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17 décembre 2010

"le Testament de Tibhirine"

Figurez vous qu'un petit ramoneur Savoyard(e), je ne crois plus aux cigognes, m'a fait livrer ces jours-ci un DVD. J'en suis fort heureux et veux vous le faire partager au plus tôt ! Bon redevenons sérieux afin de traiter le sujet !

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Des Hommes et des Dieux, le film de Xavier Beauvois, a été l'événement de l'année, au cinéma, à Cannes, dans la presse, sur les Blogs et particulièrement chez moi. Mais d’où vient-il ce film ? "Emmanuel Audrain y est un peu pour quelque chose, c'est en découvrant son documentaire "le Testament de Tibhirine", un soir tard à la télévision, qu'Etienne Comar, le scénariste, a été touché par cette histoire et a eu le désir d'écrire cette fiction.

Christian, le Prieur, avait écrit son testament. Christophe, le plus jeune, nous a laissé un journal. Avec leurs mots, ces hommes nous disent pourquoi et comment ils sont restés aux côtés de leurs voisins musulmans du village de Tibhirine. De nombreux témoignages et images d'archives nous présentent ce monastère depuis sa création, 1938, la création du village autour, l'exploitation agricole crée, ces moines sont trappistes, la vie autour et grâce aux moines, avant l'Indépendance. La remise des terres, et l'association avec 4 paysans algériens afin de poursuivre après l'indépendance. La montée de l'Islamisme, au début des années 90, ce peuple algérien sensible aux arguments extrémistes en réponse aux violences politiques qu'ils subissent depuis toujours, défaut de logement, d'instruction, d'aide sanitaire. En un mot de sous-traitance. (Encore et toujours…)

Je publierai bientôt le témoignage d'Emmanuel Audrain sur ce qu'il appelle "la deuxième histoire de Tibhirine". Pour ma part je la qualifierais plutôt d'Histoire de Tibhirine. Des Hommes et des Dieux étant plutôt la fin tragique de cette histoire.

En attendant, un extrait, le témoignage d'un jeune "Beur" marié à la nièce de Paul : Les moines parlent l'arabe et connaissent mieux que lui l'Algérie et l'Islam. Il est bouleversé de l'intérêt que ces hommes d'âge mûr, portent à un jeune "Beur". "C'est eux qui m'ont le plus donné. J'ai compris qu'on peut être grand autrement que par le fric, la violence, la sape. Ils m'ont ouvert un avenir. La qualité du cœur, la droiture, l'honnêteté."

Encore un grand merci au "petit savoyard".

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07:26 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : algérie, testament de tibhirine

16 décembre 2010

Un balcon sur la mer

Un Film de et avec Nicole Garcia, ah ! Nicole !

Nicole Garcia livre ici un film riche de thèmes, sans doute son plus autobiographique. On y croise la passion amoureuse, d'abord, puisque Marc (Jean Dujardin, plutôt à son aise mais encore un peu lisse) perd pied face à Cathy. Après une nuit d'amour, il devient obsédé par cette femme au point de bouleverser sa vie de famille. Il ne contrôle plus grand-chose, comme en apnée émotionnelle. Le mystère féminin, ensuite, Cathy cultivant le secret en apparaissant, disparaissant, à la fois charnelle et évanescente. De quoi attiser les sentiments de son amant, mais surtout laisser deviner un secret bien plus compliqué. Et puis l'enfance, aussi et surtout... Ou plutôt les liens qui perdurent ou se brisent entre l'enfant qu'on a été et l'adulte que l'on est devenu.

C'est toute la difficulté de Marc, qui est en rupture avec ses premières années passées en Algérie avant l'Indépendance, parties dans les limbes de ses souvenirs. Des premières années qui se sont vues brusquement tranchées par un départ violent, vécu comme un déchirement par l'enfant. Pour Marc, retrouver Cathy, c'est retrouver son enfance, accomplir un chemin qu'il n'a jamais oser faire jusqu'à ses 40 ans.

