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09 septembre 2010

Les Berbères

J'ouvre aujourd'hui une série de notes présentant les différents groupes ethniques regroupés sous l'appellation "Berbères".

Bien entendu, je m'intéresserais plus particulièrement aux groupes Algériens.

Parfois, pour certain d'entre-eux, j'ai du mal à trouver une documentation détaillée. Si vous en savez plus, n'hésitez pas à me transmettre copie ou adresse de documents, ils seront les bien venus.

Berber_tunisie_1910.jpg

L’ORIGINE DES BERBÈRES

Gabriel CAMPS [Islam : société et communauté. Anthropologies du Maghreb, sous la direction de Ernest Gellner, les Cahiers C.R.E.S.M, Éditions CNRS, Paris, 1981.]

Connus depuis l’antiquité pharaonique sous les noms de Lebu, Tehenu, Temehu, Meshwesh, les Berbères subsistent dans un immense territoire qui commence à l’ouest de l’Égypte. Actuellement des populations parlant le berbère habitent dans une douzaine de pays africains, de la Méditerranée au sud du Niger, de l’Atlantique au voisinage du Nil.

Carte-Berberes.gifMais cette région qui couvre le quart Nord-Ouest du continent n’est pas entièrement berbérophone, loin de là ! Aujourd’hui, dans cette région, l’arabe est la langue véhiculaire, celle du commerce, de la religion, de l’État, sauf dans la marge méridionale, du Sénégal au Tchad où la langue officielle est le français. Ainsi, les groupes berbérophones sont isolés, coupés les uns des autres et tendent à évoluer d’une manière divergente. Leur dimension et leur importance sont très variables. Les groupes kabyle en Algérie, Braber et Chleuh au Maroc représentent chacun plusieurs centaines de milliers d’individus tandis que certains dialectes, dans les oasis, ne sont parlés que par quelques dizaines de personnes. C’est la raison pour laquelle les cartes d’extension de la langue berbère n’ont pas grande signification. Le territoire saharien couvert par les dialectes touareg (tamahaq) en Algérie, Libye, Mali et Niger est immense mais les nomades berbérophones qui le parcourent et les rares cultivateurs de même langue ne doivent guère dépasser le nombre de 250 ou 300 000. Ils sont à peine plus nombreux que les habitants du Mzab qui occupent dans le Sahara septentrional, un territoire mille fois plus exigu. Le bloc kabyle est dix fois plus peuplé que la région aurasienne, plus vaste, où est parlé un dialecte berbère différent.

En fait il n’y a aujourd’hui ni une langue berbère, dans le sens où celle-ci serait le reflet d’une communauté ayant conscience de son unité, ni un peuple berbère et encore moins une race berbère. Sur ces aspects négatifs tous les spécialistes sont d’accord… et cependant les Berbères existent.

Si vous souhaitez approfondir cette partie "Origines" je vous conseille le site : http://www.mondeberbere.com

Groupes ethniques

Les Berbères sont dispersés en plusieurs groupes ethniques en Afrique du Nord.

Principaux groupes ethniques berbérophones:

    * les Chleuhs dans le Sud-ouest du Haut Atlas, l'Anti-Atlas, la vallée du Souss, et le Nord du Désert Atlantique (Maroc)

    * les Imazighens dans le Moyen Atlas et la plaine du Saïs, la partie centrale et orientale du Haut-Atlas, le Djebel Sargho dans Anti-Atlas) et ses piémonts sahariens, et le Sud-est (la région de Tafilalt), (le Sud du Rif chez les Ayt Warayn) (Maroc).

