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16 mars 2011

Les Juifs Berbères

Je voudrais profiter du témoignage de Nathalie Funes : "Mon Oncle d'Algérie" pour évoquer les Juifs Berbères. Ces tribus berbères dont l'origine se perd dans la nuit des temps antiques.

Ils furent plus tard rejoints par le juif arabo-andalou chassé d'Espagne par les Rois catholiques mais sans osmose entre les 2 communautés.

 

algérie,juifs berbères,nathalie funes,mon oncle d'algérie"À peu de temps près, le père de Fernand aurait pu naître français. Il est né indigène. Au matin du 6 mars 1869. Un an et sept mois avant le décret Crémieux de naturalisation des Juifs d'Algérie. La famille habite le long d'une allée de platanes, à Boufarik, dans une maison insalubre de la rue Duquesne, la principale artère du bourg. À une heure par le train d'Alger. La ville est restée longtemps un marais infesté de moustiques et de sangliers. Les eaux stagnantes empestaient. Les fermiers français qui s'installaient là ne résistaient pas. Ils mouraient, les uns après les autres, de paludisme ou d'une infection. Même les corneilles ne pouvaient vivre, disait le dicton. C'est devenu l'un des plus beaux vergers de la Mitidja, la longue plaine littorale de l'Algérie, bordée au sud par l'Atlas. Les vignes et les oliviers s'étendent à perte de vue. Ils ont même reçu la visite de l'empereur Napoléon III lors de son voyage dans la colonie, au printemps 1865. Le marché du lundi, avec ses moutons repus et ses oranges gorgées de sucre, est l'un des plus courus de la région.

algérie,juifs berbères,nathalie funes,mon oncle d'algérieLes Doukhan n'en profitent pas beaucoup. Il naît un enfant tous les deux ans. Il en meurt presque autant. De diphtérie, de malaria, de scarlatine, d'angine. Le suivant sur la liste des naissances reprend le prénom du défunt. Ils sont huit à atteindre l'adolescence. Jacob, Aziza, Saül, le troisième, Abraham, Fortunée, Clara, Nedjema. Et Adolphe, le benjamin. Comme beaucoup de garçons de sa génération, il a été baptisé ainsi en hommage à Adolphe Crémieux, le père du décret.

Tous s'entassent dans une seule pièce, dorment à plusieurs, tête-bêche, dans les mêmes lits. Le matin, Jacob, l'aîné, va chercher de l'eau au puits. Le soir, ses frères et sœurs se serrent autour du kanoun, le fourneau arabe, qui marche au charbon de bois. Les parents, la mère, Ester, avec son foulard noir qui tombe sur les épaules, sa robe noire qui descend sur les pieds, Isaac, avec son pantalon bouffant et sa chéchia enrubannée, le couvre-chef des musulmans, ont toujours l'air fatigué. La famille embrasse la main du père le vendredi soir, pour le shabbat. C'est l'un des rares signes de respect auxquels il a droit. Isaac travaille comme simple journalier. Le plus humble des métiers. Il part à l'aube, chaque matin, au vieux puits à dôme gris de la place du marché, le lieu de rendez-vous de ceux qui viennent louer leurs bras à la journée. Il ramasse les olives dans les fermes des colons, il écrase le raisin avec ses pieds, il fabrique des fagots, il tisse du coton et du lin, dans l'usine, à la sortie de Boufarik. Il revient le soir, brisé, avec un franc cinquante en poche. À peine de quoi nourrir ses enfants.

algérie,juifs berbères,nathalie funes,mon oncle d'algérieLes Doukhan comprennent mal le français, parlent arabe à la maison. À Boufarik, il n'y a même pas de synagogue pour la vingtaine de familles israélites. Une simple bicoque, avec une pièce unique, fait l'affaire. Le rabbin est un commerçant qui est censé toucher un peu d'argent pour l'abattage rituel des animaux. Mais le boucher ne le paye plus depuis longtemps. Ici, comme souvent en Algérie, le judaïsme est fait de superstitions et de suspicions, avec des amulettes pour éloigner les sorciers, des rituels de purification sans grands principes théologiques, des cérémonies dominées par les cris et les pleurs. Les émissaires, dépêchés par la communauté française pour observer les traditions de leurs homologues algériens, n'en reviennent pas d'entendre les femmes juives hurler, comme les Arabes, des youyous stridents aux mariages et aux enterrements. Les gamins de Boufarik ne bénéficient d'aucune instruction religieuse. Ils apprennent juste à déchiffrer l'hébreu.

