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27 mai 2009

Mais combien sommes-nous ?

 

Les statistiques démographiques que j’ai pu pécher sont assez troublantes.

 

ville d'alger.jpgEn 1900 il y aurait eu 1 million de colons pour 1 million de musulmans. En 1962, toujours 1 million de français d’Algérie pour 10 million d’Algériens. A peine le renouvellement de la population européenne. Est-ce les filles qui finalement n’étaient pas si jolies que cela ou la réputation virile de nos pères surfaite ? Je pense plutôt que cela révèle une amorce de retour au pays, une immigration ralentie, des pertes guerrières, une mortalité infantile forte, (mon père, sur 7 enfants 3 sont devenus adultes, pour moi c’est 2 sur 4), enfin les incertitudes des années 50.

 

J’ai une petite question qui me taraude, que représente aujourd’hui ce million de personnes ?

Je ne pense pas que nos statisticiens puissent répondre. Nous nous sommes noyés dans la masse, avons marié l’ardéchoise, la parisienne ou la ch’timi. Mes enfants sont déjà des demi-sel, mes petits enfants des quarts.

 

Autres statistiques, il y avait 3 départements français d’Algérie, avant que le gouvernement ne quadrille plus le territoire. Il y avait, bon an mal an, de 10 à 15 % de français d’Algérie dans les départements d’Alger et de Constantine, prés de 33% à Oran. N’est-ce pas une explication à l’apparente meilleure assimilation des Oranais ? Avec le facteur temps bien entendu, XVIème siècle.

 

Il y a aujourd’hui 4 million de personnes originaires d’Algérie en France. Lorsque j’ai eu l’occasion professionnelle de fréquenter ces familles, très rares étaient originaires d’Alger. Oran et le bled étaient l’origine quasi absolue. A telle point que le retour au pays est devenu le retour au bled.

 

Monument aux morts.jpgEnfin je pensais qu’il ne restait plus de français d’Algérie restés au pays. Je viens de faire quelques recherches généalogiques auprès de l’Archevêché d’Alger. Il y a encore 13 églises sur le diocèse ou une messe est dite toutes les semaines et trois églises à Alger (Cathédrale, Notre dame d’Afrique et St Charles) ou la messe est dite tous les jours. Bien sur cela n’indique pas le nombre d’ouailles présentes, mais cela représente quelque chose.

 

Je commence à recevoir des témoignages de familles qui sont restées en Algérie après l’indépendance. Leurs témoignages m’intéressent beaucoup. Si cela vous dit, ce serait avec plaisir que je les publierais.

10:00 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : algérie

26 mai 2009

Dieu que le hasard fait parfois bien les choses.

Dieu que le hasard fait parfois bien les choses.

 

Je m’apprêtais ce matin à indiquer tous les sites qui m’ont permis de réaliser la première partie de mon pensum. Auparavant, com’d’hab, je dépouille ma boite et je rends une petite visite aux sites des copains et au mien.

 

Et alors là ! voici ce que j’ai reçu :

 

Bonjour,

je viens de tomber sur votre blog PATAWET et je tiens à vous féliciter
pour le travail que vous accomplissez. J'apprécie tout particulièrement
la qualité de vos textes, leur ton et l'orientation que vous donnez.
Félicitations aussi pour le contenu historique et le travail de
recherche bibliographique que vous réalisez pour chaque sujet.

Franchement bravo.

J'ai moi-même un site internet et j'ai voulu y mélanger toutes les
personnes originaires d'Algérie sans distinction. C'est un site qui est
fait pour retrouver des connaissances, échanger des photos, des
recettes, ... Je vous laisse le découvrir:
                                   Algérie mes racines


J'y ai aussi des textes d'actualité, des histoires, ... Malheureusement
je n'ai pas assez de temps pour rédiger du contenu et comme vous avez
pu le constater avec votre blog, d'une façon générale les visiteurs
participent peu et réagissent peu. Pour vous rassurer un peu je viens
de jeter un coup d'œil à mes statistiques, mes deux premiers mois j'ai
eu un nombre équivalent au votre. Maintenant, cela me semble dérisoire
comme visites. Effectivement il faut beaucoup plus de visites pour que
votre site commence à s'animer un peu.