    * les Rifains dans le Rif (Maroc)

    * les Chaouis dans les Aurès (Algérie)

    * les Chenouis dans le Chenoua (Algérie)

    * les Kabyles en Kabylie (Algérie)

    * les Beni Snous (Aït Snus) dans la wilaya de Tlemcen (Algérie)

    * les Mozabites dans la vallée du Mzab (Algérie)

    * les Zenagui dans la Saoura (Algérie) et la région de Figuig (Maroc)

    * les Siwis dans le Siwa (Égypte)

    * les Touaregs, dont l'aire de nomadisation s'étend sur plusieurs pays : Algérie, Libye, Niger, Mali et Burkina Faso

    * les Infusen à Adrar Nfusa (Libye)

    * les Izenten à Gourara (Algérie)

    * les Matmatis à Ain Defla en (Algérie)

Principaux groupes ethniques —totalement ou en grande majorité— "non-berbérophones" d'origine berbère:

    * les Jbalas dans le nord du Maroc (arabophones), les Sanhadja des Srayr en constitueraient la seule faction berbérophone subsistante.

    * les Ghomaras dans le nord du Maroc (majoritairement arabophones, minorité berbérophone)

    * les Guanches (hispanisés) dans les (îles Canaries)

    * les Teknas dans le Nord du Désert Atlantique Maroc (en grande partie arabisés)

    * les Reguibat au Maroc, en Algérie, et Mauritanie (arabisés)

    * les berbères de Sened et de Majoura en Tunisie (arabisés au XXe siècle)

Les études génétiques historiques et sociolinguistiques confirment l'origine berbère de la majorité des nord-africains arabophones. L'arabisation de ces populations s'est prolongée de la conquête islamique au VIIe siècle jusqu'au XXe siècle.

Les parlers arabes maghrébins demeurent fortement influencés par la langue berbère.

Plusieurs nations sont venues partager le mode de vie des Berbères. Selon Salluste, les Maures faisaient partie de l'armée d'Hercule venus d'Espagne composé des Perses, d'Arméniens, et de Mèdes[. Ils se sont mêlés aux populations autochtones Gétules du Maghreb actuel. Ils se sont installés dans les montagnes du Maroc et aux Aurès en Algérie et en Libye. Il s'ensuit plusieurs ethnies qui se sont fondues dans les tribus berbères comme les Phéniciens, les Vandales, les Juifs, les Byzantins, les Romains, les Arabes, les peuples d'Afrique, les Européens, les Turcs, etc.

Répartition géographique des berbérophones

Tlemcen fut la capitale Abdalwadides (connue par Zianides), elle abrite plusieurs berbères

Le nombre de berbérophone est difficile à évaluer en l'absence de recensements linguistiques fiables. On entend par berbérophone ceux qui ont le berbère pour langue maternelle.

    * Au Maroc, 15 à 18 millions de berbérophones. Ils se situent principalement dans trois zones: le Haut-Atlas et l'Anti-Atlas où on parle le tachelhit, dans le Moyen Atlas le tamazight, et dans la région du Rif, le tarifit.

    * En Algérie, 10 à 12 millions de berbérophones. Les berbérophones Chaouis sont environ 3 870 000 en 2005. Ils se situent en Kabylie à l'est d'Alger et dans le massif des de l'Aurès où l'on parle chaouia.

    * En France, 40% des immigrés d'origine algérienne et de 50% des immigrés d'origine marocaine selon les sources.

    * Les Touaregs en Afrique subsaharienne, représentent environ 3 millions de berbérophones.

    * Au Niger, Mali, Burkina Faso, 3 millions.

    * En Libye, la population est Berbère, mais elle a été arabisée. Environ 4% de la population y maîtrise le berbère, de même qu'en Tunisie.

    * En Mauritanie, 20 à 25% de la population.

    * En Égypte, entre 10 000 et 50 000.

à suivre, Le Mzab et les Mozabites

Mozabite.jpg


16 janvier 2010

Camus et l'Enquête en Kabylie

 

Camus et l'Enquête en Kabylie

 

Camus Alger républicain.jpgEn 1939, Albert Camus entreprend sa fameuse enquête en Kabylie. Dans une série d'articles, il évoque toutes les bonnes raisons que se donnent les colons pour maintenir les musulmans dans leur triste condition. Il s'élève contre le colonat, qui a déraciné l'Arabe de sa propre patrie. Il dénonce la misère, la famine, l'inculture, la détresse du peuple kabyle. Il prône sa dignité et s'insurge contre l'idée, si répandue, de l'infériorité de la main-d'œuvre indigène.

