RORO : Ô l'homme, arrête un peu ! GONGORMATZ : Cause ! RORO: Eh ben ! y'a du louche. T'le connais à Dodièze ? GONGORMATZ : Ouais ! RORO: Ferme un peu la bouche ! T'sais pas, tout vieux qu'il est, ça qu'il était çuilà, Honnête et brave et tout, dans le temps, t'le sais pas ? GONGORMATZ: Assaoir ! RORO: Et ce boeuf qu'y monte à ma fugure, T'sais pas d'aousqu'y sort, t'le sais pas ? GONGORMATZ : Quelle affure... ? RORO: A quatre patt', ici, je te le fais saoir ! GONGORMATZ : Allez, petit merdeux ! RORO: Merdeux, faut oir à oir, Et petit, c'est pas vrai, mâ quand c'est ma tournée, N'as pas peur, j'attends pas pour rendre les tannées ! GONGORMATZ : Pour un taquet à moi, je t'en rends dix ou vingt ! Mâ dessur un petit je vas léver la main ? RORO : Un petit dans mon genre y peut te rendre un mètre ! Pour dix coups d'encaissés, cent coups y veut te mettre ! GONGORMATZ: T'le connais à Bibi ? RORO: Eh ! mala j'connais pas ! Un bâtard, un falso qu'il a tapé papa ! Les cornes qu' on te oit dessur la carabasse, Je m'les prends un par un et comm' ça je m'les casse ! Je connais, Je connais : ti'es le roi des chiqueurs. Mâ je pense entre moi : "Si ti'as peur, n'as pas peur. Un pluss connu que lui y'a pas dans la Cantère. Qué malheur que personne y connaît à son père ! " GONGORMATZ: Ti'ensultes pas cet homme, aussinon... c'est pas bien ! RORO: A'c un coup de soufflet ti'as bien tapé le mien ! Pasqu'il est vieux, le pauve, et péteux, tu profites. Tu t'le prends en rétraite et tu fais schkapa, vite. Mâ s'il aurait oulu sortir le rivolver, Direc' pour Saint-Ugène y te fait sanger l'air. Papa, c'est un lion qu'il en a plus la force. Pluss terribe que lui, manque y z'en ont les Corses Vec cet homme, O cougoutse, y faut faire entention, Pourquoi c'est toujours lui, quand ya les élections, Qu' y fait voter les morts, en schkamb et tous d'attaque, Et qu'y s'les garde à l'oeil pour pas qu'on s'les sarracque ! (...) |