18 janvier 2010
En balade !
En balade !
Voila, Pataouète va partir quelques jours en balade dans la région francilienne.
Objectifs : l'anniversaire de notre "Dauphine", des rencontres et des visites à nos proches résidents dans cette "contrée sauvage", une ou deux expositions culturelles et une visite à mon meilleur copain d'école d'Alger retrouvé sur le Net, après 50 ans. Il faut rajouter quelques bricolages et la semaine sera vite passée.
Bien sur nous penserons très fort à notre cop' Roso qui a un petit problème de "passerelle" à faire réparer.
Je n'ai pas complètement résolu mes problèmes techniques à l'édition des notes, surtout les éditions différées, donc cette fois vous n'aurez pas le droit à des petits messages réguliers. Mais je crois que mes dernières productions sont assez massives pour que vous preniez le temps de les relire avant mon retour. Et puis, vous êtes toujours de plus en plus nombreux à me rendre visite et à me feuilleter cependant, si je peux vous décompter je ne sais pas qui vous êtes alors, un petit coucou en commentaire...
Sinon, à la suite des débats, déclarations et affirmations auxquels j'ai participé ces derniers jours sur le Oueb il m'est venu une métaphore sportive (n'ayez pas peur les filles vous allez comprendre).
La règle du Hors-jeu au Foot, ce n'est pas à l'arrivée de la balle qu'elle se juge c'est au départ de la passe... Et l'histoire ce n'est pas les journalistes qui la font c'est les joueurs et l'Arbitre...
A méditer...
14:58 Écrit par Pataouete dans Mes humeurs | Lien permanent | Commentaires (22)
17 janvier 2010
Fou la la ! que cette soirée m'a fait du bien !
Fou la la ! que cette soirée m'a fait du bien !
Une chose est sure, j'ai drôlement bien fait d'assister à ce débat ! Devant une assistance nombreuse, de toutes origines et de toutes générations, du septuagénaire à l'étudiant, la soirée s'est articulée autour des témoignages de "militants" de tous âges, puis de la présentation des 2 auteurs présents et enfin d'un débat riche en tranche de vie ou interrogations sociétales.
Pour ma part, j'ai surtout apprécié d'entendre à nouveau des valeurs hélas, c'est mon opinion, bien occultés depuis...Mai 81.
A savoir : la classe ouvrière, le militantisme social, la Solidarité, l'Humanité, Justice, l'Education Populaire, les "Justes", les prêtres-ouvriers, la Fraternité, ...J'ai même entendu parler d'Utopie c'est vous dire !
Le tout agrémenté d'une foi chrétienne orienté vers l'Humanisme. Je dois dire que tout au long de ma propre vie, j'ai eu à accompagner le chemin de vie de nombreux copains militants ou issus du monde "ouvriers chrétiens". Jamais un seul ne m'a déçu par ses prises de position politique. Tous sont restés des "Justes". Aucun ne s'est fourvoyé dans un carriérisme électoral. Respect à tous, jeunes et vieux !
Mais ce n'est pas pour autant que des solutions sont apparues. Les tenants sont faciles à déterminer mais les aboutissants !
Pour terminer ce sujet, je tiens à vous présenter le dernier bouquin de Jacqueline Costa-Lascoux, (sociologue au CNRS qui a passé sa vie entière au contact de la classe ouvrière) le résumé, le sommaire et l'auteure.
L'humiliation.
L'humiliation. Tel est le legs de notre société à ses enfants. L'aliénation à la consommation érigée en culte, l'assujettissement de l'identité à des marques et les inégalités croissantes fondent un système de l'humiliation. L'intime devient un marché et la politique est réduite à un spectacle. Gagner, posséder, acheter, se montrer et même se vendre... Comment, dans ces conditions, apprendre à être, à penser, à vivre ? En se livrant à un décryptage incisif de la façon dont notre société travestit les réalités, Jacqueline Costa Lascoux appelle à sortir d'un fatalisme qui s'impose aux plus jeunes. Le désintérêt pour la chose publique, le repliement identitaire, l'évacuation de la question sociale et son maquillage en conflits ethniques, les comportements de fuite des uns et de violence des autres ne sont pas les effets d'une machine anonyme, mais le produit d'une déroute collective. Sans nostalgie du passé ni vision naïve du futur, ce livre appelle à un sursaut. Devant la crise politique qui prend les jeunes en étau, il est possible de résister à la déshumanisation. Au delà des jeux de rôle et des fausses évidences, le dialogue des générations, la critique des savoirs, la pluralité des identités, l'écoute de ceux qui créent de nouveaux imaginaires ouvrent des voies pour une démocratie réelle.