Il n'y a pas que des chiffres dans les articles de Camus. Un profond sentiment d'humanité s'y manifeste. Camus ne se voile pas la face devant les spectacles atroces que lui inflige le régime colonial.

Un passage :

"Dans la commune d'El-K.seur, sur 2 500 habitants kabyles, on compte 2000 indigents. Les ouvriers agricoles emportent avec eux, pour la nourriture de toute la journée : un quart de galette d'orge et un petit flacon d'huile. Les familles, aux racines et aux herbes, ajoutent les orties.

Par un petit matin, j'ai vu à Tizi-Ouzou des enfants en loques disputer à des chiens le contenu des poubelles. A mes questions, un Kabyle a répondu : C'est tous les matins comme ça. Cette famine n'est pas une épidémie de peste ou de choléra. Derrière tout cela, il y a l'injustice et l'âpreté du colonat et de l'Administration.

Homme Kabyle.jpgAutour de Michelet, le salaire agricole moyen est de 5 francs, plus la nourriture, pour dix heures de travail. Le salaire communal est de 11 à 12 francs. Mais on retient directement sur cet argent, et sans prévenir les intéressés, l'arriéré des impôts. Ces retenues atteignent parfois la totalité du salaire. Il n'y a pas de mot assez dur pour qualifier pareille cruauté. Je suis forcé de dire ici que le régime du travail en Kabylie est un régime d'esclavage".

Au fil des articles, l'enquête de Camus s'oriente peu à peu vers une conscience politique du problème. Or déjà, pour lui, la politique passe par la morale et par un dévoilement de la mauvaise foi.

Un autre article :

"Quant à l'idée si répandue de l'infériorité de la main-d'œuvre indigène, c'est sur elle que je voudrais terminer. Car elle trouve sa raison dans le mépris général où le colon tient le malheureux peuple de ce pays. Et ce mépris, à mes yeux, juge ceux qui le professent. J'affirme qu'il est faux de dire que le rendement d'un ouvrier kabyle est insuffisant. Car s'il l'était, les contremaîtres qui le talonnent se chargeraient de l'améliorer.

Il est vrai, en revanche, que l'on peut voir sur des chantiers vicinaux des ouvriers chancelants et incapables de lever une pioche. Mais c'est qu'ils n'ont pas mangé. Et l'on nous met en présence d'une logique abjecte qui veut qu'un homme soit sans forces parce qu'il n'a pas de quoi manger et qu'on le paie moins parce qu'il est sans forces."

 

Femme Kabyle.jpg

 

 

11:51 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : camus, algérie, kabyles

07 avril 2009

La CONQUETE FRANCAISE

La conquête de l’Algérie fut longue et particulièrement violente puisqu’elle s’est traduite par la disparition de près du tiers de la population algérienne. L’armée française l’a conquise village après village, mais il faut préciser que ce qui caractérise la colonisation de l’Algérie et tient lieu de particularité est qu’il s’agit d’une colonie de peuplement.

Dégradations des rapports franco-algériens

Alger_1830.jpgTout d'abord, ce qu'il faut savoir c'est que les relations franco-algérienne étaient bonnes, puisque l'on peut lire en juin 1793 "tandis que l'Europe se coalise contre la France libre, une puissance africaine (Alger) plus loyale et fidèle; reconnait la république et lui jure amitié." Comment appréhender la dégradation des rapports franco-algériens ?

