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11 mai 2009

Le Plateau des Glières

La grande Poste.jpgA deux pas de la maison, ce qui est pour moi le symbole du quartier et l’édifice représentatif de l’architecture maure, les Grande Poste la nuit.jpgautres édifices étant moins accessibles, la Grande Poste.

 

 

En face, toute une étendue de verdure et d’escaliers grimpe la colline : le Plateau des Glières.

 

 

 Le Plateau des Glières

 

En bas une horloge fleurie, et, de volée d’escaliers en volée d’escaliers, le monument aux morts, le forum devant les bâtiments du Gouvernement Général, le GG, et puis,…

Le Stade Leclerc. Mon père était dirigeant d’un club de Hand-ball : l’Association Sportive de Saint Eugène (ASSE eh oui comme les verts !) c’est au stade Leclerc que je suis tombé dans la soupière du Hand-ball.

De l’autre coté du boulevard, la Bibliothèque. Je n’ai jamais du lire un livre qui en sortait mais, par contre, au rez-de-chaussée il y avait une salle de spectacle, on y donnait des conférences « Connaissances du monde », c’est la que j’ai assisté à la projection du film sur les JO de Melbourne, (Mimoun vainqueur du Marathon) et surtout on y donnait très souvent des matinées récréatives de Radio-Alger le jeudi.

Plateau des Glières.jpg

 

Le Square Bresson

Square Bresson.jpgEnfin, est pour terminer cette évocation du quartier, le Square Bresson. Parc le plus proche deanes Bresson.JPG notre domicile, nous y allions souvent pour donner à manger aux pigeons, faire des courses de sulkys à pédales, dompter fièrement un de ces bourricots qui tournaient autour du parc ou faire voyager de magnifiques voiliers.

Square Bresson 2.jpg

18:03 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : algérie, alger, l'agha

05 mai 2009

Mon quartier l'Agha

Lulu bébé.jpgJe ne sais pas exactement ou ma mère est née. Ce que je sais c’est qu’orpheline de père, de mère et de grand père, pupille de la nation elle a été élevée par sa grand-mère et son deuxième époux au deuxième étage d’un immeuble de la rue Warnier. Lorsqu’après leurs pérégrinations blédardes de gare en gare, mon père était chef de gare intérimaire et à bourlingué surtout en petite Kabylie, il fut muté à Alger, c’est tout naturellement que mes parents se sont réinstallés rue Warnier. C’est la que je me suis ouvert à la vie.

Pour ma mère c’était SA rue, SON école, SON marché, SON pharmacien, SON boucher… Pour les voisins  et les commerçants du quartier c’était Lucienne.

 

La Rue Warnier

 

Rue Warnier.jpgPremière particularité de cette rue c’est qu’il s’agit d’une impasse en effet elle est montante et aboutit à des escaliers qui permettent d’accéder au passage qui telle une bouche de métro sortira au carrefour des Facultés.

Des petits commerces tout au long et à l’entrée à droite le caravansérail, entrepôt et repos des caravanes de dromadaires, devenu garage de voiture, et entrepôt de toutes sortes. Il abritait même les locaux algérois de la M.G.M ce qui nous value notre première expérience de plasticage (une stronga)  Brigitte Bardot héroïne du dernier film de cette production, et de mon frère, ayant refusé de régler son impôt révolutionnaire à l’OAS.

Juste entre mon immeuble et le caravansérail, l’impasse du même nom que dévalaient mes petits voisins grimpés que des drôles de machines : des charrettes en caisse à savon sur des roulements à billes. A l’amorce, en haut d’une rampe que les bidasses alors en chaussures à clous n’arrivaient pas à grimper ou alors au prix de gerbe d’étincelles, un marchand de « Beignet Arabe » qui alimentait mes gouters postscolaires, j’en salive encore.

 

La rue Clauzel

 

Marché Clauzel.jpgVéritable colonne vertébrale de la famille. Par ordre d’entrée en scène, la pharmacie, le moutchou, la boulangerie, le marché, l’école, et même l’église St Charles que nous ne fréquentions pas assidument mais qui à vu tout de même la plupart des événements catholiques de la famille.

Les petits commerçants appelaient donc ma mère par son prénom et ne manquaient pas de distribuer des friandises qui m’incitaient à ne pas laisser Lulu toute seule aux commissions.

Le marché Clauzel : vastes étendues couvertes ou non ou l’on proposait tout ce qui est nécessaire à l’alimentation. Je n’ai jamais vu ma mère faire des provisions. Elle faisait son marché tous les jours, sauf le Lundi qui était jour de lessive et donc de pâtes.

Mon grand souvenir de ce marché c’était l’après-midi au retour de l’école. A grand renfort de bruits, de poussières et d’étincelles, les rues étaient encore pavées, de grandes charrettes arrivaient des grandes halles tirées par des bourricots ou des mulets. Les fruits et légumes étaient entreposés à l’intérieur des halles couvertes. Et nous, alimentés en sel par le copain habitant au dessus, nous nous gavions de radis qu’un marchand déposait toujours juste contre la grille. Je n’ose pas imaginer les kilos de radis que nous avons chapardé.

