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05 janvier 2010

Camus doit-il entrer au Panthéon ?

Bien entendu, vous me connaissez, l’idée de faire entrer Albert Camus au Panthéon, émise par notre président, ma laissé perplexe. Cet Algérois, Homme du Peuple fût traité avec mépris par l’intelligentsia de son époque. Au hasard d’une salle d’attente, j’ai trouvé un papier d’Yves Simon. Yves Simon soutient l’idée du président de la République, mais émet quelques réserves. Je vous propose ce texte.

 

Camus doit-il entrer au Panthéon ?

Albert Camus tablier noir 1920.jpgDes détestations, ici et là, envers le président de la République voulant «panthéoniser» Albert Camus ne doivent surtout pas occulter l'admiration que nous éprouvons pour l'auteur de « L’étranger ». Sa réhabilitation tardive ne doit rien à une République reconnaissante, mais à sa lucidité d'esprit qui, aujourd'hui, nous semble aller de soi, tant elle s'est incrustée dans nos manières de ressentir les soubresauts d'un monde malade. Ne fut-il pas le seul à dénoncer la répression colonialiste de Sétif et Guelma, à qualifier de «guerre» ce que le gouvernement français qualifiait d'« opération de police» ? Que Nicolas Sarkozy approuve, a posteriori, de tels engagements et qu'il soit conduit à solenniser un Camus non conformiste n'a rien de choquant, même si le président nous a plutôt habitués à proclamer publiquement une certaine condescendance pour ce qui touche à la littérature et à la philosophie.

« Grâce à lui, j'ai la nostalgie chaque fois que je vais en Algérie, de ne pas être né en Afrique du Nord. »

Diable ! S'il avait admiré Lautréamont, aurait-il regretté de n'être pas né à Montevideo ? Qu'on se souvienne ! Les derniers écrivains entrés furent André Malraux et Alexandre Dumas. En avaient-ils rêvé et reconnaîtraient-ils cette ultime sépulture comme la leur ? Question inutile. Le Panthéon est une affaire de postérité et non de testament. Si viol posthume il y a, il est à imputer aux générations qui décernent, sans vote ni jury, ce prix Nobel des morts.

J'ai cité « L’étranger» à dessein puisque. Si l'on en croit les spécialistes qui accusèrent Camus d'être un piètre penseur («  L’homme révolté»), ce sont bien les jeunesses qui ont plébiscité ce roman magistral - écrit à 28 ans - comme un des chefs-d'œuvre du XXème siècle. Camus représenta, pour les gens de ma génération, une alchimie entre un physique, des mots et une esthétique romanesque, nous faisant entrevoir un avenir qui serait littéraire et rebelle ou ne serait pas.

En 1942, Sartre, l’agrégé de Normale. Sup. accorde un 21/20 à «L’étranger», mais un 7/20 au Camus philosophe. Le malentendu aurait-il suinté de cette querelle vaine entre une bourgeoisie arrogante et l'intrus des bas-fonds venu la narguer ?

Stèle à A Camus Tipaza.jpg« Toute sa vie, Camus a été un homme du doute, incertain de son talent. Sartre, lui, croyait en son génie », dit son biographe Olivier Todd. Camus. Homme du peuple, dont la mère ne savait pas lire, fut-il traité avec mépris par une intelligentsia parisienne se gaussant son accent algérois, de ses manière de hussard ?

Obsolète, la querelle ? Un fait est là : en 2009, un président désire installer dans notre sanctuaire national un écrivain adulé, alors que des forces diverses s'opposent et au choix présidentiel, et à l'écrivain ainsi désigné.

«Je pense à tous ceux qui sont de la même origine que mon père. c'est à dire très pauvres, et à ma grand-mère qui était femme de ménage. Peut-être que c'est aussi un hommage qui lui est rendu à elle et, de ce point de vue-là, c'est peut-être aussi un symbole pour tous ceux pour qui la vie est difficile » déclare Catherine Camus, sa Fille. La symbolique, tout est là ! Camus au Panthéon, c'est l'alliance du fils prodige et de la mère analphabète, du l’algérois militant et de l’Algérie algérienne de l'intellectuel résistant et des intellectuels écrivant, du styliste brillant et des exclus d'une telle grâce.

Les symboles ont la vie dure et je ne peux que songer à cette femme, noire, couverte du drapeau tricolore, chevauchant un cheval immaculé pour remonter la rue Soufflot, au soir de l'arrivée du corps de Dumas le quarteron, petit-fils d'esclave.

La France tourmentée, par volonté présidentielle, sur son identité, honorerait, apaisée, en la personne d’Albert Camus, un nomme lucide et clairvoyant ne s'étant trompé en rien sur les devenirs chaotiques de l'Histoire. Homme blessé et révolté, réfractaire à tout pouvoir et à toute absolution, il est cet homme auquel nous serions fiers de rendre hommage en le plaçant ainsi au panthéon de nos cœurs, de nos esprits et de nos admirations.Yves Simon.jpg

Camus vers la Suède.jpg
Prix Nobel de Littérature, en 1957,
l'écrivain part en Suède en train pour recevoir sa distinction.

