Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18 mai 2009

Jules Ferry fondement du "Problème Algérien"?

-Bombardementd_alger-1830.jpgNous sommes arrivés, me semble-t-il, aux fondements de l’Histoire algérienne.

C’est la royauté qui débarque à Sidi Ferruch et qui détermine les frontières de cette nouvelle nation : l’Algérie. C’est l’Empire (le deuxième) qui développe l’idée de royaume arabe. Et c’est la République Laïque, « Liberté, Egalité, Fraternité » qui affirme, par Jules Ferry chantre de la Laïcité, que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures...

Ainsi, les indigènes, qu’ils soient d’origine arabe ou berbère, sont des sous-hommes, des êtres inférieurs, que nous allons asservir. Alors que la République laïque lutte contre le pouvoir religieux, vote pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat, instaure l’école laïque, cette même république déconsidère les Musulmans. La nationalité française est accordée aux juifs et chrétiens vivant ou immigrant sur le territoire français d’Algérie, quelles que soient leurs origines,  alors qu’elle est refusée au peuple indigène.

 

Si l’on avait apporté nos Lumières, notre instruction, notre système de Santé, notre langue, il est fort probable que l’on aurait pu intégrer ce million d’indigènes dans la nation française comme nous avons intégré plus tard les niçois ou les savoyards. A la même époque, en France,  les conditions ouvrières ou rurales ne sont pas beaucoup plus évoluées qu’au Bled. Au lieu de cela, comment voulez-vous qu’un peuple fier et ses rares élites intellectuelles acceptent cet asservissement. Comment voulez vous ne pas développer le sentiment de Nationalisme ?

 

cartes-postales-photos-SETIF-Place-de-l-Eglise-ALGERIE-SETIF.jpgPendant ce temps, les Colons, migrants économiques, politiques ou spoliés (Alsace-Loraine), à qui l’on bourre le mou, sur la race supérieure, sont tout à fait prêts à le croire. Qu’ils soient paysans, ouvriers, artisans, fonctionnaires, militaires ou mères au foyer, ils sont chefs, ils dirigent, ils commandent et les arabes exécutent. Quel que soit son rang social on est supérieur. La race arienne cela ne vous rappelle pas quelque chose ?

 

En réalité, et jusqu’à aujourd’hui, le monde dit occidental n’a-t-il pas toujours ce complexe de supériorité sur le monde que nous appelions oriental ?

 

au Bled.jpgOh ! bien sur, et ceci est d’autant plus vrai que l’on vit au bled, chaque famille à ses « bonz’arabes », on est copain avec des « petiz’arabes », on initie la fatma à la couture, au tricot ou à la puériculture mais ce sont toujours les mêmes qui sont du coté du manche ou de la brosse à reluire.

 

Merci Jules Ferry d’avoir fondé : « Le problème Algérien »

180px-Jules_Ferry_by_Georges_Lafosse.jpg

08:32 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : algérie, jules ferry, colonialisme

17 mai 2009

République et Colonialisme ?

180px-Julesferry.jpgJules Ferry, né le 5 avril 1832 à Saint-Dié (Vosges, Lorraine) et mort le 17 mars 1893 à Paris, est un homme politique français. Plusieurs décennies après sa mort, le ministre, promoteur de l’œuvre scolaire de la Troisième République, est devenu une figure emblématique de la laïcité française. Il fait partie des rares hommes politiques pères fondateurs de l’identité républicaine en France. Il a rendu l’instruction obligatoire et l’enseignement laïc, ce que certains résument en « école gratuite, laïque et obligatoire ».

 

Partisan Actif de l’expansion coloniale

 

Parallèlement, Jules Ferry se montre un partisan actif voire zélé de l'expansion coloniale française.

Les conservateurs, comme Adolphe Thiers, sont opposés à la colonisation, qu'ils accusent de détourner hors du territoire les investissements, tandis que les progressistes y sont favorables pour des questions idéologiques. Mais la gauche républicaine de Georges Clemenceau y est opposée également parce que les aventures colonialistes détournent l'attention des provinces perdues d'Alsace et de Lorraine. Les positions s'inverseront diamétralement en trois ou quatre générations.

Extrait des débats du 28 et du 30 juillet 1885

Jules Ferry prononce un discours dont Charles-André Julien a pu dire qu'il était « le premier manifeste impérialiste qui ait été porté à la Tribune ».

Ferry illustre les présupposés du racisme sous la IIIe République 

« Il y a un second point, un second ordre d'idées que je dois également aborder (...) : c'est le côté humanitaire et civilisateur de la question. (...) Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures... [Rumeurs sur plusieurs bancs à l'extrême gauche.] Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. »

La réponse de Georges Clemenceau, le 30 juillet 1885 

« Voilà, en propres termes, la thèse de M. Ferry et l'on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures ! C'est bientôt dit. Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. Depuis ce temps, je l'avoue, j'y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou civilisation inférieure ! (...)

