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05 mai 2009

Mon quartier l'Agha

Lulu bébé.jpgJe ne sais pas exactement ou ma mère est née. Ce que je sais c’est qu’orpheline de père, de mère et de grand père, pupille de la nation elle a été élevée par sa grand-mère et son deuxième époux au deuxième étage d’un immeuble de la rue Warnier. Lorsqu’après leurs pérégrinations blédardes de gare en gare, mon père était chef de gare intérimaire et à bourlingué surtout en petite Kabylie, il fut muté à Alger, c’est tout naturellement que mes parents se sont réinstallés rue Warnier. C’est la que je me suis ouvert à la vie.

Pour ma mère c’était SA rue, SON école, SON marché, SON pharmacien, SON boucher… Pour les voisins  et les commerçants du quartier c’était Lucienne.

 

La Rue Warnier

 

Rue Warnier.jpgPremière particularité de cette rue c’est qu’il s’agit d’une impasse en effet elle est montante et aboutit à des escaliers qui permettent d’accéder au passage qui telle une bouche de métro sortira au carrefour des Facultés.

Des petits commerces tout au long et à l’entrée à droite le caravansérail, entrepôt et repos des caravanes de dromadaires, devenu garage de voiture, et entrepôt de toutes sortes. Il abritait même les locaux algérois de la M.G.M ce qui nous value notre première expérience de plasticage (une stronga)  Brigitte Bardot héroïne du dernier film de cette production, et de mon frère, ayant refusé de régler son impôt révolutionnaire à l’OAS.

Juste entre mon immeuble et le caravansérail, l’impasse du même nom que dévalaient mes petits voisins grimpés que des drôles de machines : des charrettes en caisse à savon sur des roulements à billes. A l’amorce, en haut d’une rampe que les bidasses alors en chaussures à clous n’arrivaient pas à grimper ou alors au prix de gerbe d’étincelles, un marchand de « Beignet Arabe » qui alimentait mes gouters postscolaires, j’en salive encore.

 

La rue Clauzel

 

Marché Clauzel.jpgVéritable colonne vertébrale de la famille. Par ordre d’entrée en scène, la pharmacie, le moutchou, la boulangerie, le marché, l’école, et même l’église St Charles que nous ne fréquentions pas assidument mais qui à vu tout de même la plupart des événements catholiques de la famille.

Les petits commerçants appelaient donc ma mère par son prénom et ne manquaient pas de distribuer des friandises qui m’incitaient à ne pas laisser Lulu toute seule aux commissions.

Le marché Clauzel : vastes étendues couvertes ou non ou l’on proposait tout ce qui est nécessaire à l’alimentation. Je n’ai jamais vu ma mère faire des provisions. Elle faisait son marché tous les jours, sauf le Lundi qui était jour de lessive et donc de pâtes.

Mon grand souvenir de ce marché c’était l’après-midi au retour de l’école. A grand renfort de bruits, de poussières et d’étincelles, les rues étaient encore pavées, de grandes charrettes arrivaient des grandes halles tirées par des bourricots ou des mulets. Les fruits et légumes étaient entreposés à l’intérieur des halles couvertes. Et nous, alimentés en sel par le copain habitant au dessus, nous nous gavions de radis qu’un marchand déposait toujours juste contre la grille. Je n’ose pas imaginer les kilos de radis que nous avons chapardé.

Et puis y’avait Rosalie ! Copine de classe de ma mère, elle tenait un étal de volaille et d’œufs, au milieu de la halle supérieure. Au début on m’y laissait en consigne mais peu à peu je suis devenu l’aide-volailler du jeudi matin ou des vacances scolaires. C’est surement là que j’ai découvert les coutumes d’origines ou religieuses des habitants du Quartier. Rosalie s’adaptait à la demande : Poulets Cashers ou Halals lors des fêtes juives ou musulmanes, dindes de Noël. J’étais aussi l’étalon des métropolitaines qui découvraient les raviolis : « Combien vous en prenez par personne ? » « Ben voyez le petiii il en mange 6 douzaines à lui tout seul ! »

Et puis Rosalie avait une petite fille : Rose-Marie et en ce temps là monsieur ! Les filles étaient de grandes inconnues. Un dernier point que je viens de découvrir : c’est rue Clauzel qu’est né Paul Belmondo, le sculpteur père de Jean-Paul !

