31 mai 2009
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Mais qu'est-ce qu'il fout en Suisse ?
07:15 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : alger
30 mai 2009
Samedi
Aujourd'hui est un grand jour pour moi.
Je retourne apaiser mes souvenirs !
12:11 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : alger
29 mai 2009
1963, Alger mon amour…
Une petite remarque avant tout, hier après-midi, nous sommes allés dans une grande surface de l’agglomération lyonnaise, c’est ou du moins ce fût la plus grande surface d’Europe, lorsque j’eus chaussé mes nouvelles lunettes, ou peut-être à cause de cela, je fus pris d’un immense fou-rire. J’étais au beau milieu d’une immense tour de Babel aussi cosmopolite que possible ! Mais ou sont les Gaulois ? Et surtout pourquoi la France a réussi, ou presque, en Métropole ce qu’elle a raté aux colonies ?
Donc,
1963, Alger mon amour…
Disais-je.
Dès le mois de septembre, mon père repart à Alger. Il réintègre son appartement, son travail à la gare de l’Agha, son pays. Pour la Saint Sylvestre, ma mère et moi le rejoignons. Cette fois en avion et la fleur au fusil !
Pour le jour de l’An 1963 nous nous réveillons à nouveau chez nous.
Dés la fin des vacances, je fais ma rentrée au collège, je redouble ma 6ème car la précédente avait été un tantinet hachée et bâclée. Première surprise, la classe est mixte ! Enfin pas tout à fait car si les cours sont communs aux 2 sexes, les classements sont séparés. Heureusement pour moi cela m’a permis d’être au moins 2 fois premier de la classe ce qui ne m’était jamais arrivé et ne m’arrivera plus. Tans pis pour mon père qui adorait manier la carotte et qui a bien du se résoudre à me les offrir ces carottes !
Premières filles premiers émois. Je tombe amoureux d’une fille de fonctionnaire coopérant qui ira même jusqu'à m’inciter à suivre en sa compagnie des cours supplémentaires d’Anglais le samedi après-midi. Ce n’est pas pour cela que je maitrise la langue de Shakespeare.
Mais au delà de la gaudriole, des visites du dimanche en des lieux plus éloignés d’Alger, interdit jusque là, de la reprise de contact avec mon pays, tout n’est pas si drôle.
La situation politique est agitée. Les luttes de pouvoir et d’influence certaines. L’organisation administrative totalement déboussolée. Je me souviens d’un ministre dont j’ai perdu le nom mais dont je me souviens qu’on l’appelait le Kennedy algérien, assassiné sur les marches de l’assemblée nationale.
Le commerce aussi est totalement désorganisé. Les commerçants français sont partis et les algériens ont été assassinés avant l’indépendance. Il faut que tout cela s’organise.
Notre position est très ambiguë. Ce n’est pas inscrit sur mon visage que je me sens algérien. A notre tour de subir le délit de faciès. Je me souviens d’un copain, issu d’une riche famille kabyle qui possédait les moulins à huile d’Alger, me défendant des attitudes hostiles. Je me souviens aussi d’un autre copain, qui avait mis plus de temps pour me comprendre et il l’avait compris qu’après m’avoir piqué et rendu mon stylo à plume, qui un jour m’offre un pin’s de l’UGTA avec le drapeau algérien dessus en me disant tiens porte cela il te sera plus utile qu’à moi. Je me souviens aussi d’un yaouled, c’est ainsi que nous appelions les jeunes algériens, c’est de l’arabe, prêt à ce gaver d’eau à une fontaine plutôt que de me laisser la place. A la vue de mon épinglette je pus boire à satiété. Je me souviens enfin d’un révolver pointé dans ma direction dans les escaliers du sous-terrain des facultés.
Tout n’était pas rose ! Ajouté à cela, un gouvernement qui recommence à inquiéter les communistes, qui parle d’arabétiser l’enseignement, une situation politique toujours très instable et mes parents jettent l’éponge.
Mon père demande et obtient une mutation à Paris Montparnasse, nous avions encore notre logement refuge en région parisienne, et avant même la fin de l’année scolaire, mais juste après les livrets, nous reprenons le chemin de la métropole mais cette fois en ayant soldé le mobilier et nos affaires.
Je n’approuve pas cette décision mais j’ai 12 ans et de plus aujourd’hui je dirais qu’elle était légitime.
Avant de quitter le sol de mon pays, je jure devant le drapeau algérien que je reviendrai m’installer en Algérie mais …
10:22 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : alger
28 mai 2009
Le retour...