Je vais m'abonner à votre flux RSS et au tournant d'un sujet
intéressant je renverrais certainement mes visiteurs vers votre site
pour le faire découvrir. J'avoue que le sujet "Pieds-Noirs qu'es aco?"
me plait particulièrement pour faire un renvoi vers votre site.

Cordialement,

Agnès

 

Ma parole je suis fier de môa !!!

 

Richelieu.jpgLorsque j’ai ouvert ce blog, je savais ou je voulais en venir mais je pensais que le chemin allait être difficile, semé de figuiers de barbarie, et que la « réaction » allait réveiller ces vieilles rancœurs et étriper cet humaniste évoquant les  pourquoi plutôt que la fin tragique de l’Algérie française.

 

Je dois dire que mes surfes passés sur la toile m’avais laissé à penser que le tracé serait laborieux. Le sujet Algérie sur Wikipédia était fermé pour cause de controverse massive, des sites personnels, trouvés au hasard des moteurs étaient souvent de formidable document sur la période française avec des recueils de photos vastes, j’avais parfois apporté ma contribution, mais dès que l’on abordait la fin de l’histoire c’était yéma yéma !

 

Aujourd’hui, je dois dire que je suis beaucoup plus optimiste. Si vous souhaitez approfondir vos réflexions ou rechercher des documents je vous propose :

 

Wikipédia-Algérie : Comme vous le savez Wikipédia est une auberge espagnole, on y mange ce que l’on y apporte mais désormais, le sujet est vaste, bien illustré, bien détaillé et sans controverse.

 

Alger-Algéroisement : beaucoup de photos sur Alger et l’Algérois.

 

Alger-Roi : c’est de ce site dont je parlais plus haut. Formidable recueil de Photos sur Alger et toutes les communes de l’Algérois ce travail est remarquable mais, les commentaires ou textes …

 

Bains-Romains : Souvenirs plus limités à ce secteur mais c’est là que j’ai trouvé mes photos de plage.

 

Gazette de Là-bas :  Un peu trop là-bas mais anciennes photos intéressantes.

 

Et puis, le petit dernier :

Algérie mes racines : dont je parle plus haut.

 

Sinon des sites plus officiels :

Algérie-mondes

Office du tourisme

 

Sinon, faites comme moi fouillez la toile ou continuez à me lire régulièrement.

Mais vous pouvez aussi m'envoyer vos témoignages je me ferais un plaisir de les publier.

13:55 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : algérie, alger

25 mai 2009

Une main devant, une main derrière !

Alors, nous en arrivons aujourd’hui à l’expression qui m’irrite le plus au monde !

Une main devant, une main derrière !

Je ne peux pas évoquer ma terre d’origine sans que l’on me réponde : « Une main devant une main derrière ».

 

Exode 2.jpgBien sur, si l’on évoque la spoliation de sa terre, dont nous étions depuis plusieurs générations, de ses souvenirs, de ses cimetières, de ses propriétés et souvent de son mobilier, bien sur les rapatriés ont tout laissé.

 

Mais si l’on évoque l’aspect du patrimoine financier, vous pensez bien que les riches, ceux dont la famille avait amassé un patrimoine conséquent, avaient déjà depuis des années préparé leurs arrières en métropole, en Israël, aux Amériques, ou ailleurs.

 

Par contre les classes laborieuses, sans doute plus équipées que le métropolitain, en électroménager par exemple, n’ont pu emporter plus que ce qu’ils possédaient.

 

Exode 4.jpgJe ne veux pas, à nouveau, en remettre une couche sur ce colonialisme de peuplement, mais ce petit peuple de français d’Algérie n’a-t-il pas plus pâti des décisions politiques, des coups d’état et des actions militaires, et pour finir, par le déclenchement de l’insurrection militaro-fasciste,  qui s’appuyant sur la jeunesse et la pègre a développé une situation de guerre civile aveugle, fratricide et assassine.

