19 novembre 2010
Mitterrand discours 1 décembre 1954
En complément à mes notes, merci Noëlle, une vidéo d'un discours de François MITTERRAND, alors ministre de l'intérieur du gouvernement de Pierre Mendès-France.
Ce discours date du 1 décembre 1954 soit, un mois après le début de l'insurrection. F. Mitterrand est alors en tournée dans les Aurès.
07:58 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mitterrand, discours 1954, algérie
18 novembre 2010
"Mon oncle d'Algérie", de Nathalie Funès
Vous savez qu'au-delà de mes publications sur l'Algérie, mon souhait le plus chèr est de faire revivre, de rendre hommage, à ces Français d'Algérie qui ont milité dans le camp des anticolonialistes, des pacifiques, des progressistes, parfois, et seulement parfois dans celui des indépendantistes. Je vous en ai déjà parlé dans mes notes à propos du camp de Lodi (ICI et suivants) je vous propose aujourd'hui un livre de Nathalie Funès (journaliste au Nouvel Obs.) à propos de son Oncle d'Algérie.
Mon Oncle d'Algérie
Moins connu que son cousin d'Amérique, cet oncle-là est à la fois plus proche et plus énigmatique. Il a mille ans d'histoire - juif berbère dont les ancêtres ont connu la régence turque - et une nationalité chaotique : indigène sous l'empire colonial français, citoyen de la République après le décret Crémieux de 1870.
Mais quand, en plus, le tonton est un anarchiste patenté, membre du Mouvement libertaire nord-africain, et indépendantiste engagé, il devient le genre de parent que les familles évoquent avec force soupirs, ou pas du tout. Car, comme le rappelle l'auteure, dans l'Algérie d'hier, "il n'y a pas pire espèce qu'un pied-noir anticolonialiste".
Ainsi commence une passionnante enquête familiale menée par Nathalie Funès, journaliste du Nouvel Observateur, sur son oncle, né Fernand Doukhan, fils de Saül, "premier homme de la famille à naître français, premier à ne pas porter un prénom hébraïque, et premier à devenir instituteur et non colporteur ou matelassier". C'est une vie qui refuse de se livrer, des souvenirs qu'il faut arracher.
Oncle Fernand n'a laissé ni descendance ni journal intime, seulement quelques vieux papiers. Les indices sont donc récoltés avec soin : ici, la tombe abîmée de l'ancien cimetière Saint-Eugène à Alger, aujourd'hui Bologhine, au nord du quartier de Bab El-Oued ; là un vieux registre des anciens élèves normaliens de Bouzaréa, qui signifie en arabe "celui qui sème les grains", sur les hauteurs d'Alger, ou bien le bureau, en France, des victimes des conflits contemporains.
Trous de l'histoire
A 26 ans, incorporé dans le 9e régiment des Zouaves, le régiment d'Alger - celui qui, après la guerre, participera au conflit indochinois, aux premières opérations de police en Kabylie, puis à la lutte contre le terrorisme dans la Casbah -, Fernand Doukhan traverse, pour la première fois, la Méditerranée.
Il est fait prisonnier en Picardie, puis transféré dans un stalag du IIIe Reich. "Fernand a dû remercier ses parents de ne pas l'avoir appelé Isaac, écrit sa nièce, qui a épluché les documents. A la mention "nom du père", il est marqué Raoul Dunkhan. Pas Saül. Juste deux lettres et un tréma de différence".
Il y a aussi quelques extraits des cartons d'archives du Centre des archives d'outre-mer d'Aix-en-Provence... On y trouve la trace de l'oncle, correspondant zélé à Alger du Libertaire, parallèlement à son métier d'instituteur, arrêté en janvier 1957, puis interné dans le camp de Lodi, une ancienne colonie de la Compagnie des chemins de fer algériens, transformée en prison pour Français indépendantistes, communistes, syndicalistes, grévistes. L'avocat de Fernand Iveton, seul Français guillotiné de la guerre d'Algérie, y séjournera deux ans. Encore des pièces du puzzle rassemblées.