 

 

07:03 Écrit par Pataouete dans Film Théatre, L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : balcon sur la mer

15 décembre 2010

Ma Gauche Edgar Morin

Ma Gauche.gifLe philosophe publie "Ma gauche". Un recueil d’analyses et de réflexions politiques qui a l’énergie intellectuelle et la vitalité qu’il faut pour stimuler tous ceux qui s’efforcent de sortir de "la grande régression". Edgar président ? Par l'Annuel des idées.

«  LA gauche. J’ai toujours répugné à ce LA unificateur qui occulte les différences, les oppositions, et les conflits. Car la gauche est une notion complexe, dans le sens où ce terme comporte en lui unité, concurrences et antagonismes.

L’unité, elle est dans ses sources : l’aspiration à un monde meilleur, l’émancipation des opprimés, exploités, humiliés, offensés, l’universalité des droits de l’homme et de la femme. Ces sources, activées par la pensée humaniste, par les idées de la Révolution française et par la tradition républicaine, ont irrigué au XIXe siècle la pensée socialiste, la pensée communiste, la pensée libertaire. » Ainsi débute l’avant-propos Ressourçons-nous du nouveau livre du philosophe Edgar Morin intitulé Ma gauche, parut chez François Bourin Editeur

La disparition du peuple de gauche

Le trait le plus saisissant de ce recueil d’articles publiés dans Le Monde, Libération, des revues savantes, proposant aussi des textes inédits et des interventions dans des colloques, est son étonnante actualité. Son texte "La pensée socialiste en ruine : que peut-on espérer ?" publié dans Le Monde en 1993, et rebaptisé dans le livre "Les redresseurs d’espérance" témoigne ainsi cruellement de l’embourbement intellectuel toujours en vigueur du PS.

"Le parti communiste est devenu une étoile naine durcie, les mouvements trotskistes, en dépit d’une juste dénonciation du capitalisme, se sont enfermés dans l’incapacité d’énonciation d’une alternative. L’un d’entre ces partis s’est dénommé anticapitaliste, par incapacité de formuler la moindre finalité positive. Le parti socialiste ne cesse d’osciller entre une rhétorique s’adressant aux masses populaires décomposées et une « modernisation » censée l’adapter au réel, alors que la modernité est en crise. Il a été, jusqu’au moment où j’écris (mai 2010), incapable de fournir un effort de pensée et s’est borné à des programmes remplis de promesses illusoires. Son unique espoir est de bénéficier du discrédit de la droite au pouvoir pour lui succéder, laquelle droite avait déjà profité du discrédit socialiste pour lui succéder. Plus grave encore que la disparition d’une pensée de gauche est la disparition du peuple de gauche" remarque encore E. Morin dans son avant-propos.

S’il était président

Relever les défis de la dégradation des solidarités, de la planète en crise et de la mondialisation, le livre passe en revue tout ce qui a mené à la "grande régression" des gauches, et doit être entièrement repensé tout en retrouvant les fondements perdus. Dans son article "Si j’étais candidat" (version longue de l’article publié en 2007 dans Le Monde), le philosophe déroule son programme liant, reliant, complexifiant le local et le global.

" Pour l’immédiat qui suivrait mon élection je susciterais comme l’ont indiqué d’autres candidats deux rencontres entre partenaires sociaux :

1. sur l’emploi et les salaires ;

2. sur les retraites.

Mais surtout je constituerais deux comités permanents visant à réduire les ruptures sociales :

1. un comité permanent de lutte contre les inégalités, qui s’attaquerait en premier lieu aux excès (de bénéfices et rémunérations au sommet) et aux insuffisances (de niveau et qualité de vie au bas de l’échelle sociale) ;

2. un comité permanent chargé de faire des propositions afin de renverser le déséquilibre accru depuis 1990 dans la relation capital-travail.

Et, étant donné que les ruptures sociales s’inscrivent dans une rupture civilisationnelle (notamment la rupture nature/culture), je constituerais un troisième comité permanent qui traiterait des transformations sociales et humaines que devrait entraîner l’intégration de la nécessité vitale d’une poli- tique écologique.