C'est le seul enseignement que reçoivent les fils Doukhan. Personne ne va à l'école. Les garçons sont envoyés chez le relieur ou le matelassier du coin dès qu'ils ont dix ans, les filles dans les maisons bourgeoises pour faire, le ménage ou garder les petits. Les premiers établissements scolaires ont pourtant ouvert dans l'Algérie française. Il y a des enseignements publics, souvent dispensés par les congrégations catholiques. Mais il faut payer les stylos, les cahiers, les vêtements, les chaussures. Quand les lois de Jules Ferry sont votées, en 1881-1882, que l'école devient laïque, gratuite et obligatoire, Saül Doukhan a douze ans. Il est déjà orphelin. Le père est mort l'année de ses cinquante et un ans, la mère de ses quarante, épuisés.

La famille venait d'emménager à Alger. Elle s'était installée impasse Kléber, tout en haut de la Casbah. Là où la lumière est si aveuglante, le matin. Le quartier mauresque est assis sur la colline. Une cascade blanche de maisons et de ruelles enchevêtrées qui tombe dans la mer. On ne croise que des musulmans et des Juifs dans les passages tortueux. Les Doukhan espéraient trouver une vie plus facile, le père, un travail régulier, la mère, des cousins qui puissent l'aider, elle qui est née là. Ils laissent des petits qui savent à peine marcher. Saül n'a pas de chance. Son frère aîné, Jacob, meurt, lui aussi, l'année suivante, d'une mauvaise fièvre. Il a quinze ans. Le sellier chez qui il travaillait, et le chaouch, l'huissier, du consistoire, l'institution chargée du culte hébraïque, s'occupent d'aller déclarer son décès à l'officier d'état civil de la mairie d'Alger. Il n'y a plus d'adulte vivant, dans la famille, pour le faire.

Les Doukhan sont de culture arabo-berbère, comme la moitié des Juifs du pays. Leur nom vient du mot arabe dukhân, qui signifie fumée. Dans l'Algérie coloniale du XIX siècle, ils sont à peine mieux considérés que les musulmans. Ils ont souvent les mêmes origines, ils portent le même patronyme, ils parlent comme eux, vivent comme eux, dans les mêmes quartiers, avec les mêmes traditions. Ils étaient là avant 1830, avant les Français, avant les Arabes. Peut-être depuis l'Antiquité. On a retrouvé les traces de Juifs au Maghreb à l'époque de Carthage. Ils ont suivi les commerçants phéniciens, qui ont fondé Annaba, Tipaza, Cherchell, Alger, les premiers comptoirs de la côte méditerranéenne. Ils se sont mêlés aux Berbères de l'intérieur du pays et les ont convertis. Ils ont ensuite vu arriver les séfarades, les Juifs d'Espagne qui fuyaient les massacres, en 1391, puis ceux que les rois catholiques ont bannis, en 1492. Ce sont des Juifs en terre d'Islam, des « dhimmis », des « sujets protégés », comme les chrétiens, l'autre religion du Livre, qui vivent en culottes bouffantes, burnous noir et pantoufles, mais qui ne sont pas des citoyens de la cité musulmane.

Le père, Isaac Doukhan, racontait souvent à ses enfants tout ce qui était interdit au grand-père Jacob, né à la fin du XVIIIe siècle, du temps de la Régence turque d'Alger, et qui était mercier à Blida, à une quinzaine de kilomètres de Boufarik. Pas le droit d'étrenner du vert, la couleur réservée aux descendants du Prophète, mais du noir, avec une calotte, jamais entourée d'un turban, juste d'un mouchoir. Pas le droit de posséder des armes ou de circuler avec un falot allumé, la nuit. Seulement avec une petite bougie tenue à la main. Pas le droit de monter sur un cheval, animal trop noble. Uniquement sur un âne ou un mulet, et sans selle. Lorsqu'il croisait un musulman, le grand-père Jacob devait lui céder la droite et passer à gauche en signe de respect. Il se déchaussait devant les mosquées et les écoles religieuses. Il détournait la tête pour ne pas regarder les fidèles en train de prier, sous peine d'être roué de coups. Sa maison devait être moins haute que celles des musulmans. Ses chaussures, ouvertes sur le talon, étaient trop courtes. Pour que son pied touche le sol, en signe d'humilité.

