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17 décembre 2010

"le Testament de Tibhirine"

Figurez vous qu'un petit ramoneur Savoyard(e), je ne crois plus aux cigognes, m'a fait livrer ces jours-ci un DVD. J'en suis fort heureux et veux vous le faire partager au plus tôt ! Bon redevenons sérieux afin de traiter le sujet !

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Des Hommes et des Dieux, le film de Xavier Beauvois, a été l'événement de l'année, au cinéma, à Cannes, dans la presse, sur les Blogs et particulièrement chez moi. Mais d’où vient-il ce film ? "Emmanuel Audrain y est un peu pour quelque chose, c'est en découvrant son documentaire "le Testament de Tibhirine", un soir tard à la télévision, qu'Etienne Comar, le scénariste, a été touché par cette histoire et a eu le désir d'écrire cette fiction.

Christian, le Prieur, avait écrit son testament. Christophe, le plus jeune, nous a laissé un journal. Avec leurs mots, ces hommes nous disent pourquoi et comment ils sont restés aux côtés de leurs voisins musulmans du village de Tibhirine. De nombreux témoignages et images d'archives nous présentent ce monastère depuis sa création, 1938, la création du village autour, l'exploitation agricole crée, ces moines sont trappistes, la vie autour et grâce aux moines, avant l'Indépendance. La remise des terres, et l'association avec 4 paysans algériens afin de poursuivre après l'indépendance. La montée de l'Islamisme, au début des années 90, ce peuple algérien sensible aux arguments extrémistes en réponse aux violences politiques qu'ils subissent depuis toujours, défaut de logement, d'instruction, d'aide sanitaire. En un mot de sous-traitance. (Encore et toujours…)

Je publierai bientôt le témoignage d'Emmanuel Audrain sur ce qu'il appelle "la deuxième histoire de Tibhirine". Pour ma part je la qualifierais plutôt d'Histoire de Tibhirine. Des Hommes et des Dieux étant plutôt la fin tragique de cette histoire.

En attendant, un extrait, le témoignage d'un jeune "Beur" marié à la nièce de Paul : Les moines parlent l'arabe et connaissent mieux que lui l'Algérie et l'Islam. Il est bouleversé de l'intérêt que ces hommes d'âge mûr, portent à un jeune "Beur". "C'est eux qui m'ont le plus donné. J'ai compris qu'on peut être grand autrement que par le fric, la violence, la sape. Ils m'ont ouvert un avenir. La qualité du cœur, la droiture, l'honnêteté."

Encore un grand merci au "petit savoyard".

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07:26 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : algérie, testament de tibhirine

10 décembre 2010

Extraits de l’avant-propos du livre testament de Ferhat Abbas

 Vient de paraitre en Algérie

Le "testament politique" de Ferhat Abbas.

"Demain le jour se lèvera", titre sans doute inspiré de son célèbre livre "La nuit coloniale"

Derniere oeuvre rédigée avant sa mort : 1985.

Quelques extraits publiés dans "El Watan"

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«Je suis au soir de ma vie. Ce livre est le dernier acte de ma vie politique. C’est un adieu à l’Algérie, à mes amis du Maghreb et à tous ceux que j’ai aimés et servis durant ma longue carrière. Et aussi un adieu à mes amis français de France et d’Algérie, particulièrement à ceux qui ont vécu à nos côtés durant notre terrible guerre de Libération, souvent au péril de leur vie.» (Ferhat Abbas)

J’ai vécu un demi-siècle sous le régime colonial. J’en ai subi les contrecoups autant si, non plus que mes autres compatriotes. Je n’appartiens pas à la chevalerie arabe, ni à la noblesse maraboutique, pas même à la  «bourgeoisie» (…)

L’Europe a colonisé les autres continents au nom de la loi  de la jungle et de ses intérêts. Le plus fort a asservi le plus faible. Elle a détruit des civilisations dignes de ce nom et réduit à néant des peuples (…)

En Algérie, cette colonisation a été diabolique. Nous avons été piégés au nom de je ne sais quelle annexion qui ne s’est réellement jamais réalisée ni dans les faits ni dans les esprits. Contrairement à ce qui s’est passé en Tunisie et au Maroc, la bourgeoisie française nous a privés de notre personnalité et de notre âme et ainsi nous neutralisa (…) L’Algérie devint la propriété du dernier venu qui nous appliqua l’administration directe, la politique du peuplement européen et sa prépondérance  sur «l’indigène». Pour rendre la tâche plus aisée, on a fait mentir nos manuels scolaires. Des écrivains et des journalistes accréditèrent la thèse d’une Algérie, en 1830, musulmane, anarchique, pauvre, inorganisée et vacante. Pourtant, les officiers français qui ont chevauché tout le long du pays, notamment Saint-Arnaud, attestent du contraire.

