20 novembre 2010
Médiator
07:36 Écrit par Pataouete dans Musique | Lien permanent | Commentaires (3)
19 novembre 2010
Mitterrand discours 1 décembre 1954
En complément à mes notes, merci Noëlle, une vidéo d'un discours de François MITTERRAND, alors ministre de l'intérieur du gouvernement de Pierre Mendès-France.
Ce discours date du 1 décembre 1954 soit, un mois après le début de l'insurrection. F. Mitterrand est alors en tournée dans les Aurès.
07:58 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mitterrand, discours 1954, algérie
18 novembre 2010
"Mon oncle d'Algérie", de Nathalie Funès
Vous savez qu'au-delà de mes publications sur l'Algérie, mon souhait le plus chèr est de faire revivre, de rendre hommage, à ces Français d'Algérie qui ont milité dans le camp des anticolonialistes, des pacifiques, des progressistes, parfois, et seulement parfois dans celui des indépendantistes. Je vous en ai déjà parlé dans mes notes à propos du camp de Lodi (ICI et suivants) je vous propose aujourd'hui un livre de Nathalie Funès (journaliste au Nouvel Obs.) à propos de son Oncle d'Algérie.
Mon Oncle d'Algérie
Moins connu que son cousin d'Amérique, cet oncle-là est à la fois plus proche et plus énigmatique. Il a mille ans d'histoire - juif berbère dont les ancêtres ont connu la régence turque - et une nationalité chaotique : indigène sous l'empire colonial français, citoyen de la République après le décret Crémieux de 1870.
Mais quand, en plus, le tonton est un anarchiste patenté, membre du Mouvement libertaire nord-africain, et indépendantiste engagé, il devient le genre de parent que les familles évoquent avec force soupirs, ou pas du tout. Car, comme le rappelle l'auteure, dans l'Algérie d'hier, "il n'y a pas pire espèce qu'un pied-noir anticolonialiste".
Ainsi commence une passionnante enquête familiale menée par Nathalie Funès, journaliste du Nouvel Observateur, sur son oncle, né Fernand Doukhan, fils de Saül, "premier homme de la famille à naître français, premier à ne pas porter un prénom hébraïque, et premier à devenir instituteur et non colporteur ou matelassier". C'est une vie qui refuse de se livrer, des souvenirs qu'il faut arracher.
Oncle Fernand n'a laissé ni descendance ni journal intime, seulement quelques vieux papiers. Les indices sont donc récoltés avec soin : ici, la tombe abîmée de l'ancien cimetière Saint-Eugène à Alger, aujourd'hui Bologhine, au nord du quartier de Bab El-Oued ; là un vieux registre des anciens élèves normaliens de Bouzaréa, qui signifie en arabe "celui qui sème les grains", sur les hauteurs d'Alger, ou bien le bureau, en France, des victimes des conflits contemporains.
Trous de l'histoire
A 26 ans, incorporé dans le 9e régiment des Zouaves, le régiment d'Alger - celui qui, après la guerre, participera au conflit indochinois, aux premières opérations de police en Kabylie, puis à la lutte contre le terrorisme dans la Casbah -, Fernand Doukhan traverse, pour la première fois, la Méditerranée.
Il est fait prisonnier en Picardie, puis transféré dans un stalag du IIIe Reich. "Fernand a dû remercier ses parents de ne pas l'avoir appelé Isaac, écrit sa nièce, qui a épluché les documents. A la mention "nom du père", il est marqué Raoul Dunkhan. Pas Saül. Juste deux lettres et un tréma de différence".
Il y a aussi quelques extraits des cartons d'archives du Centre des archives d'outre-mer d'Aix-en-Provence... On y trouve la trace de l'oncle, correspondant zélé à Alger du Libertaire, parallèlement à son métier d'instituteur, arrêté en janvier 1957, puis interné dans le camp de Lodi, une ancienne colonie de la Compagnie des chemins de fer algériens, transformée en prison pour Français indépendantistes, communistes, syndicalistes, grévistes. L'avocat de Fernand Iveton, seul Français guillotiné de la guerre d'Algérie, y séjournera deux ans. Encore des pièces du puzzle rassemblées.
Et quand les trous de l'histoire ne peuvent plus être comblés, il reste Internet, "la nouvelle patrie des rapatriés d'Algérie", comme l'écrit joliment l'auteure. "Le jour, la nuit, jusqu'au petit matin, ils se réunissent sur les sites de leur ville, de leur quartier, de leur cité, de leur rue d'avant. Ils échangent leurs photos, leurs souvenirs. (...) Ils tentent de laisser sur Internet les traces d'un monde qui n'existe plus que dans leur tête." Il suffit de lancer le nom de l'instituteur Doukhan.