algérie,juifs berbères,nathalie funes,mon oncle d'algérieQuand les troupes françaises du roi Charles X débarquent dans la baie de Sidi Fredj, à l'ouest d'Alger, en juin 1830, il y a 25 000 Juifs en Algérie, comme les Doukhan, organisés en «nation ». Avec un «roi », un mokdem, responsable des impôts, et des tribunaux rabbiniques, chargés de la justice. Ce sont le plus souvent des petits artisans, des tailleurs, des brodeurs, des cordonniers, des menuisiers, des orfèvres, des bijoutiers, des boutiquiers, des colporteurs, et quelques bourgeois enrichis par le commerce. Cela fait trois siècles que la Régence turque d'Alger, un État autonome de l'Empire ottoman, est installée dans le nord de l'Algérie et impose aux Juifs le statut de dhimmis. La plupart se jette dans les bras de la France auréolée de ses idées de liberté, d'égalité et de fraternité. L'intégration est en marche. Il faut les civiliser, tous ces Doukhan qui vivent si chichement, ne savent pas écrire le français et croient au diable. Il faut qu'ils suivent le chemin de leurs homologues français, eux qui se sont pliés aux lois de leur pays. Un homme de soixante-quatorze ans, Adolphe Crémieux, ministre de la Justice, franc-maçon né dans une famille juive provençale, en fait un des derniers combats de sa vie. Le 24 octobre 1870, alors que les troupes allemandes campent autour de Paris, il soumet neuf décrets au gouvernement. Le plus célèbre est le numéro 136. « Les israélites indigènes des départements de l'Algérie sont déclarés citoyens français. En conséquence, leur statut réel et leur statut personnel seront, à compter de la promulgation du présent décret, réglés par la loi française; tous droits acquis jusqu'à ce jour restant inviolables. Toute disposition législative, décret, règlement ou ordonnance contraires Sont abolis. »

Du jour au lendemain, les Doukhan, Isaac, Ester, Saül, ses frères et sœurs, deviennent français et tombent sous les lois de la République. S'il y avait eu un peu d'argent dans la famille, les filles en auraient hérité. Contrairement à la coutume qui, jusque-là, voulait que seuls les fils touchent quelque chose à la mort des parents, et les aînés, deux fois plus que les cadets. IIs votent désormais aux élections et font leur service militaire. IIs n'ont plus le droit d'être polygames ou de divorcer, comme leurs ancêtres."

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03 février 2011

Les Chaouis Les Aurès

L’Aurès

L’Aurès (en tamazight Awras) est un vaste territoire montagneux historique et ethnolinguistique à l'est de l'actuelle Algérie, dans lequel vivent majoritairement les Chaouis, groupe berbérophone.

Localisation_aures.svg.png

Cette région était connue dès l'Antiquité sous le nom d'Aurasius mons, toponyme berbère signifiant « la montagne fauve ». Les Aurès faisaient partie du territoire de l'ancienne Numidie. Il est nécessaire de rappeler que lorsque Ibn Khaldoun, historien du XIVe siècle, parle des Aurès, il indique une zone géographique plus large que celle d'aujourd'hui.

Les Aurès guerrières, terre de révolte, de conquêtes et d'insoumissions

Paysage_des_Aurès._1.jpgLes Aurès et sa tribu les Chaouis ont toujours été terre de révoltes et de déclenchement de conflits depuis l'Antiquité mais aussi bien avant

Du fait de leur géographie, les Aurès ont été difficiles d'accès pour les forces étrangères. Toutefois l'islamisation aura raison de ce relief escarpé. L'armée française aurait surnommé les combattants des Aurès, les hommes invisibles. Mais les luttes internes feront des ravages dans la région tout entière et dans l'Algérie pendant la Guerre d'Algérie et les débuts de l'Algérie indépendante.

