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09 avril 2009

Décret Crémieux et code de l'Indigénat.

Napoléon III accorde la nationalité française aux indigènes par le sénatus-consulte impérial du 14 juillet 1865 ce qui provoque la colère des colons français. Ceux-ci se réjouissent de la défaite de Napoléon III lors du conflit de 1870.

Le Décret Crémieux

Crémieux.jpgLe 24 octobre de cette année, le décret Crémieux est promulgué attribuant la citoyenneté française aux 37 000 juifs d'Algérie, tout en leur retirant d'office leur statut civil religieux particulier, et les soumet au service militaire généralisé comme tous les autres citoyens français. Les "indigènes musulmans" sont astreints pour leur part à un service militaire de deux ans c'est-à-dire d'une durée plus longue et pour un solde moindre (Source: Yves Lacoste Vive la nation!)

Les « lobbies » colonialistes n'eurent de cesse de demander l'abrogation du décret Crémieux, jusqu'à ce qu'ils l'obtiennent enfin de Pétain en 1940. C'est eux qui se déclarèrent indignés de "l'inégalité ainsi créée entre juifs et Arabes". Et la meilleure preuve du caractère décolonisateur du décret Crémieux, c'est qu'il allait être invoqué, après la guerre de 1914-1918, par les patriotes algériens, comme l'émir Khaled El-Hassani Ben El-Hachemi (petit-fils de l'émir Abd El-Kader), Messali Hadj, Ferhat Abbas et Ben Badis, pour obtenir l'égalité politique.

Decret Crémieux.jpgAjoutons qu'à la même époque les leaders des citoyens français juifs, comme les professeurs Henri Aboulker et Raymond Bénichou, ainsi que le docteur Loufrani allaient revendiquer l'égalité de vote pour les indigènes musulmans, et créer, à cet effet, l'association des Croyants monothéistes, avec le cheikh El-Okbi des oulémas algériens, et d'autres Algériens chrétiens, juifs ou musulmans. Autre conséquence de la défaite de 1870 : l'arrivée massive d'Alsaciens et de Lorrains dont les terres sont confisquées par les Prussiens.

Code de l’Indigénat

Badis.jpgLa discrimination culmine avec la publication le 28 juin 1881 du code de l'indigénat qui distinguait les citoyens français (de souche métropolitaine) et les sujets français (les indigènes), les sujets français étant privés de la majorité de leurs droits politiques et soumis à un statut de vaincu qui les mettait à la merci du colonisateur. Le code de l'indigénat s'appliquait à l'empire colonial français bien au delà des Arabes, par exemple à l'Indochine.

La France a fait venir des colons pour exploiter les terres afin de lancer la machine économique de l’empire français et d’envoyer outre méditerranée des éléments sociaux potentiellement dangereux pour l’ordre social. Les indigènes de culture musulmane ou issus de cette culture étaient sous le régime de l’indigénat et pouvaient en théorie accéder à la citoyenneté française en renonçant à leurs traditions. Patrick Weil, directeur de recherches au CNRS, note toutefois que le musulman algérien, originaire d’un département français, était juridiquement inférieur à un étranger dans la mesure où il était soumis à une procédure beaucoup plus complexe pour obtenir le statut de citoyen français.

Les Indigènes

Souvent répartis dans des zones pauvres, nombreux sont ceux qui sont devenus ouvriers agricoles dans de grandes exploitations créées par les colons dans des zones gagnées sur les marécages autour de la région de Bône ou dans l’algérois et en Oranie. En marge de la société, ils avaient rarement accès à l’enseignement. Leur culture et leurs langues étaient opprimées, les écoles indigènes ont été supprimées au profit d’écoles françaises en nombre très insuffisant. En 1929, 6 % seulement des enfants « indigènes » allaient à l’école primaire.

Messali_hadj_ahmed.JPGLes colons et certains immigrés français purent dominer la société algérienne et imposer leur langue qui devint quasi exclusive dans l’administration, l’enseignement et l’affichage. Selon le géographe Yves Lacoste, « en Algérie ont été soigneusement oubliés non seulement les principes de laïcité de la IIIe République, mais surtout les lois sur l’instruction primaire obligatoire qui, dans l’intérêt même de la colonisation, auraient été des plus utiles pour essayer de franciser la population « indigène ». L’application de ces lois se heurta non pas au refus des musulmans, mais à celui des « pieds-noirs », les citoyens français d’Algérie (venus pour une grande part d’Espagne et d’Italie) qui, jusqu’aux années 1950 et en fait jusqu’à la guerre d’Algérie, s’opposèrent par tous les moyens à l’ouverture d’écoles pour les « Arabes ». Le but d’une telle obstruction, proclamé sans vergogne dans la presse, était que les musulmans n’apprennent pas le français, qu’ils ne puissent pas lire de livres qui leur donneraient des idées subversives, et aussi qu’ils ne puissent pas prétendre à des fonctions que les Français entendaient se réserve. L'administration coloniale a supprimé toutes les écoles indigènes pour les remplacer par des écoles françaises en nombre insuffisant.

En 1930, le gouvernement colonial célébra avec faste le Centenaire de l’« Algérie française ». Bien que la France disposait d’écoles, et de services publics efficaces, la majorité des Algériens étaient pratiquement dépourvus de toutes garanties sociales ou juridiques et constituaient une population presque sans droits.

 

08:48 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : algérie, colons, indigénat, crémieux

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