07 mars 2011
Nos étoiles ont filé – Anne-Marie Revol
Pénélope et Paloma étaient des petites filles sagement endormies quand un incendie s’est déclaré dans la maison de leurs grands-parents pendant les vacances de leurs parents. Pénélope et Paloma sont mortes.
Pas facile, comme thème. Pas facile, comme roman. Enfin, au début. On a envie de dire bon ok encore un bouquin sur le deuil, ça va dégouliner de pathos, que chacun garde sa pudeur et ses larmes pour lui, pas besoin de jeter ça à la face du monde etc.
Et puis non. Cette douleur qui dévaste et détruit, Anne-Marie Revol ne la jette pas à la face du monde ou tout au moins de ses lecteurs. Ce deuil, elle le raconte en publiant ces lettres que, chaque jour, elle a écrites à ses deux petites filles pendant un an. Une lettre par jour ou presque. Des lettres pleines d’amour, de tristesse, de gaîté parfois, des lettres où transparaissent l’indicible douleur et l’impossibilité de s’en remettre. « On ne s’y habitue pas mais on vit avec ».
On vit avec, oui, et Anne-Marie Revol raconte, écrit, parle. Pénélope et Paloma deviennent ses confidentes, ses lectrices, témoins des jours qui s’écoulent sans elles. Elles ne sont plus là et pourtant elles sont omniprésentes. Elles sont là dans chaque objet, chaque anecdote, chaque souvenir qui remémore leur existence à leurs parents. Colère, refus, culpabilité, amour, peur, désespoir, lutte pour survivre, à travers ces lettres c’est la chronique d’une année de deuil et de mort intérieure qui est racontée avec une pudeur extrême, avec colère, avec désespoir, avec rage ou bien douceur. Parce que tous ces sentiments sont ceux que Anne-Marie Revol et son mari ont ressentis, des sentiments différents selon les jours, des sentiments qui les poussent à pleurer ou espérer. Des sentiments ainsi qu’un un amour infaillible qui soude le couple et lui permet de supporter l’atrocité, l’un soutenant l’autre à tout de rôle, de s’effondrer ensemble ou de faire face ensemble.
« Mes drogues douces », « Mes libellules », « Mes fraises des bois ». « Mes espoirs brisés », « Mes perles de pluie »… Pénélope et Paloma ne sont plus, Lancelot leur petit frère né un peu plus d’un an après leur mort ne les connaîtra pas, sauf à travers le récit et les souvenirs de ses parents et sa famille.
Ce livre à la fois triste et beau, douloureux et apaisé, est un hommage pudique, sincère, émouvant à deux petites étoiles filantes. Et bien que mes larmes en aient souvent inondé les pages, bien que plusieurs fois j’aie pensé à ces multiples doux surnoms que je donne aussi à ma fille et failli le refermer presque par superstition, j’en ressors avec un sourire attendri et l’image de deux petites filles que je n’ai pas connues mais qui, grâce à leur mère, existent un peu.
C’était le but de ce roman dont j’ai du mal à parler, mais oui, Pénélope et Paloma sont deux petites filles qui existent encore grâce à Anne-Marie Revol.
Nos étoiles ont filé, Anne-Marie Revol
Stock,octobre 2010, 394 pages
Chacun à son Étoile !
On ne voit bien qu'avec le Coeur !
07:30 Écrit par Pataouete dans Livre, Mes humeurs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : etoiles filantes
Au bonheur des images
Un trésor d’imagerie populaire redécouvert à Lyon
Le Musée de l’imprimerie présente du 25 mars au 26 juin 2011 une exposition intitulée Au bonheur des images, qui évoque la brève et foisonnante histoire d’une aventure éditoriale hors du commun. Ce fonds d’images populaires sera dévoilé au public pour la toute première fois.
Des milliers d’images dans toute l’Europe
Entre 1825 et 1896, des immigrés, originaires du Piémont en Italie, et du Tessin en Suisse, s’installent dans le quartier de la Guillotière à Lyon. D’abord marchands de cadres, ils vont devenir éditeurs d’images populaires. Leur production, tout en couleurs et en naïveté, va inonder l’Europe pendant près d’un siècle ; on dénombre aujourd’hui plus de 2.000 références et des sujets très variés : vie des saints, des héros, pèlerinages, actualités lyonnaises, nationales ou internationales, personnages illustres, scènes de la vie quotidienne, régionalisme, caricatures.
