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05 novembre 2009

L'accent c'est la marque de Fabrique

Cette fois, je vous propose une vidéo ou le Pataouète est parlé.

Cependant, l'auteur-interprète est originaire de Philippeville (lien), aujourd'hui Skikda, dans l'est algérois. Je pensais que le Pataouète était le langage parlé à Alger, voir à Bab-el-Oued. Il semble par ce témoignage que l'usage en soit plus répandu dans toute l'Algérie "francophone".

"Chers amis,
L'accent, c'est la marque de fabrique. Le nôtre ne déroge pas à la règle, c'est un peu le pays qui nous suit ; alors, grâce à SKIKDAMAG, venez-vous replonger un moment dans cette ambiance si particulière qui n'appartient qu'à nous.
A bientôt pour de nouvelles aventures.
Amitiés
Jacky Colatrella"

07:40 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : algérie, pataouete, accent

24 octobre 2009

Les Z’Urbains.

Les Z’Urbains.

 

Dès leur débarquement sur la plage de Sidi Ferruch, les troupes françaises n’avaient qu’un but : Alger.

 

Au début de mes élucubrations je publiais un film sur Alger en 1896 qui en a surpris plus d’un.

 

casba la citadelle.jpgA l’origine Alger c’était surtout la Casbah, le Port, et une suite de palais mauresques. Peu à peu, la ville se construit par cercles concentriques autour d’un axe central : La Grande Poste. Il s’agit en fait d’un bâtiment construit en 1905 mais de style mauresque.

Les immeubles et les voiries sont largement inspirés du Baron Hausmann mâtinés d’une part méditerranéenne. Evidemment, le quartier central est essentiellement habité par les classes bourgeoises et leur personnel de maison et de service. Plus on s’éloigne et plus on retrouve les classes ouvrières. Classique quoi.

En 1920, Alger est reconnue 2ème ville de France, après Paris bien entendu mais devant Lyon et Marseille sa jumelle.

IMG_2923.JPGLes « Indigènes » n’ont pas le même statut que leurs coreligionnaires ruraux. Ils ne sont pas asservis mais urbanisés. Oh ! bien sur, les médecins, pharmaciens, avocats ou journalistes d’origine magrébine sont rares. Mais ils existent. Je pense toutefois qu’ils sont originaires des grandes familles régnantes avant la Conquête.

Il faut signaler une importante catégorie commerçante. Toutes, ou pratiquement toutes, les épiceries sont tenus par des Mozabites (Moutchou), originaire du M’Zab région aux limites du Sahara, je détaillerais plus tard. Sur les marchés, les étals de Fruits et Légumes sont gérés, de génération en génération, par des Indigènes. D’autres commerce de Proximité sont aussi servis par des originaires. Plus le commerce devient « technique » moins il est servi par des indigènes et ne parlons pas des charcuteries !

Le reste des travailleurs indigènes est ouvrier du public ou du privé. Plutôt en bas de l’échelle sociale. Certain peuvent atteindre le niveau encadrement. Ils existent mais ils sont rares. Facteurs, éboueurs, balayeurs, toutes les professions de service sont occupées par des Indigènes.

1128906106_4afdc94fd1.jpgIls sont donc intégrés à la société industrielle et de service. Ils vivent dans des immeubles corrects, à la norme du début du 20 ème, les enfants peuvent fréquenter l’Ecole Publique autant que ce que le petit métropolitain issu de la classe ouvrière peut la fréquenter à l’époque. Les femmes sont centrées sur leur foyer ou assurent des tâches ménagères dans les familles bourgeoises. La condition féminine n’est pas flatteuse mais finalement seul le port du voile (le Haïk) peut distinguer les communautés « ouvrières ».

Au niveau du langage, le Sabir, langue mêlant l’Arabe et le Français se développe. Ce n’est pas tout à fait le Pataouète qui lui est plutôt européen mais l’intégration fera un mélange de ces 2 langages.

 

Lors de mon passage à Alger ou lors de l’écoute de reportages, j’ai toujours été surpris par la qualité du français parlé par les « Vieux ». Même de vieilles dames très âgées, épouse d’ouvrier, s’exprime toujours aujourd’hui dans un français classique hélas peut usité de nos jours par nos contrés. De plus, comme partout, les néologismes sont français ou anglais. Cela donne des conversations amusantes : « Bla Bla Bla Télévision, Bla Bla Bla Téléphone,… ».

 

IMG_2713.JPGNous devons donc constater une société qui évolue avec son temps, selon des principes de Classes et non de Castes, même si les « Colons » sont encore sensibles aux discours de supériorité et ont une place plus élevé sur l’Echelle Sociale. Une société qui s’urbanise au même rythme que les citées métropolitaines, quelles que soient les catégories et les origines sociales.

 

Une dernière pensée : étant donné ce maillage, cette imbrication sociale, lorsque d’aucun de quelque coté qu’il soit, voulu déstabiliser cette société, imaginez le chaos que cela peut représenter et les irrémédiables rancœurs…

07:37 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : algérie, alger, pataouete

30 septembre 2009

Immigration colonisatrice.

