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15 juin 2011

Les indignés de la place de la Bastille à nouveau évacués

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Les "indignés" qui s'étaient rassemblés vendredi soir près de la place de la Bastille à Paris pour tenter d'y installer un campement "pacifique" sur le modèle de la Puerta del Sol à Madrid, ont été évacués dans la nuit par la police.

"A 4 heures, une cinquantaine de policiers nous ont encerclés sur le boulevard Richard Lenoir où on s'est installés et nous ont demandé de nous disperser par petits groupes, ce que nous avons fait", a expliqué Grégory Pesqueille, l'un des participants.

Dès l'installation de ces "indignés" vers 19 heures, la police a démonté leurs tentes, empêchant la mise en place d'un "campement pacifique" voulu par les manifestants qui ont finalement étalé leur sacs de couchage sur le trottoir.
Ils entendaient "reprendre la Bastille", après l'éviction par la police d'un millier de manifestants de la célèbre place le 29 mai.

Entamé le 19 mai place de la Bastille, le mouvement des "indignés" français, en écho à celui né spontanément le 15 mai à la Puerta del Sol à Madrid, se veut "populaire", "intergénérationnel" et rejette "la démocratie représentative" et "une situation économique qui n'est plus supportable".

Le Monde.fr

28 mai 2011

Allons-nous arrêter de galvauder cette grande idée de Socialisme ?

social-démocratie,socialisme,mondialisation,révolts populairesA chaque fois qu’il arrive une catastrophe rue de Solferino,  et cette fois elle est balèze, nombreux sont les responsables qui réclament une dissolution du PS.

Dès le Congrès de Tour, 1920 et surtout après la deuxième guerre, la séparation du Monde en 2 blocs, l’hégémonie du Dollar sur le bloc de l’Ouest, le Socialisme est galvaudé par la Social-démocratie.

Le jeu consiste à l’ouest et désormais mondialement à appliquer l’économie libérale en opposition avec le bloc communiste. Il s’agissait donc de préserver la paix sociale en laissant quelques avantages sociaux aux salariés afin qu’ils ne soient pas tentés par le Communisme.

Pendant toute la 4eme République, le groupe Communiste avait la plus forte représentation à l’Assemblée Nationale mais les alliances n’ont jamais permis aux Cocos de gouverner.

Et lorsque la SFIO devint trop importante, c’est l’Armée qui intervint, bon, je ne vais pas reprendre ma démonstration ! Si ça vous intéresse reprenez les épisodes précédents.

Ces jours-ci, sur tous les blogs politiques, le nom de socialistes n’est plus utilisé. Tout le monde est devenu social-démocrate. Et c’est tant mieux., la droite de la gauche a toutes les raisons d’exister mais il est aussi nécessaire qu’elle abandonne la gauche de la gauche à un parti qui sera un vrai parti socialiste représentant du peuple, issu du peuple et laissant la parole au peuple.

social-démocratie,socialisme,mondialisation,révolts populairesQu’elle est la situation actuelle ? La plupart des pays d’Europe occidentale étaient gouvernés par un parti « socialiste ». Depuis 2002, la France de gauche est groggy par les années Mitterrand, la dernière année exécrable du gouvernement Jospin et le FN au deuxième tour. Ailleurs, à chaque scrutin les partis « de Gauche » prennent des raclées mémorables.

Et pendant  ce temps, le peuple se sent incompris et la droite extrême nationaliste se développe.

Mais par qui sommes nous représentés ? Prenons un jeune étudiant en Sciences-Po et/ou ENA. Il est issu d’une famille bourgeoise, ses diplômes en poche, il va choisir de rejoindre un grand corps d’état, haut-fonctionnaire il sera, technocrate il deviendra. Puis, son bord il choisira ou éventuellement selon les propositions…alors, de cabinet en assistance parlementaire, de suppléance en Mission, le voila Député ! Représentant du peuple !

Mais, a-t-il vu un bleu de travail une fois dans sa vie ? Sait-il ce qu’est la vie d’une famille pauvre ? Connaît-il les conditions de vie, le prix du Pain, de l’Essence, le prix de ….