Quelques-uns de ses anciens élèves fréquentent l'endroit, qui se souviennent d'un homme austère. Fernand Doukhan finit par être expulsé d'Algérie, le 8 avril 1958. Il n'y retournera jamais.
Il meurt, à Montpellier en 1996, toujours membre du Parti des travailleurs. Non sans avoir fait lire à sa nièce, à l'âge de 10 ans, La Mère, de Maxime Gorki.
MON ONCLE D'ALGÉRIE de Nathalie Funès. Stock, 158 p., 17 euros.
07:22 Écrit par Pataouete dans L'Algérie, L'Algérie Le Camp de Lodi, Livre | Lien permanent | Commentaires (5)
16 novembre 2010
La Journée des Tomates ou du Recul
Il y a quelques jours, je vous présentais un livre à propos de François Mitterrand et la 4éme. Vous pouvez le retrouver ICI.
Je n'ai pas encore lu ce livre mais j'ai regardé le documentaire que les auteurs nous ont présenté il y a quelques jours. Bien entendu, cela m'a provoqué quelques réactions et souvenirs. Je voudrais essayer de synthétiser cette période 1956-57, ou tout a basculé.
Le gouvernement Guy Mollet
En 1956, lors de la campagne pour les élections législatives, il anime, aux côtés de Pierre Mendès France, François Mitterrand et Jacques Chaban-Delmas, le « Front républicain », coalition réunie sur un programme de modernisation économique et sociale et de paix négociée en Algérie, qui obtient une courte majorité. Alors que le président René Coty propose à Pierre Mendès France de former un gouvernement en 1956, celui-ci refuse et lui suggère Guy Mollet.
À propos de l'Algérie, il est le dirigeant du Front républicain aux idées les plus avancées : la guerre est pour lui « imbécile et sans issue » ; l'indépendance est dictée par le bon sens.
Confronté, lors d'une visite à Alger le 6 février 1956, à l'hostilité violente (jets de légumes, cris, menaces de mort explicites) de la population d'origine européenne (appelée journée des tomates ou journée du Recul), puis à l'impossibilité de réunir une majorité parlementaire sur une ligne libérale en Algérie, il s'engage dans une politique répressive et refuse toute solution négociée avant la conclusion d'un cessez-le-feu ; il double en six mois les effectifs militaires déployés sur place en envoyant le contingent. Il doit renoncer à nommer Georges Catroux ministre résidant en Algérie. Il propose à Pierre Mendès France, puis à Gaston Defferre d'exercer cette fonction, mais ceux-ci refusent. Il désigne donc Robert Lacoste.
François Mitterrand est successivement Ministre de L'Intérieur et Garde des Sceaux. Il déclare préférer être au gouvernement car il est persuadé que ce gouvernement ne durera pas très longtemps et qu'il espère remplacer Guy Mollet à sa tête.
Après avoir été mis en minorité par l'Assemblée nationale, le cabinet Mollet, qui détient le record de longévité de la IVème République, chute en mai 1957. François Mitterrand ne sera pas nommé Président du Conseil.
Mitterrand et la Bataille d'Alger.
Lorsque les négociations pacifistes sont abandonnées, ou peut être pour en provoquer la chute, des Ultras européens déclenchent un attentat meurtrier dans les ruelles de la Casbah. Les militants du FLN décident de porter leur action dans le centre ville d'Alger. Une succession d'attentat vise les bars "sélect" de la rue Michelet, les transports en commun, des candélabres d'éclairage public à des carrefours stratégiques et le Casino d'Alger. Ces attentats font de nombreuses victimes.
Janvier 1957, le gouvernement décide de lancer ce qui fut ensuite appelé la Bataille d'Alger. Cela peut paraitre une réponse évidente du pouvoir établit mais ce sont surtout les Pleins pouvoir accordé à l'Armée et à son chef le Général Massu qui ouvrent la porte à l'arbitraire, à la torture, aux corvées de bois et aux exécutions sommaires. Et dire que les chefs militaires sont pour la plupart d'anciens résistants !
Il y a 7 condamnés à mort, dont 1 européen, dans les geôles de Barberousse. Certain ont commis des "crimes" établis. Pour d'autres, ils préparaient des attentats mais avaient été interpellés avant de les avoir commis. Des recours en grâce sont introduits auprès du Président de la République. François Mitterrand, alors Garde des Sceaux transmet pour chacun d'eux un avis défavorable à la demande de grâce.
Les "Amis politiques" de François Mitterrand démissionnent en dénonçant ce qui est en train de se passer à Alger. Mitterrand, lui, reste, toujours dans l'idée de succéder à Guy Mollet.