Les Aurès pendant la Guerre d'Algérie.

Chelia-khenchela.jpgJe ne peux terminer cette série sur les Chaouis sans rappeler le rôle primordial de cette région des Aurès pendant la Guerre d'Algérie ou guerre d'Indépendance suivant les Camps.

Tout d'abord, c'est sur les routes escarpées des Aurès qu'a eu lieu l'attaque du Bus, acte "fondateur" de la révolte le 1 novembre 1954.

Ensuite, c'est dans les Aurès qu'on eu lieu, et les deux camps sont concernés, le plus de batailles, embuscades, exactions criminelles, éliminations fratricides et massacre de population civile.

Je n'ai pas trouvé les chiffres précis sur cette Zone mais il me semble certain que la majorité des victimes militaires y ont été touchés. Il y a juste et d'une manière générale, en principe 10 morts Fellaghas, comme nous disions à l'époque, aujourd'hui on les appelle Moudjahidines, pour 1 décès Français.

Je voudrais, pour terminer cette série rendre hommage à toute cette génération Franco-Algérienne qui a laissé la vie, la santé ou l'intégrité physique ou morale dans les Bleds.   

07:33 Écrit par Pataouete dans L'Algérie Les Berbères | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : algérie, berbères, chaouis, aurès

02 février 2011

Les Chaouis Economie et Islam.

Économie traditionnelle.

chaouis 2.jpgL'élevage et l'agriculture et le commerce font partie des traditions Chaouis. Dans les zones agricoles, la femme aide l'homme dans l'élevage et dans l'agriculture. Le commerce est lié aux domaines des hommes exclusivement. Il existe des greniers appartenant à une tribu. Le grenier, c'est un lieu où sont entreposés des aliments naturels. La tribu des IHaddaden a construit un grenier de huit étages. Des cérémonies sont organisées chaque mois de mai dans ce lieu. Les tribus construisent des maisons dans les auteurs des vallées des Aurès et choisissent un endroit pour bâtir les greniers. En général, il y avait toujours des gardiens pour empêcher la dilapidation du stock par les brigands des autres tribus voisines. Dans les greniers, plusieurs denrées sont gardées pendant plusieurs années. Aussi, l'eau est bien préservée en cas de sècheresse.

Économie moderne.

Maison_chaoui_typique.JPGPendant la colonisation française, le taux de scolarisation de la région des Aurès était l'un des plus bas de l'Algérie française. Et après l'indépendance, la majorité des douars ne disposaient pas de l'électricité ni de l'eau courante. L'exode rural dans les années 1970, l'État algérien va relancer plusieurs projets pour freiner cet exode. Une forte immigration vers la France, la majorité des Chaouis travailleront sur les chantiers de construction dans les années 1960.

Le projet de la réforme agraire, la construction d'établissements scolaires (écoles, centres de formation, université), la scolarisation obligatoire, etc. Tout cela va améliorer graduellement la situation économique de la région des Aurès. Plusieurs artisans dans plusieurs domaines vont investir dans les villes. Le début de l'industrialisation dans les villes de l'Aurès à l'époque du président Boumédiène. L'assainissement des routes et des ponts, la construction de l'aéroport de Batna, l'installation du réseau électrique et du gaz naturel dans les zones éloignées, la construction d'un barrage hydraulique, etc., dans les années 1990, Tout cela facilitera les investissements.

La Guerre civile algérienne, le banditisme et le tribalisme vont freiner l'économie dans la région dans les années 1990 et au 21e siècle. Les compagnies Chinoise viennent pour investir dans la région des Aurès.

Religions.

Pendant l'Antiquité, les cultes berbères étaient pratiqués librement au début de la présence romaine. Au musée de Timgad, plusieurs fresques représentent les divers cultes Berbères.