Alors, s’il vous plait messieurs les notables de gauche que l’on nomme grand, soyez honnête, intégraient dans votre raison sociale la sociale démocratie qui vous est chère et laisser la place à la gauche de la gauche pour représenter le peuple, que les socialistes représentent le socialisme.

social-démocratie,socialisme,mondialisation,révolts populairesIl est urgent de considérer que le libéralisme est mort et qu’il faut que le monde imagine une gestion plus humaine, moins capitaliste et qui permette aux jeunes qui bougent un peu partout du Maghreb à la Grèce, l’Espagne et le Portugal. Il semble même qu’il y ait des rassemblements à Paris Bastille et/ou Concorde, mais évidemment personne n’en parle !

Nous ne disposons plus que de 11 mois pour que les choses changent vraiment, sinon, si le Président actuel est réélu et ce sera la faute des éléphants, je vous prie de croire que nous allons pleurer. La volonté de réélection ne sera plus de cour et donc, n’hésitons plus, libéralisme à tout crin !

Du fric pour les Uns, du sang et de la sueur, le ventre vide et les enfants à la rue pour les Autres !

'Nous avons le droit de rêver et que cela se réalise' : slogan place Puerta del sol à Madrid, vendredi soir.

"Nous avons le droit de rêver et que cela se réalise" : slogan place Puerta del sol à Madrid, vendredi soir. | REUTERS

 

 

27 mai 2011

La contestation va-t-elle traverser le détroit de Gibraltar ?

 

espagne,grèce,portugal,les révolutions basculent

Cette fois, c'est le Sud de l'Europe, Espagne, Portugal, Grèce qui vit ses premières heures de contestation, Révolution ?

Il va bien falloir que nos gouvernants libéraux voir pseudo Socialistes, admettent que le Peuple éxiste et qu'il doit être pris en compte beaucoup mieux que les banques !

Petite apparté, c'est au moment ou DSK semblait, enfin, vouloir que le Peuple prenne le pas sur les Banques qu'il est tombé, hasard ?

En illustration je vous propose un article du Monde.fr

Les Espagnols ont commencé dimanche 22 mai à voter pour les élections régionales et municipales, au moment où une vague de rébellion sociale inédite contre le chômage et la crise secoue le pays. Des dizaines de milliers de manifestants ont à nouveau envahi samedi soir et dans la nuit les rues et les places à travers l'Espagne.

A Madrid, une foule immense s'était rassemblée sur la Puerta del Sol, où le campement de bâches et de tentes des jeunes "indignés" est devenu le coeur de la contestation. Craignant de violents affrontements, le gouvernement socialiste n'a pas fait appliquer par la force l'interdiction de manifester, qui est entrée en vigueur vendredi à minuit et rend illégales les rassemblements politiques une veille d'élections.

Dans ce contexte troublé, à dix mois des élections législatives de mars 2012, toutes les communes d'Espagne élisent leurs conseils municipaux et 13 des 17 régions autonomes leurs Parlements. La Catalogne, le Pays Basque, la Galice et l'Andalousie votent à d'autres dates.

L'annonce le 2 avril par le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero qu'il ne se présenterait pas pour un troisième mandat en 2012 semble être restée sans effet sur la chute de popularité des socialistes. A partir de lundi, ils pourraient ne plus contrôler qu'une seule des 17 régions espagnoles, l'Andalousie, et devraient perdre des fiefs historiques comme la région de Castille-la Manche et l'Estrémadure.

Des centaines de lecteurs du Monde.fr, pour la plupart des Espagnols ou des Français vivant en Espagne, ont témoigné de la situation dans le pays alors que le mouvement du 15-mai (le "15-M") prend de l'ampleur. Si les perspectives économiques maussades ont fédéré une partie de ces "indignés", leurs revendications sont plus larges. Ils fustigent le système électoral qui voit s'affronter le PP et le PSOE, sans que les partis de gouvernement ne les représentent. Ils déplorent également un système qui ne donne au citoyen qu'une "valeur de consommater"


Les Témoignages Espagnols ou Français.

  • Caractère altruiste, par Victoire P.