A propos de l'auteur :
Jacqueline Costa Lascoux, directrice de recherche au CNRS, associée au Centre de recherche de science Po Paris, est membre de la Commission française pour l'Unesco et du Haut Conseil à l'Intégration. Auteur de nombreux ouvrages, elle a publié récemment La laïcité à l'École. Un principe, une éthique, une pédagogie, Sceren, 2006, et codirigé Renault sur Seine. Mémoires ouvrières et histoire industrielle, La Découverte, 2007. Elle exerce des responsabilités à l'association Soutien, solidarité en faveur des émigrants et à France Terre d'asile. Elle préside la Fédération nationale des Ecoles des parents et des éducateurs.
Sommaire :
La démocratie fissurée
Les avatars de l'égalité
Les malentendus du vivre ensemble
La transmission interrompue
L'étrange effacement de l'histoire
La quête d'identité
11:57 Écrit par Pataouete dans La poulitique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : joc, aco, classe ouvrière, l'atelier
16 janvier 2010
Camus et l'Enquête en Kabylie
Camus et l'Enquête en Kabylie
En 1939, Albert Camus entreprend sa fameuse enquête en Kabylie. Dans une série d'articles, il évoque toutes les bonnes raisons que se donnent les colons pour maintenir les musulmans dans leur triste condition. Il s'élève contre le colonat, qui a déraciné l'Arabe de sa propre patrie. Il dénonce la misère, la famine, l'inculture, la détresse du peuple kabyle. Il prône sa dignité et s'insurge contre l'idée, si répandue, de l'infériorité de la main-d'œuvre indigène.
Il n'y a pas que des chiffres dans les articles de Camus. Un profond sentiment d'humanité s'y manifeste. Camus ne se voile pas la face devant les spectacles atroces que lui inflige le régime colonial.
Un passage :
"Dans la commune d'El-K.seur, sur 2 500 habitants kabyles, on compte 2000 indigents. Les ouvriers agricoles emportent avec eux, pour la nourriture de toute la journée : un quart de galette d'orge et un petit flacon d'huile. Les familles, aux racines et aux herbes, ajoutent les orties.
Par un petit matin, j'ai vu à Tizi-Ouzou des enfants en loques disputer à des chiens le contenu des poubelles. A mes questions, un Kabyle a répondu : C'est tous les matins comme ça. Cette famine n'est pas une épidémie de peste ou de choléra. Derrière tout cela, il y a l'injustice et l'âpreté du colonat et de l'Administration.
Autour de Michelet, le salaire agricole moyen est de 5 francs, plus la nourriture, pour dix heures de travail. Le salaire communal est de 11 à 12 francs. Mais on retient directement sur cet argent, et sans prévenir les intéressés, l'arriéré des impôts. Ces retenues atteignent parfois la totalité du salaire. Il n'y a pas de mot assez dur pour qualifier pareille cruauté. Je suis forcé de dire ici que le régime du travail en Kabylie est un régime d'esclavage".
Au fil des articles, l'enquête de Camus s'oriente peu à peu vers une conscience politique du problème. Or déjà, pour lui, la politique passe par la morale et par un dévoilement de la mauvaise foi.
Un autre article :
"Quant à l'idée si répandue de l'infériorité de la main-d'œuvre indigène, c'est sur elle que je voudrais terminer. Car elle trouve sa raison dans le mépris général où le colon tient le malheureux peuple de ce pays. Et ce mépris, à mes yeux, juge ceux qui le professent. J'affirme qu'il est faux de dire que le rendement d'un ouvrier kabyle est insuffisant. Car s'il l'était, les contremaîtres qui le talonnent se chargeraient de l'améliorer.