Les z’européens

Alger_1830.jpgBon alors revenons à nos moutons ! Nous sommes aux alentours de l’année 1850. Une bonne partie de ce qui va devenir le territoire algérien est sous domination française.

La France propose alors à ces braves soldats d’échanger leur fusil contre des outils agricoles (ils gardent quand même le fusil, on ne sait jamais !) et leur confie un lopin de 7 hectares à charge pour eux de l’exploiter s’ils veulent en conserver la propriété. Et voilà nos braves pioupious redevenus agriculteurs.

Dans le même temps, les bateaux alimentant la troupe en vivre, matériel et relève, font escale à Minorque pour avitailler. Les Mahonnais, certainement bien malheureux dans leur petite ile, embarquent en nombre vers l’Algérie. A tel point que le prince est obligé d’interdire les départs pour éviter que son ile ne se désertifie.

Ces premiers colons européens rejoignent les descendants de tout ce que l’Espagne Catholique a expulsé, Juifs, Gitans, Arabo-Andalous,… au moins ceux qui sont restés au Maghreb depuis le XIVème siècle.

En Europe occidentale, les temps ne sont pas faciles, les révolutions et les régimes politiques se succèdent. L’industrialisation provoque des exodes ruraux. Balancelles minorquaises.jpgLe phylloxéra et le mildiou ruinent les vignes et les cultures. Pour beaucoup de français mais aussi d’espagnols, d’italiens de Maltais, l’Afrique du nord c’est l’Eldorado.

Mais tout n’est pas toujours aussi rose, nombreux sont déportés à la suite de différents avec la justice, (c’est ça ou le bagne, allons y pour ça !). Il y a aussi les déportés politiques. Les « trois glorieuses », 1848, les révoltes ouvrières (les canuts par ex.) et enfin les communes (car il n’y eu pas que celle de Paris) déversent leurs flots d’immigrants. Il faut rappeler que la Commune a été matée par le Général Bugeaud général en chef de l’armée d’Afrique.

Mais la France a aussi perdu l’Alsace-Loraine « mais malgré vous nous resterons français » et les gars de l’Est se déversent sur les cotes algériennes. J’ai toutefois la preuve que des alsaciens étaient déjà installés avant Sedan, j’en parlerais au chapitre suivant.

Tchatche Femmes.jpgTout ce petit monde s’amalgame dans la société dites « des colons » des « z’européens », en opposition avec les « indigènes ».

S’amalgamer est une façon de dire puisque en fait, ils restent en face de chez eux. Les côtes oranaises sont à 200 km de l’Espagne, la Sicile et l’Italie face à l’est. L’amalgame se fait surtout autour d’Alger et encore puisque les mariages respectent souvent l’ethnie d’origine. Au pire, on prend femme d’une autre origine.

En 1900, on recensait 1 million « d’européens », en 1962, c’est aussi le chiffre des rapatriés d’Algérie. Toute cette colonie de colonisateur s’installe essentiellement sur la bande côtière entre la mer et le moyen Atlas.

Les origines de la Famille Pataouète.

Soldats.jpgDu coté paternel, ce sont les parents de mon père qui ont immigré. Ils se sont mariés en 1891 à Blida. Lui était originaire de l’Ile d’Oléron (depuis au moins 2 générations) Elle du Gers et du Pas de Calais (mariage de ses parents en 1865 à La Chiffa

Du coté maternel, c’est à la fois plus simple et plus compliqué. Mon grand père était né à Zéralda. Je ne connais pas les origines de ses parents. Seul le prénom « espagnol » de sa mère m’incite à pencher sur ses origines. Ma grand-mère était la deuxième génération à naitre en Algérie (Zéralda). Ses parents étant Alsaciens pour les uns et Gardois pour les autres. Ce qui est amusant c’est que les alsaciens étaient, selon la tradition familiale, venus pour rester français. Or mon arrière grand-père est né en 1861 en Algérie. 10 ans avant Sedan…

Enfin, j’ai retrouvé les origines mahonnaises d’une aïeule, L’AFRICANO l’emmena à l’âge de 7 ans, en 1952 avec « 200 quintaux de pommes de terre et de gomme arabique ».

 

« Et tout cela fera d’excellents soldats d’excellents français qui marchent au pas »

10:58 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : algérie, colonisation, pataouete

03 mai 2009

Albert Camus et le Pataouète !

Toujours dans la série Le Pataouète, un extrait d’un texte d’Albert Camus dont j’aurais certainement l’occasion de reparler car il fût journaliste à « Alger Républicain » et l’un des pionniers de l’anticolonialisme.

 

Fichier:Albert Camus, gagnant de prix Nobel, portrait en buste, posé au bureau, faisant face à gauche, cigarette de tabagisme.jpg

 

« Essais » d'Albert Camus, collection "La Pléiade".

