semaines avant le sommet annuel de Davos, le World Economic forum s'inquiète du «danger social»: « Le monde n’est pas paré pour affronter de nouveaux chocs significatifs. D’une part, la crise financière a affaibli la capacité de résilience économique mondiale, tout en avivant les tensions géopolitiques. D’autre part, la recrudescence des préoccupations sociales indique que les gouvernements et les sociétés sont plus démunis que jamais face aux défis planétaires ».

Le rapport identifie trois risques majeurs de troubles sociaux et politiques  : le crime organisé, la corruption et la fragilité des États ; les risques liés à l'eau, à l'alimentation et à l'énergie ; les dangers des déséquilibres macroéconomiques mondiaux. Or, rappelle le rapport, le monde est actuellement particulièrement vulnérable.

Davos sera toujours Davos. Face à ces dangers, le WEF propose une solution qui promet d'être controversée : retirer les aides aux produits de première nécessité pour laisser le marché dicter leur « vrai prix » et réduirait la demande. Le rapport admet cependant que cela aurait des « effets sociaux négatifs » et qu'une telle décision doit être mise en place «progressivement».

L'émeute et le suicide, modes d'expression du malaise maghrébin

En attendant la révolte gronde et la contagion menace. Fondateur du groupe de presse Le Pays, journal privé du Burkina Faso, Jérémie Sigue, estime que « ce qui se passe en Algérie et en Tunisie n’est pas exclusif à ces pays. Sous nos tropiques, les pays qui réunissent les conditions d’une explosion sociale sont légion. En fait, les mêmes conditions sont réunies un peu partout en Afrique. Et c’est en cela que l’on peut redouter l’effet contagion de cette grogne sociale qui secoue ces deux pays du Maghreb. Sans doute que les marginaux, quel que soit le pays où ils se trouvent, ne sont pas disposés à accepter sans broncher, indéfiniment, leur condition ».

Des marginaux ? « En Algérie, comme dans le reste du Maghreb, ils sont ceux qu’on appelle les « diplômés chômeurs. En Tunisie, le taux de chômage des jeunes diplômés, officiellement de 23,4 %, frôlerait en réalité les 35 %. En Algérie, le même indicateur toucherait plus de 20 % des jeunes diplômés, très loin des 10 % officiels. Au Maroc, où le mouvement des diplômés chômeurs est institutionnalisé depuis plus d’une décennie » analyse La Libre Belgique. Six jeunes gens ont tenté de s’immoler devant le ministère du Travail, à Rabat, quelques jours après le premier suicide de la région de Sidi Bouzid. L’émeute et le suicide sont devenus les modes d’expression privilégiés du malaise maghrébin.

Si aucun régime ne paraît menacé dans son existence même tant la désorganisation prédomine dans ces mouvements de protestation, à  travers ces explosions de révolte, c’est toute la question d’une jeunesse sacrifiée dans la mondialisation qui se pose. 

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Les émeutes qui bourgeonnent aux quatre coins de la planète ont-elles quelque chose en commun ?

Pour Alain Bertho, auteur du Temps des émeutes, qui tient un blog sur le sujet, ces mouvements ne sont plus de simples revendications brutales, issus de manifestations qui auraient dégénérées. C’est maintenant un phénomène mondial et contemporain, qui prend forme face  à l’épuisement, à l’inefficacité des autres modes d’actions.

Des banlieues françaises aux rues de Lhassa, du Mexique à la Tunisie, du Maroc à Guizhou en Chine, de Téhéran à Athènes,  en anthropologue, Alain Bertho tente de dégager les similitudes de toutes ces explosions, autant d’arrières cours de la mondialisation. Affrontements communautaires, émeutes liées à la mondialisation ou querelles violentes avec la police…Les mêmes révoltes contre les politiques de gestion urbaine ou « contre la vie chère » éclatent un peu partout.

«Il est urgent de comprendre que la crise mondiale est aussi, peut-être surtout, politique et que les temps actuels sont les temps des émeutes » explique Alain Bertho.