 

L’école Clauzel.

CM 2.jpgC’était donc l’école primaire de ma mère et j’y fis forcément mon entrée en maternelle, un an, puis la grande !

Le bâtiment était classique une cour bordée de classes sur trois cotés et sur deux niveaux. Les générations se succédaient du cours préparatoire au cours moyen deuxième année. Une fois chez les grands nous redevenions petits puisque la plupart d’entre-nous passait au cours complémentaire à l’étage mais en cours séparés.

La composition des classes pour moi était naturelle puisque je n’avais jamais connu autre chose mais à regarder mes photos de classe de l’époque et à me souvenir des noms des copains, je dois constater que les européens étaient largement majoritaires, de toutes origines méditerranéennes, et que les petits arabes étaient bien peu nombreux, le fils du Moutchou qui portait le sarouel typique des mzabites, un ou deux autres c’était bien le tout. Tout les ans je voyais débarquer avec angoisse un petit métropolitain, fils de fonctionnaire, qui, diction parisienne aidant, me grattait ma première place en récitation dont j’avais bien besoin pour rattraper mes calamiteuses dictées.

 

La Gare de l’Agha.

Gare de L'agha.jpgC’est là que travaillait mon père. Gare essentiellement de marchandise elle accueillait toutefois des voyageurs. Souvent mon père m’y amenait et avec deux ou trois copains nous investissions les grands silos à grain et aidions à la manœuvre des wagons pour la préparation des convois.

Afin de motiver mes ambitions scolaires mon père me disait : « s’tu travaille pas bien à l’école tu seras cheminot ! ou éboueur ! ou cireur de chaussures ! et moi je rêvais d’être chauffeur de bus …

16:13 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : algérie, alger, l'agha

Commentaires

Ecole Clauzel

Comment veux tu que je te reconnaisse? petit indice?

Tu racontes bien, j'aime beaucoup!

Écrit par : noelle | 05 mai 2009

@ Nono : j'engloutissais 6 douzaine de ravioli donc légèrement enveloppé.
Ma mère passait ses après midi à tricoter mais la plupart de mes copains sont aussi en Pull.
Je crois que j'avais déjà mon sourire enjôleur mais pas encore de barbe.
Je donne plus d'indice que Doume maintenant cherche...

Écrit par : Pataouet | 05 mai 2009

j'te r'connais à la "mèche de cheveu"...
on se ressemble donc... héhéhé
et j'ai donné un indice de plus ce soir... demain la solution si trois réponses données au moins !
bonne nuit

Écrit par : doume | 05 mai 2009

Légèrement enveloppé avec sourire enjoleur et sans barbe....

peut-être au premier rang? le 1ier, en haut à gauche?

Écrit par : noelle | 06 mai 2009

Raté ...

Écrit par : Pataouet | 06 mai 2009

Alors le 5 ieme ,le rang du bas, en partant de la gauche..

Doume te connais?

Écrit par : noelle | 06 mai 2009

Non plus, moi avec une cravate !!!
Non doume ne me connais pas.
Mais si tu trace une ligne entre tes 2 propositions tu vas bruler...

Écrit par : Pataouet | 06 mai 2009

Le 3ème en partant de la gauche, rangée du milieu !

Écrit par : alsacop | 06 mai 2009

Qu'es qu'il est costaud cet Alsa !!!
La purée c'est le plus balèze !

Écrit par : Pataouet | 06 mai 2009

Bonne petite bouille! j'avais tracé "la ligne" Alsa a été plus rapide!

Écrit par : noelle | 06 mai 2009

Bonjour,

Je suis tombée sur votre blog par hasard, il est très intéressant. Je fais un mémoire sur les Gares en Algérie et j'aimerai savoir si vous pouvez dater cette photo svp? En tout cas vous devez avoir des souvenirs plein la tête puisque votre père travaillait dans la gare,

Merci beaucoup,

Marina Fabre

Écrit par : Marina | 23 novembre 2011

Beaucoup de plaisir à relire ces coms !

Bisous Germaine

Écrit par : noelle | 24 novembre 2011

Marina, Yves l'auteur de ce blogue, est décédé...
Noelle, moi aussi, beaucoup de plaisir à relire les coms

Écrit par : Rosa | 28 novembre 2011

Les commentaires sont fermés.