En 1794, la France révolutionnaire est attaquée par les puissances européennes coalisées, et éprouve des difficultés à nourrir sa population et ses soldats. Le dey d’Alger Hussein offre alors à la Convention toutes facilités pour faire ses achats de blé, consentant aussi par la suite sous le directoire un prêt d’argent sans intérêts. La guerre terminée, les régimes qui se succèdent n’honorent pas la dette, et quand la France redevient royaliste la dette est revue à la baisse et payée, mais à Paris, à la Caisse des Dépôts et Consignations. Cependant, un nombre important de créanciers vrais ou supposés, des commerçants livournais qui avaient servi d’intermédiaires se manifestent alors. Ainsi, sous couvert de satisfaire leurs réclamations, on avait « rendu légale sa spoliation ». Le dey est donc en froid avec le consul de France car il comprend qu’il ne récupérera pas son argent, et que les livraisons de blé ne lui seront jamais payées.

Le prétexte de l’Eventail !

Palais du Rais.jpgEn 1827, le dey d’Alger découvre que la France avait fortifié à l’extrémité est de la Régence à La Calle un entrepôt dont elle avait la concession pour faire du commerce, et qu’elle s'était engagée à ne pas fortifier.  []N’obtenant pas d’explications de la part du gouvernement français, le 30 avril 1827 le dey en demanda verbalement au consul de France. Le consul ignorant ouvertement sa demande, celui-ci s’emporta alors, injuria, et finalement donna au « représentant de la France » un coup de son éventail. Si l’on s’en réfère à Robert Louzon, militant anticolonialiste engagé, c’est donc bien l’affaire des fortifications de La Calle et non simplement la dette restée impayée qui était à l’origine de la colère du dey d’Alger. Le gouvernement de la Restauration et Charles X, soucieux de redorer l’image de la France à l’étranger et de renforcer l’autorité royale en France, trouvèrent alors dans cet incident – un outrage à la France par le biais de son « représentant », le consul – un prétexte pour intervenir militairement.

-Bombardementd_alger-1830.jpgEntre le 11 et le 18 mai 1830, quelque 37 000 hommes répartis dans 675 bâtiments affrétés par l’entreprise Seillière, c’est-à-dire toute la marine française de l’époque, embarquèrent pour conquérir la bande côtière de l’ancienne régence, par la suite unifiée sous le nom d’Algérie. Le débarquement eut lieu le 14 juin 1830 à Sidi-Ferruch et, le 5 juillet, les troupes françaises du général Louis Auguste Victor de Ghaisne de Bourmont firent leur entrée dans la forteresse d’Alger, le dey capitula le jour même.

 

Résistances berbères

 

Mais la France se heurte à l’ouest à l’émir Abd el-Kader et à l’est aux tribus berbères dont celles de Kabylie menées par Lalla Fatma N’Soumer. La France entame des négociations avec l’émir Abd el-Kader en 1834 et en 1837, date à laquelle est signé le traité de Tafna. Mais en 1839, Abd el-Kader déclare la guerre à la France, considérant l’expédition aux "Portes de fer" (dans la chaîne des Bibans en Kabylie) par l’armée française comme une violation de traité. En mai 1843, la smala et le fameux trésor d’Abd el-Kader sont aux mains des Français.

abdulKader.jpgAbd-El-Kader à Damas, portant le grand cordon de la Légion d'honneur, 1860.

 

 

En 1847, Abd el-Kader déposa les armes et se rendit. L’armée française d’Afrique contrôle alors tout le nord-ouest de l’Algérie. À l’issue de la bataille de Zaatcha, dans les Aurès, en 1848, le Constantinois est conquis. Entre 1849 et 1852, la domination s’étend à la Petite Kabylie. En juillet 1857, les tribus de Grande Kabylie se rendent, et la capture de Lalla Fatma N’Soumer met un terme à la résistance; mais les Kabyles se soulèveront encore jusqu’au début des années 1870. La conquête du nord de l’Algérie est alors achevée. Dans le sud, la prise de Laghouat et de Touggourt, la capitulation des Beni-M’zab du Mzab (1852) et celle du Souf reculent les limites de l’Algérie jusqu’au grand désert.

