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26 mars 2010

26 mars 62 : Fusillade de la rue d'Isly

 

Fusillade de la rue d'Isly

rue_isly-7a4d5.jpgLa fusillade de la rue d'Isly a eu lieu le 26 mars 1962 devant la grande poste du centre d'Alger (Algérie). Ce jour-là une manifestation de citoyens français, civils non armés, partisans de l'Algérie française, décidée à forcer les barrages des forces de l'ordre qui fouillaient le quartier de Bab El-Oued (suite au meurtre de six appelés), se heurta à un barrage tenu par l'armée française.

Le contexte

En 1962, le général Salan (chef de l'OAS) avait pour objectif de contrer la mise en œuvre des accords d'Évian signés le 18 mars, en provoquant le soulèvement commun des Français d'Algérie, des unités de l'armée favorables à l'Algérie française et des Harkis. Le 22 mars à Bab El-Oued, des éléments de l'OAS abattent froidement six jeunes appelés du contingent qui refusaient de donner leurs armes.

Le 23 mars, des commandos de l'OAS prennent le contrôle du quartier de Bab El-Oued, qui se trouve isolé du reste d'Alger par les forces de l'ordre et par l'armée qui fait intervenir l'aviation. Pour tenter de rompre l'encerclement des insurgés, l'OAS lança un appel à la grève générale et organisa une manifestation devant se rendre à Bab el Oued en passant devant la Grande Poste, à l'entrée de la rue d'Isly..

Les faits

rue_isly_g-a8f5f.jpgLe service d'ordre était assuré par l'armée qui avait reçu de Paris la consigne de ne pas céder à l'émeute. Le barrage à l'entrée de la rue d'Isly était tenu par 45 tirailleurs du 4e RT créé en Algérie en 1958 et dissous en 1962. Les tirailleurs sont des soldats et, équipés comme tels, ne sont pas formés et adaptés aux missions de maintien de l'ordre. Leur précédente affectation était à Berrouaghia près de Médéa. Cette consigne est traduite par le commandement de la Xe région militaire aux soldats dirigeant le barrage de la rue d'Isly par : « Si les manifestants insistent, ouvrez le feu » mais nul n'a voulu confirmer cet ordre par écrit.

Malgré une interdiction, les manifestants se rassemblent. Puis ils "forcent" le premier barrage tenu par les tirailleurs en petit nombre. Peu après des coups de feu éclatent et les soldats ripostent. Certains imputent ces coups de feu à des tirailleurs mal contrôlés.

Selon les militaires, des coups de feu d'origine inconnue seraient à l'origine du déclenchement du tir des militaires, qui mitraillent alors la foule à bout portant. Il est à noter que cette foule comprenait des femmes et de jeunes adolescent(e)s. Yves Courrière montre les positions de tir supposées de membres de l'OAS. Il montre que si les circonstances restent peu claires, il est évident que les soldats n'ont pas tiré à bout portant dans la foule car vu le nombre de munitions tirées, il y aurait eu alors plusieurs centaines de morts.

Cette version des faits est en contradiction avec des témoignages directs. De nombreuses terrasses étaient en effet occupées par des gendarmes mobiles bien visibles et reconnaissables à leurs képis. On s'époumone « Halte au feu mais les rafales durent plus d'un quart d'heure.

Selon certaines sources, ces gendarmes mobiles auraient mitraillé la foule à partir des terrasses, notamment à l'angle des rues Charras et Charles Péguy. Selon d'autres sources, le servant du fusil-mitrailleur du 4e R.T.A. aurait longuement « arrosé » les manifestants.

Quoi qu'il en soit, le bilan officiel est de 46 morts et 150 blessés, mais beaucoup de blessés meurent à l'hôpital. Aucune liste définitive des victimes n'a jamais été établie. Toutes les victimes étaient des civils. Toutefois en 2003, dans sa contre-enquête Bastien-Thiry : Jusqu'au bout de l'Algérie française, le grand reporter Jean-Pax Méfret avance le nombre de 80 morts et 200 blessés au cours de ce qu'il nomme « le massacre du 26 mars ». L'association des victimes du 26 mars publie une liste de 62 morts, tous des civils ; aucun militaire n'est tué. Il faut attendre le 12 septembre 2008, pour que la télévision française (Fr3), consacre une émission à cet événement. "Le massacre de la rue d'Isly, de Christophe Weber".

Les Européens, revenus de leur stupeur, rendent les musulmans responsables de la tuerie. Pour eux, ce sont des provocateurs FLN qui l'ont organisée. La fusillade achevée, ils « font justice » à Belcourt et 10 musulmans sont assassinés sur le champ.