Et puis y’avait Rosalie ! Copine de classe de ma mère, elle tenait un étal de volaille et d’œufs, au milieu de la halle supérieure. Au début on m’y laissait en consigne mais peu à peu je suis devenu l’aide-volailler du jeudi matin ou des vacances scolaires. C’est surement là que j’ai découvert les coutumes d’origines ou religieuses des habitants du Quartier. Rosalie s’adaptait à la demande : Poulets Cashers ou Halals lors des fêtes juives ou musulmanes, dindes de Noël. J’étais aussi l’étalon des métropolitaines qui découvraient les raviolis : « Combien vous en prenez par personne ? » « Ben voyez le petiii il en mange 6 douzaines à lui tout seul ! »

Et puis Rosalie avait une petite fille : Rose-Marie et en ce temps là monsieur ! Les filles étaient de grandes inconnues. Un dernier point que je viens de découvrir : c’est rue Clauzel qu’est né Paul Belmondo, le sculpteur père de Jean-Paul !

 

L’école Clauzel.

CM 2.jpgC’était donc l’école primaire de ma mère et j’y fis forcément mon entrée en maternelle, un an, puis la grande !

Le bâtiment était classique une cour bordée de classes sur trois cotés et sur deux niveaux. Les générations se succédaient du cours préparatoire au cours moyen deuxième année. Une fois chez les grands nous redevenions petits puisque la plupart d’entre-nous passait au cours complémentaire à l’étage mais en cours séparés.

La composition des classes pour moi était naturelle puisque je n’avais jamais connu autre chose mais à regarder mes photos de classe de l’époque et à me souvenir des noms des copains, je dois constater que les européens étaient largement majoritaires, de toutes origines méditerranéennes, et que les petits arabes étaient bien peu nombreux, le fils du Moutchou qui portait le sarouel typique des mzabites, un ou deux autres c’était bien le tout. Tout les ans je voyais débarquer avec angoisse un petit métropolitain, fils de fonctionnaire, qui, diction parisienne aidant, me grattait ma première place en récitation dont j’avais bien besoin pour rattraper mes calamiteuses dictées.

 

La Gare de l’Agha.

Gare de L'agha.jpgC’est là que travaillait mon père. Gare essentiellement de marchandise elle accueillait toutefois des voyageurs. Souvent mon père m’y amenait et avec deux ou trois copains nous investissions les grands silos à grain et aidions à la manœuvre des wagons pour la préparation des convois.

Afin de motiver mes ambitions scolaires mon père me disait : « s’tu travaille pas bien à l’école tu seras cheminot ! ou éboueur ! ou cireur de chaussures ! et moi je rêvais d’être chauffeur de bus …

16:13 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : algérie, alger, l'agha

04 mai 2009

Alger la Blanche

Il y a quelques années, j’assistais une copine préparant un mémoire d’ethnologie sur les Gitans d’Algérie. J’avais alors trouvé un document sur le premier recensement de la population effectué en Algérie en 1900. Je n’arrive plus à retrouver mes sources mais je me souviens bien des chiffres. Avaient été recensés 1 million d’européens (autant qu’en 1962) et autant d’Indigènes. Même si l’on peut admettre que les agents de recensement aient raté la moitié de la population indigène, il faut relever cette quasi parité.

1920 Alger 2ème ville de France

Alger 1921.jpgEn 1920, Alger prend le titre de 2ème ville la plus peuplé de France. Autour des palais, mosquées et divers monuments mauresques, la ville s’est installée tout autour de la conque que représente la baie d’Alger. L’architecture du 19ème de style « Haussmannien-Méditerranéen » propose des immeubles cossus organisés en quartiers traversés par une voirie largement calibrée. Les transports en commun sont développés. Les équipements sanitaires sont conformes à l’époque et au niveau social des futurs occupants. Souvent et au fil des années, les immeubles sont surélevés afin de gagner sur la surface au sol.

Alger la Blanche

la baie.jpgLa pierre de construction de ces immeubles étant plutôt calcaire, la lumière qui écrase la baie à l’arrivée des bateaux, la poésie de nos auteurs, donne l’appellation encore en vigueur de nos jours : Alger la Blanche.

 

Bien entendu, les transports ne permettent pas encore les échanges inter-quartiers. La ville s’organise donc autour de ces quartiers. Bab-el-Oued, El-Biar, le Front de mer, Belcourt, Hussein-dey, Maison Carrée, L’Agha, Saint Eugène, Koubba, Hydra, bien sur cette liste n’est pas exhaustive. Souvent on rajoute un secteur autour de la rue principale, rue Michelet, rue d’Isly, le Telémly,…

 

La structure sociale s’organise autour de l’artisanat et du commerce, nombreux sont les fonctionnaires ou assimilés, en plus de la gestion de la ville, Alger est le siège du Gouvernement Général.

Les Indigènes

Marché Clauzel.jpgLes indigènes sont souvent logés dans les quartiers extérieurs mais ils sont très présents en ville. Bien entendu les emplois subalternes leurs sont réservés mais on trouve aussi beaucoup d’indigènes dans les commerces d’alimentation, fruits et légumes en particulier.

 

Les M’zabites,  nous en reparlerons, tribu berbère du Sud algérien, organisent un siècle avant des « centres Leclerc » ils développent des centrales d’achat et noyautent Alger d’épiceries. L’algérois ne va pas à l’épicerie il va chez le Moutchou. Il semble bien que ceux que l’on appelle aujourd’hui l’arabe du coin, soient encore des M’zabites.

 

Sans tomber dans l’imagerie, le commerce d’habillement et d’équipement est tenu par les Juifs.

A suivre

Je poursuivrai sur ce thème en détaillant le quartier qui fût le mien et celui de ma mère : L’Agha : la rue Clauzel, son école et son marché, les Facultés et la rue Warnier.

Rue Warnier.jpg

15:14 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : algérie, alger, l'agha