23 avril 2009
Colonisation de peuplement
Nous voilà installé dans une colonisation de peuplement.
Bien sur…
Bien sur, il n’y a pas eu génocide de la population locale mais 1/3 des autochtones ont été massacrés.
Bien sur, il n’y a pas eu importation d’esclaves mais asservissement de ce que les gouvernements appelleront désormais les Indigènes ou les Musulmans, voir le code de l’Indigénat, par opposition avec les immigrants occidentaux.
Bien sur, il n’y a pas eu apartheid mais les indigènes sont laissés à part, sans éducation, sans hygiène ni santé, dans leur habitat local et en conservant et en utilisant les structures tribales autocratiques. Les indigènes ne sont que main d’œuvre à bas coût ou plus tard chair à canon.
Juifs, Gitans,…
Contrairement à ces indigènes musulmans, d’autres catégories de population implantées depuis le début des conquêtes successives et au moins depuis la chasse des non-catholiques par Isabelle d’Espagne, seront reconnus par les décrets Crémieux de nationalité française. Les Juifs, dont la photo ci-jointe montre bien l’intégration aux coutumes maghrébines et les Gitans, éleveurs de chevaux.
Le territoire nouvellement algérien est donc ouvert à la colonisation de peuplement.
Deuxième partie du 19eme siècle, l’Europe est en pleine révolution politique, économique, rurale et industrielle.
Français.
Tout d’abord, on propose aux militaires conscrits, la conscription durait 7 ans et était issue d’un tirage au sort avec éventuel rachat, de devenir cultivateur en leur attribuant un lopin de terre (6 hectares) qui deviendra leur propriété après un certain temps de culture. Mais les terres sont en friches, souvent marécageuses, la mortalité est élevé…
Les navires transportant ou approvisionnant les troupes faisaient escale à Minorque ile des Baléares. Très rapidement, les colons français ont été rejoints par ceux que l’on appelait les Mahonnais (Mahon est la ville principale de Minorque).
La défaite de Sedan, la chute du deuxième empire, la perte de L’Alsace et de la Loraine, la commune et son cortège de déportés ou de réfugiés politiques, constituent la suite du contingent d’origine française.
Espagnols.
Les espagnols sont soit refoulés par les guerres de reconquêtes soit issus de l’époque de la présence espagnoles (XVIème siècle) soit immigrant récents, et jusqu’à la guerre civile, cette origine représente la deuxième origine de colonisation. Ils sont implantés ou s’implantent essentiellement dans la région d’Oran, l’ouest algérien.
Les Italiens.
De tout temps les Italiens, leur état unifié est en cours de création, ont bourlingués de part le vaste monde. On en retrouve aux Amériques, en Australie et Océanie, connaissez-vous un pays au monde ou l’on ne puisse manger une Pizza ?
Par tradition pêcheurs et agriculteurs ils s’implantent à l’est et jusqu'à l’algérois.
Maltais, grec, …
Enfin, par contingent plus infime, toutes les régions occidentales et chrétiennes de la Méditerranée fournissent leur lot d’immigrant.
Francisation de ce peuple de colons.
Depuis Crémieux et ses décrets, tout migrant d’origine européenne et de culture judéo-chrétienne est de nationalité française.
Mais, à l’époque, les peuples ne pratiquaient pas beaucoup leur langue nationale. Nous étions encore, et pour quelques années, sous des régimes de langues, patois et dialectes locaux.
La mixité d’origine, de langue et de religion n’était pas de mise.
Mes aïeux sont tous, à l’exception près d’une arrière grand-mère mahonnaise, et à la troisième ou quatrième génération, originaires de France : Gard, Gers, Charente, Pas de Calais et Alsace. (Tiens, pas du Sud-est !!!)
Pas de mixité et regroupement géographique font que les européens conservent leurs coutumes, leurs langages, …
Je me souviens gamin avoir assisté à des rencontres sportives entre Alger et Oran, je ne comprenais couic aux paroles de nos adversaires et mes sportifs préférés allaient « foutre la raclée » aux espagnols.
Les échanges sont par contre culinaires, je me plais à affirmer, j’y reviendrais, que la cuisine méditerranéenne étant la plus fine du monde, la cuisine d’Afrique du Nord ayant hérité du meilleur est la meilleure du monde, (Fanfaron va).
Le seul véritable melting-pot de population se fait dans l’Algérois et plus particulièrement dans le quartier de Bab-el-Oued ou chacun apporte ses expressions, ou l’on conserve l’intonation d’origine pour créer un véritable espéranto : la pataouet dont je reparlerais évidemment.
06:35 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : algérie, colonisation, pataouet
10 avril 2009
Eie ben ouala
Ouala cé fé !!!
Mon premier propos consistait à mettre en place les décors historiques de cette région d'Afrique du Nord qui désormais sera l'Algérie.