07:23 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : camus, panthéon, alger

24 octobre 2009

Les Z’Urbains.

Les Z’Urbains.

 

Dès leur débarquement sur la plage de Sidi Ferruch, les troupes françaises n’avaient qu’un but : Alger.

 

Au début de mes élucubrations je publiais un film sur Alger en 1896 qui en a surpris plus d’un.

 

casba la citadelle.jpgA l’origine Alger c’était surtout la Casbah, le Port, et une suite de palais mauresques. Peu à peu, la ville se construit par cercles concentriques autour d’un axe central : La Grande Poste. Il s’agit en fait d’un bâtiment construit en 1905 mais de style mauresque.

Les immeubles et les voiries sont largement inspirés du Baron Hausmann mâtinés d’une part méditerranéenne. Evidemment, le quartier central est essentiellement habité par les classes bourgeoises et leur personnel de maison et de service. Plus on s’éloigne et plus on retrouve les classes ouvrières. Classique quoi.

En 1920, Alger est reconnue 2ème ville de France, après Paris bien entendu mais devant Lyon et Marseille sa jumelle.

IMG_2923.JPGLes « Indigènes » n’ont pas le même statut que leurs coreligionnaires ruraux. Ils ne sont pas asservis mais urbanisés. Oh ! bien sur, les médecins, pharmaciens, avocats ou journalistes d’origine magrébine sont rares. Mais ils existent. Je pense toutefois qu’ils sont originaires des grandes familles régnantes avant la Conquête.

Il faut signaler une importante catégorie commerçante. Toutes, ou pratiquement toutes, les épiceries sont tenus par des Mozabites (Moutchou), originaire du M’Zab région aux limites du Sahara, je détaillerais plus tard. Sur les marchés, les étals de Fruits et Légumes sont gérés, de génération en génération, par des Indigènes. D’autres commerce de Proximité sont aussi servis par des originaires. Plus le commerce devient « technique » moins il est servi par des indigènes et ne parlons pas des charcuteries !

Le reste des travailleurs indigènes est ouvrier du public ou du privé. Plutôt en bas de l’échelle sociale. Certain peuvent atteindre le niveau encadrement. Ils existent mais ils sont rares. Facteurs, éboueurs, balayeurs, toutes les professions de service sont occupées par des Indigènes.

1128906106_4afdc94fd1.jpgIls sont donc intégrés à la société industrielle et de service. Ils vivent dans des immeubles corrects, à la norme du début du 20 ème, les enfants peuvent fréquenter l’Ecole Publique autant que ce que le petit métropolitain issu de la classe ouvrière peut la fréquenter à l’époque. Les femmes sont centrées sur leur foyer ou assurent des tâches ménagères dans les familles bourgeoises. La condition féminine n’est pas flatteuse mais finalement seul le port du voile (le Haïk) peut distinguer les communautés « ouvrières ».

Au niveau du langage, le Sabir, langue mêlant l’Arabe et le Français se développe. Ce n’est pas tout à fait le Pataouète qui lui est plutôt européen mais l’intégration fera un mélange de ces 2 langages.

 

Lors de mon passage à Alger ou lors de l’écoute de reportages, j’ai toujours été surpris par la qualité du français parlé par les « Vieux ». Même de vieilles dames très âgées, épouse d’ouvrier, s’exprime toujours aujourd’hui dans un français classique hélas peut usité de nos jours par nos contrés. De plus, comme partout, les néologismes sont français ou anglais. Cela donne des conversations amusantes : « Bla Bla Bla Télévision, Bla Bla Bla Téléphone,… ».

 

IMG_2713.JPGNous devons donc constater une société qui évolue avec son temps, selon des principes de Classes et non de Castes, même si les « Colons » sont encore sensibles aux discours de supériorité et ont une place plus élevé sur l’Echelle Sociale. Une société qui s’urbanise au même rythme que les citées métropolitaines, quelles que soient les catégories et les origines sociales.

 

Une dernière pensée : étant donné ce maillage, cette imbrication sociale, lorsque d’aucun de quelque coté qu’il soit, voulu déstabiliser cette société, imaginez le chaos que cela peut représenter et les irrémédiables rancœurs…

07:37 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : algérie, alger, pataouete

28 septembre 2009

Algérie tu me désole !!!

Algérie tu me désole !!!

 

La Plage Thalassa.jpgJe ne suis plus un spectateur assidu de l’émission Thalassa mais je suis quand même attentif au programme proposé chaque semaine.

 

Ce vendredi, le bateau océanographique dont le voyage est le fil rouge de l’année faisait escale à Alger. Les derniers reportages vus sur Lisbonne m’avaient emballé et remémoré de bons souvenirs, je me suis mis avec délectation devant cette émission.

Il faut que je vous rappelle que je crie haut et fort (tiens c’est le nom de mon hébergeur…) que l’Algérie possède la plus belle façade maritime de la Méditerranée et que le gouvernement a décidé « d’ouvrir » le pays au tourisme.

