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16 juin 2009

Mes émotions

 

En préparant ce voyage, je pensais être, en permanence, envahi par l’émotion. J’avais même mis plusieurs paquets de mouchoir en papier dans mon sac à dos.

En fait, j’ai eu beaucoup moins d’émotions profondes que je ne le pensais. J’en homologue trois.

 

Le Chénoua

Une amie m’avait demandé de faire un geste pour elle sur une plage entre Tipaza et Cherchell.

Alors que je n’étais pas concerné par ses ancêtres, j’accomplis ce geste mais non sans une émotion certaine.

Le Chénoua.JPG

 

Cimetière Bru

Nous visitions notre cinquième cimetière et dans celui-ci je ne pensais pas y avoir d’aïeux. A peine passé le portail d’entrée, des frissons m’ont parcouru tout le corps, j’étais une véritable antenne parabolique. Nous étions Vendredi, à l’heure de la prière, et nous n’avons pas eu accès aux registres. Je suis persuadé que Kader, à son retour de Suède, ne manquera pas de fouiller cela.

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Plage de La Casserole

IMG_2865.JPGC’est la plage de ma tendre enfance, celle ou nous allions, en bus, le dimanche matin, mon père et moi, et uniquement nous deux. C’est là que j’ai commencé de barboter, c’est là que j’ai nagé sans le savoir, c’est là que j’ai regardé les poissons pour la première fois avec le masque offert par le Père Noël. C’est aussi en allant là que j’ai pris ma vocation de chauffeur de Bus ce qui explique surement le fait que j’ai eu du mal à la retrouver.

A 2 km près, je savais qu’elle se trouvait sur la corniche entre Saint Eugène et les Deux Moulins. Nous avons plusieurs fois parcouru cette corniche mais je pensais que je devais la faire à pied pour avoir des chances de repérer l’escalier de descente parmi tant d’autres. Finalement, Liass se renseigna auprès d’un ancien algérois qui lui indiqua précisément l’endroit. Je ne la voyais pas si loin mais Liass insista et à la descente de voiture…

C’est la plage des Casseroles ! en fait de la Casserole.

Et ce fut ma plus grosse émotion, jusqu’au soir.

En fait, je pense qu’il s’agit de notre coin d’Algérie, mon père et moi, le seul qui nous était exclusivement réservé, le seul ou nous étions seuls au monde lui et moi, moi et lui.

Comme je l’ai dis dans la voiture au retour, après ils me l’ont pris.

Ce n’est surement pas un hasard si, lorsque j’ai eu pour la première fois l’idée de faire disperser mes cendres c’est à la Plage de la Casserole que j’ai pensé. J’ai depuis fait un petit tour du monde mais je crois que je dois confirmer mon choix initial.

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Les casserolles 2.jpg

10:22 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : alger, le chénoua, la casserole

12 juin 2009

Le temps passe mais notre souvenir demeure.

IMG_2727.JPGBien sur c’est le sujet le plus dramatique pour les rapatriés. Nous avons laissé nos défunts en Algérie. Nous ne pouvons plus honorer nos morts ni entretenir nos tombes. De là, beaucoup de rumeur sur des profanations, des suppressions de cimetières, des abandons…

Je dois dire que pour ma part, je ne suis pas très attentif à la sépulture de mes défunts, je préfère une pensée, une photo, une anecdote, enfin un souvenir plutôt qu’une pierre tombale.

Bien évidemment nous nous devions de visiter les différents cimetières où nous pensions retrouver nos aïeux.

Nous avons visité les cimetières chrétiens de : El Alia, Boulevard Bru, St Eugène, Orléansville et Aïn Taya.

A part ce dernier, tous les cimetières chrétiens et/ou juifs, que nous avons visité sont clos par une haute muraille, fermés et gardés, entretenus et les registres sont à notre disposition à la conservation.

Bien sur, les plus récentes des tombes ont un demi-siècle et nous avons vu des tombes datant du début du XIXème et la plupart de la fin de ce siècle, début XXème.

Il y a trois catégories de tombe :

ü      Les tombes monumentales, de type Père Lachaise, qui sont restées en l’état, propres, entières, les inscriptions bien apparentes.

ü      Les pierres tombales qui elles ont bougées, la pierre s’est ouverte, les stèles sont tombées. Elles ont été alors recouvertes d’une couche de béton. Les inscriptions ont disparu seules celles gravées sur les cotés sont encore apparentes mais il s’agit surtout de la marque du marbrier.