Et quand les trous de l'histoire ne peuvent plus être comblés, il reste Internet, "la nouvelle patrie des rapatriés d'Algérie", comme l'écrit joliment l'auteure. "Le jour, la nuit, jusqu'au petit matin, ils se réunissent sur les sites de leur ville, de leur quartier, de leur cité, de leur rue d'avant. Ils échangent leurs photos, leurs souvenirs. (...) Ils tentent de laisser sur Internet les traces d'un monde qui n'existe plus que dans leur tête." Il suffit de lancer le nom de l'instituteur Doukhan.
Quelques-uns de ses anciens élèves fréquentent l'endroit, qui se souviennent d'un homme austère. Fernand Doukhan finit par être expulsé d'Algérie, le 8 avril 1958. Il n'y retournera jamais.
Il meurt, à Montpellier en 1996, toujours membre du Parti des travailleurs. Non sans avoir fait lire à sa nièce, à l'âge de 10 ans, La Mère, de Maxime Gorki.
MON ONCLE D'ALGÉRIE de Nathalie Funès. Stock, 158 p., 17 euros.
07:22 Écrit par Pataouete dans L'Algérie, L'Algérie Le Camp de Lodi, Livre | Lien permanent | Commentaires (5)
16 novembre 2010
La Journée des Tomates ou du Recul
Il y a quelques jours, je vous présentais un livre à propos de François Mitterrand et la 4éme. Vous pouvez le retrouver ICI.
Je n'ai pas encore lu ce livre mais j'ai regardé le documentaire que les auteurs nous ont présenté il y a quelques jours. Bien entendu, cela m'a provoqué quelques réactions et souvenirs. Je voudrais essayer de synthétiser cette période 1956-57, ou tout a basculé.
Le gouvernement Guy Mollet
En 1956, lors de la campagne pour les élections législatives, il anime, aux côtés de Pierre Mendès France, François Mitterrand et Jacques Chaban-Delmas, le « Front républicain », coalition réunie sur un programme de modernisation économique et sociale et de paix négociée en Algérie, qui obtient une courte majorité. Alors que le président René Coty propose à Pierre Mendès France de former un gouvernement en 1956, celui-ci refuse et lui suggère Guy Mollet.
À propos de l'Algérie, il est le dirigeant du Front républicain aux idées les plus avancées : la guerre est pour lui « imbécile et sans issue » ; l'indépendance est dictée par le bon sens.
Confronté, lors d'une visite à Alger le 6 février 1956, à l'hostilité violente (jets de légumes, cris, menaces de mort explicites) de la population d'origine européenne (appelée journée des tomates ou journée du Recul), puis à l'impossibilité de réunir une majorité parlementaire sur une ligne libérale en Algérie, il s'engage dans une politique répressive et refuse toute solution négociée avant la conclusion d'un cessez-le-feu ; il double en six mois les effectifs militaires déployés sur place en envoyant le contingent. Il doit renoncer à nommer Georges Catroux ministre résidant en Algérie. Il propose à Pierre Mendès France, puis à Gaston Defferre d'exercer cette fonction, mais ceux-ci refusent. Il désigne donc Robert Lacoste.
François Mitterrand est successivement Ministre de L'Intérieur et Garde des Sceaux. Il déclare préférer être au gouvernement car il est persuadé que ce gouvernement ne durera pas très longtemps et qu'il espère remplacer Guy Mollet à sa tête.
Après avoir été mis en minorité par l'Assemblée nationale, le cabinet Mollet, qui détient le record de longévité de la IVème République, chute en mai 1957. François Mitterrand ne sera pas nommé Président du Conseil.
Mitterrand et la Bataille d'Alger.
Lorsque les négociations pacifistes sont abandonnées, ou peut être pour en provoquer la chute, des Ultras européens déclenchent un attentat meurtrier dans les ruelles de la Casbah. Les militants du FLN décident de porter leur action dans le centre ville d'Alger. Une succession d'attentat vise les bars "sélect" de la rue Michelet, les transports en commun, des candélabres d'éclairage public à des carrefours stratégiques et le Casino d'Alger. Ces attentats font de nombreuses victimes.