 

Le coût exorbitant de la mondialisation

Manif 3.jpgEn Chine, les mouvements de protestations sont quotidiens,  ethniques, sociaux, ciblant la corruption des cadres du Parti, la révolte gronde aussi dans l’atelier du monde ? L'esprit de fronde n'a pas encore atteint les centaines de milliers de diplômés précaires qui vivent dans des dortoirs, parfois des capsules, et gagnent des salaires de misère. On les appelle les « fourmis », travailleurs connectés, mais solitaires, perdus au coeur des immenses mégalopoles chinoises. Qui sait si un jour, ils ne seront pas sensibles au célèbre mot de Camus:  « Je me révolte donc nous sommes »

Selon un rapport du Bureau International du Travail rendu public en 2009, 81 millions des 15-24 ans étaient au chômage, un taux de 13%. « Le chômage des jeunes, qui a augmenté de 7,8 millions de personnes depuis 2007, risque de produire une génération perdue de jeunes gens qui sont sortis du marché de l'emploi et qui ont perdu tout espoir d'obtenir un travail qui leur assure une vie décente », fait remarquer le rapport qui pointe les risques d’explosions sociales.

Des explosions de violences comme autant de symptômes qui prouvent que dans le « monde tel qu’il va »,  la production de rebut humain est le corollaire de la modernité, ce que le sociologue Zygmunt Bauman qualifiait de « coût humain de la mondialisation ».

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07:59 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : emeutes de la mondialisation

14 janvier 2011

Algérien de le dire

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Déjà cinq morts - au moins - en Algérie et, là encore, la France qui s'honore. Le 7 janvier, le porte-parole du Quai d'Orsay a fait cette tonitruante déclaration: « Nous suivons la situation avec attention. » Manquerait plus qu'on s'en contrefiche avec application ...

Heureusement, le président Bouteflika a pris la mesure du problème. Ces dernières années, il a mis « plein d'argent dans du matériel anti-émeutes : près de 45 millions d'euros pour la dernière commande », raconte le site« slate.fr ». Voilà qui va fissa régler le problème du chômage, le manque de logements et la question des salaires.

L'Etat algérien, qui a du flair, avait augmenté les émoluments des policiers deux mois avant le déclenchement des émeutes: plus 50%, avec effet rétroactif depuis 2008. De quoi fouetter les troupes !

Les « émeutiers» n'ont qu'à bien se tenir.

Et à ravaler leur colère devant les pétrodollars qui coulent à flots au sommet. Avec l'envolée du prix du baril, le pays croule sous les réserves de change: 150 milliards de dollars. Mais, cette fois, le gouvernement de Bouteflika a manqué de flair: il n'a cessé de s'en flatter publiquement. Ce qui n'a pas peu contribué à motiver les manifestants sur le thème: où va l'argent ?

L'oligarchie au pouvoir a beau faire, elle ne peut pas tout planquer en Suisse. Alors elle investit n'importe comment. Les grands chantiers - autoroutes, ponts, gazoducs ­sont confiés à des boîtes étrangères, notamment chinoises.

Les seuls boulots qui, en Algérie, aient de l'avenir et de belles perspectives d'évolution de carrière : militaire ou flic ...

07:49 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : algérie, émeutes

12 janvier 2011

Le jour où Gary Cooper est mort

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Michel Boujut a grandi entre deux drames familiaux, insérés dans la tragédie collective des deux guerres mondiales. Celui de son grand-père Maurice, fauché à 26 ans en septembre 1914, et celui de son père Pierre, prisonnier dans un stalag pendant quatre ans et demi. A la troisième génération, Michel, jeune appelé qui doit partir pour l'Algérie, décide de rompre le cycle infernal du casse-pipe : il désertera. La raison de son adieu aux armes, c'est "le refus, radical, d'une guerre sale faite salement".

Alors, au lieu de rejoindre son unité, le soldat Boujut Michel arrive à Paris, le 13 mai 1961, le jour où le monde apprend la mort de Gary Cooper. C'est un signe du destin : en attendant de quitter la France, il se cachera pendant quinze jours dans les salles obscures du Quartier latin. Ainsi naîtra une vocation dont il fera son métier.