ü      Les zones enherbées où les tombes ont disparu.

A la louche la première catégorie représente 40% des tombes, la deuxième 20% et la troisième 40%.

Il faut encore préciser que ces cimetières sont sous la responsabilité des Wilayas et qu’aucune reprise de concession après les délais habituels n’a été constatée.

 

El Alia

Il s’agit aujourd’hui du cimetière national, un carré des martyrs et un carré des politiques, présidents ou ministres. Il est donc, par conséquent, plus gardé, plus entretenu, plus administré.

Les carrés chrétiens sont plus au fond du cimetière.

C’est le seul ou j’ai trouvé la trace d’une arrière grand-mère, celle de la rue Warnier, dans les registres.

Une équipe d’agents du cimetière nous a accompagné jusqu’à la parcelle 1 et nous a aidé à chercher l’emplacement. Malheureusement les numéros de parcelle ne correspondent pas à un ordre régulier mais au rang d’inhumation sur le carré. Alors là cherche !

Nous n’avons pas trouvé de tombe avec notre inscription et mes souvenirs de gamins ne m’ont aidé en rien.

Un cantonnier m’appelle : « pour moi à 90% c’est celle là », photo. Un second, à 95% c’est celle là. Photo. Mais si vous attendiez l’arrivée d’un ancien lui il saura. L’ancien à 100% c’est une troisième. Re Photo. Mais cette dernière ne me dit vraiment rien.

Conclusion, j’ai retrouvé à 300% la tombe de mon aïeule.

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Peut être ?

 

Saint Eugène

Cimetière historique d’Alger, les cimetières chrétiens existant avant la conquête y ont été regroupés. Et les inhumations datent du XIXème. L’impression du Père Lachaise algérois est prégnante.

Pour ma part, je n’ai pas trouvé d’ancêtres dans les registres largement ouverts par le conservateur.

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Boulevard Bru

Même constat que pour les autres, mais c’est Vendredi midi, heure de la principale prière. Les cantonniers nous ouvrent les grilles mais pas les registres.

Je ne pense pas avoir quelqu’un de proche dans ce cimetière, cependant…

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Au delà des tombes monumentales, un carré plus entassé et à même le sol, le carré des morts de l’épidémie de typhus.

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Orléansville-Chlef

Même impression, même mur d’enceinte mais il a été rebâti après chaque tremblement de terre et l’on rentre maintenant par l’arrière. C’est le fils qui garde le cimetière et les registres de son père. Ces registres étant en piteux état, il a recopié page à page, à la main ce registre, mais peut-être pas toutes les pages. Nous n’avons pas retrouvé la trace de l’inhumation de mon frère et ma sœur enterrés en 47 et 43.

Bien sur les tremblements de terre ont laissé des traces ou plutôt ont encore plus qu’ailleurs fait disparaître les tombes.

La tombe de Paul Robert, ancien Maire d’Orléansville et grand-oncle du Petit Robert, trône au beau milieu des tombes les plus anciennes.

Le vieux carré juif est intact nous avons remarqué les prénoms « orientaux » des défunts.

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Aïn Taya

Là le spectacle est plus désolent. Je me suis trompé en cherchant Aïn Taya, je cherchais El Alia mais ce n’est peut être pas un hasard si nos pas nous y ont conduits. La parcelle est toujours présente mais le mur de clôture délabré, le portail ouvert et les ronces ont envahi le cimetière. Les tombes sont souvent béantes sans que l’on sache s’il s’agit des outrages du temps ou de vandalisme. C’est le seul cimetière villageois que nous ayons visité. S’il est significatif de l’état des petits cimetières de campagne cela pourrait confirmer les rumeurs.

 

L’idée actuelle serait de regrouper les restes, cimetière par cimetière, dans des mausolées en l’honneur des défunts inhumés en Algérie. Je suis très favorable à cette idée surtout pour toutes les tombes qui ne ressemble plus à rien.

 

Le temps passe mais notre souvenir demeure.

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11 juin 2009

Alger la Blanche euh !!! presque...

 

Je vous disais qu’Alger était la deuxième ville de France en 1920, d’une architecture haussmannienne-méditerranéenne, les façades blanches, les ferronneries et les boiseries bleu ou grise. D’un point de vue urbanisme, les rues sont larges et les trottoirs vastes, mis à par la Casbah bien sur !