Il est vrai, en revanche, que l'on peut voir sur des chantiers vicinaux des ouvriers chancelants et incapables de lever une pioche. Mais c'est qu'ils n'ont pas mangé. Et l'on nous met en présence d'une logique abjecte qui veut qu'un homme soit sans forces parce qu'il n'a pas de quoi manger et qu'on le paie moins parce qu'il est sans forces."
11:51 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : camus, algérie, kabyles
15 janvier 2010
Le projet Blum-Violette
Le projet Blum-Violette.jugé par le journal l'illustration
En 1937, le front populaire présente une loi pour accorder la citoyenneté française à des Algériens. Le projet est préparé par Maurice Violette, ministre radical et ancien gouverneur de l'Algérie(ce projet rencontre l'hostilité des colons français et du Sénat qui le repousse en 1938. Environ 20 000 "indigènes algériens" accéderont à la nationalité française sur une "population indigène" de sept millions. Les conditions [pour devenir citoyen français] s'appliquent notamment :
Ø Aux indigènes ayant conquis un grade dans l'armée ou certaines distinctions au titre militaire ;
Ø Aux indigènes titulaires de certains diplômes, de l'enseignement supérieur, de l'enseignement secondaire, de l'enseignement professionnel, industriel, agricole ou commercial ;
Ø Aux indigènes ayant exercé pendant un certain temps des fonctions publiques.
En un mot à ceux que l'exposé des motifs qualifie "ceux d'entre-eux qui sont les plus évolués ou qui ont apporté des garanties importantes de loyalisme" [...]
"Que conclure alors devant le projet Violette ? Notre réponse sera bien simple. Les masses indigènes ne sont pas à un stade de civilisation suffisamment avancé, elles n'ont pas encore, elles n'ont pas encore le discernement, l'indépendance, la sécurité matérielle et la plénitude de la vie extérieure pour l'exercice fécond des droits politiques [...] L'indigène n'a nul besoin d'être protégé ou défendu contre les Français, mais bien contre lui-même et contre le milieu social et économique dans lequel il vit". L'illustration, 24 avril 1937
Tous les membres du Congrès Musulman, sauf les Oulémas qui émirent quelques réserves, soutinrent le projet de Blum-Violette qui admettait « à l'exercice des droits politiques des citoyens français, sans qu'il en résulte aucune modification de leur statut ou de leurs droits civils »[10] des Algériens de catégorie limitativement déterminés.
Concrètement, cela voulait dire que le projet accordait la citoyenneté française à une « petite élite » d'environ vingt mille Algériens, diplômés de l'enseignement, élus, militaires ou fonctionnaires. Messali Hadj, condamna ce projet dans lequel il ne voyait qu'un « nouvel instrument du colonialisme, appelé, selon les méthodes habituelles de la France, à diviser le peuple algérien, en séparant l'élite de la masse».
En Mars 1937, le leader nationaliste condamnait le projet Blum-Violette comme anti-démocratique dans les colonnes de La Gauche Révolutionnaire : « c'est d'abord un projet antidémocratique, qui fait fi de l'histoire et qui renforce le colonialisme en augmentant ses serviteurs de 20 000 laquais, pour aggraver le sort de 6 millions et demi de fellahs, d'ouvriers, de petits commerçants et d'anciens militaires. Le projet Violette n'est nullement une solution, il n'est pas non plus un commencement de réformes sérieuses, c'est la discorde et la division entre une classe doublement privilégiée et une autre doublement sacrifiée ».
Il était évidant que par le projet Blum-Violette, le « Front Populaire » cherchait à combattre l'Etoile Nord Africaine et l'idée d'indépendance de l'Algérie. L'historien socialiste Charles-André Julien ne cachait, d'ailleurs, pas cet objectif lorsqu'il affirmait : « le projet Blum-Violette admettait 21 000 indigènes à bénéficier de la citoyenneté dans le statut. Chaque année ce nombre se fût accru et cette accession désirée, comme ce ne fut plus le cas quand le général de Gaulle en reprit les disposition par l'ordonnance de 1944, eut été le plus sûr obstacle au nationalisme et, plus encore, au panarabisme en établissant un écran de « francisation » entre la Tunisie et le Maroc ».