 

Oui, en 1962, les attentats, les exécutions sommaires, la politique de la terre brulée, les rumeurs de valise ou de cercueil, oui tout cela a impliqué un exode massif, immédiat et donc inorganisé des français d’Algérie.

 

Même la plupart des familles des militants anticolonialistes, les militants eux-mêmes, s’ils n’avaient pas été assassinés, étaient réfugiés en métropole, sont parti pour « voir » avant d’y retourner.

 

Lorsque nous sommes retournés à Alger nous avons retrouvés des voisins, bien sur pas impliqués dans l’OAS, qui étaient restés sur place et qui n’avaient pas été inquiétés. Je reparlerais plus tard de cette époque.

 

lavalise1.jpgJe reparlerais également de la situation des métropolitains au moment de cet exode et de l’accueil réservé aux rapatriés, qui ont certainement aussi contribué à ces lamentations. Mais il me faut rappeler que les rapatriés ont été indemnisés ! Bien sur, pas à la hauteur de leurs pertes morales mais en fonction de leurs ressources déclarés les années précédentes.

 

Il est toujours difficile de réécrire l’histoire. Mais, que serait devenue l’Algérie avec une autre politique d’intégration, une autre politique militaire, sans intervention extérieure des 2 blocs qui s’affrontaient à l’époque, Je ne suis pas capable d’imaginer l’histoire des français d’Algérie mais j’affirme que le peuple habitant l’Algérie aurait certainement été plus heureux.

ctaitlexodepn2.gif

11:07 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : algérie

23 mai 2009

Les Mahonnais

La plupart de mes aïeux sont originaires de France. La seule qui venait d’ailleurs était une petite fille de 5 ans venue bien sur avec ses parents. En fait c’est le mari d’une des descendante de sa sœur, qui m’a contacté par généalogie.com et ma raconté l’histoire telle qu’il avait pu la reconstituer. C’est donc Maria Caules, aïeule à la 6éme génération,  et Fortuny Bartolomeo, qui émigrèrent en 1850 avec leur fille Lucia, née à Alayor sur l’ile de Minorque, J’ai eu envie de présenter un Texte de Jean-Jacques Jordi trouvé sur le site : Algéroisement votre.

L'histoire des populations d'origine européenne en Algérie est chose récente et les premiers éléments dont nous disposons permettent par delà l’opposition des historiographies  « colonialiste »  ou  « anticolonialistes »,  d'affirmer que la population   « française »  d'Algérie est la résultante d'apports très divers et d'un mélange de populations.

Parmi ces apports,  nous distinguons les migrations organisées par l'Etat Français,  concernant l'Europe du Nord-est principalement les Allemands et les Suisses,  avec naturellement les populations métropolitaines  :

Alsaciens-Lorrains,  Parisiens,  Languedociens,  Corses


et les migrations tolérées d'origine euro-méditerranéennes,  c'est-à-dire  les Espagnoles,  les Italiens,  et les Maltais qui débarquent en terre africaine sans être officiellement appelés par les autorités françaises.

 Cependant cette dernière population échappe au système défini : Les " Mahonnais ".

Les Mahonnais


Par  "Mahonnais",  nous entendons dans leur ensemble,  les émigrants de  l'île de Minorque,  car tel était le terme générique que leur donnais les Français.    Les conditions de la venue des Mahonnais en Algérie tiennent à un faisceau de facteurs parmi lesquels il convient d'en extraire trois principaux :

  • L'île de Minorque  est entrée dans une phase de dépression économique dès 1810,  aggravée par des accidents climatiques et par une attitude royale espagnole désastreuse.
    Misère et inoccupation sont les deux caractéristiques de l'île.
  • L'entreprise française de 1830 en Algérie passe par  les Baléares  et surtout par  Mahon.
    En faisant de  l'île de Minorque  leur base d'intendance,  leur hôpital pendant plusieurs années,  les français relancent certes une économie insulaire importante,  mais leur départ à la fin des années 1830 replonge l'île dans sa torpeur économique.
    Cependant,  les militaires français vont apprécier une population  honnête et travailleuse,  et se rendre compte du bénéfice que l'on peut tirer de sa venue en Algérie.
  • Comme le dit justement  E. Violard :

" Les Mahonnais  furent attirés en Algérie au lendemain de la conquête.
  Leur arrivée fut joyeusement saluée par l'armée d'occupation qui fut peu de temps après
  abondamment pourvue de légumes frais et variés ".