 

 

Alger n’a pas changé mais …

 

IMG_2698.JPGAlger n’a pas changé. La plupart des immeubles coloniaux sont toujours en place, plusieurs ilots ont été réaménagés en place publique ou édifice hôtelier ou public. Dans ce cas il s’agit d’immeuble très modernes qui s’intègrent parfaitement dan ce paysage en conque de la baie d’Alger. Même l’immense barre hôtelière construite avant 80 ne m’a pas choqué cette fois.

Les édifices publics ou cultuels sont très bien entretenus.

Mais, car il y a un mais, les ravalements de façade sont trop rare, mais bien fait, et les façades sont plutôt grises et lépreuses. Cette architecture se caractérise par des balcons pour chaque appartement. On voit toujours ces rideaux qui descendent du plafond obliquement sur la rambarde. Mais les paraboles ont évidemment envahi chaque balcon au nombre de 2 ou 3IMG_2911 2.jpg plutôt qu’une. Le linge qui sèche aux balcons n’apporte pas une touche plus élégante.

Les immeuble « remarquables » Mauritania et Aéro-habitat, par exemple, n’ont pas été mieux traité que les autres, dommage. La citée construite par Fernand Pouillon en bordure du boulevard Bru dite « la Pierre qui Pleure » n’est pas plus élégante qu’à l’époque.

 

Une idée me vint à l’esprit. Si l’on équipait d’un balais les nombreux oisifs qui tiennent les murs ou les, tout aussi nombreux, agents de police qui quadrillent la ville et dressent d’incessants barrages de contrôle routier à l’utilité relative, si on les équipait donc de balais ou de pinceaux, n’arriverait on pas à rendre la ville plus propre. Les vents de sable sont moins puissants qu’au Caire mais quand même.

 

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Infrastructure routière :

Les rues d’Alger sont larges, de nombreuses voies rapides ont été percées surtout à partir du Champ de Manœuvre et jusqu’à toute les sorties d’Alger. Une autoroute traverse l’Algérie de part en part, elle est en voie d’achèvement.

Mais la circulation algéroise est furieuse. Une seule règle au code de la route « JE PASSE » ou je veux quand je veux mais je passe. Finalement on n’en arrive à souhaiter les contrôles de police qui ralentissent le trafic et vous permettent de reprendre votre souffle. De plus le stationnement est impossible et les flics très actifs pour les déposes en double file.

Donc si vous avez l’intention de circuler dans Alger et si vous ne disposez pas d’un charmant chauffeur avec garage, une seule solution le Taxi ou le véhicule en location avec chauffeur.

 

Mais pour terminer sur une note plus relative, il me semble bien que ces phénomènes étaient déjà bien amorcés « avant ».

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15:59 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : algérie, alger

09 juin 2009

4 rue Warnier

 

A peine descendus de l’avion, avec un peu de retard, un premier aperçu de la circulation algéroise dont je reparlerai, bien sur, et une installation dans un hôtel cosy mais un peu vieillot et poussiéreux, nous voilà devant le 4 de la rue Warnier.

J’ai déjà eu l’occasion de vous présenter cet immeuble et cette rue, mais je vous rappelle que je suis la quatrième génération maternelle à avoir grandi et vécu dans cet appartement.

Rue Warnier.jpgNous montons les 2 étages et stationnons sur le pallier, la fenêtre sur escalier d’ou je guettais nos visiteurs du Mardi, ma mère recevait le mardi, est toujours la même. Le gendre du locataire actuel rentre chez lui. Après les présentations d’usage, il appelle son beau père et Ali nous ouvre en grand les portes de son, mon, appartement.

La décoration est toute fraîche, malgré qu’Ali pense la refaire pendant le ramadan, mes parents avaient vendu leur mobilier à notre successeur mais celui ci a déménagé en Kabylie et à emporté les meubles. Cependant tous les équipements que mes parents avaient installés en rénovant l’appartement en 1954 sont en place. Même salle de bain, même IMG_2693.JPGpaillasse dans la cuisine, je pense même qu’il reste la même gazinière ou en tout cas c’est exactement le même modèle. La chambre sur cour est toujours une chambre, la salle à manger est devenu une chambre et la chambre de mes parents-pièce de vie est toujours une chambre-salon. Mieux la fenêtre donnant sur l’immeuble proche, dont les volets étaient toujours fermés, est toujours fermé. A part les meubles, je suis chez moi et je crois revoir ma mère tricotant, elle a du nouer des kilomètres de fil de laine, devant la fenêtre.

Bien sur Ali nous fait asseoir et nous offre le café avec des gâteaux. Ali a fait ses études chez les sœurs et il a travaillé à l’hôtel Aletti, il est désormais à la retraite. Merci Ali pour ton accueil et ton hospitalité. Il est le premier algérois rencontré à nous avoir ouvert les bras il ne sera pas le seul.