Lalla Fatma N’Soumer, figure de la résistance à l’armée coloniale françaiseLalla Fatma.jpg

 

Ce n’est qu’après un ultime soulèvement, en 1871, des tribus de Kabylie, lors de la Révolte des Mokrani, que la mission de « pacification » s’achève. Elle a fait près d’un million de morts, civils pour la plupart, la perte démographique se concentrant en particulier sur les six dernières années de la conquête comme le fait remarquer le démographe R. Ricoux.

 

Notre-Dame-Afrique.jpg

Basilique Notre-Dame d'Afriques sa construction s'achève en 1872

 

02:37 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : algérie, abbelkader, kabyles, berbères

06 avril 2009

L'invasion ottomane

Le démantèlement des grandes dynasties islamiques entraîne la formation d'une multitude de petites principautés, de fédérations de tribus ou de ports autonomes, repaires de corsaires. L'activité prédatrice de ceux-ci en Méditerranée provoque dans un premier temps la réaction des pays de la péninsule Ibérique : les Portugais partent en expédition en Afrique du Nord occidentale, suivis des Espagnols qui occupent des ports méditerranéens (Mers el Kebir, Oran, Bejaïa…).

Les Cités Pirates

Ariadeno_il_barbarossa.jpgC'est l'époque de véritables « cités-États pirates » sur le littoral (Côte des Barbaresques) et la piraterie qu'elle engendre inquiète et dérange de plus en plus les puissances européennes. Finalement, en 1516, l'Espagne décide d'assiéger le port réputé d'Alger. Les Algérois font alors appel aux corsaires turcs. Les frères Barberousse, forts de plusieurs succès dans l'ouest algérien, parviennent en 1518, après plusieurs échecs, à chasser les Espagnols d'Alger (en partie avec l'appui des tribus kabyles) et à étendre progressivement leur état sur le reste du pays (Cherchell, Ténès, Tlemcen). Mais les Espagnols lancèrent depuis leur possession d’Oran une offensive victorieuse contre les troupes Barberousse à Tlemcen dans laquelle Aroudj perdit la vie.

C’est dans ce contexte que Khayr ad-Din Barberousse, qui se trouvait à Alger lorsqu’il apprit la mort de son frère, sollicita le soutien du Sultan Soliman le Magnifique et plaça son nouvel état sous la protection de l'empire Ottoman, recevant de la Sublime Porte le titre de beylerbey (gouverneur de province) ainsi qu'un contingent de 2000 janissaires.

La régence d’Alger

Alger à l'époque de la régence.jpgCet état nouvellement fondé prendra le nom de: Régence d'Alger. La régence fut successivement gouvernée - pour le compte de l'Empire ottoman - par des beylerbeys de 1518 à 1587, des pachas de 1587 à 1659, des aghas de 1659 à 1671 et des deys de 1671 à 1830. En 1609, les musulmans d'Andalousie sont envoyés vers les côtes algériennes.

Au fil des siècles la Régence d’Alger, comme sa voisine Tunisienne, fini par prendre une large indépendance vis-à-vis du Sultan Ottoman. Si bien qu’en 1711, sur insistance du Dey Ali-Chaouch, le Sultan Ottoman renonce définitivement à y envoyer les Pachas que la Sublime Porte imposait jusqu’à cette date pour représenter son autorité à Alger.

La région de l’Algérois, appelée Dar el Sultan, était placée sous autorité directe du chef de la Régence. Le reste du pays était divisé en 3 provinces nommées « beylics » administrées chacune de manière autonome par un bey nommé par le Dey d'Alger. On distinguait:

  • Le Beylic de l’Ouest (capitales successives basées à Mazouna, Mascara puis déplacée à Oran après le départ des Espagnols).
  • Le Beylic du Titeri au centre (capitale basée à Medéa).
  • Le Beylic de l‘Est (capitale basée à Constantine), le plus puissant des trois.