Catastrophe et désolation

Dellys.jpgEt là ! Catastrophe et désolation. Visiblement, les journalistes n’étaient pas les biens venus à Alger. Aucune image d’Alger, des ruptures de faisceau permanentes et bizarrement au moment ou les paroles devenaient critiques, un présentateur très ironique…

Des images de plages publiques bondées, et encore le mot est faible, bordéliques et inhospitalières. D’autres sur une plage privée, plutôt un platier littoral car le sable ne risquaient pas de vous rentrer dans les doigts de pieds, fréquentée par la bourgeoisie algéroise et dont le propriétaire se débat avec l’administration. Dellys, qui portait bien son nom autrefois, en ruine et en désolation. Mostaganem et ses « Boat people » "Les Harragas"

Nous avons même eu droit à une tempête de sable sur Alger (Sydney vient d’avoir la sienne pourquoi pas Alger), un incendie de forêt et même une tornade…

 

Quelle désolation ! Si vous trouvez UN touriste (qui n’ait pas des origines algériennes) qui ait eu envie d’aller passer ses vacances en Algérie présentez le moi, je lui paye le voyage !

Algérie ouvre-toi !

delys.jpgIl est vrai que lors de mon dernier séjour, nous avions consacré la dernière journée à visiter les centres touristiques à la recherche, vaine, d’un havre de vacances familiales. Cependant j’ai eu récemment le témoignage d’une famille (aux racines maghrébines) qui passe ses vacances, depuis 4 ans, dans un hôtel en bordure de plage, un peu plus éloigné d’Alger que mes visites, et je vous assure que ces yeux brillaient à l’évocation de ses dernières vacances.

 

Comment peut-on « s’ouvrir » au tourisme en refusant des reportages étrangers et en proposant des images de désolation ?

 

Algérie mon Amour… tu me désoles.

07:28 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : alger, zéralda, staoueli, thalassa

15 juillet 2009

S'integrer en Algérie

Témoignage très intéressant d'une françaises installée à Alger avec son mari algérien et ses 2 enfants.

bien sur il s'agit d'une famille bourgeoise mais les images et les différents thèmes abordés sont très évocateurs

11:45 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : alger

10 juillet 2009

Clauzel, ma rue, mon école mon marché...

Mon école Clauzel…

IMG_2699.JPGJ’ai retrouvé tous les groupes scolaires que j’avais pu connaître. Mais le seul que j’ai vraiment recherché était l’Ecole Clauzel. Au dessus, la maternelle, je n’y ai fait qu’une année, à coté l’école de filles, domaine réservé, citée interdite, et en dessous, mon école celle des Garçons.

Le bâtiment est parfaitement entretenu, extérieurement seule la grille tôlée est remplacée par un mur de clôture.

Il était tard dans la soirée et je sortais de mon appartement de la rue Warnier. Je n’ai pas eu l’envie d’y pénétrer et je n’ai plus eu l’occasion par la suite. Selon mes informations, l’état algérien a demandé à tous les chefs d’établissement de permettre l’accès aux anciens.

 Je suis entré à l’école primaire je n’avais pas 6 ans puisque je suis du début de l’année. Donc c’était en 1956. Mes débuts en maternelle datent donc de l’année scolaire 1955-1956.

C’est bien cela je me souviens de la ritournelle « Bon voyage monsieur Guy Mollet♫… »

Je suis resté dans le même établissement jusqu’en 1961-62 puisque du primaire nous passions en 6ème dans ce qui devait s’appeler le cours complémentaire.

Si cette école vous concerne et vous intéresse, vous pouvez trouver une liste d’anciens sur le site « Copains d’avant » cliquez vous y êtes.

Le marché et la rue Clauzel

La rue Clauzel est restée telle quelle. Cependant le marché Clauzel est désormais un seul bâtiment qui prend, au sol, toute l’emprise des anciennes halles couvertes. Sauf à traverser ce marché, il faut désormais contourner le bâti pour retrouver la suite de la rue Clauzel.

L’église Saint-Charles

TN_14_saint_charles162_1907_20F.JPG Désormais, elle est devenue une mosquée mais les algérois continuent de l’appeler la Mosquée Saint-Charles. Les parvis des mosquées est le seul lieu ou je n’ai pas senti que j’étais le bienvenu donc je ne vous en dirais pas plus.

Il y a encore quelques temps, la messe était toujours dite à Saint-Charles mais dans la cure d’en face. Le titulaire est décédé. Il a été remplacé par un nouveau curé mais qui est actuellement en formation donc… plus de messe !

Amis visiteurs

Amis visiteurs si vous êtes arrivés sur cette note par le lien Clauzel, c’est surement que vous êtes concernés par cette école, cette rue. N’hésitez pas à vous manifester dans les commentaires, j’aimerais bien retrouver mes vieux copains. Pour le moment je n’en ai retrouvé qu’un seul, deux peut-être.

11:48 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : alger, clauzel