Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30 décembre 2010

Température extérieure 20°

Les épisodes neigeux de ces derniers temps et le retour au pays d'un jeune ami étudiant et artiste tunisien ont ravivé des souvenirs personnels. Du genre de ceux que mon copain alsacien adore.

Décembre 1962. Mon père est déjà reparti depuis quelques temps, encore une séparation, reprendre son poste en Gare de l'Agha à Alger. Nous devons, ma Mère et moi, le rejoindre pendant les vacances de Noël. Je suis radieux dans cette perspective mais, comme je l'ai déjà raconté, cet épisode ne passera pas les vacances d'été.

Première étape, Arles ou nous passerons Noël dans l'attente du vol prévu pour le 31 au Mas de L'Ilon dont j'ai aussi parlé. Le lendemain de notre arrivée, catastrophe ! Une profonde couche de poudreuse recouvre la vallée des Baux et nous voila isolés au fin fond d'un petit chemin vicinal. En ce temps là, figurez-vous les jeunes, le congélateur n'avait pas encore rejoint nos vertes campagnes et mon Parrain Auguste et Angèle vivaient surtout en autarcie avec quelques excursions au village surtout pour le Pain et le Lait. Qu'est-ce que nous allions manger ?

Heureusement, un furet, le furet fugueur avait pénétré le poulailler et saigné la plupart des volailles y séjournant. "Non de Diou ! de non de diou ! coquin de boudiou !" j'en passe et des meilleures. Mais, les premiers instants de stupeur passés, nous avions de la viande pour plusieurs jours. Nous n'avions plus qu'une chose à faire, batifoler dans la poudreuse ce qui était pour nous à l'époque une vrai découverte.

Neige au mas 2.jpg

Si je vous raconte cela c'est pour situer le début de notre histoire : il gèle en Provence !

Le 31, direction Marignane ou un gentil avion, encore à hélices, va nous ramener chez nous et près de mon père.

Nous atterrissons sans encombre à Maison Blanche en début de soirée, ma mère respire enfin, elle n'a jamais aimé l'avion. Les passagers enfilent leurs pelures lorsque le commandant de bord annonce : nous sommes à Alger Maison Blanche et la température extérieure est de 20°. Tout l'avion soupire d'extase et remballe ses pelures. Moi, je jubile, c'est le retour du Bonheur, j'ai retrouvé mon pays, mon père, mes parents. Hélas….

S'il te plait Medhi, dessines moi un Soleil !

IMG_3003.JPG

07:27 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : algérie, alger, arles

28 décembre 2010

Un Montlouis dont la Bulle est en fête !

Domaine Moyer Extra-Brut

Mont Louis.jpgEn viticulture, il y a ceux qui cherchent à monter plus haut que le cru et ceux qui se donnent du mal pour respecter leur cru. L'univers de la vigne française est aujourd'hui dévasté par une épidémie de pédanterie qui pousse les producteurs à gravir les coteaux de la gloire en marchant sur les principes de l'AOC. Si l'appellation « Montlouis» n'échappe pas au phénomène, elle a aussi ses gardiens de vertu.

Très attachée à ses racines et imprégnée des vertus du terroir tourangeau, la Famille Moyer perpétue l'esprit du bien-être et de la douceur de vivre en Val de Loire. Ses vins, à son image, reflètent l'harmonie dans laquelle Dominique Moyer et ses fils Damien et Michael inscrivent leur style et leur savoir-faire. En bonne terre à chenin, ce cépage auquel la France doit ses blancs les plus sublimes, Montlouis produit. aussi de délicieux vins effervescents, car le pineau de Loire (nom officiel du chenin) présente d'exceptionnelles dispositions à fermenter deux fois, la seconde lui donnant cette moustille qui fait vibrer son âme. Si le brut maison, légèrement dosé, s'inscrit au registre de la méthode champenoise, Fabien Moyer est allé plus loin dans la recherche de la pureté en élaborant sa cuvée « L'Extra-brut », sans dosage (la liqueur ajoutée pour attendrir le brut), de sorte à restituer l'exacte expression d'un terroir porté à pétiller.

Un vin d'une race incroyable, épanoui et ferme, impressionnant de fraîcheur, grâce à son tranchant et à la précision de ses arômes. Sa vivacité et son équilibre en font un merveilleux apéritif, mais son corps et sa profondeur justifient aussi de le servir sur la totalité d'un repas. Le flacon qu'il faut s'empresser de découvrir et qui procure, à prix tout doux, des émotions aussi intenses qu'un grand champagne.

P. L.

 

Domaine Moyer, la Croix des Granges, Husseau 37270 Montlouis

Tél : 02 47 50 94 83 Mail : domaine.moyer@wanadoo.fr

 Brut 6€ Extra brut 2007 8€

 

Et en plus Mickael est un Ami venez-y de ma part !

07:30 Écrit par Pataouete dans Mes Vins pour le plaisir | Lien permanent | Commentaires (19)

26 décembre 2010

Ô Biskra ! Une enfance Algérienne

O Biskra.jpg

Pierre-Philippe Barkats

 

Ô Biskra

Une enfance algérienne

 

- Et toi, me dit Jean-Marie Le Clézio alors que nous avançons tous deux, seuls face à la maison délabrée de sa grand-mère à Douarnenez, tu retournerais à Biskra?