Je m’efforcerais de dégager la Voie d’une grande politique concernant tous les aspects de la vie (économique, sociale, individuelle) afin de ressusciter les solidarités, faire reculer l’égoïsme, et plus profondément réformer la société, réformer nos vies."

A 89 ans, Edgar Morin n’entamera pas une carrière de président de la république, ou de dictateur de la pensée. Mais il démontre qu’il est bien plus frais et percutant que ces maîtres à penser recuits au micro-ondes médiatique. Si le diagnostic global est sévère pour la gauche française, il reste celui d’un ami aux propositions aussi excitantes qu’un tonicardiaque..

13 décembre 2010

Fontbarlettes : Mon Quartier !

Il y a quelques temps, j'ai ouvert un dossier : les quartiers. Il est vrai que j'ai eu d'autres inspirations et que je n'ai publié que quelques notes très sporadiquement.

Aujourd'hui, grâce à certaines complicités que j'adore, j'ai retrouvé un diaporama qui remonte le temps et magnifie ce quartier et surtout les moments de plaisir de ses habitants.

Ce quartier, je l'ai vu construire sur nos terres de batifolage, je l'ai habité, j'y ai aimé, je l'ai animé, j'ai essayé de le développer. Je pourrais être l'auteur de chacune de ces photos et d'ailleurs les auteurs sont de vieux amis.

Je vous invite à remonter le temps de mes souvenirs à Fontbarlettes !

 

 

 

07:12 Écrit par Pataouete dans Les Quartiers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : fontbatlettes, valence le haut

10 décembre 2010

Extraits de l’avant-propos du livre testament de Ferhat Abbas

 Vient de paraitre en Algérie

Le "testament politique" de Ferhat Abbas.

"Demain le jour se lèvera", titre sans doute inspiré de son célèbre livre "La nuit coloniale"

Derniere oeuvre rédigée avant sa mort : 1985.

Quelques extraits publiés dans "El Watan"

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«Je suis au soir de ma vie. Ce livre est le dernier acte de ma vie politique. C’est un adieu à l’Algérie, à mes amis du Maghreb et à tous ceux que j’ai aimés et servis durant ma longue carrière. Et aussi un adieu à mes amis français de France et d’Algérie, particulièrement à ceux qui ont vécu à nos côtés durant notre terrible guerre de Libération, souvent au péril de leur vie.» (Ferhat Abbas)

J’ai vécu un demi-siècle sous le régime colonial. J’en ai subi les contrecoups autant si, non plus que mes autres compatriotes. Je n’appartiens pas à la chevalerie arabe, ni à la noblesse maraboutique, pas même à la  «bourgeoisie» (…)

L’Europe a colonisé les autres continents au nom de la loi  de la jungle et de ses intérêts. Le plus fort a asservi le plus faible. Elle a détruit des civilisations dignes de ce nom et réduit à néant des peuples (…)

En Algérie, cette colonisation a été diabolique. Nous avons été piégés au nom de je ne sais quelle annexion qui ne s’est réellement jamais réalisée ni dans les faits ni dans les esprits. Contrairement à ce qui s’est passé en Tunisie et au Maroc, la bourgeoisie française nous a privés de notre personnalité et de notre âme et ainsi nous neutralisa (…) L’Algérie devint la propriété du dernier venu qui nous appliqua l’administration directe, la politique du peuplement européen et sa prépondérance  sur «l’indigène». Pour rendre la tâche plus aisée, on a fait mentir nos manuels scolaires. Des écrivains et des journalistes accréditèrent la thèse d’une Algérie, en 1830, musulmane, anarchique, pauvre, inorganisée et vacante. Pourtant, les officiers français qui ont chevauché tout le long du pays, notamment Saint-Arnaud, attestent du contraire.

