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15 janvier 2010

Le projet Blum-Violette

 

Le projet Blum-Violette.jugé par le journal l'illustration

150px-Léon_Blum_by_Vallotton.jpgEn 1937, le front populaire présente une loi pour accorder la citoyenneté française à des Algériens. Le projet est préparé par Maurice Violette, ministre radical et ancien gouverneur de l'Algérie(ce projet rencontre l'hostilité des colons français et du Sénat qui le repousse en 1938. Environ 20 000 "indigènes algériens" accéderont à la nationalité française sur une "population indigène" de sept millions. Les conditions [pour devenir citoyen français] s'appliquent notamment :

Ø  Aux indigènes ayant conquis un grade dans l'armée ou certaines distinctions au titre militaire ;

Ø  Aux indigènes titulaires de certains diplômes, de l'enseignement supérieur, de l'enseignement secondaire, de l'enseignement professionnel, industriel, agricole ou commercial ;

Ø  Aux indigènes ayant exercé pendant un certain temps des fonctions publiques.

En un mot à ceux que l'exposé des motifs qualifie "ceux d'entre-eux qui sont les plus évolués ou qui ont apporté des garanties importantes de loyalisme" [...]

"Que conclure alors devant le projet Violette ? Notre réponse sera bien simple. Les masses indigènes ne sont pas à un stade de civilisation suffisamment avancé, elles n'ont pas encore, elles n'ont pas encore le discernement, l'indépendance, la sécurité matérielle et la plénitude de la vie extérieure pour l'exercice fécond des droits politiques [...] L'indigène n'a nul besoin d'être protégé ou défendu contre les Français, mais bien contre lui-même et contre le milieu social et économique dans lequel il vit". L'illustration, 24 avril 1937

Messali_hadj_ahmed.JPGTous les membres du Congrès Musulman, sauf les Oulémas qui émirent quelques réserves, soutinrent le projet de Blum-Violette qui admettait « à l'exercice des droits politiques des citoyens français, sans qu'il en résulte aucune modification de leur statut ou de leurs droits civils »[10] des Algériens de catégorie limitativement déterminés.

Concrètement, cela voulait dire que le projet accordait la citoyenneté française à une « petite élite » d'environ vingt mille Algériens, diplômés de l'enseignement, élus, militaires ou fonctionnaires. Messali Hadj, condamna ce projet dans lequel il ne voyait qu'un « nouvel instrument du colonialisme, appelé, selon les méthodes habituelles de la France, à diviser le peuple algérien, en séparant l'élite de la masse».

En Mars 1937, le leader nationaliste condamnait le projet Blum-Violette comme anti-démocratique dans les colonnes de La Gauche Révolutionnaire  : « c'est d'abord un projet antidémocratique, qui fait fi de l'histoire et qui renforce le colonialisme en augmentant ses serviteurs de 20 000 laquais, pour aggraver le sort de 6 millions et demi de fellahs, d'ouvriers, de petits commerçants et d'anciens militaires. Le projet Violette n'est nullement une solution, il n'est pas non plus un commencement de réformes sérieuses, c'est la discorde et la division entre une classe doublement privilégiée et une autre doublement sacrifiée ».

Il était évidant que par le projet Blum-Violette, le « Front Populaire » cherchait à combattre l'Etoile Nord Africaine et l'idée d'indépendance de l'Algérie. L'historien socialiste Charles-André Julien ne cachait, d'ailleurs, pas cet objectif lorsqu'il affirmait : « le projet Blum-Violette admettait 21 000 indigènes à bénéficier de la citoyenneté dans le statut. Chaque année ce nombre se fût accru et cette accession désirée, comme ce ne fut plus le cas quand le général de Gaulle en reprit les disposition par l'ordonnance de 1944, eut été le plus sûr obstacle au nationalisme et, plus encore, au panarabisme en établissant un écran de « francisation » entre la Tunisie et le Maroc ».

En matière coloniale, les réalisations furent plus difficiles en raison du profond conservatisme des colons, très puissants, et du dynamisme de certains mouvements politiques locaux (principalement en Algérie), qui préfèrent souvent l'indépendance à l'égalité des droits. Ainsi, le projet Blum-Violette étendant la nationalité française à certains Algériens est-il bloqué par le Sénat, comme le projet d'accorder l'indépendance aux mandats du Liban et de la Syrie. En Tunisie, les colons les plus influents « tinrent l'avènement du Front populaire pour une catastrophe cosmique et [le sous-secrétaire d'État] Pierre Viénot pour l'Antéchrist [...] » Charles-André Julien, dans Léon Blum, chef de gouvernement) : ils déployèrent donc tous leurs efforts pour saboter la politique menée. Mais pour la première fois, un dialogue est ébauché, une politique réformiste est envisagée : c'est un premier dépassement du clivage entre le colonialisme pur et dur d'une part, la sécession immédiate d'autre part, d'où nait, après 1944, la décolonisation.

Le code de l'indigénat est vidé de sa substance, puis complètement abrogé, par Marius Moutet, qui s'efforce d'améliorer le sort des colonisés et de les associer à l'administration de leurs territoires.

Désolé pour les com's déjà posés mais j'ai du supprimer et re-noter pour que cela apparaisse sur Explorer...

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10:32 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : camus, algérie, violette