En matière coloniale, les réalisations furent plus difficiles en raison du profond conservatisme des colons, très puissants, et du dynamisme de certains mouvements politiques locaux (principalement en Algérie), qui préfèrent souvent l'indépendance à l'égalité des droits. Ainsi, le projet Blum-Violette étendant la nationalité française à certains Algériens est-il bloqué par le Sénat, comme le projet d'accorder l'indépendance aux mandats du Liban et de la Syrie. En Tunisie, les colons les plus influents « tinrent l'avènement du Front populaire pour une catastrophe cosmique et [le sous-secrétaire d'État] Pierre Viénot pour l'Antéchrist [...] » Charles-André Julien, dans Léon Blum, chef de gouvernement) : ils déployèrent donc tous leurs efforts pour saboter la politique menée. Mais pour la première fois, un dialogue est ébauché, une politique réformiste est envisagée : c'est un premier dépassement du clivage entre le colonialisme pur et dur d'une part, la sécession immédiate d'autre part, d'où nait, après 1944, la décolonisation.
Le code de l'indigénat est vidé de sa substance, puis complètement abrogé, par Marius Moutet, qui s'efforce d'améliorer le sort des colonisés et de les associer à l'administration de leurs territoires.
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10:32 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : camus, algérie, violette
Le Peuple de Camus
Le peuple de Camus
Nous avons tous ces jours-ci vu, entendu, lu et même "noté" sur Albert Camus.
Camus a grandi dans le Quartier de Belcour un quartier populaire à l'Est d'Alger, avec Bab-el-Oued à l'ouest, le symbole du peuple d'Algérie. Un mélange de toutes origines magrébines et européennes. Ce peuple d'Algérois qui avait tous respiré le même oxygène, comme dis mon "cousin". Orphelin de père, selon le cas originaire d'Alsace ou de Bordeaux, peut-être même alsacien ayant fait un passage par Bordeaux avant d'émigrer à Alger, et d'une mère illettrée, Albert a bénéficié d'un "Hussard de la République" qui a su repérer son talent et le hisser au sommet de la gloire.
Mais Camus c'est aussi cet honnête homme droit, juste, fraternel, humain, qui est resté "droit dans ces bottes" refusant de ce laisser embrigader par un système politique qui pouvait l'amener dans des chemins qu'il ne voulait pas suivre.
Depuis ses premiers écrits dans Alger Républicain, en passant par son enquête sur la Kabylie (j'en reparlerai), son chemin à Combat, toutes ses publications et ses pièces de théâtre, tout n'est qu'Humanité, Fraternité, Egalité.
Il était profondément anticolonialiste mais a refusé d'aider la révolution algérienne. Il pensait que le peuple d'Algérie, finalement composé essentiellement d'immigrés de toutes origines et de toutes confessions pouvait créer une nation, particulière certes, mais autonome. Il n'avait pas plus de chance de réussir qu'Ahmed ou Simon ses petits copains de pallier, de rue ou de classe.
Il s'est opposé au "projet Violette" (bientôt sur vos écrans) du Front Populaire car s'il accordait la Nationalité Française aux "Elites" civils et militaires il laissait encore et toujours de coté une part majeure de la population indigène (20.000 pour 6 millions).
Lorsque mon père me racontait le "Front Populaire", dont-il était très fier, il me disait qu'en paraphrasant Alger la Blanche, les Algérois l'avait baptisé : "Alger la Rouge". Je me souviens aussi des copains de mon père, militant syndicalistes, ouvrier Chrétiens ou Laïcs qui ont cherché une Algérie Fraternelle.
Albert Camus est mort, "putain de Platane", au début de l'année 1960. C'est l'année charnière dans le développement de l'Activisme en Algérie. Comment aurait-il vécu, traversé, cette époque, on ne le saura jamais. Mais, pour ma part, je crois qu'il y a fort à parier qu'il soit tombé sous les balles aveugles d'un Activiste.
J'ai déjà cité Camus dans mes notes vous présentant les Pataouètes. Je réitère ces propos, Albert Camus est bien le plus célèbre des Pataouètes.
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10:28 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : albert camus, algérie