17 mai 2009
République et Colonialisme ?
Jules Ferry, né le 5 avril 1832 à Saint-Dié (Vosges, Lorraine) et mort le 17 mars 1893 à Paris, est un homme politique français. Plusieurs décennies après sa mort, le ministre, promoteur de l’œuvre scolaire de la Troisième République, est devenu une figure emblématique de la laïcité française. Il fait partie des rares hommes politiques pères fondateurs de l’identité républicaine en France. Il a rendu l’instruction obligatoire et l’enseignement laïc, ce que certains résument en « école gratuite, laïque et obligatoire ».
Partisan Actif de l’expansion coloniale
Parallèlement, Jules Ferry se montre un partisan actif voire zélé de l'expansion coloniale française.
Les conservateurs, comme Adolphe Thiers, sont opposés à la colonisation, qu'ils accusent de détourner hors du territoire les investissements, tandis que les progressistes y sont favorables pour des questions idéologiques. Mais la gauche républicaine de Georges Clemenceau y est opposée également parce que les aventures colonialistes détournent l'attention des provinces perdues d'Alsace et de Lorraine. Les positions s'inverseront diamétralement en trois ou quatre générations.
Extrait des débats du 28 et du 30 juillet 1885
Jules Ferry prononce un discours dont Charles-André Julien a pu dire qu'il était « le premier manifeste impérialiste qui ait été porté à la Tribune ».
Ferry illustre les présupposés du racisme sous la IIIe République
« Il y a un second point, un second ordre d'idées que je dois également aborder (...) : c'est le côté humanitaire et civilisateur de la question. (...) Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures... [Rumeurs sur plusieurs bancs à l'extrême gauche.] Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. »
La réponse de Georges Clemenceau, le 30 juillet 1885
« Voilà, en propres termes, la thèse de M. Ferry et l'on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures ! C'est bientôt dit. Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. Depuis ce temps, je l'avoue, j'y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou civilisation inférieure ! (...)
C'est le génie de la race française que d'avoir généralisé la théorie du droit et de la justice, d'avoir compris que le problème de la civilisation était d'éliminer la violence des rapports des hommes entre eux dans une même société et de tendre à éliminer la violence, pour un avenir que nous ne connaissons pas, des rapports des nations entre elles. (...) Regardez l'histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l'oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l'histoire de votre civilisation ! (...) Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que l'Européen apporte avec lui : de l'alcool, de l'opium qu'il répand, qu'il impose s'il lui plaît. Et c'est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la patrie des droits de l'Homme !
Je ne comprends pas que nous n'ayons pas été unanimes ici à nous lever d'un seul bond pour protester violemment contre vos paroles. Non, il n'y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures. Il y a la lutte pour la vie qui est une nécessité fatale, qu'à mesure que nous nous élevons dans la civilisation nous devons contenir dans les limites de la justice et du droit. Mais n'essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation. Ne parlons pas de droit, de devoir. La conquête que vous préconisez, c'est l'abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s'approprier l'homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n'est pas le droit, c'en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c'est joindre à la violence l'hypocrisie. »
Le point de vue de Clemenceau est propre à cette époque, bien que Victor Hugo ait exprimé un souci voisin ; si les avis diffèrent quant à la colonisation pour des raisons économiques (la colonisation rapporte-elle ou non de l'argent ? Faut-il financer des guerres pour des territoires africains — ou asiatiques ? Ne vaut-il pas mieux investir en France au lieu de gaspiller notre argent chez des peuples n'ayant rien fait pour nous quand ils étaient riches et nous pauvres ?), le débat sur la supériorité de la civilisation des Lumières ou sur les droits de l'homme, n'auront lieu que plus tard, après la Grande Guerre principalement. En 1885, la génétique n'existe pas encore, la statistique est embryonnaire, et la notion de race est l'objet de conjectures (Gobineau). Les lettrés constatent que les populations européennes ont atteint un degré de développement encore inconnu des autres. Clemenceau, perspicace, comprend que ces théories servent de prétexte à justifier une politique propice au pillage qui va donc rapidement se montrer contraire aux droits de l'homme. Isolé à cet égard au sein de la gauche républicaine, il rejette le processus de colonisation, mais pour une raison bien différente du « Nous d'abord » caractérisant les positions de Thiers et de la droite..