Janvier 1957, le gouvernement décide de lancer ce qui fut ensuite appelé la Bataille d'Alger. Cela peut paraitre une réponse évidente du pouvoir établit mais ce sont surtout les Pleins pouvoir accordé à l'Armée et à son chef le Général Massu qui ouvrent la porte à l'arbitraire, à la torture, aux corvées de bois et aux exécutions sommaires. Et dire que les chefs militaires sont pour la plupart d'anciens résistants !
Il y a 7 condamnés à mort, dont 1 européen, dans les geôles de Barberousse. Certain ont commis des "crimes" établis. Pour d'autres, ils préparaient des attentats mais avaient été interpellés avant de les avoir commis. Des recours en grâce sont introduits auprès du Président de la République. François Mitterrand, alors Garde des Sceaux transmet pour chacun d'eux un avis défavorable à la demande de grâce.
Les "Amis politiques" de François Mitterrand démissionnent en dénonçant ce qui est en train de se passer à Alger. Mitterrand, lui, reste, toujours dans l'idée de succéder à Guy Mollet.
Il faut porter au crédit de Mitterrand une lettre ou, en sa qualité de garde des sceaux, il dénonce les pratiques totalement arbitraires des militaires en Algérie. Il réclame que la Justice soit réintroduite à Alger. Lettre morte bien entendu.
En réunion avec Françoise Giroud et Jean Jacques Servan-Schreiber, Albert Camus déclare : " Je connais les miens, plus rien ne sera possible et il va vous falloir tirer contre eux et je n’en serais et je crois qu’il n’y aura plus de gouvernement possible dans ce pays."
Je vous laisse imaginer le mal que j'ai eu à faire voter Mitterrand à mes proches anciens militants pacifistes d'Algérie.
07:38 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : 4eme république, guy mollet, mitterrand
08 novembre 2010
Les événements s'accélèrent !
Lorsque j'ai ouvert ce blog, mon idée directive était de parler de l'Algérie. De toute l'Algérie. De rapporter tout élément recueillit, de narrer mes témoignages et impressions personnelles et surtout d'ouvrir et d'élargir les débats trop souvent focalisés sur le petit bout de la lorgnette du parti prix éditorial. Le nombre toujours croissant de mes visiteurs me laisse à penser que j'ai modestement atteint mon but.
Depuis quelques temps, les événements s'accélèrent, et c'est tant mieux !
Le Gouvernement, probablement toujours dans sa recherche de ratisser les voix d'extrême droite, flirte avec les anciens de l'Algérie Française toujours Algéronostalgique. Mais est-ce une raison pour réintégrer dans les anciens combattants, les soldats factieux de la République ?
La fin de la Quatrième République, je pourrais dire le désastre de la quatrième, est désormais beaucoup présenté. Il est vrai que le gouvernement issu des élections de 1956, des promesses de solutions au problème algérien, de la première visite mémorable de Guy Mollet à Alger, il fut reconduit à l'aéroport par les manifestants sous les tomates et les carottes, tiens il faudra que je vous raconte mes souvenirs de petit garçon, un virage à 180°, la partie la plus à gauche de la SFIO qui se désolidarise, les pleins pouvoirs à l'armée, l'arbitraire, la torture, les assassinats…( de Français et de Musulmans) et probablement le début le l'évolution inéluctable.
Le coup d'état du 13 mai 1958, le Comité de Salut Public, le retour du Général de Gaulle aux affaires, la constitution de la Cinquième, dont nous constatons aujourd'hui encore les travers monogarchiques, encore les pleins pouvoirs…Juste un petit aparté, on a beaucoup reproché à de Gaulle sa trahison. En fait de tout son périple triomphal en Algérie, il a beaucoup dit qu'il nous avait compris mais la reconnaissance de l'Algérie Française n'a été prononcée qu'une fois et une seule à Mostaganem juste avant son départ et probablement enivré par l'accueil impérial de la foule en délire !
Enfin, la poursuite des dérives factieuses, d'une partie de l'Armée,soutenu par une partie des Français d'Algérie, l'Armée secrète et les exactions qui ne pouvaient qu'aboutir à l'abandon de leur terre par ce million d'hommes et de femmes déraciné pour la deuxième fois en un siècle et que nous appelons désormais les "Pieds Noirs".