Il faut porter au crédit de Mitterrand une lettre ou, en sa qualité de garde des sceaux, il dénonce les pratiques totalement arbitraires des militaires en Algérie. Il réclame que la Justice soit réintroduite à Alger. Lettre morte bien entendu.
En réunion avec Françoise Giroud et Jean Jacques Servan-Schreiber, Albert Camus déclare : " Je connais les miens, plus rien ne sera possible et il va vous falloir tirer contre eux et je n’en serais et je crois qu’il n’y aura plus de gouvernement possible dans ce pays."
Je vous laisse imaginer le mal que j'ai eu à faire voter Mitterrand à mes proches anciens militants pacifistes d'Algérie.
07:38 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : 4eme république, guy mollet, mitterrand
14 novembre 2010
Les Nouveaux Versaillais
Un article de Jack Dion.
Régulièrement, de grandes âmes regrettent que les jeunes perdent le sens de la nation, et qu'ils ignorent tout ou presque des vertus du civisme.
Quand les Bleus sont alignés en rangs d'oignons avant un match de foot, tout le monde surveille les lèvres des 11 heureux élus, pour discerner ceux qui chantent la Marseillaise et ceux qui sont indignes du drapeau tricolore .
Or les gardiens de la foi nationale se gardent bien d'appliquer les mêmes critères à l'élite des affaires. A leurs yeux, le « patriotisme économique» est la marque ultime de la ringardise, de l'archaïsme, voire du nationalisme. Le critère suprême de la modernité impose de ne jurer que par la mondialisation, la délocalisation et l'expatriation, sans que personne daigne établir le bilan d'une stratégie encouragée par les grands prêtres de l'orthodoxie économique.
Voici ce que l'on peut lire dans le magazine l'Expansion: « Depuis trois ans, les ténors du Cac 40 se délestent chaque mois de 1 900 salariés français, mais, dans le même temps, augmentent leurs effectifs à l'étranger de 7600 personnes. » Ainsi, Vallourec, leader mondial du tube sans soudure, est devenu un groupe plus brésilien que français. Renault vend en France des Mégane importées d'Espagne ou des Twingo venues de Slovénie. Aujourd'hui, plus de la moitié des effectifs de l'ancienne régie nationale se trouvent à l'étranger, non seulement pour conquérir de nouveaux marchés, mais aussi pour fabriquer des voitures ensuite réexportées vers l'Hexagone.
Sans s'offusquer d'une telle évolution, l'Expansion constate: « Sevrées d'investissement, les usines françaises risquent de jouer les seconds rôles. » La recherche suit le mouvement, avec les conséquences que l'on imagine pour le futur. Les stars du CAC 40 vont même jusqu'à pointer aux abonnés absents au moment de remplir leur devoir de contribuable. Toutes, ou presque, ont des boîtes aux lettres dans des paradis fiscaux. Conclusion de l'Expansion: « Grâce aux filiales étrangères, le CAC 40 économise ... 4,7 milliards d'euros. » C'est autant de perdu pour les recettes de l'Etat - cet Etat honni, vilipendé, mais que l'on n'hésite pas à mettre à contribution si nécessaire.
A ce rythme, le fantasme des déclinistes pourrait devenir réalité. La France risque de s'appauvrir, de s'effilocher, de se rabougrir. Pourtant, il n'y a nulle fatalité. Si la croissance est faiblarde, si le chômage reste aussi massif, si les salaires demeurent aussi bas, si les cotisations sociales sont à la traîne, c'est en raison d'un choix délibéré qui consiste à profiter du libre-échangisme ~ et du dumping salarial pour ~ organiser la fuite des capitaux, sans le moindre état d'âme, en vertu des dogmes du néolibéralisme.
Selon les dernières statistiques, les vedettes de la bourse de Paris disposent d'un matelas de cash de près de 150 milliards, en hausse de 5 % en un an. Interrogés sur l'utilisation prévisible d'un tel pactole, les « experts» indiquent deux pistes : les dividendes versés aux actionnaires et de nouvelles acquisitions à l'étranger. Investir et créer des emplois en France ? L'hypothèse est jugée au mieux loufoque, au pire absurde.
Apprendre la Marseillaise aux jeunes de banlieue, c'est très bien. Mais il faudrait songer à en faire autant avec ceux des beaux quartiers, afin que les futurs managers ne fassent pas comme les Versaillais de 1789 émigrés à Coblence, qui croyaient emporter la patrie à la semelle de leurs souliers dorés.
07:06 Écrit par Pataouete dans La poulitique | Lien permanent | Commentaires (18)