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Les conséquences

La fusillade de la rue d'Isly marque la fin des espérances européennes dans l'OAS et par ricochet le début de l'exode massif des Européens d'Algérie. Elle constitue, avec l'échec de la prise de Bab el Oued, un échec majeur pour l'OAS. Selon des partisans de l'Algérie française ou certaines associations de Pieds-Noirs, ce drame aurait été minimisé, voire oublié par la France.

Pas plus que pour le massacre du 17 octobre 1961 ou pour l'affaire du métro Charonne, il n'y a eu à ce jour de commission d'enquête officielle créée pour éclaircir les faits et les responsabilités dans cette fusillade.

Deux historiennes se sont livrées à une enquête complète qu'elles relatent dans leur livre "Un crime sans assassin". Elles démontent les témoignages d'un coup de feu venant des immeubles et soulignent que la plupart des journalistes présents désignent les tirailleurs et en particulier le servant du FM comme à l'origine de la fusillade. Elles soulèvent le point majeur « pourquoi des troupes fatiguées et n'ayant jamais été confrontées au maintien de l'ordre en ville ont-elles été placées avec des ordres stricts à cet endroit ? »

Leurs soupçons sont confortés par la déclaration du préfet de police Cros dans son livre "Le temps de la violence": « la nouvelle que nous redoutions et espérions à la fois arriva, les tirailleurs avaient ouvert le feu ».

Cette position favorable à la défense des intérêts de l'État semble confirmée par l'essai de Jean Mauriac : "L'Après De Gaulle ; Notes Confidentielles, 1969-1989", dans lequel il rapporte page 41 les rancœurs de Christian Fouchet, haut-commissaire de l'Algérie française, le 28 Octobre 1969 : « J'en ai voulu au général de m'avoir limogé au lendemain de mai 1968. C'était une faute politique. Il m'a reproché de ne pas avoir maintenu l'ordre : "Vous n'avez pas osé faire tirer. J'aurais osé s'il l'avait fallu", lui ai-je répondu. "Souvenez-vous de l'Algérie, de la rue d'Isly. Là, j'ai osé et je ne le regrette pas, parce qu'il fallait montrer que l'armée n'était pas complice de la population algéroise." ». Il semble que les familles n'ont jamais eu le droit de récupérer les corps des victimes.

Mon témoignage

Mes parents habitaient en bas de la Rue Charras soit à quelques centaines de mètres de la Grande Poste mais aussi du Forum et du Palais du Gouvernement Général.  Vous imaginez que nous avons vécu tous les événements d'Alger aux premières loges à partir du 13 mai 58 et jusqu'à cette fusillade.

C'est plus d'une fois que les gaz lacrymogènes ont envahis notre logement et même si nous n'approuvions pas les manifestants nous avons comme eux pleuré sur notre sort. Mon père était déjà réfugié à Paris et donc, j'étais l'homme de la maison (11 ans).

A cette époque, les coups de feu étaient très courants dans Alger mais avec cette intensité, cette longueur et ces cris d'effroi ou d'ordre de cesser le feu jamais !

Ensuite ce fut la débandade des rescapés en larmes et en effroi, enfin la descente de la rue Charras par des ambulances hurlantes mais surtout par des camions militaires (GMC) chargés de corps inertes entassés.

Une dernière précision, le livre "Alger la Noire" dont j'ai déjà parlé LA,  évoque une autre thèse du départ de la première rafale totalement indépendante des parties en présence. Il s'agit d'un roman mais si les faits étaient avérés ce serait dramatique de penser qu'un événement privé a pu déclencher autant de massacre.

En tout cas, cette fusillade marque la fin des espoirs des Pieds-noirs et le début de l'exode vers la métropole pour les Algérois.

lavalise1.jpg

En complément à cette note, copie d'une lettre ouverte au Président de la République adressée par les Associations "Progréssistes" et d'Anciens combattants : Guerre Algérie - Mémoire - Lettre ouverte au Président de la République - 28-IV-2010.doc

07:15 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : algérie, alger, fusillade isly, 26 mars 62

24 mars 2010

Les dialectes

 

Les dialectes

Place Abdel Kader.jpgIl y a quelques temps, j'ai présenté le livre : "Algérie, les années Pieds-Rouges". Et je vous avait promis de vous en distiller des passages. J'ai pour autre projet de vous présenter les problèmes dialectaux rencontrés en Algérie et qui incitent l'Algérie Actuelle à toujours utiliser le Français.

Je vous propose un extrait à ce sujet.