Supériorité européenne ?
Peu d'hommes politiques de l'époque, quel que soit leur bord, remettent en question l'idée de supériorité européenne (l'Amérique n'en étant vue que comme une excroissance). La droite, illustrée par Thiers, réclame que l'on réserve l'argent épargné par les Français à des travaux de développement de la France. La gauche se préoccupe davantage de questions humaines comme la médecine, la vaccination, l'hygiène, l'éducation, la lutte contre les féodalités en place et les superstitions, mais critique elle aussi Jules Ferry sur les points économiques.
Les grands intellectuels de l'époque étaient favorables à la colonisation, qui permettait selon eux de faire avancer les peuples « en retard ». Victor Hugo défend la politique de Jules Ferry au nom des droits de l'homme ; cela n'a rien d'un paradoxe si l'on suppose que le blanc est « plus en avance » : il a alors un devoir de civiliser, d'apporter l'évolution aux peuples moins développés, comme jadis les Romains aux Gaulois, exemple cher à Ferry). Hugo insiste sur le fait que la colonisation ne doit être que temporaire, et que la France doit savoir s'effacer ensuite comme un tuteur qui a rempli son rôle.
Les lettres des colons d'Indochine font par exemple régulièrement état d'une très grande brutalité des familles autochtones envers leurs domestiques. Il est difficile de savoir quelle était la part de vérité et la part d'idéalisation de l'intervention française dans ces récits.
Voici enfin la partie économique de la harangue citée plus haut. Le caractère économique (véritable source du débat), occupe l'extrême majorité des propos de Jules Ferry, le 28 juillet 1885 :
Le rôle économique de la colonisation selon Ferry
« La concurrence, la loi de l'offre et de la demande, la liberté des échanges, l'influence des spéculations, tout cela rayonne dans un cercle qui s'étend jusqu'aux extrémités du monde. C'est là un problème extrêmement grave. Il est si grave (...) que les gens les moins avisés sont condamnés à déjà prévoir l'époque où ce grand marché de l'Amérique du Sud nous sera disputé et peut-être enlevé par les produits de l'Amérique du Nord. Il faut chercher des débouchés…Je dis que la politique coloniale de la France, que la politique d'expansion coloniale, celle qui nous a fait aller, sous l'Empire, à Saigon, en Cochinchine, celle qui nous a conduit en Tunisie, celle qui nous a amenés à Madagascar, je dis que cette politique d'expansion coloniale s'est inspirée d'une vérité sur laquelle il faut pourtant appeler un instant votre attention : à savoir qu'une marine comme la nôtre ne peut pas se passer, sur la surface des mers, d'abris solides, de défenses, de centres de ravitaillement. (...) Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, (...) c'est abdiquer, et, dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c'est descendre du premier rang au troisième et au quatrième... »
08:03 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : colonialisme, jules ferry, algérie
14 mai 2009
Congrès des Ostéopathes
Jusqu'à dimanche soir je serais à Paris, avec ma ch'tite maimaine, pour représenter les patients de l'Ostéopathie au congrés de l'UFOF
Union Fédérale des Ostéopathes de France
Le théme de réflexion pour cette année est : " Le traumatisme, approche pluridisciplinaire autour de l'ostéopathie"
Si vous manquez de lecture pendant mon absence je vous propose les liens suivants :
ASO Aujourd'hui santé Ostéopathie, notre site
UFOF : " Le traumatisme, approche pluridisciplinaire autour de l'ostéopathie"
08:00 Écrit par Pataouete dans Science | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : ostépopathes, ostéopathie
13 mai 2009
L'Anisette et la Kémia
Petite promenade apéritive. Nous sommes rue Michelet, il fait beau, « évidement il fait toujours bô », le soleil brille, les filles sont en fleur, « aïe quelles sont jôlies ! » donc l'algérois va faire une petite promenade, baratiner les filles, « attention en tout bien tout honneur ! » « tu parles ! » et tout cela se termine au comptoir ou à la terrasse d'un des nombreux cafés qui jalonnent les larges trottoirs.