Le racisme des Français d’Algérie n’était pas identique à celui de l’Afrique du Sud. Ce que les colons n’ont jamais admis est le fait que nous revendiquions pour échapper aux lois d’exception et nous élever à leur niveau. Cette revendication les rendait haineux et méchants, car ils avaient conservé de l’Arabe une peur viscérale venue du Moyen-Âge, peur attisée par la crainte de nous voir bénéficier des mêmes droits qu’eux. (…) «Je ne pouvais quitter ce monde sans évoquer une fois de plus le régime colonial. Si j’ai pris en exemple ma tribu et ma famille, c’est parce que ce qui nous est arrivé a été le sort de tous. Installé pharmacien à Sétif, la population de cette région me fit confiance et fit de moi un élu de la région, conseiller général, conseiller municipal, délégué financier, député, conseiller à l’Assemblée algérienne. A ces différents titres, j’ai parcouru l’Algérie.

Partout, j’ai retrouvé la même exploitation de notre peuple, les injustices qui l’avaient frappé, la misère dans laquelle il se débattait (…) J’ai vécu des années dans cette atmosphère. Elle créa entre les paysans et moi des liens indescriptibles.

Vingt ans après l’indépendance, les mêmes visites se poursuivent presque au même rythme qu’autrefois. Je ne suis plus qu’un vieillard malade, mais ils continuent à venir me voir. «Avez-vous besoin de quelque chose ?» «Non, nous venons prendre de tes nouvelles et te voir nous aide à supporter les nouvelles injustices !» (…)

En juillet 1962, l’indépendance acquise, nous nous sommes comportés comme un peuple sous-développé et primitif. Nous nous sommes disputés les places et nous avons tourné le dos aux valeurs et aux vertus qui nous ont conduits à la victoire. J’ai vu nos mœurs dégénérer en traumatisant l’Algérie musulmane comme elle ne l’avait été durant la guerre. Notre République algérienne a été affublée d’un appendice, celui de «démocratie populaire», ce qui veut dire en clair qu’elle n’est ni démocratique ni populaire. Nous subîmes deux dictatures, celle de Ben Bella, puis peu après celle de Boumédiène. Ben Bella prit pour modèle de chef d’Etat Fidel Castro, son régime totalitaire, son pouvoir personnel et son idéologie communiste. L’Algérie ne s’est pas reconnue et sombra dans l’inquiétude et le désordre, les passe-droits, le système D, l’arrivisme et les fortunes mal acquises (…) Boumediène eut le temps de dépecer ce qui restait de l’Algérie musulmane. Il ruina l’agriculture en contraignant les paysans à abandonner leurs terres par une «Révolution agraire» mal initiée, les attirant en ville à la recherche de leur pain grâce au mirage d’une industrie «industrialisante». Le commerce devint la proie de quelques-uns, proches du régime.

Tout ce qui a motivé notre insurrection a été saboté : le respect des droits de l’homme, celui des libertés individuelles et de la dignité du citoyen, le retour du fellah à la terre, le respect de la propriété privée. Nous nous sommes installés dans le provisoire et la médiocrité et avons cessé de travailler. Dans leur majorité, les Algériens ont confondu l’indépendance et Etat-providence. Tout un chacun se mit à attendre les pétrodollars. Or, voici qu’apparaît aux portes même d’Alger le terrorisme politique, qui n’hésite pas à tuer, à frapper des innocents et à engager notre pays dans une voie semblable à celle du malheureux Liban (…) Nous avons pris un retard mortel. Arriverons-nous en bonne santé à la fin de ce siècle ? Ne confondons pas démocratie, liberté avec intolérance et désordre public. Il est temps qu’un pouvoir fort et juste en même temps s’arme de bonnes lois, mobilise à nouveau le pays et nous contraigne à balayer devant nos portes.