C'est le génie de la race française que d'avoir généralisé la théorie du droit et de la justice, d'avoir compris que le problème de la civilisation était d'éliminer la violence des rapports des hommes entre eux dans une même société et de tendre à éliminer la violence, pour un avenir que nous ne connaissons pas, des rapports des nations entre elles. (...) Regardez l'histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l'oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l'histoire de votre civilisation ! (...) Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que l'Européen apporte avec lui : de l'alcool, de l'opium qu'il répand, qu'il impose s'il lui plaît. Et c'est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la patrie des droits de l'Homme !

Je ne comprends pas que nous n'ayons pas été unanimes ici à nous lever d'un seul bond pour protester violemment contre vos paroles. Non, il n'y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures. Il y a la lutte pour la vie qui est une nécessité fatale, qu'à mesure que nous nous élevons dans la civilisation nous devons contenir dans les limites de la justice et du droit. Mais n'essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation. Ne parlons pas de droit, de devoir. La conquête que vous préconisez, c'est l'abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s'approprier l'homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n'est pas le droit, c'en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c'est joindre à la violence l'hypocrisie. »

Le point de vue de Clemenceau est propre à cette époque, bien que Victor Hugo ait exprimé un souci voisin ; si les avis diffèrent quant à la colonisation pour des raisons économiques (la colonisation rapporte-elle ou non de l'argent ? Faut-il financer des guerres pour des territoires africains — ou asiatiques ? Ne vaut-il pas mieux investir en France au lieu de gaspiller notre argent chez des peuples n'ayant rien fait pour nous quand ils étaient riches et nous pauvres ?), le débat sur la supériorité de la civilisation des Lumières ou sur les droits de l'homme, n'auront lieu que plus tard, après la Grande Guerre principalement. En 1885, la génétique n'existe pas encore, la statistique est embryonnaire, et la notion de race est l'objet de conjectures (Gobineau). Les lettrés constatent que les populations européennes ont atteint un degré de développement encore inconnu des autres. Clemenceau, perspicace, comprend que ces théories servent de prétexte à justifier une politique propice au pillage qui va donc rapidement se montrer contraire aux droits de l'homme. Isolé à cet égard au sein de la gauche républicaine, il rejette le processus de colonisation, mais pour une raison bien différente du « Nous d'abord » caractérisant les positions de Thiers et de la droite..

Supériorité européenne ?

180px-Jules_Ferry_by_Georges_Lafosse.jpgPeu d'hommes politiques de l'époque, quel que soit leur bord, remettent en question l'idée de supériorité européenne (l'Amérique n'en étant vue que comme une excroissance). La droite, illustrée par Thiers, réclame que l'on réserve l'argent épargné par les Français à des travaux de développement de la France. La gauche se préoccupe davantage de questions humaines comme la médecine, la vaccination, l'hygiène, l'éducation, la lutte contre les féodalités en place et les superstitions, mais critique elle aussi Jules Ferry sur les points économiques.

Les grands intellectuels de l'époque étaient favorables à la colonisation, qui permettait selon eux de faire avancer les peuples « en retard ». Victor Hugo défend la politique de Jules Ferry au nom des droits de l'homme ; cela n'a rien d'un paradoxe si l'on suppose que le blanc est « plus en avance » : il a alors un devoir de civiliser, d'apporter l'évolution aux peuples moins développés, comme jadis les Romains aux Gaulois, exemple cher à Ferry). Hugo insiste sur le fait que la colonisation ne doit être que temporaire, et que la France doit savoir s'effacer ensuite comme un tuteur qui a rempli son rôle.

Les lettres des colons d'Indochine font par exemple régulièrement état d'une très grande brutalité des familles autochtones envers leurs domestiques. Il est difficile de savoir quelle était la part de vérité et la part d'idéalisation de l'intervention française dans ces récits.

Voici enfin la partie économique de la harangue citée plus haut. Le caractère économique (véritable source du débat), occupe l'extrême majorité des propos de Jules Ferry, le 28 juillet 1885 :

Le rôle économique de la colonisation selon Ferry 

180px-Saint-Di%C3%A9-des-Vosges-Statue_de_Jules_Ferry.jpg« La concurrence, la loi de l'offre et de la demande, la liberté des échanges, l'influence des spéculations, tout cela rayonne dans un cercle qui s'étend jusqu'aux extrémités du monde. C'est là un problème extrêmement grave. Il est si grave (...) que les gens les moins avisés sont condamnés à déjà prévoir l'époque où ce grand marché de l'Amérique du Sud nous sera disputé et peut-être enlevé par les produits de l'Amérique du Nord. Il faut chercher des débouchés…Je dis que la politique coloniale de la France, que la politique d'expansion coloniale, celle qui nous a fait aller, sous l'Empire, à Saigon, en Cochinchine, celle qui nous a conduit en Tunisie, celle qui nous a amenés à Madagascar, je dis que cette politique d'expansion coloniale s'est inspirée d'une vérité sur laquelle il faut pourtant appeler un instant votre attention : à savoir qu'une marine comme la nôtre ne peut pas se passer, sur la surface des mers, d'abris solides, de défenses, de centres de ravitaillement. (...) Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, (...) c'est abdiquer, et, dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c'est descendre du premier rang au troisième et au quatrième... »

08:03 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : colonialisme, jules ferry, algérie