Hérodote mentionne que les Berbères antiques vénéraient la Lune et le Soleil, auxquels ils offraient des sacrifices. Ifri, déesse de la guerre, très influente en Afrique du Nord, était considérée comme la protectrice des marchands et figurait à ce titre sur les pièces de monnaie berbères. Pline l'Ancien écrit qu'en Afrique, personne ne prenait de décision sans invoquer Africa (nom latin d'Ifri). Après la conquête romaine, elle figurait toujours sur les pièces.

Gurzil (ou Agurzil) est une divinité à la tête de taureau, fils d'Ammon. Corippus mentionne un certain Laguatan (la tribu des Luwata et sont Zénète), grand prêtre de Gurzil, combattant les Byzantins, qui l'auraient tué alors qu'il tentait de s'enfuir avec les icônes de Gurzil. Parmi les ruines de Ghirza, en Libye, se trouve un temple qui est peut-être dédié à Gurzil — d'où par ailleurs pourrait provenir le nom de la cité.

Pendant la Numidie, à N'Gaous dans les Aurès, plusieurs stèles africaines (Molchornor " sacrifice d'un agneau" ou stèles de Saturne avec mention d'un sacrifice particulier) ont été trouvées par les chercheurs et signalées par les historiens.

Saint Augustin.jpgKoceila était de confession chrétienne et il y avait plusieurs églises dans les régions chaouis. L'influence de l'Église était considérable au temps de saint Augustin et pendant les donatistes près de Khenchela à Baghaï, et aussi lors des Byzantins.

Avant l'islamisation, certains berbères également étaient païens.

Au Moyen Âge, selon l'historien Ibn Khaldoun, à la veille de la conquête musulmane du Maghreb, plusieurs tribus berbères pratiquaient le judaïsme.

Il rapporte : « Une partie des Berbères professait le judaïsme, religion qu'ils avaient reçus de leurs puissants voisins, les Israélites de la Syrie. Parmi les Berbères juifs, on distinguait les Djeraoua, tribu qui habitait l'Auras et à laquelle appartenait la Kahena, reine qui a résisté à l'invasion musulmane et fut tuée au cours d'un des nombreux combats qu'elle avait livrés. Les autres tribus juives étaient les Nefouça, Berbères de l'Ifrikïa, les Fendelaoua, les Medîouna, les Behloula, les Ghîatha et les Fazaz, Berbères du Maghreb-el-acsa».

Les tribus citées sont donc originaires de l'actuelle Tunisie (ancienne Ifriqiya), des Aurès et de l'actuel Maroc. Mais Ibn Khaldoun ne donne pas plus de précisions sur ces tribus. Dans d'autres chapitres de son "Histoire des Berbères", Ibn Khaldoun traite de la résistance de la Kahena à la conquête arabe ou de l'histoire des tribus citées mais sans plus mentionner leur religion.

Mais d'après Gabriel Camps, les deux tribus berbères, Djerawa et Nefzaouas, étaient de confession chrétienne avant l'arrivée de l'islam.

Femmes vieille.jpgPendant l'islamisation, la population chaouis était Kharidjites en opposition au régime totalitaire, mais l'arrivée des fatimides changera la donnée des régions chaouis. Plusieurs conflits éclatent. La région bascule dans le dogme chiite pendant plusieurs années jusqu'à ce que les Hammadides se détachent du régime chiite et fassent allégeance aux régimes des Abbasides contrairement aux Zirides. Le mouvement almohade est fondé, au début du XIIe siècle, par Muhammad ibn Tumart. Il s’oppose au rite malikite pratiqué par les Almoravides, il était influencé par le chiisme. Par la suite, Abd al-Mumin (Almohades) et sa famille prennent tout le Maghreb jusqu'à l'arrivée au pouvoir du dogme sunnites des Hafsides et des Zianides. Les Mérinides avaient le pouvoir dans le Constantinois. Les Zianides n'imposeront pas une doctrine quelconque, mais la population imposera le malékisme. La construction des mosquées importante était seulement dans les villes à forte concentration jusqu'à l'arrivée des mouvements des zaouia ou des marabouts qui ont joué un rôle dans la société. Dans les montagnes, chaque tribu ou confédération construisait une mosquée en pierre destinée seulement au clan de la famille.