Ce qui frappe dans les revendications des manifestants c'est leur caractère altruiste. Le peuple espagnol a compris que la crise était trop profonde pour pouvoir y remédier à coup d'actes individualistes. (...) Les espagnols veulent s'en sortir, ensemble. Il me semble qu'on va même plus loin qu'une simple revendication économique d'accès au travail et d'augmentation du pouvoir d'achat. Non, ce qui est remis en question c'est la place même de l'être humain dans sa société.

Ce qui m'a aussi surpris fut l'incroyable pacifisme de la manifestation. Il n'y eu aucun incident avec la police. Extrêmement surprenant quand on sait qu'il était théoriquement interdit de manifester et que bien souvent, pour une simple victoire du FC Barcelone, la police sort l'artillerie lourde pour disciper les attroupements festifs sur les places de la ville.

  • Un fossé entre la classe politique et la population par Clémente N.

Il est important de remarquer que le surnom des manifestants "los indignados" s'est directement inspiré du livre de Stéphane Hessel Indignez-vous, publié très récemment ici.

Depuis que ce mouvement a pris de l'ampleur, tous les journaux espagnols publient des interviews de l'homme politique où il affirme notamment être « très agréablement surpris par les mouvements de contestations et d'indignations pacifistes et respectueux en Espagne ». Etudiant actuellement à Madrid, j'ai pu voir l'expansion impressionnante de ce mouvement.

Les manifestants cherchent principalement à dénoncer l'énorme fossé entre toute la classe politique et la population – comme en France ? – et une de leurs principales revendications est de pouvoir tout simplement avoir des outils afin de montrer l'ampleur de ce fossé (en comptant les votes blancs lors des élections par exemple).

Les Espagnols en ont assez des mensonges, du manque d'initiatives concrètes face à la crise et de l'immobilisme face à la montée du chômage. Et les réactions des politiques, qui cherchent par tous les moyens à stopper ce mouvement, sont tout simplement suicidaires et ne font qu'attiser le mouvement. Je pense sincèrement que la police ne délogera pas les manifestants car le risque de débordement violent serait trop important. Est-ce-que ce mouvement continuera après les élections régionales et municipales de dimanche? C'est une question que tous les Espagnols se posent

  • On a trop tiré de la corde, elle a fini par casser, par Jenni

Je suis Espagnole et j'habite a València. (...) Ce n'est pas seulement une révolution de jeunes qui n'ont pas de travail... Dans les manifestations, on peut voir des gens de tous âges trahis par nos politiciens, qui n'hésitent pas à présenter dans leurs listes des politiques accusés de voler l'argent du peuple. Des gens qui voient ses salaires descendre sans explication, des gens qui s'indignent quand de voir les aides sociales diminuer alors que les banques perçoivent de grosses sommes. On a trop tiré de la corde, elle a fini par casser. Vive le 15-M !

  • Le réveil de la jeunesse espagnole, par Hugo A.

Etant étudiant à Madrid, j'ai pu voir à l'université les affiches invitant la jeunesse "sin futuro" à se mobiliser le 15 mai. C'est cette courte manifestation d'un kilomètre seulement, qui s'est finalement transformée en un sit-in dont la durée reste la grande inconnue. Bien que le message officiel est de tenir jusqu'aux élections, certains envisagent de prolonger le mouvement en espérant qu'il se propage en Europe, et que l'Espagne serve de pont entre le l'Afrique du nord et le vieux continent. Des drapeaux grecs et islandais flottent d'ailleurs aux cotés de la banderole égyptienne.

Etonnamment pacifiste pour un Français habitué à voir des fins de manifestations dégénérer, la mobilisation peut paraître numériquement faible, mais elle s'organise, dure, et prend de l'ampleur. Tandis que sur la toile l'évènement a engendré le plus grand nombre de tweets à l'échelle mondiale, la Plaza del Sol commence à être trop petite pour accueillir les "indignés" qui débordaient vendredi sur les rues adjacentes.

Contrairement à la France, où l'on entend certains médire sur l'excès de contestations, ici, l'immobilisme règne et par temps de crise, exaspère. Pour preuve, cette pancarte sur laquelle on pouvait lire : "les Français et les Grecs luttent pendant que les espagnols gagnent au foot". Si les conséquences de ce mouvement ne s'avèrent pas à la hauteur des espoirs suscités, il aura au moins le mérite de réveiller une jeunesse espagnole qui subit un chômage de près de 50%.