Bon d’abord, il faut savoir que les familles rapatriées sont totalement traumatisées, on le serait à moins. On a entassé le maximum de chose dans tout ce qui pouvait contenir : valises, malles, couffins et jusqu’à des couvertures pliées en ballot. L’attente d’un bateau à lieu sur un arrière quai du port, en plein soleil, nous sommes en juillet, des cargos sont réquisitionnés pour répondre aux besoins, ils ne sont pas équipés pour le transport de passagers, ou pour le moins pas suffisamment équipés. Et pour couronner le tout, un mistral à décorner les bœufs balaye toute la méditerranée. Habituellement, 21 heures de traversée là, 33 et dans une ambiance !!!
A l’arrivée à Marseille, un centre de tri, « ma parole on n’est pas des chiens !!! », selon le cas c’est direction une ville de France ou l’on est attendu ou des camps de regroupement, celui de Gémenos est célèbre.
Mais dans quelle ambiance sommes nous accueillit ?
Il faut rappeler que la métropole sort à peine de l’après-guerre. Les conditions de logement, d’équipements sanitaires et ménagers sont précaires. Le gouvernement vient de mettre en place les Plans ZUP mais peu de logement sont prêts et ce n’était pas pour les rapatriés.
Chaque famille a au moins un bidasse qui, s’il n’a pas été blessé ou tué, et rentré complètement traumatisé de 27 mois de service sans compter les rappels.
Chacun a encore en mémoire les menaces de débarquement des Paras sur Paris et les nuits d’angoisse que cela a pu lui procurer.
Nous sommes en plein emploi mais allons nous absorber ces, à la louche, 250 000 demandeurs ?
Et puis, tout ces agents d’état, fonctionnaires, agents de collectivité locale, policiers, gendarmes qu’il va bien falloir réintégrer ne vont-ils pas limiter l’accès des métropolitains au travail et à la fonction publique ?
Les syndicats et les partis politiques de gauche sont très craintifs à cette invasion de « horde fasciste ».
Enfin, est-ce la fierté ibérique ou le bourrage de crane colonialiste qui confère une attitude hautaine pour ne pas dire fanfaronne à ces gens que la France elle a laissé tombé mais qui s’y réfugient ?
11:24 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : algérie
27 mai 2009
Mais combien sommes-nous ?
Les statistiques démographiques que j’ai pu pécher sont assez troublantes.
En 1900 il y aurait eu 1 million de colons pour 1 million de musulmans. En 1962, toujours 1 million de français d’Algérie pour 10 million d’Algériens. A peine le renouvellement de la population européenne. Est-ce les filles qui finalement n’étaient pas si jolies que cela ou la réputation virile de nos pères surfaite ? Je pense plutôt que cela révèle une amorce de retour au pays, une immigration ralentie, des pertes guerrières, une mortalité infantile forte, (mon père, sur 7 enfants 3 sont devenus adultes, pour moi c’est 2 sur 4), enfin les incertitudes des années 50.
J’ai une petite question qui me taraude, que représente aujourd’hui ce million de personnes ?
Je ne pense pas que nos statisticiens puissent répondre. Nous nous sommes noyés dans la masse, avons marié l’ardéchoise, la parisienne ou la ch’timi. Mes enfants sont déjà des demi-sel, mes petits enfants des quarts.
Autres statistiques, il y avait 3 départements français d’Algérie, avant que le gouvernement ne quadrille plus le territoire. Il y avait, bon an mal an, de 10 à 15 % de français d’Algérie dans les départements d’Alger et de Constantine, prés de 33% à Oran. N’est-ce pas une explication à l’apparente meilleure assimilation des Oranais ? Avec le facteur temps bien entendu, XVIème siècle.
Il y a aujourd’hui 4 million de personnes originaires d’Algérie en France. Lorsque j’ai eu l’occasion professionnelle de fréquenter ces familles, très rares étaient originaires d’Alger. Oran et le bled étaient l’origine quasi absolue. A telle point que le retour au pays est devenu le retour au bled.
Enfin je pensais qu’il ne restait plus de français d’Algérie restés au pays. Je viens de faire quelques recherches généalogiques auprès de l’Archevêché d’Alger. Il y a encore 13 églises sur le diocèse ou une messe est dite toutes les semaines et trois églises à Alger (Cathédrale, Notre dame d’Afrique et St Charles) ou la messe est dite tous les jours. Bien sur cela n’indique pas le nombre d’ouailles présentes, mais cela représente quelque chose.
Je commence à recevoir des témoignages de familles qui sont restées en Algérie après l’indépendance. Leurs témoignages m’intéressent beaucoup. Si cela vous dit, ce serait avec plaisir que je les publierais.
10:00 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : algérie