Que nous réserve l’an 2000 ? Où va notre civilisation ? Gardons-nous d’émettre la moindre opinion. L’avenir appartient à Dieu et à ceux qui le feront. Peut-être le lecteur permettra-t-il à mon âge d’exprimer un souhait : celui de voir les générations de demain vivre de leur travail, s’entourer de bien-être et vivre en paix.

07:42 Écrit par Pataouete dans L'Algérie, Livre | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : ferhat abbas, algérie, mémoire

02 décembre 2010

Voila !

Voilà, ainsi s'achève cette série de notes sur la période 1958-1962 que je portais en moi depuis des années et qui étaient certainement à l'origine de la création de Pataouète.

Image14.jpgJ'ai essayé de traiter cette époque de la façon  la plus neutre possible mais au-delà des faits, j'ai voulu démontrer le rôle omniprésent de la fraction "Occident Chrétien" de l'Armée de métier dans l'évolution anarcho-réactionnaire de la situation en Algérie et en Métropole.

J'ai aussi essayé de préciser qu'il y a toujours eu des militants pacifistes, progressistes, humanistes ou tout simplement anticolonialistes qui, malgré les  répressions sont restés fidèles à leur idées.

Il est vrai aussi que des militants de gauche, surtout dans les quartiers populaires, se sont sur la fin laissés entrainés par l'ambiance générale Algérie française. De la même façon que les analystes affirment que les voix populaires de FN viennent d'anciens électeurs du PC. Le peuple est versatile !

Cela étant, je dis et je répète qu'il était trop tard de toute façon. A partir du moment ou l'on n'avait pas voulu intégrer les indigènes dans la nation française dès1870, éventuellement peut être récupérable en 1945, ou les Grandes Puissances mondiales armaient des pays colonisés afin de pouvoir ensuite les "récupérer" pour une autre forme de dépendance, il était trop tard.

Quand au rêve d'une Algérie "entière" il ne sera à jamais qu'une immense Utopie !

Mais, ne vous inquiétez pas, il me reste encore plein de choses à vous raconter, sur l'Algérie ou sur le reste….

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10:14 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : algérie

01 décembre 2010

La Terreur et le Chaos

L'Organisation armée secrète (OAS), également appelée Organisation de l'armée secrète, était une organisation française politico-militaire clandestine partisane du maintien du statu quo de l'Algérie française, créée le 11 février 1961 après une rencontre à Madrid entre Jean-Jacques Susini et Pierre Lagaillarde. Le sigle OAS apparut sur les murs d'Alger le 16 mars 1961, accompagné du slogan « L'Algérie est française et le restera ». Le nom OAS fait volontairement référence à l’Armée secrète de la Résistance.

Création

oas_1.jpgL'histoire de l'OAS se présente comme la volonté d'une partie de l'Armée et de civils de conserver l'Algérie Française, Algérie où vivaient plus d'un million d'européens et qui avait le statut de Département français. La tournure des événements à partir de 1960 (l'autodétermination) est considérée par une partie de l'armée et la plupart des Français d'Algérie comme une trahison du Général De Gaulle qui avait pourtant dit en 1958 " Je vous ai compris" et à Mostaganem " Vive l'Algérie Française". Celui ci avait en effet été amené au pouvoir par l'armée d'Algérie suite au Putsch d'Alger et en portant les valeurs de l'Algérie française. Le premier fait marquant de la révolte de la population française d'Algérie contre les décisions du général De Gaulle est la semaine des barricades du 24 janvier au 1er février 1960.

