11 mai 2009
Le Plateau des Glières
A deux pas de la maison, ce qui est pour moi le symbole du quartier et l’édifice représentatif de l’architecture maure, les autres édifices étant moins accessibles, la Grande Poste.
En face, toute une étendue de verdure et d’escaliers grimpe la colline : le Plateau des Glières.
Le Plateau des Glières
En bas une horloge fleurie, et, de volée d’escaliers en volée d’escaliers, le monument aux morts, le forum devant les bâtiments du Gouvernement Général, le GG, et puis,…
Le Stade Leclerc. Mon père était dirigeant d’un club de Hand-ball : l’Association Sportive de Saint Eugène (ASSE eh oui comme les verts !) c’est au stade Leclerc que je suis tombé dans la soupière du Hand-ball.
De l’autre coté du boulevard, la Bibliothèque. Je n’ai jamais du lire un livre qui en sortait mais, par contre, au rez-de-chaussée il y avait une salle de spectacle, on y donnait des conférences « Connaissances du monde », c’est la que j’ai assisté à la projection du film sur les JO de Melbourne, (Mimoun vainqueur du Marathon) et surtout on y donnait très souvent des matinées récréatives de Radio-Alger le jeudi.
Le Square Bresson
Enfin, est pour terminer cette évocation du quartier, le Square Bresson. Parc le plus proche de notre domicile, nous y allions souvent pour donner à manger aux pigeons, faire des courses de sulkys à pédales, dompter fièrement un de ces bourricots qui tournaient autour du parc ou faire voyager de magnifiques voiliers.
18:03 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : algérie, alger, l'agha
09 mai 2009
Algérie, coup d’état permanent ?
Algérie, coup d’état permanent ? je crois que l'on peut légitimement se poser la question.
1830
Bien entendu c’est l’armée qui a conquis tout le territoire qui allait devenir l’Algérie. Mais à quel prix pour la population indigène qui laissa 1/3 de ses congénères sur le carreau.
1870
C’est l’armée d’Empire qui, vaincu à Sedan, laissa la place à la République qui oublia les idées de royaume arabe et promulgua les décrets Crémieux n’accordant pas la nationalité française aux indigènes musulmans.
1914-18
Les massacres humains de cette guerre ne sont pas plus significatifs pour la population algérienne que pour celle de la métropole mais il n’y a aucune raison pour que les maghrébins ne soient pas autant traumatisés que les autres.
1943-45
Levée en masse de combattants africains qui compose l’essentiel de l’armée qui débarquera en Sicile, conquit l’Italie en passant par Monté Cassino ou le cimetière militaire français est criant de vérité : une mer de tables pour un carré de croix, le carré des officiers. De plus l’armée française sera soupçonnée de crime de guerre. Ensuite direction Berlin en passant par l’Alsace. Au retour, les survivants ne sont toujours pas français. Le Film « Indigènes » retrace parfaitement cette période.
8 Mai 1945
Alors que l’Europe occidentale fête l’armistice, l’armée française réprime les émeutes de Sétif en la bombardant.
1956
C’est l’armée qui est désignée pour assurer les opérations de police à Alger ce que l’on appellera la bataille d’Alger.
1956
Elections législatives en France. La SFIO de Guy Mollet propose une solution pacifique de la question algérienne. Guy Mollet majoritaire est désigné président du Conseil et nomme Alain Savary Secrétaire d’état aux affaires marocaines et tunisiennes. Savary organise des rencontres officieuses entre les représentants de tout le Maghreb. C’est en se rendant de Rabat à Tunis à l’une de ces rencontres que l’avion de Ben Bella est arraisonné par l’aviation. Grosses négociations Armée-Politique. L’armée ne cède pas et le conflit devient définitivement militaire. Savary démissionne du gouvernement et de la SFIO. Guy est « Mollet’sté » par les algérois qui divorcent avec le gouvernement de la France.
Mai 1958
Qui ? Sinon les militaires fomentent le coup d’état qui achèvera la IVème amènera un Général au pouvoir. Quels que soit l’appréciation que l’on peut avoir du Gaullisme et de la Vème c’est avant tout un Général.
1959-60
Les barricades, le putsch, le quarteron de généraux à la retraite, encore l’armée.