Pour autant, leur venue en terre africaine ne s'est pas faite de façon régulière et nous déterminons deux flux migratoires bien distincts :

  • la migration "spontanée" entre 1830 et 1835.

La migration organisée par  le Baron de Vialar  à partir de 1835 - 1836.

De 1830 à 1835,  se produisent d'incessants échanges entre  Minorque et Alger  principalement.

Le Moniteur Algérien  en souligne très régulièrement le trafique maritime,  et en 1834,  Alger  possède sa rue de Mahon.

En règle générale,  la migration comporte plus d'homme que de femmes les retours dans l'île sont fréquents.   L'objectif est naturellement de trouver un travail pour quelques mois et repartir.

Ainsi en mars 1832,  2000 Mahonnais débarquent à Alger en quête d'un travail.

Le premier recensement des européens de la ville effectuer en 1833 fait apparaître :

689  Anglo-maltais,

671 Italiens

et

781 Mahonnais  (et non pas Espagnols)


Ces derniers travaillent essentiellement sur le port ou dans la reconstruction des bâtiments.

Le second chapitre qui s'ouvre aussitôt dès la fin de 1835,  est fort différent.
C'est le réseau du  Baron de Vialar.    Rien ne destinait  Antoine - Etienne Augustin de Vialar  à tenter l'aventure en Algérie.

 
Quand la révolution de 1830 éclate,  ce procureur du roi Charles X,  et propriétaire terrien dans le Tarn,  démissionne et décide de partir en Egypte.

 
Faisant escale à  Alger  en 1832,  le jeune aristocrate est séduit par la nature algérienne et s'y établit.
Il se porte acquéreur de plusieurs propriétés et apparaît aux yeux de tous comme un véritable pionnier de la colonisation libre.   En 1835,  la Société Coloniale  le charge de se rendre à Paris pour y défendre la colonisation  "en gants blancs".


Son bateau pris dans une tempête,  fait route vers  Mahon  où il rencontre une ancienne connaissance,  Don Costa  secrétaire à la police du gouverneur de l'île.   Ensemble,  ils conçoivent l'idée d'une organisation d'un réseau d'émigration vers l'Algérie dans des modalités fort simples

 

Balancelles minorquaises.jpgAmarrées sur la jetée nord, ces balancelles dont l'une portait le nom évocateur de

 " Espéranza ",


  assuraient de nombreuses rotations entre Alger et Minorque.


Don Costa  se chargeait de recruter les familles et s'assurait que le gouvernement espagnol n'y mettrait aucune obstacle.   De son coté  Vialar  s'occupait du transport et du travail.   Le réseau fonctionna de suite,  et dès mars 1836,  nous constatons une nette accélération de mouvement migratoire  "Mahonnais".


  (les villages les plus touchés étaient  Condadela,  Mercadal,  San-Luis,  et Mahon ).
En septembre de la même année,  Le Moniteur Algérien  souligne que :

 
"Quant à l’accroissement de la population européenne,  nous pouvons affirmer que le nombre des  Mahonnais  venus depuis peu dépasse à lui seul le chiffre de  1.600 personnes...  Ni le travail,  ni la terre ne sont près de leur manquer en Algérie".

 
Cette deuxième vague migratoire est essentiellement familiale,  massive,  encouragée,  et destinée avant tout au travail de la terre.   Ce faisant, elle devenait quasi définitive et l'accueil des familles fut généralement très chaleureux.   Le réseau mis en place par de  Vialar  servit à d'autres colons comme de   Tonnac,  Lermercier,  Saussure ....   Et il fonctionna jusqu'à la fin des années 1840,  date à laquelle la migration minorquine se tarit autant par un appel qui ne se fait plus   :

  •   crise économique et financière en Algérie.
  •   fin de la colonisation en  "gants blancs".
  •   frein mis à l'émigration minorquine par le gouvernement espagnol
      (devant les risques de désertification de l'île).


