08 septembre 2010
La jeune fille et la mère de Leïla Marouane
Un roman choc, un roman phare, un roman terrible et essentiel sur la condition des femmes algériennes par Leïla Marouane. Le destin d’une femme, la mère et celui de sa fille si tôt pubère et avec qui on va vivre en pleine adolescence toute la tragédie des femmes. La mère fut une héroïne de la guerre d’Indépendance. Elle rêvait pour elle aussi, pour sa vie personnelle et celles des autres femmes une vie qui rimerait avec les mots choisis pour le pays. Las, ce sont les hommes qui reconstruisent le pays et cela dans le respect de la tradition. La vie de la mère ? La cuisine, l’enfermement, la couche d’un mari non choisi, les grossesses à répétition, de plus en plus aussi toutes les rigueurs de l’Islam. Défaite d’un combat non mené, elle rumine une rancoeur qui au terme de sa vie la fera sombrer dans la folie. Défaite, elle surinvestit en des espoirs pour sa fille aînée. Ecole, diplômes, Europe. Vie autonome et fuite de tous les travers de toutes les traditions. Mais que se passe-t-il lorsque la Tradition est la plus forte ? Lorsque les espoirs ne sont pas au rendez-vous ? Lorsque surtout la révolte d’une ado ne correspond à celle programmée par la mère, en matière de sexualité notamment ? C’est cela ce roman fort,dense,terrible,manifeste.
La jeune fille et la mère de Leïla Marouane aux Editions du Seuil
J'ai fait la connaissance de ce livre et de Leïla Marouane, sur le blog de ma Soeur de Racines Laurencel. Elle publie ces jours ci une longue conversation que lui a accordé Leïla.
Je vous "Ordonne" une visite chez : Laurencel. Cela eclairairera autrement la lecture de ce livre.
10:01 Écrit par Pataouete dans L'Algérie, Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : algérie, leïla marouane, la jeune fille et la mère
07 septembre 2010
L'Algérie au cœur ...
Où J'ai laissé mon âme par Jérôme Ferrari
(Actes Sud)
1957, Alger. Le capitaine André Degorce retrouve le lieutenant Horace Andreani avec lequel il a affronté l'horreur des combats puis de la détention en Indochine. Désormais, les prisonniers passent des mains de Degorce à celles d'Andreani, d'un tortionnaire à l'autre : les victimes sont devenues bourreaux. Autour de Tahar, figure étonnamment christique de la rébellion, les deux hommes devront trouver les armes pour affronter leurs trahisons intimes.
A travers trois personnages inoubliables, rassemblés dans la douleur par les injonctions de l'Histoire, Jérôme Ferrari, avec une magnifique intransigeance et dans une écriture somptueuse, invite le lecteur à affronter l'intimidante souveraineté de l'épreuve au prix de laquelle se conquiert toute liberté digne de ce nom.
Le Canard enchaîné :
Ils ont tout connu, la débâcle, les camps de concentration, la défaite de Diên Biên Phu et en 1957 ils se retrouvent en Algérie: il s'agit du capitaine André Degorce et du lieutenant Horace Andreani. Ils vont s'affronter. Se déchirer. Ils n'ont pas la même conception des événements. L'un, Andreani, ira trouver dans l'OAS une réponse à ses interrogations. Pour lui, ce sera la logique de sa loyauté. Il sera amnistié. L'autre, son chef, le capitaine André Degorce, se battra toujours, alourdi de sa conscience de bon soldat catholique.
Ce duel que nous raconte Jérôme Ferrari est affûté comme un poignard et a la dureté des méthodes employées « là-bas » pour faire parler et éviter ainsi d'autres morts. Au milieu d'une boue de sentiments bafoués et de promesses abjectes se lève Tahar, le commandant de l'Armée de libération nationale. Pour Degorce, c'est presque une icône, pour Andreani, c'est l'ennemi n° 1 : d'ailleurs, sans le dire à son chef, il le fera pendre.
Andreani « aime» son capitaine, mais, dans le même temps, il « le méprise ». Et leur face-à-face remet en question, d'une manière abrupte - et sans aucune concession - cette guerre d'Algérie que l'oubli voudrait effacer : « Tout est si léger mon capitaine, tout s'oublie si vite. Le sang des nôtres et le sang que nous avons répandu ont été depuis longtemps effacés par un sang nouveau qui sera bientôt effacé à son tour. »
Ce roman, soutenu par une écriture implacable, marque cette rentrée littéraire au fer rouge. Où la compassion devient quelque chose de gluant. C'est le capitaine Degorce, loyal d'une autre manière, qui dit: « Quelque chose surgit de l'homme, quelque chose de hideux, qui n'est pas humain, et c'est pourtant l'essence de l'homme, sa vérité profonde. »
C'est la nudité totale qui est donnée en partage. Jérôme Ferrari avec « Où j'ai laissé mon âme » laisse le lecteur au milieu d'interrogations multiples. C'est plutôt vivifiant.