Chaque Beylic était divisé en « outan » (cantons) avec à sa tête un caïd, relevant directement du bey.

Mosquée Ketchaoua.jpgMosquée Ketchaoua (Alger), construite au début du XVIIe siècle

Pour administrer l’intérieur du pays, les Turcs s’appuyaient sur les tribus Makhzen, tribus indigènes au service de l’état et dotées de larges prérogatives militaires. Ces tribus étaient chargées d’assurer l’ordre au nom de l’autorité beylicale et de lever l’impôt sur les régions tributaires du pays.

C’est par ce système que durant 3 siècles l’État ottoman d’Alger étendit son autorité sur le nord de l’Algérie actuelle. Mais dans les faits, plusieurs régions du pays bravaient de manière régulière l’autorité des Beys. Ainsi à l'est du pays, dans les Aurès, plusieurs tribus s'unissent et déclenchent des luttes contre les ottomans. Cependant plusieurs luttes internes entre fractions Chaouis s'enflamment dans les zones montagneuses des Aurès. Les Ouled Daoud ainsi que plusieurs tribus empêcheront les ottomans de pénétrer dans leurs territoires. Saleh Bey tenta sans y parvenir de les soumettre en dirigeant contre eux une expédition. En somme, la grande union des Chabias se divise, cela provoque l'indépendance de plusieurs tribus à l'égard des Ottomans entre XVIIe siècle et XVIIIe siècle.

En Kabylie, le contrôle territorial direct des gouverneurs d’Alger était limité aux grands centres urbains de la région (Tizi Ouzou, Bouira, Boghni etc) dans lesquels ils y édifièrent des bordjs (forts) et y stationnaient en permanence un nombre limitée de troupes. L’administration de l'arrière-pays se faisait donc indirectement par le biais d’alliés, personnages ou tribu.

Royaumes Kabyles

Vieil_alger.jpgCependant deux royaumes tribaux s'opposeront régulièrement aux Turcs: Ceux de Koukou et des Ait Abbas. Dans la Haute Kabylie, le royaume de Koukou est fondé au XVIe siècle par Sidi Ahmed ou el Kadhi. Sidi Ahmed ou el Kadhi d'abord allié au Turcs notamment lors de la résistance face aux Espagnols deviendra ensuite un rival pour le contrôle du nord de l'Algérie. En 1520, Khayr ad-Din Barberousse décide de mener une expédition contre Sidi Ahmed ou el Kadhi. La bataille aura lieu dans la plaine des Issers. La victoire des Kabyles sera sans équivoque et c’est avec beaucoup de chance que Khayr ad-Din Barberousse aura la vie sauve en ayant pris la fuite au bon moment. Victorieux, Sidi Ahmed ou el Kadhi s’empare d’Alger et régnera sans difficulté jusqu’en 1527, date à laquelle Khayr ad-Din Barberousse le défait et rétablit son autorité à Alger avec l'aide Abd-el-Aziz, chef kabyle des Aït Abbas et rival de Sidi Ahmed ou el Kadhi. Le royaume de Koukou perdurera plus de deux siècles, jusqu'à son extinction vers 1750.

En Basse Kabylie, les Aït Abbas eux aussi se soulevèrent fréquemment contre l'autorité ottomane. En 1823, ils entrèrent en révolte contre l'autorité de la Régence et coupèrent les voix de communications entre Alger et Constantine. Ce n'est qu'après plusieurs mois de combats que l'agha Yahia put négocier la soumission des tribus révoltées. Le royaume de Aït Abbas survivra à l'époque ottomane et ne tombera qu'en 1871 lors de la conquête française.


Dans ces régions, les beys connurent d'énormes difficultés à gouverner et à faire rentrer les impôts, certains d'entre eux qui osèrent pénétrer dans ces massifs montagneux ou à travers le désert y laissèrent leur vie.

09:27 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : algérie, ottoman, bey, dey, kabyles, barberousse