  • Manque de respect de la classe politique, par Eugenia Q.

Je suis Espagnole. J'habite à Gérone. J'ai 52 ans et je suis professeur. Je suis tout à fait pour ce mouvement de protestation en Espagne. Le motif de mon indignation est le manque de respect de la classe politique espagnole envers les citoyens. Ces hommes politiques ne voient que leur petit monde, sans écouter, même pendant ces jours-ci, le cri des milliers de personnes qui protestent contre la perte de notre pouvoir d'achat, des droits sociaux, contre le chômage de près de 5 millions de personnes, contre la corruption des hommes politiques. (...)

Les Espagnols réclament un vrai système démocratique qui donne voix réelle aux citoyens. Ni les partis politiques, ni les syndicats ne nous représentent. On est déçus d'un système pour lequel nous ne sommes qu'une marchandise. Nous avons une valeur qu'en tant que consommateurs.

J'espère que ce mouvement ne s'arrêtera pas après les élections. On a besoin d'un changement de modèle social et politique, et cela ne sera pas possible dans le cadre du système actuel qui donne de plus en plus de privilèges aux privilégiés et fait augmenter les inégalités sociales.

  • Une leçon pour la France, par François R.

Même si beaucoup de jeunes participent aux manifestations, c'est plus un mouvement intergénérationnel, mélange des catégories sociales. (...) On est très loin d'une révolte étudiante à proprement parler, mais bien dans une contestation de fond de la société espagnole dans son ensemble et dans sa diversité.

Je confirme l'aspect particulièrement sérieux de ce mouvement. En effet la "village" de la Puerta del sol est un espace organisé et on n'assiste pas à des scènes d'alcoolisation comme on pourrait en voir en France dans un contexte similaire. Je pense donc que la France, si fière de sa culture de la manifestation, a des leçons à prendre pour ne pas que ses contestations soient classées par catégories socio-culturelles et pour que les manifestants gagnent en sérieux, tout cela pourra redonner un peu d'impact à ces manifestations.

  • Un souffle d'air frais dans un quotidien étouffant, par Jean-François A.

Les campements qui se multiplient aujourd'hui à la vitesse du Web sont un souffle d'air frais dans l'ambiance sociale et économique étouffante qui règne en Espagne. Ils sont la réponse logique à une crise structurelle dont ni le PP, ni le PSOE n'ont su apporter ne serait-ce qu'une idée pour améliorer la situation, bien trop occupés à se jouer la guéguerre ou a gérer leur petites magouilles et corruptions qui enfoncent encore plus ce pays. Ce mouvement va vite...  et je crois qu'il a déjà plusieurs longueurs d'avance.

  • Democracia real, par Baptiste R.

A Bilbao, le mouvement du 15-M évolue à une vitesse surprenante. Ils n'étaient que 20 le 15 mai à protester devant l'ayuntamiento (la mairie) par solidarité avec les Madrilènes de la puerta. Ils sont aujourd'hui plus de 1 000 à avoir passé cette nuit du vendredi 20 mai devant le théâtre de l'Arriaga. Une cantine est installée, un écran de cinéma aussi. Sur la façade du majestueux théâtre surplombant le Nervion (le fleuve local) sont diffusés les tweets venus de toute l'Espagne pour appeler au cri muet de demain soir.

Partout les mêmes revendications et la même indignation, celle de jeunes sans emplois mais aussi de retraités, de chômeurs, de ces "indignés" qui refusent le bipartisme et en appellent à un système plus transparent, à davantage de démocratie participative à travers les associations de voisinage, l'extension du référendum ou encore au vote des immigrés : "Ils partagent nos douleurs, ils partagent nos devoirs, mais ils n'ont pas nos droits", scandait ainsi un manifestant par le biais du micro et des enceintes, prêtées pour l'occasion.

  • Valeurs humaines, par Anaïs A.