Le 8 janvier 1961, un référendum sur l'autodétermination en Algérie est approuvé par 75 % des votants. Pour les partisans de l'Algérie Française, ce référendum annonce l'abandon de celle-ci. En février 1961, un groupe en exil à Madrid formé dès la fin de l'année 1960 (suite à l'échec de la Semaine des barricades et bizarrement laissé en liberté surveillée jusqu'au procès, ils s'exilent en Espagne) autour du général Salan, de Pierre Lagaillarde et de Jean-Jacques Susini, crée l'OAS. Le 22 avril 1961, se déroule le Putsch des Généraux à Alger, quatre généraux en avant et sept en soutien, soit onze au total. Ce n'est pas simplement le fait d'un "quarteron de généraux à la retraite", mais plusieurs centaines d'officiers supérieurs de l'armée française se rebellent. À la suite de cette tentative pour maintenir l'Algérie française contre la volonté du gouvernement métropolitain, une bonne partie des insurgés déserte et rejoint la lutte clandestine dans les rangs de l'OAS, ainsi que de nombreux civils, souhaitant demeurer sur leur terre natale. La cassure est totale avec De Gaulle et il s'ensuit une véritable guerre entre les membre de l'OAS et les Barbouzes, ainsi qu'avec une partie des forces policières et de maintien de l'ordre (gendarmes mobiles) de l'État Français nouvellement envoyées en Algérie pour lutter contre l'OAS et pour favoriser la voie de l'autodétermination. L'armée reste en retrait car elle compte dans ses rangs de nombreux sympathisants à la cause "Algérie française", et de plus l'OAS est composée en grande partie de hauts gradés militaires. Elle n'interviendra contre l'OAS qu'après la signature des Accords d'Évian, au moment du siège de Bab El Oued, de l'épisode du Massacre de la rue d'Isly et du maquis de l'Ouarsenis.

Dans un premier temps, les actions de l'OAS viseront des personnalités ou des sympathisants connus pour leurs positions politiques ou administratives du gouvernement légal français affichant des opinions pro FLN ou anti Algérie française, en Algérie comme en métropole, mais consisteront également en des actions armées contre la population musulmane soupçonnée, a priori, de soutenir le FLN.

En Métropole, de nombreux attentats visant, en particulier la personne même du Président de la République.

Dans un deuxième temps l'OAS décrète la politique de la Terre Brulée. Alors, les jeunes troupes sillonnent les rues et déclenchent des actions de leur propre initiative. Il ne fait pas bon avoir un faciès maghrébin ou une attitude mal interprétés pour les Européens. C'est la terreur et le Chaos. Les petits fonctionnaires, éboueurs, facteurs, balayeurs,…ainsi que les petits commerçants ont été assassinés ou ne veulent plus quitter leurs quartiers. Le fait de saluer un copain de classe gendarme condamne à mort un commerçant connu au moins pour sa neutralité. Les rues d'Alger sont jonchées de déchets et chaque immeuble s'organise pour aller chercher le courrier à la Grande Poste. Lorsque ce n'est pas la musique des Casseroles qui nous empêche de dormir ce sont les "nuits bleues" où les explosions de ce que nous appelions des "Strounga" se succèdent.

Même les Algériens plutôt favorables à la France ne peuvent plus supporter cette répression aveugle. Et l'exode, la fuite, vers la Métropole est désormais inévitable.

C'est aussi à cette époque que l'on voit apparaitre l'appellation "Pieds-Noirs" "(mais ques aco ça les pieds-noirs" dixit ma mère) qui deviendra par la suite symbole de Rapatriés.

Les membres de l'OAS sont eux-mêmes pourchassés sans répit par les forces gaullistes (les Barbouzes puis le SAC). L'OAS sera largement soutenue par la population française d'Algérie, mais ses nombreux attentats la feront rejeter par l'opinion publique métropolitaine.

Bilans

L'historien français Rémi Kauffer estime que l'OAS a assassiné entre 1 700 et 2 000 personnes. Le journaliste américain Paul Hénissart cite lui une source officieuse selon laquelle le nombre de victimes assassinées en Algérie s'élève à 2 200. L'historien français Guy Pervillé, s'appuyant sur deux rapports des forces de l'ordre (l'un de la Sûreté nationale, l'autre du général Fourquet, commandant supérieur des troupes françaises), et considérant l'« escalade de la violence » entre le printemps et l'été 1962, estime que ce chiffre est peut-être inférieur à la réalité. Son collègue américain Rudolph J. Rummel considère lui que le nombre de victimes s'élève à au moins 12 500 (12 000 civils et 500 membres des forces de l'ordre), estimation comparable à celle de Charles de Gaulle dans ses Mémoires d'espoir. L'historien Olivier Dard estime ces bilans très exagérés. L'OAS a elle aussi subi des pertes et officiellement 119 membres ont été tués.