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Dehors, toujours des magasins tout au long de la rue, le coiffeur au pied de l’immeuble est toujours là. Les fauteuils d’époque accueillent toujours les clients.

Le caravansérail a été légèrement réaménagé au niveau des accès. La grande rampe qui nous faisait tant rire lorsque des bidasses, encore en chaussures à clou, glissaient à grand renfort d’étincelles, a disparu. Par contre, le garage ou mon père parquait sa voiture est exactement le même. Rien n’a changé du sol au plafond. Seule manque la pompe à essence manuelle avec ses 2 flacons et sa livraison par gravitation. Ah mais non ! La pompe n’est plus la mais les tuyaux d’alimentation si.

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Il me vient un souvenir, le dimanche à notre retour de la plage ou de la foret, le gardien aussi avait été faire un tour dans sa famille et proposait des œufs à la vente.

Tous les dimanches mon père lui criait :

« Alors Mohamed tu Philosophe ? »

Réponse :

« Mais non André c’est la poule qui fi lo s’ofe ».

14:32 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : algérie, alger, rue warnier

08 juin 2009

Merci, Merci, mille fois Merci !

Bon alors ce matin, je ne sais pas par quel bout le prendre. J’ai reçu tant d’amitiés, revu tant de souvenirs, retrouvé tant de racines, d’images, de gout que je ne sais plus comment commencer.

Je vais donc d’abord vous parler de ces 2 acolytes qui sont à l’origine de ce voyage. Il y a 3 ou 4 ans mon fils, aïe qu’il est bô mon fils, m’avait proposé un voyage à Alger. Nous avions commencé à l’organiser mais un crabe mis un point d’arrêt à nos projet. Afin de me débarrasser de ce crabe, j’ai entamé une psycho-généalogie qui, à chaque étape, me ramenait vers l’Algérie. Ma psy m’incitait fortement à y retourner mais les difficultés rencontrées la première fois me laissaient septique.

Kader

Kader.jpgEt un soir, Kader m’appelle au téléphone depuis la Suède.

« Alors voilà, je vous appelle parce que je cherche des gens qui se nomme comme vous parce que j’ai un copain d’Alger qui porte le même patronyme ».

« Mais quand avant l’indépendance ? »


 

Bien sur cela m’interpella et j’ai poursuivi mes relations par mail avec Kader pour en savoir plus sur cet homonyme et l’histoire de sa famille. Puis quelques temps après, Kader me dit : « je pars 6 mois à Alger est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? » Je lui réponds : « Oui me chercher un hôtel sympa dans mon quartier de L’Agha »

 

Kader est né et à grandi à Alger Quartier du Ruisseau. Il est parti en 61 pour l’Europe qu’il a traversé pour atterrir en Suède ou il a travaillé 41 ans, fondé une famille et eut quatre enfants. Il était Infirmier Psychiatrique et aujourd’hui à la retraite, il parcourt le web à la recherche de son passé. Sa famille vit désormais à Koubba.

 

 

Kader et Liass

IMG_2713.JPGIls nous ont accueillis de façon formidable ! J’avais élaboré un programme de visite. Ils se sont mis en quatre pour nous permettre d’accéder à tous ces lieux, nous ont aidés à rechercher sur place, à fouiller la mémoire des anciens pour retrouver mes traces.

Je dois dire que j’ai été exactement à 100% des lieux que je voulais retrouver.

Liass s’est mis en quatre pour nous faire déguster la cuisine algéroise et en particulier les poissons : sardines, crevettes, rougets…

Et jamais, au grand jamais, nous n’avons pu régler la moindre addition l’hospitalité algéroise n’est pas un vain mot.

Heureusement qu’ils étaient là ces 2 là. Sans eux d’abord nous n’aurions peut-être jamais engagé ce voyage, mais nous n’aurions surement pas pu faire la moitié du quart de ce que nous avons fait.

Amis pataouètes je vais vous dire et vous redire que vous pouvez, vous devez retourner vers vos racines mais si possible, faites le avec des algérois si vous voulez vraiment accéder à tout.

 

Merci mes frères

Je suis arrivé à Maison Blanche en appelant Kader et Liass mes cousins. J’y ai laissé 2 frères en repartant.

 

Merci à tous les 2 et à votre famille.

Merci, Merci, mille fois Merci !

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14:44 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : algérie, alger