L’anisette et la Kémia
A l’heure de l’apéritif, mais c’est toujours l’heure de l’apéritif, on sirote l’anisette. Il s’agit d’un alcool anisé mais de couleur blanche lorsqu’il est allongé d’eau.
J’ai toujours pensé que cette boisson était d’origine espagnole. Cependant, celle consommée en Espagne n’a pas exactement le même gout et j’ai relevé deux appellations l’Anisette de Bordeaux et anisette d’Hollande. Par contre, l’Ouzo grec en est proche, le Raki, l’Arak, alors…
Mais cette anisette ne se consomme pas seule. La Kémia l’accompagne inexorablement. Et alors la pareil que pour la boisson, d’ou viens la Kémia ? A part d’être consommé en Algérie, Tunisie et Maroc, de ressembler, là encore, aux tapas sur le principe, mais tout le bassin méditerranéen picore à l’apéritif, l’origine et l’étymologie de Kémia reste un mystère. Nombreuses sont les recettes publiées sur le Web mais d’ou ça vient ?
Si vous en avez la moindre idée n’hésitez pas à nous la faire partager !
En fait, comme les amuse-gueules, les tapas, les mezzés l’imagination est au pouvoir. Du moment que cela ce mange et pour les cafetiers que cela fasse boire !
Quelques compositions non exhaustives :
- tramousses,
- olives, piquantes de préférence,
- moules à l'escabèche,
- cacahuètes,
- pistaches,
- amandes grillées,
- pois chiches grillés, connus sous le nom de torraïcos, mot d'origine espagnole,
- fèves au cumin,
- pommes de terre à l'harissa,
- branches de fenouil
- …
La belle vie quoi ! Mais regardez cette dernière photo, vue d’une terrasse d’un bistrot qui deviendra tristement célèbre pour avoir subit l’un des premiers attentats d’Alger, vous n’y voyez pas un certain anachronisme ? une « lutte des classes » ? un problème d’intégration ? une impression de raté, d’oubli ?
Tiens, cela me reviens les z’oublis c’était des cônes de gaufrette que des vendeurs à la sauvette nous proposait sur les plages. Ils portaient un grand cylindre métallique et sur le couvercle un manège de chevaux. Nous choisissions une couleur et le gagnant gagnait…sa gaufrette !
10:28 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : algérie, anisette, kémia
12 mai 2009
Orléansville
Je ne peux pas ne pas parler d’Orléansville. C’est là ou je suis né. Mais à part cela, j’en suis parti à 9 mois et mes seuls souvenirs sont ceux que m’ont raconté mes parents et surtout l’une de mes rares visites, je devais avoir 4 ou 5 ans et je me suis mis à pleurer : « Je ne veux pas être né ici c’est tout cassé » le tremblement de terre de 1954 avait rasé la ville.
Ce lieu de naissance me permet toutefois de fanfaronner. Connaissez-vous beaucoup de personnes qui soient né dans une ville qui a changé trois fois de nom.
Histoire ancienne
Anciennement Castellum Tingitanum , la ville était le site d'une citée romaine, elle abrite des vestiges archéologique de l'époque tels des vases anciens découverts pendant les travaux mais immédiatement recouverts faute d'ignorance. La ville abrite la plus ancienne église d'Afrique inaugurée en 426 par Saint Réparatus.
Présence française
A cette époque, la vallée du Chéliff était presqu’entièrement inculte et inhabitée. Aussi loin que s’étendit la vue, on n’y voyait aucune demeure, aucun village. C’est ce qui a fait écrire au Colonel de Saint-Arnaud que c’était «un grand désert »
Pourtant chaque année, au printemps après avoir été pendant l’hiver une plaine balayée par les vents, avant de redevenir chaque été le royaume brûlé de la soif et de la désolation à l’atmosphère surchauffée, irrespirable, ce désert se métamorphosait pendant trois mois.