- Non.

- Tu devrais écrire sur Biskra, Pierre, insista-t-il quelques instants plus tard à table.

- Pourquoi?

- Parce que «ce temps de guerre d'Algérie n'a pas fini de nous troubler», a-t-il répété dans une lettre qu'il m'a adressée peu après.

 

Je veux la maison où je suis né.

Je veux la ville où j'ai vu le jour. Je veux qu'on me rende mon pays: l'Algérie de mon enfance. Et avec elle, oui, « une certaine idée de la France », selon la belle expression de Charles de Gaulle.

Pour nos enfances, vies perdues au fond du Sahara, de nos Saharas. J'ai voulu consigner, témoignage de guerre et d'amour, ce récit qui vit en moi depuis cinquante ans. Il est dédié à une France et un monde meurtris par la violence de ce conflit, et à tous ceux dont « les Cœurs, comme me l'a écrit Jean-Marie Le Clézio, ne cessent d'être "rongés" par la guerre d'Algérie ».

C'est lui, Jean-Marie Le Clézio, désormais Prix Nobel de littérature, qui m'a dit, tenant mon manuscrit, alors que nous nous retrouvions à Stockholm pour la remise de son Prix: « C'est important, Biskra.»

Pierre-Philippe Barkats

 

Pierre-Philippe Barkats est un enfant de Biskra.

Aujourd'hui avocat près la Cour Suprême des États-Unis, il vit à Washington avec sa femme et ses trois enfants.

(NDRL : ma parole dii y'avait pas que des imbéciiles en Algérie ! )

Pierre-Philippe Barkats est l'auteur de "Ma très chère Françoise", livre écrit en hommage à son père et à Françoise Giroud, rescapés de la Deuxième Guerre mondiale, dont l'un a formé une famille au fin fond du Sahara dans la capitale des dattes, Biskra - et l'autre, Françoise Giroud, a redéfini, notamment avec l'hebdomadaire L'Express, l'information juste, et aussi, comme secrétaire d'État sous Giscard, une certaine idée de la femme, et de la culture.

L'auteur a également publié chez Casterman une bande dessinée particulièrement appréciée des critiques et media. Ô Biskra. Une enfance algérienne est son troisième ouvrage.

 

Biskra : fleur sans Brouillard.

10:15 Écrit par Pataouete dans L'Algérie, Livre | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : algérie, biskra, pierre-philippe barkat

24 décembre 2010

Noel ! Joyeux Noel !

07:10 Écrit par Pataouete dans Mes humeurs | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : noel

22 décembre 2010

Le Testament du Frère Christian

Le Frère Christian de Chergé, prieur du monastère de Tibhirine, avait laissé à sa famille en 1994, deux ans avant le drame de Tibhirine, ce testament spirituel :

 

Moines 2.jpg« S’il m’arrivait un jour – et çà pourrait être aujourd’hui – d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNÉE à Dieu et à ce pays.

Qu’ils acceptent que le Maître Unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal. Qu’ils prient pour moi : comment serais-je trouvé digne d’une telle offrande ? Qu’ils sachent associer cette mort à tant d’autres aussi violentes laissées dans l’indifférence de l’anonymat.

« Ma vie n’a pas plus de prix qu’une autre. Elle n’en a pas moins non plus. En tout cas, elle n’a pas l’innocence de l’enfance. J’ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde, et même de celui-là qui me frapperait aveuglément. J’aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cœur à qui m’aurait atteint.

« Je ne saurais souhaiter une telle mort. Il me paraît important de le professer. Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j’aime soit indistinctement accusé de mon meurtre. C’est trop cher payé ce qu’on appellera, peut-être, la « grâce du martyre » que de la devoir à un Algérien, quel qu’il soit, surtout s’il dit agir en fidélité à ce qu’il croit être l’islam.

« Je sais le mépris dont on a pu entourer les Algériens pris globalement. Je sais aussi les caricatures de l’islam qu’encourage un certain islamisme. Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes. L’Algérie et l’islam, pour moi, c’est autre chose, c’est un corps et une âme. Je l’ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j’en ai reçu, y retrouvant si souvent ce droit fil conducteur de l’Évangile appris aux genoux de ma mère, ma toute première Église, précisément en Algérie, et, déjà, dans le respect des croyants musulmans.

« Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m’ont rapidement traité de naïf, ou d’idéaliste : « Qu’il dise maintenant ce qu’il en pense ! » Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s’il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Lui Ses enfants de l’islam tels qu’il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de Sa Passion, investis par le Don de l’Esprit dont la joie secrète sera toujours d’établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences.

« Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l’avoir voulue tout entière pour cette JOIE-là, envers et malgré tout. Dans ce MERCI où tout est dit, désormais, de ma vie, je vous inclus bien sûr, amis d’hier et d’aujourd’hui, et vous, ô amis d’ici, aux côtés de ma mère et de mon père, de mes sœurs et de mes frères et des leurs, centuple accordé comme il était promis!

« Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux ce MERCI, et cet « A-DIEU » envisagé de toi. Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. Amen ! Inch’Allah. »

Après cela, croyants et non-croyants, nous n'avons plus qu'à fêter NOËL !