 

 

Alors Coco y s'avance et y lui dit : "Arrête un peu, arrête".
L'autre y dit : "Qu'est-ce qu'y a ?".
Alors Coco y lui dit : "Je vas te donner des coups".
"A moi tu vas donner des coups ?
Alors y met la main derrière, mais c'était scousa...
Alors Coco y lui dit : "Mets pas la main derrière, parce qu'après j'te choppe le 6,35 et t'y mangeras des coups quand même".
L'autre il a pas mis la main. Et Coco, rien qu'un, i l'ia donné, pas deux, un... L'autre il était par terre. "Oua, oua", qu'y faisait.
Alors le monde il est venu. La bagarre elle a commencé.
Y'en a un qui s'est avancé à Coco: deux, trois. Mais j'y ai dit : "Dis tu vas toucher à mon frère ?"
"Qui ton frère ?"
"Si c'est pas mon frère, c'est comme mon frère."
Alors j'y ai donné un taquet. Coco y tapait, moi j'tapais, Lucien y tapait.
Moi, j'en avais un dans un coin et avec la tête : "Bom, bom".
Alors les agents y sont venus. Y nous ont mis les chaines, dis.
La honte à la figure, j'avais de traverser tout Bab el Oued. Devant le Genteleman's bar, y avait des copains et des p'tites, dis. La honte à la figure...
Mais après, le père à Lucien, y nous a dit : "Vous avez raison".

Stèle à A Camus Tipaza.jpg
Stéle à Albert Camus à Tipaza.

07:06 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : alger, albert camus, pataouete

02 mai 2009

Extrait de La Parodie du Cid

Bon d'abord il faut que je vous dise que mon correcteur d'orthographe s'affole. Je viens peut-être de comprendre mon orthographe hasardeuse tel un SMSiste de mon époque ce doit être le patouète qui a bousculé ma science de l'orthographe irrémédiablement réduite à 5 fautes : 0/20 Dégage !

 

En 1942, le journaliste Edmond Brua rédige La Parodie du Cid, transposition en Algérie de la pièce de Corneille, écrite en vers et en pataouète.

Elle est adaptée au cinéma en 1979 par le réalisateur Philippe Clair sous le titre Rodriguez au pays des merguez. (si j'la trouv' j' vou z'en tchatcheré !)

 

La parodie.JPG
Je vous conseille une lecture à haute voix

 

EXTRAIT DE LA PARODIE DU CID –

 

ACTE II - SCÈNE 2
GONGORMATZ, la tondeuse à la main,
RORO, l'espadrille à la main

RORO : Ô l'homme, arrête un peu !
GONGORMATZ : Cause !
RORO: Eh ben ! y'a du louche. T'le connais à Dodièze ?
GONGORMATZ : Ouais !
RORO: Ferme un peu la bouche ! T'sais pas, tout vieux qu'il est, ça qu'il était çuilà,
Honnête et brave et tout, dans le temps, t'le sais pas ?
GONGORMATZ: Assaoir !
RORO: Et ce boeuf qu'y monte à ma fugure, T'sais pas d'aousqu'y sort, t'le sais pas ?
GONGORMATZ : Quelle affure... ?
RORO: A quatre patt', ici, je te le fais saoir !
GONGORMATZ : Allez, petit merdeux !
RORO: Merdeux, faut oir à oir, Et petit, c'est pas vrai, mâ quand c'est ma tournée,
N'as pas peur, j'attends pas pour rendre les tannées !
GONGORMATZ : Pour un taquet à moi, je t'en rends dix ou vingt !
Mâ dessur un petit je vas léver la main ?
RORO : Un petit dans mon genre y peut te rendre un mètre !
Pour dix coups d'encaissés, cent coups y veut te mettre !
GONGORMATZ: T'le connais à Bibi ?
RORO: Eh ! mala j'connais pas ! Un bâtard, un falso qu'il a tapé papa !
Les cornes qu' on te oit dessur la carabasse, Je m'les prends un par un et comm' ça je m'les casse !
Je connais, Je connais : ti'es le roi des chiqueurs. Mâ je pense entre moi : "Si ti'as peur, n'as pas peur.
Un pluss connu que lui y'a pas dans la Cantère. Qué malheur que personne y connaît à son père ! "
GONGORMATZ: Ti'ensultes pas cet homme, aussinon... c'est pas bien !
RORO: A'c un coup de soufflet ti'as bien tapé le mien ! Pasqu'il est vieux, le pauve, et péteux, tu profites.
Tu t'le prends en rétraite et tu fais schkapa, vite. Mâ s'il aurait oulu sortir le rivolver,
Direc' pour Saint-Ugène y te fait sanger l'air.
Papa, c'est un lion qu'il en a plus la force.
Pluss terribe que lui, manque y z'en ont les Corses
Vec cet homme, O cougoutse, y faut faire entention, Pourquoi c'est toujours lui, quand ya les élections,
Qu' y fait voter les morts, en schkamb et tous d'attaque, Et qu'y s'les garde à l'oeil pour pas qu'on s'les sarracque !
(...)

07:19 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : algérie, pataouete, edmond brua