08 octobre 2009
Le Colon et les Fellahs
Le Colon.
C’est donc après une vingtaine d’années de conquête militaire d’une rudesse certaine, il apparaît que le 1/3 de la population indigène est resté sur le sable, que l’installation des exploitations agricoles démarre.
Tout reste à faire pour les colons. Il leur faut : assainir, défricher, planter, entretenir et récolter. Dans des conditions sanitaires plus que défavorables, la mortalité adulte et infantile est énorme. (voir ma dernière note)
Toute la plaine située entre la mer et l’Atlas Tellien est ainsi équipée en vaste zone agricole : Vergers d’agrumes, Vignes, Céréales, Elevage, Jardins maraichers, etc.
Bien évidemment les colons doivent se loger et abriter leur ferme. La plupart du temps, ils se regroupent dans des village-rues, une longue enfilade de maisons, de corps de ferme et de commerce. D’autre fois, ils s’installent au milieu des champs dans des habitations un peu bastides fortifiées.
Nous sommes au milieu du XIXème siècle. Les conditions d’habitat reproduisent les conditions en vigueur en métropole.
Les structures d’exploitation reproduisent l’organisation métropolitaine : le propriétaire et/ou son métayer recrutent la main d’œuvre nécessaire que l’on nomme Journaliers, Loués, Placés…sauf que là, cette main d’œuvre va être recrutée sur place.
Les Fellahs.
L’organisation des indigènes est tribale, autoritaire, hiérarchisée et clanique. Selon le cas, les ouvriers agricoles seront recrutés à proximité ou déplacés en bloc vers l’endroit où l’on a besoin d’eux. Le chef du village garde l’autorité civile et politique, le Colon l’autorité économique. Les Fellahs sont encadrés par des contremaitres européens ou des chaouchs qui pratiquent une gestion des ressources humaines dites « du Nerf de bœuf ». Mon père me racontait avoir vu, après la guerre, des hommes transportés en camion pour aller voter (probablement un scrutin municipal) avec le bachagha qui recevait les hommages devant le bureau et le Chaouch qui tapotait la paume de sa main de son splendide Nerf de Bœuf.
Bon d’accord, ils ne sont pas esclaves, ils ne portent pas de fers, mais l’asservissement est-il vraiment différent ? Ils ne sont pas intégrés à la société française d’Algérie. Ils conservent leurs coutumes, leur mode de vie et leur dialecte.
L’alphabétisation est inexistante, l’instruction publique est réservée aux petits français. Même les systèmes de soins sont partagés, si tant est même qu’il y en ait pour les indigènes. Nous sommes bien là dans une organisation de Sous-hommes chère à Jules Ferry.
C’est aussi parmi cette population que seront razziés les « Volontaires » aux charniers européens, la main d’œuvre nécessaire aux mines et usines métropolitaines, la piétaille harki ou fellaga et enfin, après l’indépendance, l’immigration masculine d’abord puis familiale vers la France ou les villes côtières algériennes.
De la à considérer que la colonisation rurale est à l’origine fondamentale du « problème » algérien, jusqu'à nos jours et d’un coté comme de l’autre de la Méditerranée, il n’y a qu’un pas que je n’hésiterais pas à franchir.
Comme disent mes « cousins » algérois : « c’est des Blédards ! ».
J’aborderai un de ces jours la société urbaine où les choses ont été prises différemment, mais…
16:28 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : algérie, colon, fellah, rural
Commentaires
Pourquoi "piétaille harki" ??
Écrit par : alsacop | 08 octobre 2009
Piétaille Harki ou fellaga parce que c'est dans les rangs des ruraux qu'ont été recruté la piétaille. Les fantassins quoi ! la troupe...
Écrit par : Pataouet | 08 octobre 2009
J'étais gamine quand j'ai pris le bateau pour la première fois, pour l'Algérie, c'était à Marseille, je me suis vite aperçue qu'il y avait "quelque chose de pas normal" tous les Français montaient à bord en premier, les arabes, en dernier ( petit souvenir)
Merci Yves
J'espère que " tes visiteurs" seront nombreux
Bises
Et ok pour le sac à dos!
Écrit par : noelle | 08 octobre 2009
J'avais pris le "Ville d'Alger" pour aller en Corse ! Dans la soute avec les bagages...
Pour les "harkis" ton écrit est ambiguë, des indigènes enrôlés pour être de la piétaille, ou tout simplement que les "harkis" étaient de la piétaille... Ce n'est pas la même chose !
Écrit par : alsacop | 09 octobre 2009
Alsa
Je pense que c'est "POUR ETRE"
Écrit par : noelle | 09 octobre 2009
Alsa : "la piétaille" ce n'est pas péjoratif cela désigne les troupes à pied, les fantassins, le gros de la troupe.
J'ai écrit piétaille Harki et Fellaga. C'est à dire les hommes du rang, les troupes de base, la chaire à canon...
Tout ces bonhommes qui se sont retrouvés enrôlés, razziés, par un camp ou l'autre par les hasards de la vie sans savoir ce qui leur arrivaient, sans idéal économique ou politique.
Écrit par : Pataouet | 09 octobre 2009
Comme les paysans Français pendant la guerre de 14
Écrit par : noelle | 09 octobre 2009
Tout à fait
Écrit par : Pataouet | 09 octobre 2009
Je voulais simplement te dire que j'hésitais entre "utilisation" et "classification primaire" !!
Écrit par : alsacop | 09 octobre 2009
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