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12 janvier 2011

Le jour où Gary Cooper est mort

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Michel Boujut a grandi entre deux drames familiaux, insérés dans la tragédie collective des deux guerres mondiales. Celui de son grand-père Maurice, fauché à 26 ans en septembre 1914, et celui de son père Pierre, prisonnier dans un stalag pendant quatre ans et demi. A la troisième génération, Michel, jeune appelé qui doit partir pour l'Algérie, décide de rompre le cycle infernal du casse-pipe : il désertera. La raison de son adieu aux armes, c'est "le refus, radical, d'une guerre sale faite salement".

Alors, au lieu de rejoindre son unité, le soldat Boujut Michel arrive à Paris, le 13 mai 1961, le jour où le monde apprend la mort de Gary Cooper. C'est un signe du destin : en attendant de quitter la France, il se cachera pendant quinze jours dans les salles obscures du Quartier latin. Ainsi naîtra une vocation dont il fera son métier.

Critique de cinéma, essayiste et romancier, Michel Boujut revient sur le moment clé qui a fait basculer son existence, son refus d'aller combattre en Algérie. Loin d'être une évocation nostalgique, ce livre plein d'élan nous fait partager des coups de coeur de cinéphile, des passions littéraires, et ouvre les portes d'une réflexion profonde sur la nécessité de l'insoumission face à l'indignité.

Michel Boujut

Michel Boujut, né en 1940, est écrivain et critique de cinéma. Il est par ailleurs l'auteur d'un album sur Louis Armstrong aux Éditions Plume.

07:01 Écrit par Pataouete dans L'Algérie, Livre | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : algérie, michel boujut

10 janvier 2011

Méditons

Méditons la petite fable de Bertold BRECHT (plus que jamais d'actualité ):

 

Quand ils sont venus arrêter un juif, je me suis dit:
Un juif de plus ou de moins, il n'y a pas de quoi s'inquiéter...

Quand ils sont venus arrêter un catholique, je me suis dit:
Un catholique de plus ou de moins, il n'y a pas de quoi s'inquiéter...

Quand ils sont venus arrêter un communiste, je me suis dit:
Un communiste de plus ou de moins, il n'y a pas de quoi s'inquiéter...

Quand ils sont venus pour m'arrêter...
Il n'y avait plus personne pour s'inquiéter...

07:11 Écrit par Pataouete dans Mes humeurs | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : brech, méditons

08 janvier 2011

Algérie. Le retour de la guillotine

Guillotine.jpg

Une guillotine devant la grande poste d'Alger ! Ce sinistre spectacle a égayé le cœur de la Ville blanche du 8 au 12 décembre. Partagés entre l'horreur et l'incrédulité, les passants découvraient les portraits des militants nationalistes exécutés sous le gouvernement socialiste de Guy Mollet entre 1955 et 1957. Sous une banderole : " Les guillotinés de Mitterrand" - à l'époque ministre de l'Intérieur puis de la Justice.

 Le FLN ­qui a apparemment lu la passionnante enquête de l'historien Benjamin Stora et de François Malye* - entendait commémorer ainsi le 11 décembre 1960, jour où des milliers d'Algériens étaient descendus dans la rue aux cris d'« Algérie algérienne ! » et qui se termina dans un bain de sang.

L'Algérie veut montrer qu'elle n'a pas perdu la mémoire. "L'exposition guillotine" constitue le coup d'envoi d'une campagne du souvenir qui durera jusqu'en 2012, année du cinquantenaire de l'indépendance. Elle vise à ressouder un pays déchiré autour de l'expérience fondatrice de la nation; car, s'il reste un consensus entre Algériens, c'est bien celui de la guerre de libération. Mais le régime s'adresse aussi à la France. En particulier, à cette « Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie» que souhaite mettre en place Nicolas Sarkozy, hostile à toute forme de repentance.

Or, depuis 2005 et la polémique autour du « rôle positif de la présence française outremer, notamment en Afrique du Nord », tout va mal entre Paris et Alger, qui demande avec insistance des excuses à l'ancienne puissance coloniale.