Nous avons retrouvé des  Mahonnais  partout en Algérie,  de Bône à Oran,  mais ce sont les alentours d'Alger,  zone de leur première installation,  qui en accueillent le plus grand nombre avec  Hussein-Dey  et surtout  Fort de l'Eau  comme pépinière.

Fort de Borg-Kifan.jpgD'ailleurs,  Fort de l'Eau  et  Mahonnais  sont étroitement imbriqués au point que ça en devient une redondance.

Fort de l'Eau  est un ancien site d'occupation humaine puisque son occupation débute en 1556.


En 1830,  les terres alentours formant le domaine de la Rassauta sont propriétés de la tribu des Aribs.


Il faut dire que ce vaste domaine sur plus de 4.000 hectares comprenait cinq grandes fermes et plusieurs petites fermes, ce qui excita la convoitise de nombre de spéculateurs.

Le domaine fut attribué à un aristocrate polonais,  le prince de Mir-Mirsky  en juin 1835 qui n'en fit rien,  puis à un espagnol,  le comte del Valle de San Juan  en 1844 qui ne fit pas mieux.   Par deux fois la colonisation de la Rassauta par des intérêts privés se solda par l'échec.   C'est alors que le ministère de la Guerre décida en avril 1846 la création d'un centre de population,  et l'ayant appris,  une cinquantaine de familles mahonnaises,  placées sous la protection du  baron de Vialar,  adressait une requête afin d'obtenir les concessions du centre.

Elles reçurent une réponse très favorable du Ministère lui-même qui enjoignait  Bugeaud  à faire le nécessaire :


"Cette demande mérite une sérieuse considération : Les Mahonnais font généralement d'excellents colons.  Ils sont très entendus dans la petite culture et leurs habitudes de travail,  d'économie et de sobriété les font presque toujours réussir.


C'est une des populations les plus actives et les plus utiles d'Algérie : ce sont les  Mahonnais  qui ont cultivé presque tous les terrains du massif d'Alger et ils approvisionnent pour ainsi dire à eux seuls de légumes et de fruits les marchés de la ville".

Bugeaud  admet le principe d'un  village Mahonnais,  le terme est officiel,  Fort de l'Eau.   Le 25 juillet 1849,  le préfet d'Alger nous apprend,  dans une lettre adressée au  Gouverneur Général  que 45 familles mahonnaises sous la direction de  Mathieu Marques,  Juan Fooelich  et  Juan Barbe,  ont été installées dans leurs concessions  sans subventions,  crise économique oblige.

Et le préfet de conclure : "il est impossible d'établir un village dans des conditions plus économiques"

En effet,  l'administration déboursa 7.000 francs pour le village mahonnais contre 40.000 à 45.000 francs pour les autres villages crées en même temps.   C'est de  Fort de l'Eau  que partirent d'autres  Mahonnais  vers la partie orientale côtière d'Alger.

A  Rouiba,  Ain Taya,  Réghaïa,  l'Alma,  le Fondouck,  le Cap Matifou,  Ain Béïda,  etc.,  nous relevons un grand nombre de concessionnaires Mahonnais.


Les autorités  françaises d'Algérie  étaient fort satisfaites des  Mahonnais.   Regroupés,  les Mahonnais  paraissaient vouloir vivre une vie spécifiquement  " mahonnaise"  la conception de l'habitat,   le  Mahonnais  construit de suite  une maison propre et naturellement passée au lait de chaux ,  les coutumes,  les marques de la vie sociale,  l'endogamie,  le code moral dont ils s'entourent..   La conception familiale et l'attachement à la terre étaient des éléments correspondant exactement à l'attente du gouvernement français pour l'Algérie.

Ce que la politique coloniale n’avait pas réussi à faire à cette époque avec les Français, elle le réussira avec  les mahonnais.


Monument aux minorquais.jpgSobres, travailleurs efficaces et économes, habiles en agriculture, ne se mêlant pas de politique générale, dédaignant assistance et bienfaisance, ayant la réputation, sinon d'être avares, du moins prés de leurs modestes biens, les mahonnais entraient parfaitement dans le cadre défini par la colonisation française.