Bijou_chaouis.jpg

07:32 Écrit par Pataouete dans L'Algérie Les Berbères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : algérie, berbères, chaouis

01 février 2011

La population Chaouis

Un autre témoignage sur les Chaouis avec cette fois une ouverture plus population que paysages.

07:38 Écrit par Pataouete dans L'Algérie Les Berbères | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : algérie, berbères, chaouis

31 janvier 2011

Les Chaouis organisation sociale et femmes

Organisation sociale

Les Chaouis sont en majorité des farouches et des rudes montagnards.

Portrait-Fatma_N%27Soumer.jpgLa Kahina était la reine des Berbères. La place de la femme est importante dans la société chaoui. Plusieurs hommes ont été des rois et des princes à différentes époques.

Durant l'ère musulmane, la plupart des Chaouis sont semi-sédentaires, ils habitent des maisons en pierre et terre. La famille est patrilinéaire et matrilinéaire, selon les tribus ou les familles. Les Chaouis ont une organisation tribale et familiale. En général, il y a un chef de tribu qui prend les décisions importantes politiques et civiles du clan ou à l'occasion de guerre contre une autre tribu. Les individus du même clan ont le droit à la parole. Et la décision est prise par les plus anciens du clan et les plus courageux. De plus, chaque région a son modèle de fonctionnement.

Femmes.jpgLa femme a le droit de parole et partage l’avis de l'homme. Cependant, la femme n'avait pas le droit à l'héritage au XIXe siècle dans certaines tribus. Les anciennes tribus chaouis qui étaient alliées aux kharidjites sufrites berbères avaient une conception différente de l'islam. Les sunnites et les chiites berbères ne partagent pas cette conception des faits. Anciennement, Les Zénètes donnaient le pouvoir aux femmes comme le cas de la Kahina. Actuellement, le sunnisme est pratiqué par toutes les tribus de la région des Aurès.

Chaque tribu a ses us et coutumes dans les Aurès. Plusieurs conflits entre tribus ont été signalés par quelques historiens au XIXe siècle. Les causes principales des conflits entre les tribus sont l'eau et la terre. Les mœurs étaient dégradées, les crimes, les razzias, les guerres tribales, etc. Le divorce ou la répudiation était un acte courant chez certaines tribus Chaouis. Les confréries religieuses se sont mobilisées pour contrôler les tribus.

Traditionnels.jpgLes habits sont confectionnés par les femmes, ils sont fabriqués en laine (kachabia (genre de burnous), tapis, couverture (haouili), Tricot, robe, burnous, chèche, etc. L'argent sert à faire des bijoux qui sont différents de ceux des Kabyles. Le cuir et les peaux sont utilisées pour confectionner les chaussures, les montures, les sacs, les outres (guerba). L'art est présent dans la poterie, les femmes fabriquent les ustensiles de cuisine pour l'usage et la décoration. Le bois est utilisé aussi pour les ustensiles de cuisine. Les femmes éduquent les enfants pour leur apprendre la langue berbère orale. L'éducation est inspirée des principes de l'islam. Les enfants apprennent la langue arabe en premier puis le français dès leur jeune âge à l'école. Avant, les hommes étaient en majorité des bergers et d'autres faisaient du commerce. À l'époque actuelle, les hommes exercent plusieurs métiers, ainsi que les femmes.

Les hommes et les femmes prennent leurs repas dans des salles à manger séparées lors des fêtes.

Dans les douars et dans les régions montagnardes, la femme s'occupe de toutes les grandes tâches ménagères de la maison. Elle s'occupe du budget et du travail de la terre. Les jeunes Chaouies s'occupent également des animaux domestiques (chèvres, poules, traite des vaches, etc.).

Avant les années 1990, les femmes ramassaient le bois pour faire du feu et apportaient l'eau à la maison. La plupart des douars étaient dépourvus d'électricité et d'eau courante. Le lavage des vêtements s'effectue en rivière en été.

La femme se marie à condition que le futur mari puisse donner une forte somme d'argent et offrir une grande quantité d'or (plusieurs bijoux). La cérémonie de mariage est particulière dans les familles Chaouies, mais elle diffère d'une famille à l'autre. Une des coutumes de mariage : dès que le mari entre dans la maison de ses beaux-parents, la mariée s'échappe et est remplacée par sa cousine...