Il ne s'agit pas uniquement d'une réaction contre la crise économique. C'est surtout une réaction à la crise éthique, au manque d'honnêteté, à la manipulation des valeurs humaines, à leur négation face aux valeurs économiques. (...)

  • Je suis ému, par Joan A.

Une affichette collée hier Place de la Catalogne a Barcelone peut résumer l'ambiance : "J'etais à Paris em mai 68 et je suis ému. J'ai 72 ans".

04 mai 2011

Le centre, ce pays où l'on n'arrive jamais

PAR JACQUES JULLIARD

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En politique, comme en géométrie, ce qui fait l'originalité du centre par rapport à tous les autres lieux, c'est que c'est un point unique. Ou, du moins, qu'il devrait l'être. Ce n'est pas le cas dans la France d'aujourd'hui. Quatre candidats virtuels pour une seule niche: Borloo, Bayrou, Morin, Villepin. Sans parler de Nicolas Hulot, sorte d'écolo mâtiné de centrisme. Tout cela ne constitue pas un centre, mais un hémicycle à soi seul.

A chaque élection présidentielle, c'est la même rengaine et la même illusion: le centrisme serait la poule aux œufs d'or ! Oui, mais on s'aperçoit vite que c'est une poule qui ne pond pas! C'est ainsi que Lecanuet a été battu par de Gaulle, Poher par Pompidou, Chaban par Giscard (1), Barre par Chirac, Balladur par Chirac derechef, Bayrou par Sarkozy. Contrairement à la légende, la présidentielle ne rabote pas les angles.

Au contraire: elle les aiguise ! Le centrisme est en général très bon à un an de l'élection; dans les isoloirs, il se dégonfle.

Une remarque a son importance: tous les noms que je viens de citer au palmarès du centrisme, sans exception, d'hier à aujourd'hui, appartiennent à la droite. Ils en viennent, et y retournent toujours. Autrement dit, il n'y a pas de centrisme de gauche! François Bayrou, un moment tenté par cette option, a dû y renoncer, faute d'un espace politique suffisant, au profit du ni-nisme classique: haro sur la gauche, haro sur la droite! Mais deux non ne font pas un oui. La raison de cette absence d'un centrisme de gauche est simple: l'aile gouvernante du PS se tient assez proche du centre géométrique de la scène politique française pour étouffer dans l'œuf toute tentation d'aventure autonome.

 

Certes. il existe une gauche socialiste puissante - environ un tiers du parti - emmenée par Henri Emmanuelli et Benoît Hamon. Mais, comme celle des centristes, leur voix tend à s'assourdir à mesure que l'on approche de la présidentielle. A l'inverse, les candidats putatifs du PS, Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry, François Hollande et Ségolène Royal, appartiennent tous à l'aile modérée du parti. La conclusion est claire: en France, le centrisme historique - je me propose d'y revenir prochainement - a toujours été un centre droit. A cette règle on opposera, tout au long de l'histoire de la République depuis 1871, la profusion de gouvernements de concentration (2), c'est-à-dire de combinaisons ministérielles rapprochant la droite de la gauche et la gauche de la droite, contre la gauche de la gauche et la droite de la droite. Mais il s'agit là d'une formule gouvernementale, qui n'exige aucun parti centriste, au contraire. Le centre est ici le lieu, non la couleur. Une telle formule n'exige aucune communauté de destin véritable, hormis une communauté réduite aux acquêts; elle traduit seulement le souci de toute majorité gouvernementale de s'étendre au-delà de ses propres bases, pour accroître sa légitimité. Dans un système bipartisan, il ne faut pas confondre la logique électorale, qui est centrifuge, et la logique gouvernementale, qui est centripète.