Ce qui permis la venue des  Mahonnais  fut un travail sur et rémunéré.   Ce qui rendit durable leur installation fut l'obtention de concessions modestes certes, mais suffisantes pour envisager une promotion sociale.   Les  Mahonnais  furent d'emblée considérés comme des artisans de la colonisation reconnus de tous.

 
Leurs non renouvellement par de nouveaux apports de l'île   (même si des Majorquins et des Ibiziens vinrent s'installer et les relayer quelque peu)  en faisaient une communauté euro-algérienne et les liens avec la société d'origine s'étaient fort distendus.   Nous pouvons parler d'une rapide insertion dans le monde colonial,  d'une acculturation et d'une assimilation véritable dès la fin du  XIX ème Siècle  rendues possible par l'école française   (ils y tenaient fermement),  le coude à coude quotidien et la francisation des populations européennes par Paris en 1889.


En 1925-1926,  E. Violard  nous affirme que nous devons la merveilleuse colonisation,  l'opulente culture qui s'étend de  Mustapha  jusqu'à la  Régahaïa  sur plus de 40 kilomètres aux  Mahonnais.   A cette époque,  nous recensons dans les villages de cette plaine orientale-côtière  3.660 Français   d'origine mahonnaises et  30.180 Français  d’autres origines !

Le 31 mai 1952,  Fort de l'Eau  fêtait son centenaire et invitait les personnalités de Minorque à participer aux festivités,   mais dix ans plus tard,   tous se disaient rapatriés en métropole française,   ce qui sans doute correspondait à tous sentiments profonds et à la logique de l'histoire de la France en Algérie.


La place manque ici pour étudier les marques de la société mahonnaise et nous prions tous les :

    Pons,  Sintès,  Mercadal,  Lorens,  Ségui,  Fedelich,  Oliver,  Gener,  Juanéda,  Tuduri,  Alizina, Camps,  Coll,  Bertomeu,  Bagur, .....

Sans oublier Fortuny et Caules mes aïeux.

et bien d'autres encore, de nous excuser de ne pas le faire.

08:06 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : algérie, mahonnais

21 mai 2009

Pieds-Noirs qu'es aco ?

Si vous lisez régulièrement « Patawet » vous avez du vous rendre compte que j’utilisais rarement pour ne pas dire jamais l’appellation « Pieds-Noirs ».

Quelques explications :

Origines ?

Des explications plus ou moins crédibles, probablement imaginées après coup, ont été avancées : allusion aux souliers supposés vernis ou aux bottes noires des premiers immigrants ou aux brodequins noirs des soldats de l'armée d'Afrique, aux jambes des colons, noircies en défrichant les marécages, etc. Un oiseau migrateur entre la France et l’Algérie pourrait être à l’origine. Certains évoquent même les amérindiens pieds-noirs (Black-Feet) d'Amérique, qui auraient été présents dans les contingents américains qui débarquèrent en Afrique du Nord en 1942.

Toutes ces explications sont probablement fausses puisque, si elles étaient vraies, la dénomination de « pieds-noirs » aurait été connue en Algérie, bien avant la guerre d'indépendance.

Selon d'autres attestations, exprimées elles aussi après coup, le terme aurait désigné, vers 1901, des « Arabes », chauffeurs sur les bateaux à vapeur traversant la Méditerranée. Selon un article récent « Vous avez dit pieds-noirs », paru dans le magazine Pieds-Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui de janvier 1999, on explicite l'origine de ce sobriquet utilisé dans le jargon de la marine, mécanisée dès la fin du XIXe siècle : les marins d'Algérie habitués aux températures torrides auraient été affectés aux machines à charbon, comme les « gueules noires » des mines, tandis que les marins métropolitains, armés de l'écouvillon pour graisser les canons, se seraient vu baptiser bouchons gras puis à terre : les patos » de l'espagnol « canard », à cause de leur démarche chaloupée acquise sur le pont par suite du roulis. Une photographie de 1917, portant cette mention, y est insérée. Cette dernière explication est peut-être valable pour le mot « patos », très utilisé sur place avant 1949, mais vraisemblablement pas pour le terme « pied-noir » qui était rigoureusement inconnu à Alger jusque vers la moitié des années cinquante.