La plaine s'animait et se clairsemait de tentes ; elle devenait le lieu de passage de tribus qui remontaient du sud, quelquefois comme les Arbaa, de très loin ; les habitants des montagnes voisines y descendaient eux-mêmes aussi bien pour y faire paître leurs troupeaux
Ceux-ci apportaient du sud dans le Tell, du sel, des dattes, des moutons et surtout une grande variété de tissus de laine, de poil de chèvres ou de chameaux : haïk, zorbia, tellis ou amara en échange, ils faisaient des moissons de gros achats de blé et d’orge. Leurs chameaux repartaient engraissés, mais chargés comme ils étaient venus
Fondée le 16 mai 1843 par le Général Bugeaud sur le lieu-dit El-Asnam (ruines) sur l'ancienne cité romaine : Castellum Tingitanum. La ville prend le nom d'Orléansville.
Lorsque la commune de plein exercice d’Orléansville, fut créée par le décret du 31 décembre 1856, Ferdinand Duboc fur élu premier maire de la ville.
La ville a subi 4 tremblements de terre. Celui de 9 septembre 1954 fait 1500 morts et 5000 blessés.
Un film de l'INA
ORLEANSVILLE : AU COEUR DE LA REGION SINISTREE
El-Asnam
En 1962, la ville reprend le nom arabe de : El-Asnam. Mais le tremblement de terre du 10 octobre 1980 qui détruit la ville à 80% incite les autorités à changer le nom de la ville pour écarter la malédiction (ruines) et elle prend en 1981 le nom de Chlef.
Célébrités
- Youcef Khatib "Si Hassan" : a dirigé la wilaya IV d'août 1961, à l'indépendance, en 1962
- Paul Robert, 1910-1980 (avocat, lexicographe et éditeur français) y est né. Le petit ROBERT
- Hassiba Ben Bouali Militante indépendantiste algérienne durant la guerre d'Algérie. L'université de Chlef porte son nom.
- Noureddine Morceli Champion du monde du 1500 m, originaire de Ténès.
- Les sœurs Bedj martyres de la guerre de Libération nationale (1954-1962)
- Cheikh Ibn Eddine Zerrouki martyr de la Guerre de Libération Nationale (1913-1957), originaire du cœur du Dahra (Sidi Moussa-Chlef)
- Dr Bensouna Abdelkader : ancien médecin connu de la région
07:36 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (15)
11 mai 2009
Le Plateau des Glières
A deux pas de la maison, ce qui est pour moi le symbole du quartier et l’édifice représentatif de l’architecture maure, les autres édifices étant moins accessibles, la Grande Poste.
En face, toute une étendue de verdure et d’escaliers grimpe la colline : le Plateau des Glières.
Le Plateau des Glières
En bas une horloge fleurie, et, de volée d’escaliers en volée d’escaliers, le monument aux morts, le forum devant les bâtiments du Gouvernement Général, le GG, et puis,…
Le Stade Leclerc. Mon père était dirigeant d’un club de Hand-ball : l’Association Sportive de Saint Eugène (ASSE eh oui comme les verts !) c’est au stade Leclerc que je suis tombé dans la soupière du Hand-ball.
De l’autre coté du boulevard, la Bibliothèque. Je n’ai jamais du lire un livre qui en sortait mais, par contre, au rez-de-chaussée il y avait une salle de spectacle, on y donnait des conférences « Connaissances du monde », c’est la que j’ai assisté à la projection du film sur les JO de Melbourne, (Mimoun vainqueur du Marathon) et surtout on y donnait très souvent des matinées récréatives de Radio-Alger le jeudi.
Le Square Bresson
Enfin, est pour terminer cette évocation du quartier, le Square Bresson. Parc le plus proche de notre domicile, nous y allions souvent pour donner à manger aux pigeons, faire des courses de sulkys à pédales, dompter fièrement un de ces bourricots qui tournaient autour du parc ou faire voyager de magnifiques voiliers.
18:03 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : algérie, alger, l'agha