12 juin 2009
Le temps passe mais notre souvenir demeure.
Bien sur c’est le sujet le plus dramatique pour les rapatriés. Nous avons laissé nos défunts en Algérie. Nous ne pouvons plus honorer nos morts ni entretenir nos tombes. De là, beaucoup de rumeur sur des profanations, des suppressions de cimetières, des abandons…
Je dois dire que pour ma part, je ne suis pas très attentif à la sépulture de mes défunts, je préfère une pensée, une photo, une anecdote, enfin un souvenir plutôt qu’une pierre tombale.
Bien évidemment nous nous devions de visiter les différents cimetières où nous pensions retrouver nos aïeux.
Nous avons visité les cimetières chrétiens de : El Alia, Boulevard Bru, St Eugène, Orléansville et Aïn Taya.
A part ce dernier, tous les cimetières chrétiens et/ou juifs, que nous avons visité sont clos par une haute muraille, fermés et gardés, entretenus et les registres sont à notre disposition à la conservation.
Bien sur, les plus récentes des tombes ont un demi-siècle et nous avons vu des tombes datant du début du XIXème et la plupart de la fin de ce siècle, début XXème.
Il y a trois catégories de tombe :
ü Les tombes monumentales, de type Père Lachaise, qui sont restées en l’état, propres, entières, les inscriptions bien apparentes.
ü Les pierres tombales qui elles ont bougées, la pierre s’est ouverte, les stèles sont tombées. Elles ont été alors recouvertes d’une couche de béton. Les inscriptions ont disparu seules celles gravées sur les cotés sont encore apparentes mais il s’agit surtout de la marque du marbrier.
ü Les zones enherbées où les tombes ont disparu.
A la louche la première catégorie représente 40% des tombes, la deuxième 20% et la troisième 40%.
Il faut encore préciser que ces cimetières sont sous la responsabilité des Wilayas et qu’aucune reprise de concession après les délais habituels n’a été constatée.
El Alia
Il s’agit aujourd’hui du cimetière national, un carré des martyrs et un carré des politiques, présidents ou ministres. Il est donc, par conséquent, plus gardé, plus entretenu, plus administré.
Les carrés chrétiens sont plus au fond du cimetière.
C’est le seul ou j’ai trouvé la trace d’une arrière grand-mère, celle de la rue Warnier, dans les registres.
Une équipe d’agents du cimetière nous a accompagné jusqu’à la parcelle 1 et nous a aidé à chercher l’emplacement. Malheureusement les numéros de parcelle ne correspondent pas à un ordre régulier mais au rang d’inhumation sur le carré. Alors là cherche !
Nous n’avons pas trouvé de tombe avec notre inscription et mes souvenirs de gamins ne m’ont aidé en rien.
Un cantonnier m’appelle : « pour moi à 90% c’est celle là », photo. Un second, à 95% c’est celle là. Photo. Mais si vous attendiez l’arrivée d’un ancien lui il saura. L’ancien à 100% c’est une troisième. Re Photo. Mais cette dernière ne me dit vraiment rien.
Conclusion, j’ai retrouvé à 300% la tombe de mon aïeule.
Saint Eugène
Cimetière historique d’Alger, les cimetières chrétiens existant avant la conquête y ont été regroupés. Et les inhumations datent du XIXème. L’impression du Père Lachaise algérois est prégnante.
Pour ma part, je n’ai pas trouvé d’ancêtres dans les registres largement ouverts par le conservateur.
Boulevard Bru
Même constat que pour les autres, mais c’est Vendredi midi, heure de la principale prière. Les cantonniers nous ouvrent les grilles mais pas les registres.
Je ne pense pas avoir quelqu’un de proche dans ce cimetière, cependant…
Au delà des tombes monumentales, un carré plus entassé et à même le sol, le carré des morts de l’épidémie de typhus.
Orléansville-Chlef
Même impression, même mur d’enceinte mais il a été rebâti après chaque tremblement de terre et l’on rentre maintenant par l’arrière. C’est le fils qui garde le cimetière et les registres de son père. Ces registres étant en piteux état, il a recopié page à page, à la main ce registre, mais peut-être pas toutes les pages. Nous n’avons pas retrouvé la trace de l’inhumation de mon frère et ma sœur enterrés en 47 et 43.
Bien sur les tremblements de terre ont laissé des traces ou plutôt ont encore plus qu’ailleurs fait disparaître les tombes.
La tombe de Paul Robert, ancien Maire d’Orléansville et grand-oncle du Petit Robert, trône au beau milieu des tombes les plus anciennes.
Le vieux carré juif est intact nous avons remarqué les prénoms « orientaux » des défunts.
Aïn Taya
Là le spectacle est plus désolent. Je me suis trompé en cherchant Aïn Taya, je cherchais El Alia mais ce n’est peut être pas un hasard si nos pas nous y ont conduits. La parcelle est toujours présente mais le mur de clôture délabré, le portail ouvert et les ronces ont envahi le cimetière. Les tombes sont souvent béantes sans que l’on sache s’il s’agit des outrages du temps ou de vandalisme. C’est le seul cimetière villageois que nous ayons visité. S’il est significatif de l’état des petits cimetières de campagne cela pourrait confirmer les rumeurs.
L’idée actuelle serait de regrouper les restes, cimetière par cimetière, dans des mausolées en l’honneur des défunts inhumés en Algérie. Je suis très favorable à cette idée surtout pour toutes les tombes qui ne ressemble plus à rien.
Le temps passe mais notre souvenir demeure.
14:58 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : algérie, alger, el alia, saint eugène, bru, orléansville, chlef, aïn taya