En 1962, 635 membres de l'OAS sont arrêtés. 224 sont ensuite jugés, dont 117 acquittés, cinquante-trois condamnés à une peine de prison avec sursis, trente-huit à une peine de prison ferme, trois sont condamnés à mort et fusillés (Roger Degueldre, Claude Piegts et Albert Dovecar); le lieutenant-colonel Bastien-Thiry est également passé par les armes. Son appartenance à l'OAS est sujette à discussion, mais selon les membres du commando il appartenait bien, comme eux, à la dernière formation de l'OAS-Métropole, également appelée OAS-CNR. Jusqu'en 1965, les arrestations s'élèveront à dix mille personnes et le nombre de condamnés à 3 680 (décompte de Rémy Kauffer, qui estime par ailleurs que les policiers, gendarmes, militaires et barbouzes ont tué plusieurs centaines de Français d'Algérie durant la guerre). Plusieurs membres de l'OAS se sont réfugiés à l'étranger, notamment en Espagne, au Portugal et en Amérique du Sud. Plusieurs sont condamnés à mort par contumace (Joseph Ortiz, le colonel Chateau-Jobert, André Rossfelder, le colonel Arnaud de Seze, le colonel Yves Godard, le capitaine Pierre Sergent).

En ce qui concerne les seuls officiers de l'armée française membres ou sympathisants OAS, environ 490 ont été condamnés à de la prison, 530 rayés des cadres, 1300 démissionnent.

Dès le mois de décembre 1964, les prisonniers condamnés à des peines inférieures à quinze ans de détention sont amnistiés, car il s'agit de prisonniers politiques. En mars 1966, une centaine de condamnés est gracié et, trois mois plus tard, une seconde loi d'amnistie efface les condamnations des condamnés libérés. Le général Jouhaud, condamné à mort le 13 avril 1962, passe 235 jours dans une cellule de condamné à mort, sa peine est commuée en perpétuité, il est libéré en décembre 1967.

En 1968, des anciens de l'OAS rencontrent Jacques Foccart pour lui proposer leur ralliement au régime gaulliste contre la "chienlit" et demander l'amnistie des membres de l'organisation encore incarcérés, ce qu'ils obtiendront. Cette amnistie est promise par De Gaulle à Massu, lors de sa visite à Baden Baden. En juillet 1974, une amnistie complémentaire efface d'autres condamnations pénales.

En décembre 1982, les officiers survivants sont réintégrés dans les cadres de l'armée par une nouvelle amnistie. En 1987, une loi sur les rapatriés amnistie les dernières condamnations encore effectives.

En mars 1993, un trio d'anciens de l'OAS assassine Jacques Roseau, lui-même ancien membre de l'OAS et président de l'association de rapatriés "Recours", faisant de lui la dernière victime de l'organisation.

De nos jours, encore, nombreuses sont les tentatives de reconnaissance des victimes OAS comme mortes pour la France et inscrites sur nos Monuments aux Morts.

Heureusement, de nombreuses associations veillent, luttent, voir attaques devant les Tribunaux pour casser des délibérations municipales. Il faut citer, entre autre, la Ligue des Droits de l'Homme et les Pieds-Noirs progressistes. (les liens sont dans la colonne de Gauche)

07:10 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : algérie, oas

29 novembre 2010

Le putsch des Généraux du 23 avril 1961

Le putsch des Généraux du 23 avril 1961, également appelé putsch d'Alger, est une tentative de coup d'État, fomentée par une partie des militaires de carrière de l'armée française en Algérie, et conduite par quatre généraux (Maurice Challe, Edmond Jouhaud, Raoul Salan et André Zeller). Ils déclenchèrent cette opération en réaction contre la politique du président de la République, le général de Gaulle, et de son gouvernement, qu'ils considéraient comme une politique d'abandon de l'Algérie française. Le général Raoul Salan a été invoqué par les putschistes, mais, si celui-ci n'a pas désapprouvé une telle méthode, il n'avait pas pour autant été informé des préparatifs par les comploteurs.

Contexte

Le 8 janvier 1961, par un référendum sur l'autodétermination en Algérie organisé en métropole, les Français s'étaient prononcés en majorité en faveur de l'autodétermination. C'est alors que des négociations secrètes avaient été ouvertes entre le gouvernement français de Michel Debré et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) lié au Front de libération nationale. Une partie des cadres de l'armée, qui avaient mené sept années de durs combats sous la direction de plusieurs gouvernements depuis le début de la Guerre d'Algérie, se sentit trahie par le pouvoir parisien, par le général de Gaulle, et voulut s'opposer ainsi aux projets d'indépendance de l'Algérie. Le pouvoir gaulliste était bien informé depuis plusieurs mois par la police judiciaire d'Alger et les services de renseignements des intentions de certains militaires. L'année précédente, le 25 janvier 1960, pendant la semaine des barricades, le colonel Antoine Argoud s'était même entretenu avec Michel Debré pour demander un changement de politique, faute de quoi « une junte de colonels » renverserait le gouvernement pour maintenir l'Algérie comme territoire français. La tension étant montée tout au long de l'année 1960, une possibilité de coup d'État est alors dans tous les esprits en particulier au printemps 1961.