Mon gros chéri. - Wissembourg (Alsace) : Lith. F. C. Wentzel ;
Lyon : Gadola & Cie Editeurs, 2, Cours de Brosses ; à Paris : V.ve Gosselin, [1872].
La passion d’un collectionneur
Ces images qui ont pourtant décoré, pendant la plus grande partie du XIXe siècle, autant les intérieurs des églises que les foyers populaires, sont tombées petit à petit dans l’oubli. Imprimées sur des supports fragiles, négligées par les bibliothèques qui ne les ont pas préservées, comme la plupart des imprimés éphémères. Aujourd’hui, elles doivent leur résurrection à la passion d’un collectionneur lyonnais : Michel Chomarat. Il en a acquis plusieurs centaines, et Jean-Paul Laroche, de son côté, en a retrouvé et identifié de très nombreuses autres dans les collections publiques, en France et à l’étranger. Un travail de détective et de défricheur qui a permis à ces images éparpillées à travers le monde et totalement méconnues, d’accéder enfin au statut de collection d’intérêt patrimonial.
Catastrophe arrivée à Lyon sur la Saône, le 10 Juillet 1864. - a Lyon : Gadola ; [Paris] : Imp.ie Gosselin, r. St Jacques, 71, [1864].
Une nouvelle vie pour l’imagerie de la Guillotière
L’exposition présentée au Musée de l’imprimée, dont Michel Chomarat, Chargé de Mission Mémoire pour la Ville de Lyon, est le Commissaire Général, permettra de replacer les estampes de la Guillotière au cœur de l’histoire de l’image imprimée. La lithographie en couleurs y joue en effet un rôle majeur ; c’est la technique utilisée au XIXe pour l’impression des documents à grand tirage, dont l’imagerie populaire. Un champ tout neuf de recherches et d’études s’ouvre donc à cette collection ressuscitée de l’oubli, qui témoigne aussi, comme pour tous les imprimés éphémères, des goûts et des préoccupations de son époque. Pour Lyon, c’est une page d’histoire retrouvée qui surgit, et singulièrement pour le quartier de la Guillotière, exemple parfait d’intégration réussie pour les immigrations de toutes origines. Vue de l’Église Notre Dame de Fourvières et de la Statue. - à Lyon (Guillotiere) : chez Bernasconi frères, Editeurs f.nts de cadres, Cours de Brosses 12 ; Lyon : Lith. Lerocher, quai de Serin, 41, [1856].
Exposition
Du 25 mars au 26 juin 2011
Musée de l’imprimerie, 13 rue de la Poulaillerie 69002 Lyon
07:09 Écrit par Pataouete dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : estampes, la guillotire, lyon, musée de l'imprimerie
05 mars 2011
Gerland que J'aime
Qui est Emile Vasquez ?
Originaire d'une famille de mineurs, Emile Vasquez est né le Il janvier 1934.
Très tôt il connaît la guerre, le camp de concentration à 5 ans avec ses frères et sœurs et la mère. Le père disparu pendant la guerre. L'adolescence se passe dans les Alpes de Haute-Provence à étudier, tout en travaillant pendant les vacances.
Il quitte ses études à 17 ans pour cause économique à la maison et apprend un métier pour aider sa famille. Suivant les conseils de son professeur, il change de région et vient à Saint-Chamond où il suit les cours de la Promotion sociale pour devenir cadre. De plus il suit des cours par correspondance.
En 1956, il entre dans l'enseignement technique au Lycée Frédéric-Fays à Villeurbanne;
Il n'a que 22 ans. 1958 marié, il part au service militaire en Algérie. Emile Vasquez passe les 28 mois de sa plus belle jeunesse sous l'uniforme dans l'Algérois.
1960 à aujourd'hui: Emile Vasquez passe le concours du professorat technique et se classe 3e sur le plan national.
Grâce à sa ténacité, à son travail personnel, ses efforts sont récompensés.
La pédagogie spéciale attire ce professeur, et il suit un stage à Beaumont sur Oise. Huit ans d'enseignement au service de l'enfance inadaptée lui permettent d'avoir une offre par le Ministère de l'Education du Canada. Mais Emile Vasquez reste à Lyon.