1960-62
L’Organisation Armée Secrète, c’est l’Armée qui organise, structure, commande, les européens d’Algérie ne sont que les bras armés et encore pas tous les bras.
Avril 62
Manifestation de la rue d’Isly, qui ouvre le feu sur les manifestants : l’armée.
Juillet 1962
Qui contrôle le nouveau gouvernement de la République Algérienne Démocratique et Populaire : l’Armée de Libération Nationale.
09:00 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : algérie, armée
08 mai 2009
Le Massacre du 8 mai 1945 à Sétif
Après la fin de la seconde Guerre Mondiale, le plan Marshall prévoit l'indépendance de l'Algérie. Le 8 mai 1945 ont lieu des manifestations d’Algériens dans plusieurs villes de l’Est du pays (Sétif, et le Constantinois), qui devaient permettre de rappeler leurs revendications nationalistes, de manière concomitante avec la liesse de la victoire. À Sétif, après des heurts entre policiers et nationalistes, la manifestation tourne à l’émeute et la colère des manifestants se retourne contre les « Français » : 27 Européens sont assassinés (103 trouveront la mort dans les jours suivants). La répression de l’armée française est brutale.
Officiellement, elle fait 1 500 morts parmi les autochtones, chiffre potentiellement sous-estimé et probablement plus proche des 20 000 à 30 000 selon l’historien Benjamin Stora. Le Parti du peuple algérien (PPA) estime qu'il y a eu 45 000 morts. De par la radicalisation qu'ils ont engendrée dans les milieux nationalistes algériens, certains historiens considèrent ces massacres comme le véritable début de la guerre d'Algérie.
Sétif est le point de départ le 8 mai 1945 d'une série d'émeutes nationalistes réprimées dans le sang par les autorités coloniales françaises. A Sétif, le 8 Mai 1945. La ville est pavoisée. Le PPA a inventé un drapeau qui servira de modèle pour celui de l’Algérie future. Les militants le mêlent à ceux des Alliés et à des écriteaux : "Libérez Messali Hadj !". Les autorités françaises voient rouge. A un carrefour, une voiture de la brigade mobile de la police judiciaire fonce. Quatre hommes armés en surgissent. Ils arrachent les drapeaux. Un jeune homme porte l'étendard du nouvel emblème algérien qu'on essaie de lui retirer mais il résiste. C'est alors qu'un commissaire de police lui tire dessus du balcon de l’Hôtel de France (située en face): il s’effondre mort sur le coup. C'est là que les manifestants s’enflamment et frappent tous les Français qu’ils voient : au hasard. La manifestation d’indépendantistes à Sétif tourne à l’insurrection violente. La révolte gagne les villes voisines. La répression qui s’en suivra sera d’une brutalité extrême, faisant des milliers de morts chez les Algériens. L’armée française s’est livrée à un nettoyage en règle pour mater un mouvement qui aurait pu s’étendre à toute l’Algérie.
L’Etat français annonçait à l’époque 102 morts européens et 1 500 Algériens tués. Officiellement, l’Algérie parle aujourd’hui de 45 000 victimes. Les spécialistes, eux, restent divisés : entre 15 000 et 50 000.
C’est le gouverneur Chataigneau qui décrète l’état de siège. Il donne pleins pouvoirs au général Henri Martin, patron de l’armée en Afrique du Nord pour "rétablir l’ordre d’urgence". La France coloniale ne lésine pas : 40 000 soldats.
Les villages "rebelles" sont bombardés. La marine de guerre pilonne les côtes.
08:00 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : algérie, sétif, 8mai45
05 mai 2009
Mon quartier l'Agha
Je ne sais pas exactement ou ma mère est née. Ce que je sais c’est qu’orpheline de père, de mère et de grand père, pupille de la nation elle a été élevée par sa grand-mère et son deuxième époux au deuxième étage d’un immeuble de la rue Warnier. Lorsqu’après leurs pérégrinations blédardes de gare en gare, mon père était chef de gare intérimaire et à bourlingué surtout en petite Kabylie, il fut muté à Alger, c’est tout naturellement que mes parents se sont réinstallés rue Warnier. C’est la que je me suis ouvert à la vie.