"À Alger, à l'hôpital Parnet où il est recruté comme interne, un étudiant syrien, l'un des nombreux boursiers venus en Algérie apprendre la médecine, explique au docteur Michel Martini à quel point le problème de la langue est pour lui un obstacle totalement imprévu. «Je croyais que la place du français en Algérie était la même que celle qu'avait l'anglais en Égypte ou en Irak ", s'étonne-t-il. C'est-à-dire secondaire, l'anglais étant seulement utilisé, au Caire comme à Bagdad, dans l'enseignement des sciences, des techniques et de la médecine. « Je ne pouvais pas imaginer l'importance que la langue française avait dans la vie algérienne de tous les jours ", ajoute le jeune Syrien, qui met plusieurs semaines avant de pouvoir se faire comprendre en arabe: le temps de résoudre les « problèmes du vocabulaire dialectal, de la présence du sabir et du phénomène des "drop the vocals" (laisse tomber les voyelles) de l'arabe algérien». Heureusement pour lui, son français est parfait ... L'obstacle, le problème 1 de la langue, ce n'est pas le français, mais évidemment ... l'arabe: this is the whole paradox ! "

Pieds-Rouges.jpg

 

07:44 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : algérie, dialectes

19 mars 2010

19 mars 1962 Les Accords d'Evian

 

 

19 mars 1962 : Les accords d'Évian

joxe.jpgLes accords d'Évian sont le résultat de négociations entre les représentants de la France et du Gouvernement provisoire de la République algérienne formé par le Front de libération nationale (FLN) durant la guerre d'Algérie. Ces accords sont signés le 18 mars 1962 à Évian et se traduisent immédiatement par un cessez-le-feu  applicable sur tout le territoire algérien  dès le lendemain.

Ces accords mettent fin à huit années d'une guerre qui n'en portait pas encore le nom et pour laquelle la France a déployé environ 400 000 hommes et durant laquelle de 250 000 à 400 000 Algériens sont tués (plus d'un million selon le FLN). 230px-Krim_belkacem.jpgPour la France, on décompte 28 500 morts du côté des militaires, 30 000 à 90 000 harkis, 4 000 à 6 000 chez les civils européens et environ 65 000 blessés.

Cependant, il est couramment acquis que le nombre de victimes civiles européennes et, surtout, indigènes de la guerre d'Algérie est bien plus élevé après le 19 mars qu'avant. Des 2 bords on a intérêt à faire "Table Rase".

Le référendum d'autodétermination est largement favorable à l'Indépendance de l'Algérie (5 juillet 1962) et 1 million de rapatriés regagnes la Métropole.

evian_accords.jpg

 

Trop tôt ou trop tard ?

Bien évidemment il n'est jamais trop tôt pour arrêter un massacre. Cependant, l'armée française (ou plutôt ses généraux) considéraient qu'ils avaient vaincu les "terroristes". Après avoir fomenté une révolte des Algérois et permis le retour aux "affaires" du Général De Gaulle et la constitution de la Vème République, ils se lancèrent dans un activisme factieux qui déboucha sur une véritable Guerre Civile qui détruisit à jamais tout espoir de réconciliation.

Trop tard surement ! Dès le traité Crémieux qui n'accordait pas la dignité aux indigènes l'affaire était faite. A-t-on connaissance d'un pays occupé qui tôt ou tard ne va pas lutter pour retrouver son indépendance ? Mais au delà, lorsque des mouvements nationalistes ont commencé à éclore (1920), dès après la seconde guerre (l'Algérie avait été libérée par les troupes US en 1942), ou dès le début des actions terroristes, plutôt que de persécuter, interner, torturer..., les leaders favorables à un règlement politique de "l'affaire algérienne" on avait cherché une solution amiable, bien qu'une telle solution soit totalement inconnue de par le vaste monde. Au lieu de cela, les "Pieds-noirs" ont fuit leur pays et l'Algérie a été "gouverné" par les colonels du FLN aux attitudes et aux compétences douteuses qui ont totalement laminé ce beau pays.

Comme toujours une victime : le Peuple d'Algérie.

 

07:59 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : algérie, accords d'evian, 19 mars 62

17 mars 2010

Extrait d'Abd-El-Kader, une chanson coloniale

 

 

Extrait d'Abd-El-Kader, une chanson coloniale de Gesky, vers 1930 (auteur comique)

 

Ah qu'il parle bien notre cher président,

Ah qu'il est éloquent et quel diplomate épatant,

A Dunkerque il dit " vive le nord ", A Marseille il vous sort

" Vive le midi coquin de sort ! "

Mais quand en Algérie il part pour quelques jours,

tout le long du parcours,

Il potasse un très beau discours.