En 1974, pour confronter la pédagogie, l'enseignement technique, il fait un stage d'un an (pour le compte de l'Education Nationale) dans une entreprise.
Emile Vasquez revient à l'enseignement et assure les cours dans une section d'enseignement spécialisé au C.E.S. Jules Michelet (Enfance en difficulté), puis au C.E.S. Georges Clemenceau (7e arrondissement).
Chargé des classes de découverte Emile Vasquez envoie 5000 enfants en classe de plein air au lieu de 700 avant sa nomination.
Emile Vasquez est marié, son épouse est Directrice d'école maternelle à Gerland et à deux garçons.
Gerland que J'aime
Une amie m'a prêtée ce livre qui retrace toute l'histoire humaine et architecturale du quartier que j'habite, désormais, depuis 11 ans.
Tout le monde connait le Stade de Gerland mais il y a aussi les citées jardins, la Halle Tony Garnier, abattoir transformé en salle de spectacle et d'Expo, le Palais des Sports de Gerland…
Mais surtout, toute la vie de ce quartier ouvrier et populaire qui a un peu tendance, en s'embourgeoisant, à s'endormir, ça c'est mon avis.
Bon d'accord! C'est un peu MOI et Gerland mais je pense qu'Emile Vasquez a tant fait pour ce quartier qu'il mérite bien de tirer la couverture dans son propre bouquin.
Aujourd'hui ou nous avons plus de candidats barons, comtes ou vicomtes que de militant, je termine par la photo de son Logo de Campagne.
07:29 Écrit par Pataouete dans Les Quartiers, Livre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : gerland, vasquez, lyon
03 mars 2011
« Je me révolte, donc nous sommes»
Tiens tiens, il y avait un bon moment que je n'avais pas cité notre Grand Frère Pataouète de Belcour :
Albert Camus
Pour Camus, la révolte doit s'exercer aussi contre les révolutions - au nom de la dignité, du respect de l'humain. Au nom de l'instant, aussi. Et de la nature, faudrait-il ajouter. Car s'impose également, dans l'humanisme de Camus, une révolte contre l'omniprésence de l'histoire et l'obsession de son sens. Ne penser qu'à l'histoire alimente la peur de jouir, occulte la lumière du monde. Le corps exige l'instant, la vie choisit nécessairement le présent plutôt que les lendemains.
Nos combats seraient des défaites s'ils devaient nous faire oublier l'éclat de la mer ou la douceur sans nom d'une peau. (…) L'évolution de la planète donne une pertinence nouvelle aux analyses de Camus,
sa tentative philosophique prend un sens inattendu en fonction des mutations de l'histoire. [….] Car nous savons désormais qu'une fin définitive de l'aventure humaine n'est pas à exclure. [ ... ] Y a-t-il plus forte illustration de l'absurde que l'autodestruction de l'espèce douée de raison? [...]
En lisant Camus, on comprend mieux pourquoi de nouvelles révoltes se dressent face aux nouvelles formes d'absurde. Aujourd'hui, comment la révolte ne surgirait-elle pas, plus vive que jamais?
Inégalités croissantes, contrôles permanents, abêtissement baptisé « culture », indifférence généralisée infiltrent les moindres recoins du monde. Dans cette perspective, Camus est actuel. «Je ne suis pas philosophe. Je ne crois pas assez à la raison pour croire à un système. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment se conduire. »
Sur ce point, sa réflexion pourrait se résumer d'une phrase :
Il faut se révolter sans devenir inhumain, et refaire le monde, si possible, mais surtout empêcher qu'il ne se défasse.
07:53 Écrit par Pataouete dans Livre, Mes humeurs | Lien permanent | Commentaires (4)
01 mars 2011
Un Paysan écrasé par la Grande Distribution
Pourquoi j'ai arraché mes arbres ?
Comme chaque année à la même époque et étant donné la saison nous éviterons de parler de "Marronnier", les débats sur l'existence des Agriculteurs la qualité des produits fabriqués et leur poids sur l'écologie et les pollutions reviennent d'actualité au moment du Salon de l'Agriculture.
On oublie toujours de préciser que l'agriculture regroupe un monde aussi vaste que l'Océan Pacifique. Aussi large que l'Epicier de Landerneau et l'arabe du coin. Aussi disparate que le Patron d'Hermès et le cordonnier du coin, si tant est qu'il y ai encore un cordonnier dans votre coin !