Pour ma mère c’était SA rue, SON école, SON marché, SON pharmacien, SON boucher… Pour les voisins et les commerçants du quartier c’était Lucienne.
La Rue Warnier
Première particularité de cette rue c’est qu’il s’agit d’une impasse en effet elle est montante et aboutit à des escaliers qui permettent d’accéder au passage qui telle une bouche de métro sortira au carrefour des Facultés.
Des petits commerces tout au long et à l’entrée à droite le caravansérail, entrepôt et repos des caravanes de dromadaires, devenu garage de voiture, et entrepôt de toutes sortes. Il abritait même les locaux algérois de la M.G.M ce qui nous value notre première expérience de plasticage (une stronga) Brigitte Bardot héroïne du dernier film de cette production, et de mon frère, ayant refusé de régler son impôt révolutionnaire à l’OAS.
Juste entre mon immeuble et le caravansérail, l’impasse du même nom que dévalaient mes petits voisins grimpés que des drôles de machines : des charrettes en caisse à savon sur des roulements à billes. A l’amorce, en haut d’une rampe que les bidasses alors en chaussures à clous n’arrivaient pas à grimper ou alors au prix de gerbe d’étincelles, un marchand de « Beignet Arabe » qui alimentait mes gouters postscolaires, j’en salive encore.
La rue Clauzel
Véritable colonne vertébrale de la famille. Par ordre d’entrée en scène, la pharmacie, le moutchou, la boulangerie, le marché, l’école, et même l’église St Charles que nous ne fréquentions pas assidument mais qui à vu tout de même la plupart des événements catholiques de la famille.
Les petits commerçants appelaient donc ma mère par son prénom et ne manquaient pas de distribuer des friandises qui m’incitaient à ne pas laisser Lulu toute seule aux commissions.
Le marché Clauzel : vastes étendues couvertes ou non ou l’on proposait tout ce qui est nécessaire à l’alimentation. Je n’ai jamais vu ma mère faire des provisions. Elle faisait son marché tous les jours, sauf le Lundi qui était jour de lessive et donc de pâtes.
Mon grand souvenir de ce marché c’était l’après-midi au retour de l’école. A grand renfort de bruits, de poussières et d’étincelles, les rues étaient encore pavées, de grandes charrettes arrivaient des grandes halles tirées par des bourricots ou des mulets. Les fruits et légumes étaient entreposés à l’intérieur des halles couvertes. Et nous, alimentés en sel par le copain habitant au dessus, nous nous gavions de radis qu’un marchand déposait toujours juste contre la grille. Je n’ose pas imaginer les kilos de radis que nous avons chapardé.
Et puis y’avait Rosalie ! Copine de classe de ma mère, elle tenait un étal de volaille et d’œufs, au milieu de la halle supérieure. Au début on m’y laissait en consigne mais peu à peu je suis devenu l’aide-volailler du jeudi matin ou des vacances scolaires. C’est surement là que j’ai découvert les coutumes d’origines ou religieuses des habitants du Quartier. Rosalie s’adaptait à la demande : Poulets Cashers ou Halals lors des fêtes juives ou musulmanes, dindes de Noël. J’étais aussi l’étalon des métropolitaines qui découvraient les raviolis : « Combien vous en prenez par personne ? » « Ben voyez le petiii il en mange 6 douzaines à lui tout seul ! »
Et puis Rosalie avait une petite fille : Rose-Marie et en ce temps là monsieur ! Les filles étaient de grandes inconnues. Un dernier point que je viens de découvrir : c’est rue Clauzel qu’est né Paul Belmondo, le sculpteur père de Jean-Paul !
L’école Clauzel.
C’était donc l’école primaire de ma mère et j’y fis forcément mon entrée en maternelle, un an, puis la grande !
Le bâtiment était classique une cour bordée de classes sur trois cotés et sur deux niveaux. Les générations se succédaient du cours préparatoire au cours moyen deuxième année. Une fois chez les grands nous redevenions petits puisque la plupart d’entre-nous passait au cours complémentaire à l’étage mais en cours séparés.