Revenons à la situation actuelle. La prolifération de candidatures centristes sur le flanc gauche de l'actuelle majorité traduit évidemment la perte de contrôle de Nicolas Sarkozy sur les troupes qu'il avait su rassembler en 2007. Car la capacité de rassembler est la qualité première d'un candidat à la présidentielle. Dans ces conditions, on peut s'interroger sur la signification véritable de la tentation de Jean-Louis Borloo. De deux choses l'une: ou bien, il agit de concert avec Sarkozy en occupant le terrain, quitte à s'effacer au dernier moment pour en recevoir la récompense. Ou bien il a rompu complètement avec le président, au risque de l'éliminer au profit de Marine Le Pen, dans l'espoir de séduire un électorat en désarroi. Il faudrait pour cela qu'il apparaisse moins fantasque, plus stable et plus rassurant que Nicolas Sarkozy. Ce n'est pas joué d'avance ... Quant à représenter une alternative intellectuelle crédible, on ne saurait y croire. Neuf ans de présence quasi permanente au pouvoir l'empêcheront de se présenter en homme neuf Plus à gauche que Sarkozy avec une "fibre sociale" plus forte? Mais Sarkozy lui-même n'a cessé de jouer à saute-mouton par-dessus sa majorité, tantôt plus à gauche, tantôt plus à droite ...

Au-delà de la nature hybride du centrisme. C'est donc à un véritable processus de décomposition qu'on assiste actuellement au sein de la droite. Sarkozy, naguère grand artisan de son union, s'est révélé à l'usage son dynamiteur. Comme l'affreux jojo qui casse les jouets qu'il a cessé de convoiter. Je connais peu de gens qui possèdent simultanément un tel instinct de vie et un tel instinct de mort. Le résultat est chaque fois imprévisible et explosif C'est pourquoi il peut en sortir le pire ou le meilleur, la dérive populiste ou le redressement physique et moral d'une société aujourd'hui déboussolée.

(1) La droite a changé de champion au milieu du fleuve, En pleine campagne, elle a troqué Chaban contre Giscard,

(2) Mot qui désigne dans les débuts de la République l'union des gauches au gouvernement; puis, surtout après 1914. la combinaison inverse: l'union des centres,

16 au 22 avril 2011 Marianne 

 

02 mai 2011

Tunisie. La contestation permanente?

S'exposait-on à un abus de langage en parlant, dans le feu des événements, de révolution en Tunisie ?

Trois mois après, il faut s'y faire, le système politique tunisien est sens dessus dessous; il s'agit bien d'une révolution. Le pays fonctionnait sous l'autorité d'un parti unique et de son chef. Ce parti est mort et enterré, 51 autres formations politiques ont été légalisées, dont deux islamistes.

Chacun est libre de dire, d'écrire, de chanter comme bon lui semble. Le centre des grandes villes, de Tunis surtout, s'est métamorphosé en forum permanent. Le premier venu prend la parole pour s'adresser à ceux qui veulent bien l'écouter. Le plus souvent pour dire tout le mal qu'il pense des décisions gouvernementales.

Naguère, 10 agents se seraient rués sur le perturbateur, l'auraient roué de coups et mis au trou pour des années. Les opposants d'hier, pourchassés sans répit depuis vingt ans et plus, tiennent aujourd'hui le haut du pavé. Les femmes qui, parfois seules, tenaient tête à la tyrannie refusent souvent ministères et ambassades.

A l'opposé, les complices corrompus de Ben Ali ont fui le pays sous le coup de mandats d'arrêt internationaux. Les flics, dans leurs petits souliers, se terrent.

Du coup, la sécurité n'est plus ce qu'elle était. On a même assisté au premier braquage de banque. Armés de couteaux, les voleurs ont emporté 5 000 €. Pas du grand banditisme, mais le pays, accoutumé à la délinquance zéro, s'est ému au-delà de tout.

L'élection d'une Assemblée constituante, le 24 juillet, mettra fin au régime transitoire que pilote avec tact le vétéran Béji Caïd Essebsi, qui ne souhaite pas s'éterniser au pouvoir. Les Tunisiens espèrent bien que la prochaine Constitution abolira l'élection présidentielle au suffrage universel. Ils ne veulent plus entendre parler d'un grand homme, incarnation de la nation. Ils ne rêvent que d'un Parlement librement élu, d'un gouvernement responsable et d'un président inaugurateur de chrysanthèmes. Elles espèrent aussi la parité !

Ils savent bien qu'avec 51 partis, ils risquent l'instabilité au sommet. Ils ne s'en soucient guère.

Mieux vaut l'instabilité que la dictature.

 

Guy Sitbon Marianne 9 au 15 avril 2011