André Rollin
07:55 Écrit par Pataouete dans L'Algérie, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ou j'ai laissé mon ame, jérome ferrari, algérie
05 septembre 2010
Pas glop : Pifou est orphelin
La triste nouvelle est tombée par le biais du blog de François Corteggiani et relayé par actuabd: Roger Mas, le créateur (entre autres) de Pifou s’est éteint la semaine passée à 86 ans. Si l’auteur était très discret, ses personnages étaient très connus et appréciés des lecteurs de Pif Gadget (Pifou, donc, mais aussi reprise de Pif après Arnal et avant Yannick, et Léo Bête à part), mais aussi du Journal de Tintin (courte série Kesako) et de Vaillant.
Un magazine centré sur son personnage fétiche, le chien Pifou a même existé il y a une vingtaine d’années. Si le personnage de Pifou est connu, c’est surtout par son langage limité et expressif qui le distingue ; je suis à peu près certain que des milliers de personnes prononcent ou écrivent Glop ! ou pas Glop ! pour exprimer joie, déception ou tristesse. Ce monsieur jouissait d’une retraite méritée, cela va sans dire pour sa contribution à la BD de presse, et c’est un triste exercice de devoir annoncer sa disparition.
Pas Glop…
07:58 Écrit par Pataouete dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pifou, pif, mas
04 septembre 2010
Les Bons comptes font les vrai fromages
Le Gruyére restera Suisse !
C'est la revanche sur Marignan. Souvenons-nous. Réputés invincibles, les redoutables mercenaires suisses à la solde des Milanais furent vaincus par les troupes franco-vénitiennes lors de cette bataille dont la date est à tout jamais gravée dans notre mémoire nationale : 1515.
Le soir même, au sommet de sa gloire, François 1er était fait chevalier par Pierre du Terrail, dit Bayard. Il est fort probable que la soldatesque helvétique comptait quelques solides gaillards provenant de la Gruyère, jolie vallée du canton de Fribourg au cœur de laquelle se dresse fièrement le village médiéval de Gruyères, évolution de gruinheier, qui signifie « pays vert» dans l'ancien parler germanique local. C'est la patrie d'une célèbre variété de fromage de montagne, qui, par extension, est devenue la définition générique de nombreuses pâtes pressées cuites.
Les professionnels ont ainsi l'habitude de dire que le comté et le beaufort, produits en France, mais aussi le fribourg et l'appenzeller, produits en Suisse, sont des « gruyères ». Par déformation, on s'est mis à appeler gruyère tout fromage un peu dur avec des trous. Idem pour l'emmental, autre fromage suisse de la vallée de l'Emme présentant de superbes alvéoles de fermentation, mais dont on utilise le nom pour tout et n'importe quoi. Profitant de cette confusion, les industriels laitiers se sont emparés des deux noms pour fabriquer à la chaîne des caricatures de plâtres plastifiés dont les orifices béants font surtout la joie de la souris Jerry et le malheur du chat Tom dans le célèbre dessin animé de William Hanna et Joseph Barbera.
Alors, le gruyère doit-il avoir des trous?
Non! En tout cas pas le vrai, qui est une délicieuse pâte pressée cuite au lait cru de vache. Fâchés par tant d'amalgames et de galvaudages, soucieux de préserver l'authenticité de leur fromage, les producteurs suisses ont obtenu une AOC en juillet 2001, ce qui n'est que justice. C'était compter sans la mauvaise foi des Français, qui, fort peu légitimement, s'en sont également octroyé une, en mars 2007. Aussitôt, le Syndicat interprofes sionnel du gruyère suisse ~ contestait cette mesure ~ devant la Commission européenne, dont dépend désormais, et il faut s'en plaindre, la décision finale en matière d'appellation d'origine.
Pour le coup, la Commission a tranché dans le bon sens, signalant aux Français que leur dossier ne tenait pas la route. Il n'y a pas de gruyère en France et il n'y en a pas besoin, la noblesse de nos pâtes cuites n'étant plus à établir. Beaux joueurs, les Français ont renoncé d'eux-mêmes à l'AOC pour se rabattre sur une IGP, laissant à la Confédération helvétique la paternité exclusive du gruyère. Et ce n'est que justice !
Cinq siècles pour faire la paix, ça méritait bien que l'on fasse un petit trou dans nos fromages !
D'après un article de Périco Légasse dans Marianne n° 697
07:30 Écrit par Pataouete dans Mes Vins pour le plaisir | Lien permanent | Commentaires (0)
03 septembre 2010
Les Folies de Lili B.
07:02 Écrit par Pataouete dans La poulitique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bettencourt