Déroulement

SalanChalleJouhaudZeller.jpg

Vendredi 21 avril

Le 21 avril 1961, les généraux en retraite Raoul Salan, André Zeller, Maurice Challe et Edmond Jouhaud, secondés par les colonels Antoine Argoud, Jean Gardes, ainsi que Joseph Ortiz et Jean-Jacques Susini, prennent le contrôle d'Alger. Challe y critique alors la « trahison et les mensonges » du gouvernement envers les Algériens qui lui ont fait confiance, et annonce que :

    « le commandement réserve ses droits pour étendre son action à la métropole et reconstituer un ordre constitutionnel et républicain gravement compromis par un gouvernement dont l'illégalité éclate aux yeux de la nation. »

Dans la nuit, le 1er régiment étranger de parachutistes (REP) sous les ordres du commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, commandant par intérim du régiment, s’empare en trois heures des points stratégiques d'Alger, notamment du Gouvernement général d'Alger, de l’hôtel de ville et de l’aéroport d'Alger. Les chances de réussite sont toutefois minces, car le 1er REP ne représente que 1 000 hommes, soit à peine 0,3 % des effectifs militaires français présents en Algérie. Le coup n'est pas suffisamment préparé pour rallier d'autres régiments ou les fonctionnaires civils (policiers, administration préfectorale).

Le préfet de police de Paris, Maurice Papon, et le directeur de la Sûreté nationale, montent une cellule de crise dans un salon de la Comédie-Française, où le général de Gaulle assiste à une présentation de Britannicus. Le chef de l'État est informé pendant l'entracte par Jacques Foccart, secrétaire général aux Affaires africaines et malgaches, son plus proche collaborateur.

Samedi 22 avril

La population d'Alger apprend à 7 heures du matin, par un message lu à la radio que « l'armée a pris le contrôle de l’Algérie et du Sahara ». Les trois généraux rebelles, Maurice Challe, Edmond Jouhaud, et André Zeller, en accord avec les colonels Godart, Argoud et Lacheroy, font arrêter le délégué général du gouvernement, Jean Morin, le ministre des transports, Robert Buron, qui se trouvait en voyage, et un certain nombre d’autorités civiles et militaires. Quelques régiments se mettent sous les ordres des généraux.

À Paris, la police arrête dans la matinée le général Jacques Faure, six autres officiers et quelques civils. Lors du Conseil des ministres à 17 heures, de Gaulle, serein, déclare : « Ce qui est grave dans cette affaire, messieurs, c’est qu’elle n’est pas sérieuse ». L’état d’urgence est décrété en Algérie. Les partis de gauche, les syndicats et la Ligue des droits de l’homme appellent à manifester « l’opposition des travailleurs et des démocrates au coup de force d’Alger ».

Vers 19h, Challe s’exprime à la radio d’Alger :

    « Je suis à Alger avec les généraux Zeller et Jouhaud, et en liaison avec le général Salan pour tenir notre serment, le serment de l’armée de garder l’Algérie pour que nos morts ne soient pas morts pour rien. Un gouvernement d’abandon […] s’apprête aujourd’hui à livrer définitivement l’Algérie à l’organisation extérieure de la rébellion. […] L’armée ne faillira pas à sa mission et les ordres que je vous donnerai n’auront jamais d’autres buts. »

Dimanche 23 avril

Salan arrive d’Espagne. Challe, de plus en plus isolé, refuse d’armer les activistes civils.