France-Info à ouvert le débat deux ans avant le cinquantième anniversaire de l'Indépendance. Souhaitons que les portes de la vérité historique s'ouvrent.
Une chose est sure, on ne refera pas l'histoire et comme toujours il n'y aura qu'un dindon : le Peuple !
07:18 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : algérie, guy mollet, 13 mai 58, indépendance
27 octobre 2010
le rôle du ministre Mitterrand pendant la guerre d'Algérie
Un livre dévoile le rôle du ministre Mitterrand pendant la guerre d'Algérie
De Myriam CHAPLAIN-RIOU (AFP) –
Quand le garde des Sceaux François Mitterrand quitte son ministère en mai 1957, en pleine guerre d'Algérie, 45 nationalistes ont été guillotinés: François Malye et Benjamin Stora dévoilent dans un livre choc un pan obscur de la vie du président qui abolira la peine capitale en 1981.
Cet ouvrage, "François Mitterrand et la guerre d'Algérie" (Calmann-Lévy) est l'aboutissement d'une enquête de deux ans.
"Nous avons épluché minutieusement de très nombreuses archives, dont quelque 400 pages de comptes rendus des séances du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) de l'époque, celles du ministère de la Justice ou encore de l'Office universitaire de recherches socialistes et découvert des documents inédits", explique l'historien Benjamin Stora, spécialiste de l'Algérie.
Révélation de ce livre, co-écrit avec François Malye, grand reporter au Point : pendant seize mois le ministre de la Justice du gouvernement socialiste de Guy Mollet a laissé sans broncher couper les têtes des nationalistes algériens, qu'ils aient ou non du sang sur les mains.
Les dossiers sont préparés à la Chancellerie. Et le garde des Sceaux, vice-président du CSM, s'oppose à 80% des recours en grâce.
Pendant ces longs mois, François Mitterrand ne fait pas mystère de sa volonté d'abattre la rébellion. La tendance de son vote au CSM ? "C'était véritablement très répressif, c'est incontestable. Mais c'était la vision qu'il avait de l'Algérie, il pensait que c'était la meilleure solution", se souvient Jean-Claude Périer, seul survivant du CSM de l'époque.
Fin politique et ambitieux, Mitterrand, qui avait alors 40 ans, devait aussi pour durer donner des gages aux durs du gouvernement, notent les auteurs.
A ce moment très particulier de l'Histoire, ce qu'on peut lui reprocher, "c'est d'avoir accompagné, sans jamais le transgresser, un mouvement général d'acceptation du système colonial et de ses méthodes répressives", soulignent-ils.
"L'historien Jean-Luc Einaudi, poursuit M. Stora, avait déjà ouvert une brèche dans ce passé et dressé en 1986 une première liste des exécutions pendant la guerre d'Algérie".
"Mais personne n'avait encore pris à bras le corps le sujet Mitterrand", assure-t-il. "Pourquoi lui ? Parce qu'il est devenu président de la République. C'était un passage obligé", répond Benjamin Stora.
Les auteurs ont aussi recueilli, en France et en Algérie, les témoignages inédits d'acteurs de cette période, comme l'historienne Georgette Elgey qui fut témoin des événements en tant que journaliste puis conseillère à l'Elysée à partir de 1982, et de personnalités comme Robert Badinter, Roland Dumas, Michel Rocard ou Jean Daniel.
Pour la première fois, ils ont accepté d'aborder cet aspect méconnu de la vie politique de Mitterrand, qu'il refusera de renier. Il fera néanmoins cet aveu plusieurs décennies plus tard: "J'ai commis au moins une faute dans ma vie, celle-là".
"Ce que je voulais aussi, c'était entendre les voix des Algériens et cela a été la source de révélations extraordinaires. Ainsi, le frère d'un des guillotinés ou encore un ancien responsable du PC algérien se sont confiés. Ils n'avaient jamais parlé", assure l'historien. "Ce livre est aussi le croisement des paroles et des sources des deux côtés" de la Méditerranée.
Sous le même titre, un documentaire des mêmes auteurs sera diffusé sur France 2 le 4 novembre.
("François Mitterrand et la guerre d'Algérie" - François Malye et Benjamin Stora - Calmann-Lévy - 300 p. 17 euros)
07:07 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)