Il parle d'un ton bref : " mes z'amis ya plus bezef

Me voici je suis algérien et si je viens

C'est pas pour rien "

" Je suis venu pour vous dire en un sourire,

Je suis venu pour vous répéter tant et plus "

 

" A si le brave Abdel Kader revenait en Algérie,

Il serait heureux Abd El Kader, de voir comme elle est jolie,

Y'a du pinard, du chemin de fer, du chameau de l'industrie,

Aussi je suis fier de lever mon verre à la santé d'Abd El Kader "

Le vin d'Algérie est un si doux nectar, qu'on s'en sert blague à part,

Pour rajeunir le bon vieux pommard

Quant à son cheptel il est de plus en plus beau,

Les vaches ont des veaux,

Et les juments ont des jumeaux !

A la Casbah Messieurs c'est la pure vérité, il y l'électricité, La TSF, LA CGT

Pour traverser le désert monzami maintenant

On se sert des chenilles et des autos,

Citroën remplace les chameaux

N'en j'tez plus des merveilles sans pareil, N'en j'tez plus

L' percepteur va vous tomber dessus.

REFRAIN ...

 

abdulKader.jpg

 

 

07:38 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : algérie, abd el kader

10 mars 2010

Les "Pieds-Noirs" Progressistes

 

Les "Pieds-Noirs" Progressistes

 


Figurez vous qu'au hasard d'un cheminement vers les sites sur l'Algérie que j'ai sélectionné pour vous, je suis tombé en arrêt sur le site d'une
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Association de "Pieds-Noirs" Progressistes et Ami. L'ANPNPA

A la lecture de la Déclaration d'Intention j'ai eu le sentiment de trouver enfin des frères natifs d'Algérie.

"Depuis l'arrivée en France, chacun s'est positionné dans les débats sur la société française en fonction de sa situation sociale et de son cheminement politique personnels. Mais nous partageons tous la même analyse du système colonial imposé par la France au peuple algérien et le même engagement pour un avenir d'estime et d'amitié entre français et algériens, et de coopération entre les deux états. Plus de quarante-cinq ans après l'accession de l'Algérie à l'indépendance et après plusieurs espoirs déçus d'une réconciliation durable entre les deux pays, nous estimons qu'il est temps de faire entendre notre voix."

"Les pieds-noirs ont trop longtemps été présentés comme une communauté uniforme qui, après avoir profité du système colonial, serait animée d'une vaine nostalgie de l'Algérie française, et serait hostile à tout rapprochement des deux peuples."

"Nous avons une vision radicalement différente et entendons le faire savoir. Ses membres fondateurs sont issus de familles généralement installées de longue date en Algérie, et ont pour la plupart vécus les derniers temps du colonialisme et de la guerre d'indépendance. Ils s'estiment porteurs d'une mémoire qu'ils tiennent à faire partager et dont ils demandent la prise en compte par l'histoire."

"L'ANPNPA souhaite contribuer à une réconciliation sincère et durable entre français et algériens et inciter les responsables des deux états à adopter une politique d'entente et de coopération fondée sur la spécificité des relations franco-algériennes marquées par 130 années de domination coloniale et d'affrontements, mais aussi par une longue fréquentation des peuples."

Bien sur, j'ai d'abord hésité devant l'appellation "Pieds-Noirs", si vous me suivez depuis l'origine vous devez me comprendre, mais le site à une explication qui m'a satisfait :

"A partir du moment où il a été question de créer une association, si l'appellation « pieds noirs progressistes » s'est imposée à ses initiateurs, elle a été diversement perçue par les progressistes, PN ou amis, que nous avons sollicités. Ce qui est sûr, c'est qu'elle a été comme un déclencheur de sentiments souvent enfouis. Les uns se sont offusqués de se voir attribuer le terme de PN, estimant ne se reconnaître que dans le qualificatif de « progressistes », les autres se sont sentis soulagés d'être désignés comme tels, et les a décidés à en assumer les interprétations contradictoires."

Bien sûr, je détaillerai plus largement certains documents publiés par cette association mais d'ors et déjà, je vous propose de consulter le site de

L'ANPNPA


J'ai décidé d'y adhérer mais il n'y a pas de section sur Rhône-Alpes alors, si cette note vous interpelle, n'hésitez pas à laisser un commentaire afin que nous nous organisions ou indiquez le sur votre bulletin d'adhésion.

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07:54 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : algérie, pieds-noirsprogressistes, anpnpa