À 20 heures, le président Charles de Gaulle, vêtu de son ancien uniforme de général, paraît à la télévision, et prononce un discours appelant les soldats d'Algérie, les Français, d'Algérie ou de métropole, à refuser le coup d'État ; il informe également des mesures qu'il prend :

    « Un pouvoir insurrectionnel s'est établi en Algérie par un pronunciamiento militaire. Les coupables de l'usurpation ont exploité la passion des cadres de certaines unités spécialisées, l'adhésion enflammée d'une partie de la population de souche européenne qu'égarent les craintes et les mythes, l'impuissance des responsables submergés par la conjuration militaire. Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité : un groupe d'officiers, partisans, ambitieux et fanatiques. Ce groupe et ce quarteron possèdent un savoir-faire expéditif et limité. Mais ils ne voient et ne comprennent la nation et le monde que déformés à travers leur frénésie. Leur entreprise conduit tout droit à un désastre national. Car l'immense effort de redressement de la France, entamé depuis le fond de l'abîme, le 18 juin 1940 ; mené ensuite jusqu'à ce qu'en dépit de tout la victoire fût remportée, l'Indépendance assurée, la République restaurée ; repris depuis trois ans, afin de refaire l'État, de maintenir l'unité nationale, de reconstituer notre puissance, de rétablir notre rang au dehors, de poursuivre notre œuvre outre-mer à travers une nécessaire décolonisation, tout cela risque d'être rendu vain, à la veille même de la réussite, par l'aventure odieuse et stupide des insurgés en Algérie. Voici l'État bafoué, la nation défiée, notre puissance ébranlée, notre prestige international abaissé, notre place et notre rôle en Afrique compromis. Et par qui ? Hélas ! hélas ! hélas ! par des hommes dont c'était le devoir, l'honneur. La raison d'être de servir et d'obéir. Au nom de la France, j'ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés pour barrer partout la route à ces hommes-là, en attendant de les réduire. J'interdis à tout Français et, d'abord, à tout soldat d'exécuter aucun de leurs ordres. L'argument suivant lequel il pourrait être localement nécessaire d'accepter leur commandement, sous prétexte d'obligations opérationnelles ou administratives, ne saurait tromper personne. Les seuls chefs, civils et militaires, qui aient le droit d'assumer les responsabilités sont ceux qui ont été régulièrement nommés pour cela et que, précisément, les insurgés empêchent de le faire. L'avenir des usurpateurs ne doit être que celui que leur destine la rigueur des lois. Devant le malheur qui plane sur la Patrie et la menace qui pèse sur la République, ayant pris l'avis officiel du Conseil constitutionnel, du Premier ministre, du Président du Sénat, du Président de l'Assemblée nationale, j'ai décidé de mettre en œuvre l'article 16 de notre Constitution. A partir d'aujourd'hui, je prendrai, au besoin directement, les mesures qui me paraîtront exigées par les circonstances. Par là même, je m'affirme, pour aujourd'hui et pour demain, en la légitimité française et républicaine que la nation m'a conférée, que je maintiendrai, quoi qu'il arrive jusqu'au terme de mon mandat ou jusqu'à ce que me manquent soit les forces, soit la vie, et dont je prendrai les moyens d'assurer qu'elle demeure après moi. Françaises, Français ! Voyez où risque d'aller la France par rapport à ce qu'elle était en train de redevenir. Françaises, Français ! Aidez-moi !

Conformément à l'article 16 de la Constitution de la Cinquième République française, le général de Gaulle se saisit alors des pleins pouvoirs.

« Cinq cent mille gaillards munis de transistors », comme dira le général de Gaulle à propos du contingent, ont entendu son appel à la désobéissance légitime, et de nombreux appelés refusèrent d’exécuter les ordres des officiers rebelles.

À 00 h 45, le premier ministre Michel Debré apparaît à la télévision et appelle la population à se rendre sur les aéroports « à pied ou en voiture », « dès que les sirènes retentiront », pour « convaincre les soldats engagés trompés de leur lourde erreur » et repousser les putschistes : on s'attendait en effet à des parachutages ou des atterrissages de troupes factieuses sur les aéroports. Mais la consigne lancée par Debré dans son affolement aurait risqué, si elle avait été suivie, d'encombrer les voies conduisant aux aérodromes, et de gêner davantage la riposte des forces de l'ordre que les parachutistes factieux.

Des volontaires, anciens de la France libre et jeunes gaullistes de gauche (UDT), se rassemblèrent dès le lundi matin à Paris, au Petit Palais, pour soutenir militairement de Gaulle, mais, contrairement à une légende, il ne semble pas que des armes leur aient été distribuées. Quant aux syndicats ils décidèrent pour le lendemain une grève générale d’une heure qui fut fortement suivie.