 Les voyages officiels ne sont que l'écume d'un profond différend entre les deux rives de la Méditerranée. Depuis, Abdelaziz Bouteflika diffère sans cesse une visite d'Etat en France. La guillotine de la Grande Poste était-elle la véritable « veuve », exhumée du musée de l'Armée, ou la copie reconstituée pour les besoins du film que réalise le cinéaste Saïd Ou d Khelifa sur Ahmed Zabana, le premier « moudjahid» à avoir eu la tête tranchée? On l'ignore. En tout cas, elle faisait froid dans le dos, et sur la nuque, à ceux qui rêvent d'un dialogue apaisé entre Alger et Paris.

Martine Gozlan

 

* François Mitterrand et la guerre d'Algérie,

de François Malye et Benjamin Stara, Calmann-Lévy, 2010.

 

L'Algérie, maitresse de son destin depuis bientôt 50 ans, n'a toujours pas trouvé sa stabilité. Après les "Années de Plomb" du régime dictatorial, après les "Années Noires" des exactions islamistes, nous en sommes désormais aux Emeutes des Jeunes contre la Faim, la Soif, pour le logement et le travail.

Devant ce Bilan désastreux, le Gouvernement n'a qu'une solution pour fédérer la population : la Guerre de Libération !

Pataouète n'a de cesse de dénoncer les abus de la colonisation et de la Guerre d'Algérie. Cependant, depuis 50 ans, les gouvernants aurait pu, aurait du, redresser la barre de la République Algérienne Démocratique et Populaire ! Or, plutôt que de glorifier l'action gouvernementale, il est préférable d'essayer de fédérer le pays autour d'une période qui n'a de glorieuse pour les Algériens que l'Histoire que l'on a bien voulu leur raconter !

 

Mon Dieu quel malheur !

07:58 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : algérie, retour de la guillotine

07 janvier 2011

La fragilité du Maghreb

Chronique de Bernard Guetta sur France Inter 7 Janvier

emeutes.jpgAprès la Tunisie, c’est l’Algérie qui descend, maintenant, dans la rue. En Tunisie, l’agitation déclenchée il y a trois semaines par le geste désespéré d’un marchand de légumes ambulant qui s’était aspergé d’essence après que la police lui eut confisqué son étal, a continué de s’étendre hier. Les manifestations se sont multipliées aux quatre coins du pays. Les avocats ont observé une grève d’une spectaculaire ampleur. D’autres tentatives de suicide, dont celle d’une mère de famille et de ses trois enfants, ont eu lieu. On signale des arrestations dans les milieux du rap et de l’internet.

La Tunisie paraît s’installer dans une contestation qui fait tache d’huile et, parallèlement, en Algérie, hier et avant-hier, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du pays contre le chômage et l’augmentation des prix alimentaires.

Que ces mouvements s’apaisent ou s’approfondissent, une colère grandit dans ces deux pays du Maghreb et ses causes sont similaires. La première est économique car, à Alger comme à Tunis, l’écart entre riches et pauvres n’est plus supporté, d’autant moins admis que les Universités produisent des diplômés qui ne trouvent pas d’empois mais sont à même d’analyser l’état de leur pays.

Les jeunes Algériens, et leurs parents avec eux, savent que les réserves énergétiques de leur pays devraient en faire une nation prospère mais que l’argent du gaz et du pétrole disparaît sur les comptes étrangers d’une poigné d’officiers supérieurs qui gouvernent dans l’ombre et contrôlent tout. Toujours croissant, le sentiment général est que les services secrets et l’état-major confisquent la richesse nationale à leur profit et ne veulent pas que l’Algérie sorte de sa misère de peur que la constitution de classes moyenne ne fasse voler leur dictature en éclats. En Tunisie, ce n’est pas l’armée qui est en cause. C’est la famille du président Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans, qui est accusée de mettre le pays en coupe réglée en s’adjugeant les marchés les plus juteux. Tant que le tourisme et les délocalisations faisaient rentrer des devises et créaient des emplois cela passait plus ou moins mais maintenant que la crise internationale a frappé le plus petit des Etats du Maghreb, cette situation est devenue odieuse à la population qui rejette massivement ce pouvoir.