Critique de cinéma, essayiste et romancier, Michel Boujut revient sur le moment clé qui a fait basculer son existence, son refus d'aller combattre en Algérie. Loin d'être une évocation nostalgique, ce livre plein d'élan nous fait partager des coups de coeur de cinéphile, des passions littéraires, et ouvre les portes d'une réflexion profonde sur la nécessité de l'insoumission face à l'indignité.

Michel Boujut

Michel Boujut, né en 1940, est écrivain et critique de cinéma. Il est par ailleurs l'auteur d'un album sur Louis Armstrong aux Éditions Plume.

07:01 Écrit par Pataouete dans L'Algérie, Livre | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : algérie, michel boujut

08 janvier 2011

Algérie. Le retour de la guillotine

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Une guillotine devant la grande poste d'Alger ! Ce sinistre spectacle a égayé le cœur de la Ville blanche du 8 au 12 décembre. Partagés entre l'horreur et l'incrédulité, les passants découvraient les portraits des militants nationalistes exécutés sous le gouvernement socialiste de Guy Mollet entre 1955 et 1957. Sous une banderole : " Les guillotinés de Mitterrand" - à l'époque ministre de l'Intérieur puis de la Justice.

 Le FLN ­qui a apparemment lu la passionnante enquête de l'historien Benjamin Stora et de François Malye* - entendait commémorer ainsi le 11 décembre 1960, jour où des milliers d'Algériens étaient descendus dans la rue aux cris d'« Algérie algérienne ! » et qui se termina dans un bain de sang.

L'Algérie veut montrer qu'elle n'a pas perdu la mémoire. "L'exposition guillotine" constitue le coup d'envoi d'une campagne du souvenir qui durera jusqu'en 2012, année du cinquantenaire de l'indépendance. Elle vise à ressouder un pays déchiré autour de l'expérience fondatrice de la nation; car, s'il reste un consensus entre Algériens, c'est bien celui de la guerre de libération. Mais le régime s'adresse aussi à la France. En particulier, à cette « Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie» que souhaite mettre en place Nicolas Sarkozy, hostile à toute forme de repentance.

Or, depuis 2005 et la polémique autour du « rôle positif de la présence française outremer, notamment en Afrique du Nord », tout va mal entre Paris et Alger, qui demande avec insistance des excuses à l'ancienne puissance coloniale.

 Les voyages officiels ne sont que l'écume d'un profond différend entre les deux rives de la Méditerranée. Depuis, Abdelaziz Bouteflika diffère sans cesse une visite d'Etat en France. La guillotine de la Grande Poste était-elle la véritable « veuve », exhumée du musée de l'Armée, ou la copie reconstituée pour les besoins du film que réalise le cinéaste Saïd Ou d Khelifa sur Ahmed Zabana, le premier « moudjahid» à avoir eu la tête tranchée? On l'ignore. En tout cas, elle faisait froid dans le dos, et sur la nuque, à ceux qui rêvent d'un dialogue apaisé entre Alger et Paris.

Martine Gozlan

 

* François Mitterrand et la guerre d'Algérie,

de François Malye et Benjamin Stara, Calmann-Lévy, 2010.

 

L'Algérie, maitresse de son destin depuis bientôt 50 ans, n'a toujours pas trouvé sa stabilité. Après les "Années de Plomb" du régime dictatorial, après les "Années Noires" des exactions islamistes, nous en sommes désormais aux Emeutes des Jeunes contre la Faim, la Soif, pour le logement et le travail.

Devant ce Bilan désastreux, le Gouvernement n'a qu'une solution pour fédérer la population : la Guerre de Libération !

Pataouète n'a de cesse de dénoncer les abus de la colonisation et de la Guerre d'Algérie. Cependant, depuis 50 ans, les gouvernants aurait pu, aurait du, redresser la barre de la République Algérienne Démocratique et Populaire ! Or, plutôt que de glorifier l'action gouvernementale, il est préférable d'essayer de fédérer le pays autour d'une période qui n'a de glorieuse pour les Algériens que l'Histoire que l'on a bien voulu leur raconter !

 

Mon Dieu quel malheur !

07:58 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : algérie, retour de la guillotine