Selon le journaliste Pierre Abramovici et le politologue Gabriel Périès dans leur livre La Grande Manipulation, les putschistes n'avaient pas les moyens d'envoyer des parachutistes à Paris, car les avions de transport de troupe étaient trop peu nombreux et incapables de transporter des véhicules. Le gouvernement connaissait cette faiblesse, mais, d'un autre côté, n'était pas sûr du loyalisme absolu des cadres d'active de métropole.

Lundi 24 avril

Le député Chérif Sid Cara, lui-même putschiste en 1958, en tant que président du conseil général d'Oran, publie avec vingt autres conseillers généraux un communiqué de soutien le 24 avril 1961 aux putschistes. Ils y « saluent avec ferveur l’aube d’une Algérie définitivement française, gage évident d’une fraternité réelle...», et « ...présentent l’hommage profondément ému de leur reconnaissance à l’armée française et à ses chefs dont ils se déclarent totalement solidaires...».

Mardi 25 avril

Les généraux putschistes se font acclamer une dernière fois.

Le gouvernement français ordonne la mise à feu de la quatrième bombe pour des essais nucléaires à Reggane (Gerboise verte) afin que l'engin nucléaire ne puisse tomber dans les mains des généraux putschistes.

Mercredi 26 avril

Progressivement, les troupes ayant suivi les généraux se rendent. Les insurgés se retirent avec les parachutistes à Zéralda à 30 km d’Alger. Le commandant Denoix de Saint-Marc, qui avait le premier suivi les généraux, se constitue prisonnier. Le général Challe se rend aux autorités (il est aussitôt transféré en métropole). Le putsch a échoué, mais l'article 16 reste en vigueur pendant cinq mois pour éviter tout nouveau soulèvement.

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Procès et amnisties

Le Haut Tribunal militaire condamne Challe et André Zeller à 15 ans de réclusion. Ils sont amnistiés et réintégrés dans leurs dignités militaires cinq ans plus tard. Salan et Jouhaud s'enfuient, avant d'être arrêtés et condamnés, le premier à la détention à perpétuité, et le second, qui était natif d'Algérie, à la peine de mort (qui fut ensuite commuée). Les partisans acharnés de l’Algérie française entrent dans l’action clandestine avec l’Organisation armée secrète (OAS). Salan et Jouhaud en prennent la tête avec Jean-Jacques Susini. Les condamnations pénales sont effacées par la loi d'amnistie de juillet 1968.

Les généraux putschistes encore vivants sont réintégrés dans l'armée (corps de réserve) en novembre 1982, par une loi d'amnistie. Il s'agit de Raoul Salan et de Edmond Jouhaud, ainsi que six généraux ayant joué des rôles moins importants :

    * Pierre-Marie Bigot, 73 ans, ancien commandant de la région aérienne d’Alger, libéré en 1965 ;

    * Jacques Faure, 77 ans, représentant des putschistes à Paris, libéré en 1966 ;

    * Marie-Michel Gouraud, 77 ans, commandant le corps d'armée de Constantine, libéré en 1965 ;

    * Gustave Mentré, 73 ans, qui ne fera pas de prison ;

    * Jean-Louis Nicot, 71 ans, major général de l’armée de l'air, qui n’avait pas voulu organiser la protection de la métropole contre une possible opération aéroportée des putschistes, libéré en 1965 ;

    * André Petit, 72 ans, qui avait accepté le commandement militaire d’Alger, et avait été libéré en 1964.

Remarques

    * L'expression « quarteron de généraux » a été relevée comme impropre, en ce qu'elle fait référence au nombre quatre, alors que quarteron désigne originellement « un quart de cent » soit 25. Néanmoins le mot peut être employé avec le sens de « petit groupe ».

    * À pied, à cheval et en voiture fait référence à une comédie filmée de 1957, avec Noël-Noël, Darry Cowl et Sophie Daumier, qui avait été très populaire en France. La formulation de Michel Debré avait donc, involontairement ou non, revêtu un côté facétieux, dans le but peut-être de montrer que les généraux « n'impressionnaient pas » le gouvernement.

   * Les Pacifistes européens, favorables à une solution négociée, ont eu chaud ! Les listes noires étaient prêtes et les arrestations massives programmées. Elles ne purent être organisées mais servirent de fondement aux actions de L'OAS quelques jours plus tard.

07:31 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : algérie, putsch des généraux