Les femmes n'ont pas le droit de se marier avec un étranger en général. Elles doivent se cacher à la vue d'un homme étranger ou mettre une écharpe. Cependant, les us et costumes sont différents pour chaque tribu Chaouie en général.

La médecine traditionnelle chaouie utilise des plantes pour la guérison de certaines maladies. Le beurre salé (dhane) est très utilisé contre la toux, ainsi que le miel et l'huile d'olive. Les femmes des régions montagnardes consultent souvent les marabouts pour prendre le pouvoir aux hommes. Et la superstition est monnaie courante.

Le henné (hanna) est utilisé comme un produit cosmétique et de beauté pour les femmes et les enfants.

L'aspect communautaire est important chez les Chaouis. Plusieurs greniers utilisés comme garde-manger sont aménagés par la population locale dans des abris montagneux.

Plusieurs rites sont célébrés (le jour de l'an, la fête de l'automne, les rogations, les fêtes musulmanes, etc.) dans la région des Aurès et selon les tribus. Chaque tribu a sa manière de fêter et selon un calendrier propre à chaque tribu et à chaque région. À Menaa, la fête de Bou Ini qui était célébrée peu avant la colonisation française consiste à faire un changement d'une pierre de la maison et à changer la terre qui entoure le foyer. Le rite se déroule huit jours avant la fin de l'année et est pratiqué par les femmes.  Les Ouled Abdi ne célébraient pas cette fête de Bou Ini.

Avec la mondialisation et la modernité, plusieurs changements ont affecté les Chaouis dans leur mode social. Il existe une forte diaspora de Chaouis en Europe et en Amérique du Nord. En France, la sénatrice française Samia Ghali a des parents chaouis.

La femme chaouie à travers la littérature

Liliane Amri s'est mariée à un Chaoui et elle est auteure du roman La Vie à tout prix. Son livre est une autobiographie et elle livre une description de la vie des Aurès, surtout des femmes, pendant les années 1960 à 1990. Elle parle parfaitement le chaoui et elle a contribué au développement de la région des Aurès.

Germaine Tillion a séjourné dans les Aurès pendant des années. Elle a fait un grand travail scientifique sur la région des Aurès. Elle a envoyé des lettres au gouvernement français pour défendre la cause des Algériens pendant la guerre d'Algérie.

Dans son ouvrage, Mathéa Gaudry décrit la vie des femmes Chaouis de la partie des Aurès. Elle trace l'historique de la glorieuse Kahina. Elle décrit les us et coutumes de cette région et des jeunes Chaouies en particulier dans la période coloniale en 1929. L'auteure présente aussi la vie quotidienne de ces femmes.

Thérèse Rivière et Fanny Colonna dans leur livre illustré Aurès/Algérie, 1935-1936: photographies présentent un nombre considérable de photos de la société chaouis.

La musique traditionnelle chaouie

Hommes.jpg

Le folklore est diversifié dans les régions des Aurès. La musique traditionnelle est bien représentée par nombreux chanteurs aurassiens. Le premiers chanteurs qui ont connu un succès international sont Aissa Jermouni et Ali Khencheli. Le style de musique Rahaba est propre à toute la région des Aurès. De plus, plusieurs styles de musique existent comme le style arabo-andalous, l'un des chanteurs chaouis Salim Hallali. Plusieurs chanteurs des Aurès se sont inspirés de ce style comme Youcef Boukhantech.

Les femmes ont pu avoir leur place sur la scène nationale. La télévision algérienne diffusait les chansons de Thelja (Ya Saleh) et de Beggar Hadda dans les années 1970. Aussi, Houria Aïchi a enregistré plusieurs albums en France.

Un autre genre de musique moderne chaouie s'est imposé dans la région. Cette musique est un mélange de rock, de blues, de folk et de raï en langue chaouie et en arabe. Quelques chanteurs et musiciens s'inspirent de la musique arabe. Les genres Zorna, musique sétifienne, Diwan, etc. sont joués par quelques musiciens aurassiens.

07:31 Écrit par Pataouete dans L'Algérie Les Berbères | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : algérie, berbères, chaouis