Si vous avez regardé le documentaire : "Manger peut-il nuire à la santé" ou suivi la Campagne de Pub où une association écolo voulait avertir le grand public des dangers de l'agriculture intensive actuelle avec un gamin barbotant dans une mare d'Algues vertes ou une roulette russe avec un épi de Maïs. Bien sur le syndicat agricole et le Ministère ont fait interdire mais, qui, un jour, parlera des suicides des agriculteurs, des maladies à peine reconnues professionnelles, des Faillites touchant le monde des Agriculteurs.
Tout cela, pour produire, sous la contrainte, des produits qui coutent au consommateur 20 fois + que cela ne rapporte au Producteur. Et enfin : c'est de la Merde !
Pierre Priolet produit des fruits en Provence. Il y a un an ses larmes en direct sur France Inter et Canal + ont bouleversé le pays. Jean-Pierre Elkabbach, Thierry Ardisson, Guillaume Durand et Michel Denisot l’ont invité dans leurs émissions et à chaque fois sa présence, sa colère, ses mots simples et justes ont déclenché une avalanche de courriers et d’appels. Il était temps : ils sont des milliers d’agriculteurs, pris comme lui à la gorge, à disparaître sans faire de bruit, dans l’indifférence. Parce qu’il a les mots pour raconter les vergers à l’abandon, le paysage français qui se désertifie, l’humiliation quotidienne de paysans infantilisés par les subventions, le scandale de la grande distribution qui les étrangle, les pesticides autorisés en Espagne alors qu’en France, les agriculteurs sont traités de pollueurs. Parce qu’il n'adhère peut-être aussi à aucun syndicat et que sa parole est libre, Pierre Priolet est devenu en quelques mois le porte-voix d’un monde qu’on assassine. Passionné, il ne se contente pas de dénoncer, il se veut aussi l’instigateur d’un projet pour bâtir un nouveau système de distribution qui se passerait des aides, et il se bat pour l’idée d’une société où l'on consommerait plus juste. Un livre bouleversant, un appel au secours, mais aussi une très efficace réflexion sur notre société et sur un système en bout de course.
Il y a eu le choc d'une image, celle d'un arboriculteur au bout du rouleau arrachant ses poiriers. Un an après ce geste de désespoir économique, Pierre Priolet relève la tête.
Dans le livre écrit la rage au ventre, "les Fruits de ma colère" (Robert Laffont) " ce paysan du Vaucluse raconte l'univers inhumain de la distribution.
« Hold-up organisé », « racket sans contrôle », «esclavage» : Priolet ne se contente pas de prononcer les mots, il dévoile l'alliance, bénie par l'Etat et les organisations syndicales, entre l'industrie chimique, des Banques et la grande distribution. Au détriment de l'agriculture française et des consommateurs, qui payent au prix fort des produits aux qualités aléatoires. Les aides agricoles, par exemple, n'aident guère l'agriculteur européen à affronter dignement la concurrence des pays à bas coût de main-d'œuvre. En pratique, leur mécanisme pousse les bénéficiaires à investir toujours plus afin de respecter des règles rarement indiscutables. De la même façon, selon Priolet, « le succès de l'écologie est en train de causer la perte des agriculteurs ». « En cinq ans, écrit ainsi l'ex-arboriculteur, mes factures de produits phytosanitaires sont passées de 18000 € à 36000 € par an. » Explication: les intrants, lorsqu'ils sont interdits pour des raisons environnementales, sont remplacés par d'autres produits, toujours plus chers!
« Le consommateur, précise encore Priolet, paye ses fruits 3,40 € et ignore que je ne touche que 17 cts, soit la moitié de ce que m'a coûté leur production. »
Or, le pouvoir exalte la concurrence mais protège les positions dominantes. L'ex-agriculteur devenu militant propose donc de limiter à 30 % les marges des distributeurs. Encore plus simple, sa suggestion d'afficher dans les rayons des grandes surfaces le prix payé au producteur pourrait s'avérer révolutionnaire. Présentation de Daniel Bernard
Pierre Priolet - Les fruits de ma colère
envoyé par respirations. - Vidéos des dernières découvertes technologiques.
07:54 Écrit par Pataouete dans Livre, Mes humeurs | Lien permanent | Commentaires (1)