Le racisme des Français d’Algérie n’était pas identique à celui de l’Afrique du Sud. Ce que les colons n’ont jamais admis est le fait que nous revendiquions pour échapper aux lois d’exception et nous élever à leur niveau. Cette revendication les rendait haineux et méchants, car ils avaient conservé de l’Arabe une peur viscérale venue du Moyen-Âge, peur attisée par la crainte de nous voir bénéficier des mêmes droits qu’eux. (…) «Je ne pouvais quitter ce monde sans évoquer une fois de plus le régime colonial. Si j’ai pris en exemple ma tribu et ma famille, c’est parce que ce qui nous est arrivé a été le sort de tous. Installé pharmacien à Sétif, la population de cette région me fit confiance et fit de moi un élu de la région, conseiller général, conseiller municipal, délégué financier, député, conseiller à l’Assemblée algérienne. A ces différents titres, j’ai parcouru l’Algérie.

Partout, j’ai retrouvé la même exploitation de notre peuple, les injustices qui l’avaient frappé, la misère dans laquelle il se débattait (…) J’ai vécu des années dans cette atmosphère. Elle créa entre les paysans et moi des liens indescriptibles.

Vingt ans après l’indépendance, les mêmes visites se poursuivent presque au même rythme qu’autrefois. Je ne suis plus qu’un vieillard malade, mais ils continuent à venir me voir. «Avez-vous besoin de quelque chose ?» «Non, nous venons prendre de tes nouvelles et te voir nous aide à supporter les nouvelles injustices !» (…)

En juillet 1962, l’indépendance acquise, nous nous sommes comportés comme un peuple sous-développé et primitif. Nous nous sommes disputés les places et nous avons tourné le dos aux valeurs et aux vertus qui nous ont conduits à la victoire. J’ai vu nos mœurs dégénérer en traumatisant l’Algérie musulmane comme elle ne l’avait été durant la guerre. Notre République algérienne a été affublée d’un appendice, celui de «démocratie populaire», ce qui veut dire en clair qu’elle n’est ni démocratique ni populaire. Nous subîmes deux dictatures, celle de Ben Bella, puis peu après celle de Boumédiène. Ben Bella prit pour modèle de chef d’Etat Fidel Castro, son régime totalitaire, son pouvoir personnel et son idéologie communiste. L’Algérie ne s’est pas reconnue et sombra dans l’inquiétude et le désordre, les passe-droits, le système D, l’arrivisme et les fortunes mal acquises (…) Boumediène eut le temps de dépecer ce qui restait de l’Algérie musulmane. Il ruina l’agriculture en contraignant les paysans à abandonner leurs terres par une «Révolution agraire» mal initiée, les attirant en ville à la recherche de leur pain grâce au mirage d’une industrie «industrialisante». Le commerce devint la proie de quelques-uns, proches du régime.

Tout ce qui a motivé notre insurrection a été saboté : le respect des droits de l’homme, celui des libertés individuelles et de la dignité du citoyen, le retour du fellah à la terre, le respect de la propriété privée. Nous nous sommes installés dans le provisoire et la médiocrité et avons cessé de travailler. Dans leur majorité, les Algériens ont confondu l’indépendance et Etat-providence. Tout un chacun se mit à attendre les pétrodollars. Or, voici qu’apparaît aux portes même d’Alger le terrorisme politique, qui n’hésite pas à tuer, à frapper des innocents et à engager notre pays dans une voie semblable à celle du malheureux Liban (…) Nous avons pris un retard mortel. Arriverons-nous en bonne santé à la fin de ce siècle ? Ne confondons pas démocratie, liberté avec intolérance et désordre public. Il est temps qu’un pouvoir fort et juste en même temps s’arme de bonnes lois, mobilise à nouveau le pays et nous contraigne à balayer devant nos portes.

Que nous réserve l’an 2000 ? Où va notre civilisation ? Gardons-nous d’émettre la moindre opinion. L’avenir appartient à Dieu et à ceux qui le feront. Peut-être le lecteur permettra-t-il à mon âge d’exprimer un souhait : celui de voir les générations de demain vivre de leur travail, s’entourer de bien-être et vivre en paix.

07:42 Écrit par Pataouete dans L'Algérie, Livre | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : ferhat abbas, algérie, mémoire