La deuxième cause de ces troubles est politique car les régimes algérien et tunisien ne font que se survivre. Vingt trois ans de répression et de pouvoir personnel à Tunis, c’est trop. Un demi-siècle de pouvoir militaire à Alger, c’est beaucoup trop. Aucun de ces deux pays ne le supporte plus et, en Tunisie comme en Algérie, le drame est que l’absence de libertés a empêché la préparation de relèves solides capables de canaliser les séismes qui grondent et font, en ce moment, trembler la rue.

A côté de cela, le Maroc fait figure de havre de stabilité avec sa monarchie et ses espaces de liberté mais la corruption, le chômage des jeunes diplômés et les écarts de richesse n’y sont pas moins grands. C’est tout le Maghreb qui est en situation de fragilité, toute l’Afrique du Nord qui pourrait, à chaque instant, basculer dans l’inconnu car, à l’heure d’internet et des télévisions satellitaires, la colère n’a plus de frontières.

20:21 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : agérie, bernard guetta

06 janvier 2011

Une supposition !

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Une supposition que le jour où nous avons épuisé la dernière goutte de pétrole soit arrivé, que se passe-t-il ? La question est malicieuse à poser. La réponse sur « National Géo », samedi soir, tend vers une confiance dans le génie humain, propre à ne pas désespérer les Billancourt du monde entier.

Voyez plutôt.

Premier Jour sans pétrole. Restent bien quelques larmes en Arabie Saoudite ou au Qatar. Quelques tankers circulent encore, mais la Russie a serré la vis de ses pipe-lines, l'Europe se dessèche et les Etats-Unis, qui dépensent 8 millions de barils et en importent autant, sont dans les transes. 100 000 stations-service ferment. Malgré leurs réserves, les avions cessent de s'envoler, plus de trains ni de voitures. La panne des raffineries contamine peu à peu le secteur industriel entier : plus d'acier. Plus non plus de produits en plastique: tuyauteries, dentifrice, rouge à lèvres, tissus synthétiques, bouteilles, emballages. Cela paraît logique.

Puis Wall Street fait naufrage après des secousses épouvantables pour les traders. Là, c'est la cata. Au cinquième jour, on nous déterre la loi martiale avec les 30 % de chômage: le pays qui souffre le plus était le plus gaspilleur, celui où sévissait la pire culture intensive, où l'on importait sans compter des nourritures du bout du monde pour rien.

Il faut 1 300 gros camions venus de Californie chaque jour pour emplir les halles du pays et les supermarchés. Ils ferment les uns après les autres après avoir distribué leurs dernières miettes sous la protection de l'armée, comme en Haïti depuis vingt ans.

 

J+I0: l'obscurité tombe sur les grandes villes la nuit. Les pillages commencent et la loi martiale aussi, comme dans une vulgaire Nouvelle Orléans abandonnée par Bush après Katrina. Aéroports fermés. Les dernières gouttes d'or noir sont réservées aux urgences, comme les pompiers. 235 millions de voitures en panne. La moitié des habitants des grandes villes qui habitent des banlieues lointaines ne peuvent se rendre désormais à des boulots inexistants.

 

A J+30, la production de soja et de maïs, pour produire du biocarburant de remplacement, explose. Mais les émeutes de la faim qui ont déjà eu lieu en Amérique latine? Elles se produisent en Amérique du Nord et ça fait des morts et des marées humaines sur les routes de l'exode, malgré 2 milliards de litres de biocarburant qui remplacent à peine 1 % du pétrole.

Mais le miracle de ce cinéma péri-scientifique aboutit, nous dit-on, à une humanité produisant 3 milliards en moins de déchets toxiques, respirant un air dépollué, circulant moins, et dans des véhicules électriques, heureuse enfin. Merci les gars.

Dommage qu'il ait fallu en tuer la moitié pour en arriver là.

On parlait de quoi, à Cancun, au fait? Et bientôt à Durban ?