La composition des classes pour moi était naturelle puisque je n’avais jamais connu autre chose mais à regarder mes photos de classe de l’époque et à me souvenir des noms des copains, je dois constater que les européens étaient largement majoritaires, de toutes origines méditerranéennes, et que les petits arabes étaient bien peu nombreux, le fils du Moutchou qui portait le sarouel typique des mzabites, un ou deux autres c’était bien le tout. Tout les ans je voyais débarquer avec angoisse un petit métropolitain, fils de fonctionnaire, qui, diction parisienne aidant, me grattait ma première place en récitation dont j’avais bien besoin pour rattraper mes calamiteuses dictées.
La Gare de l’Agha.
C’est là que travaillait mon père. Gare essentiellement de marchandise elle accueillait toutefois des voyageurs. Souvent mon père m’y amenait et avec deux ou trois copains nous investissions les grands silos à grain et aidions à la manœuvre des wagons pour la préparation des convois.
Afin de motiver mes ambitions scolaires mon père me disait : « s’tu travaille pas bien à l’école tu seras cheminot ! ou éboueur ! ou cireur de chaussures ! et moi je rêvais d’être chauffeur de bus …
16:13 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : algérie, alger, l'agha
04 mai 2009
Alger la Blanche
Il y a quelques années, j’assistais une copine préparant un mémoire d’ethnologie sur les Gitans d’Algérie. J’avais alors trouvé un document sur le premier recensement de la population effectué en Algérie en 1900. Je n’arrive plus à retrouver mes sources mais je me souviens bien des chiffres. Avaient été recensés 1 million d’européens (autant qu’en 1962) et autant d’Indigènes. Même si l’on peut admettre que les agents de recensement aient raté la moitié de la population indigène, il faut relever cette quasi parité.
1920 Alger 2ème ville de France
En 1920, Alger prend le titre de 2ème ville la plus peuplé de France. Autour des palais, mosquées et divers monuments mauresques, la ville s’est installée tout autour de la conque que représente la baie d’Alger. L’architecture du 19ème de style « Haussmannien-Méditerranéen » propose des immeubles cossus organisés en quartiers traversés par une voirie largement calibrée. Les transports en commun sont développés. Les équipements sanitaires sont conformes à l’époque et au niveau social des futurs occupants. Souvent et au fil des années, les immeubles sont surélevés afin de gagner sur la surface au sol.
Alger la Blanche
La pierre de construction de ces immeubles étant plutôt calcaire, la lumière qui écrase la baie à l’arrivée des bateaux, la poésie de nos auteurs, donne l’appellation encore en vigueur de nos jours : Alger la Blanche.
Bien entendu, les transports ne permettent pas encore les échanges inter-quartiers. La ville s’organise donc autour de ces quartiers. Bab-el-Oued, El-Biar, le Front de mer, Belcourt, Hussein-dey, Maison Carrée, L’Agha, Saint Eugène, Koubba, Hydra, bien sur cette liste n’est pas exhaustive. Souvent on rajoute un secteur autour de la rue principale, rue Michelet, rue d’Isly, le Telémly,…
La structure sociale s’organise autour de l’artisanat et du commerce, nombreux sont les fonctionnaires ou assimilés, en plus de la gestion de la ville, Alger est le siège du Gouvernement Général.
Les Indigènes
Les indigènes sont souvent logés dans les quartiers extérieurs mais ils sont très présents en ville. Bien entendu les emplois subalternes leurs sont réservés mais on trouve aussi beaucoup d’indigènes dans les commerces d’alimentation, fruits et légumes en particulier.
Les M’zabites, nous en reparlerons, tribu berbère du Sud algérien, organisent un siècle avant des « centres Leclerc » ils développent des centrales d’achat et noyautent Alger d’épiceries. L’algérois ne va pas à l’épicerie il va chez le Moutchou. Il semble bien que ceux que l’on appelle aujourd’hui l’arabe du coin, soient encore des M’zabites.
Sans tomber dans l’imagerie, le commerce d’habillement et d’équipement est tenu par les Juifs.
A suivre
Je poursuivrai sur ce thème en détaillant le quartier qui fût le mien et celui de ma mère : L’Agha : la rue Clauzel, son école et son marché, les Facultés et la rue Warnier.
15:14 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : algérie, alger, l'agha