De vagues successives d'invasions, de conquêtes, de conversions, depuis les phéniciens en passant par les romains, les turcs, les espagnols et les français, de religion polydéiste en passant par le christianisme pour aboutir à l'Islam, ce pays s'est forgé une identité, des contours géographiques, une histoire.
J'aborderais désormais mes sujets de manière plus transversale : L'immigration européenne, la non reconnaissance des "musulmans", la vie quotidienne, la cuisine, les loisirs, mais aussi, la montée du nationalisme, le déclenchement et la guerre d'Algérie, le rôle des politiques et des militaires des 2 camps, l'exode et l'arrivée des rapatriés en métropole, l'Algérie république démocratique et populaire.
Sans oublier le titre de ce blog : les pataouets ce petit peuple d'Alger qui m'est si cher.
Mes notes seront certainement désormais moins rapprochées les unes des autres, le travail nécessitera plus de recherche et de réflexions personnelles, parfois difficiles,...
En attendant, nous partons quelques jours en promenade avec 2 de mes petites filles et si je pense à mon blog ce sera pour l'alimenter de photos ou d'anecdotes.
08:22 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : algérie, pataouet
12 mars 2009
Pourquoi ? Parce que !!!
« Dis Papy, pourquoi l’Algérie ? »
« Parce que … :
- J'y suis né, troisième ou quatrième génération d'émigrans français ou espagnols, et que j'y ai vécu, malgré une période troublé par une guerre qui ne voulait pas porter son nom, toute mon enfance au fil de formidables souvenirs.
- Mon père, et ma mère dans sa suite, était un militant social-humaniste dès 1936, il n'a jamais adhéré à aucun parti politique. Il est demeuré fervent de l'anticolonialisme au péril de sa liberté et de sa vie.
- Comme mes parents, je pensais poursuivre ma vie dans ce pays neuf mais qu'il leur a fallut rapidement admettre que nous n'y avions plus notre place. Mais ce fut un crève-cœur.
- L'histoire des humains sur ce territoire a débuté avant celle de l'Europe puisque l'homme partant des régions subtropicales est passé par l'Afrique du Nord avant de passer en Europe. Et qu'elle se poursuit encore aujourd'hui.
- Je n'accepte pas que l'Algérie, française ou indépendante, se résume systématiquement à juillet 62, « une main devant une main derrière ». Les accords d'Evian ne sont que la résultante des colonisations successives, turque et française, des décisions politiques qui ont émaillé l'histoire de l'Algérie. Pourquoi est-on arrivé à cette situation extrême qui a contraint une partie du peuple vivant en Algérie à se ré-expatrier vers la Métropole ? et qu'est-ce qu'a gagné le peuple algérien ?
- Je réfute le terme générique de « Pieds-Noirs » jamais utilisé avant 1961, Paris-Match, pour désigner et agglomérer toute la population d'origine « européenne » vivant en Algérie, puis au Maroc et en Tunisie. Ce conglomérat n'existait pas, nous vivions à Alger, Oran ou Constantine, nous étions français d'Algérie et nous déterminions les gens par leurs origines, « espagnols, italiens, mahonnais, maltais, marseillais, alsaciens, juifs, arabes, kabyles, touaregs, mzabites,... ».
- Je comprends l'accueil des français métropolitains, qui ne s'étaient pas encore remis de la guerre de 39-45, en particulier au niveau du logement, chaque famille ayant connu, dramatiquement souvent, un bidasse mobilisé, remobilisé, et envoyé en Algérie pour 27 mois. Ces métropolitains voyaient débarquer 1/30 ème de la population sans travail sans logement sans rien, avec souvent une exubérance latine et une prétention de droits que leur confiait l'histoire.
- Je pense que ce melting-pot d'origine méditerranéenne a apporté des richesses culturelles à la France.
- J'ai baptisé mon blog « Patawet » en fait il s'agit plutôt du « pataouet », mais ma fréquentation du créole antillais m'a incité à utiliser le W plutôt que le OU. Il s'agit d'un langage ayant amalgamé des mots et des prononciations de toutes origines pratiquées à et autour d'Alger, « Bab el Oued » étant le fief principal. Ce langage, véritable espéranto-arabo-créole, était pratiqué dans l'algérois et s'était même immiscé dans l'argot parisien et le langage courant français, certainement transmis par la pègre algéroise à la pègre parisienne. Car nous aussi et bien avant l'exode nous avions une pègre.
- Je suis fiers d'être le descendant d'émigrés, économiques ou politiques, je suis fiers d'être né dans l'Algérois, je suis fiers de mes parents mais je suis honteux de la façon dont les gouvernants de la France ont traité leurs colonies en général et l'Algérie en particulier. Je suis honteux des attendus de « l'affaire algérienne », des ses évolutions, quels que soit les camps et de son aboutissement.
Parce que, parce que, parce que, ... c'est à tous ces « parce que » je voudrais essayer de répondre, au moins selon mes recherches et mes convictions dans mes notes futures.
15:32 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : algérie, pataouet