Précisément une explication moins connue concorde avec cette datation. C'est celle d'un article de l'Express naissant, dans laquelle l'auteur se livre à une vive diatribe contre les habitants français d'Algérie, les comparant aux indiens de la tribu des Pieds-Noirs tels qu'ils sont montrés de façon caricaturale par Hergé dans Tintin en Amérique, oisifs profiteurs du pétrole découvert sous leurs terres. Le cliché dénoncé par Albert Camus du colon milliardaire fumant cigare à bord de sa Cadillac viendrait de ce même article.

Mais alors, les intéressés eux-mêmes, à l'heure où leur destin était menacé, s'en sont saisis, au tout départ les étudiants d'Alger, pour en faire l'étendard de leur identité, comme en témoignent les noms de nombreuses associations.

Qu’es aco ça Pieds-Noirs ?

Je me souviens très bien, lors d’une des premières nuits des casseroles, il s’agissait de scander Algérie Française (pan pan pan – pan pan) à l’aide des batteries de cuisine. Il y en a qui vote avec leurs pieds, l’algérois votait avec ses casseroles !

Ma mère dit à mon père : « mais d’ou ça sort ça « Pieds-Noirs ?» nous étions au début des années 60 et mes parents n’avaient jamais entendus le terme.

Je conteste toute les versions ou il s’agirait de surnom donné par les Arabes. En effet ils auraient alors, parlé en Arabe et nous aurions repris le mot en arabe. Or il nous appelait Roumis, francaouis, pas pieds-noirs.

Pour ma part, j’aime bien cette histoire de marins. D’abord car elle énonce une explication plausible du mot Pathos dont nous affublions les métropolitains, mais surtout parce-que Pieds-Noirs aurait été un surnom donné à des arabes. Qu’est-ce qu’ils en pensent mes coreligionnaires ?

Pourquoi je conteste ?

Pour les raisons invoqués plus haut : un mot inusité en Algérie avant que les étudiants d’Alger en fassent leur étendard.

Parce qu’aujourd’hui, Pieds-Noirs est devenu synonyme de rapatriés vers sa mère patrie qu’elle que soit le pays d’immigration.

Parce qu’il fût, passé un temps, synonyme de fascisme, de nationalisme, de racisme, de vantardise, de forte gueule, et que je ne pense pas que nous soyons comme cela, je ne me revendique pas comme cela.

Enfin, il faut revenir au fait que l’amalgame des différentes origines européennes ne s’est jamais fait.  Seul l’exode et le rapatriement ont fédéré les français d’Algérie.

Français d’Algérie, rapatriés d’Algérie, anciens Colons d’Algérie, d’accord.

Mais Pieds-Noirs qu’es aco ?

un petit poème tout mignon!!

Trouvé au hasard du net,  " la babouche et le pied noir" est du chansonnier Christian Veber (merci au site : Gazette de la Bas)

 

Il était un petit Pied Noir,
Qui logeait dans une babouche
Tous deux faisaient plaisir à voir
Marchant du matin jusqu'au soir
La babouche autour du Pied Noir
Et le Pied Noir dans la babouche

La babouche un jour dit "Pourquoi
Traîner ce Pied Noir avec moi?
Marcher ensemble quel calvaire!
Il est lourd...Moi je suis légère
S'il voulait libérer les lieux
Seule je marcherais mieux

Dés lors la babouche travaille
Pour blesser le Pied le tenaille
Le comprime fait tant d'efforts
Que le Pied Noir ayant un corps
Et prenant brusquement la mouche
Se retire de la babouche

Le Pied Noir lui s'est replié
Bien sûr dans ses petits souliers
Mais il a poursuivi sa route
Et la plus étonnée sans doute
Fût la babouche qui n'a pas compris mais vu
Que sans Pied Noir elle ne marche plus

07:34 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : algérie, pieds-noirs