11 octobre 2009
Privatisation quand tu nous tiens
Concession
Je suis entré dans la carrière communale, à l’époque, territoriale depuis, comme on entre en religion, au service du public. J’avais déjà mes valeurs de Solidarité Humaine que d’aucun qualifiait déjà d’Utopique.
Dans le cadre de la comptabilité publique il y avait déjà un secteur dénommé « Industriel et Commercial ». Ce secteur désignait les services des eaux, des égouts, des ordures ménagères, des abattoirs, des transports en commun, des pompes funèbres, etc.…
Individuellement, chaque budget devait être équilibré (c’est une obligation pour le SP territorial, il n’y a que l’état qui puisse faire tourner la planche à billet).
Ces secteurs tournaient, bon an mal an, sans perspectives d’évolution, sans beaucoup d’investissements, sans motivation du personnel. Tiens le personnel, parlons-en. Il vivait pépère, assumant sa réputation, souvent justifiée, de flémard fortement syndiqué et qui attendait la fin de journée pour en commencer une deuxième, paysanne ou au noir, plus lucrative mais sans sécurité.
Je me souviens que l’on m’a demandé un rapport sanitaire sur les Abattoirs de la Commune. Il était évident que les bâtiments, le matériel et le personnel devaient être «abattus» et que le service public d’abattage devait être transférer en concession vers l’abattoir privé et, à l’époque, ultra moderne en construction à proximité.
Mais ce secteur « Industriel et commercial » avait donc une valeur marchande, un intérêt économique, il a donc interpelé le secteur marchand, qui, à pas feutrés, est venu faire les yeux doux aux élus locaux. Vous allez voir ce que vous allez voir, à prix équivalent, « promis, juré, craché, j’va vous le faire tourner vot’ service Môsieur le Maire ».
Et nous voilà donc dans la concession de service public à tour de bras. Cette concession concerne la gestion du secteur concerné, les investissements sont toujours à la charge de la collectivité et les bénéfices eux tombent dans l’escarcelle des entreprises. Pour développer ces bénéfices, il faut adapter les prix, et qui c’est qui paye ? L’usager !
Dans le même temps le personnel est payé pour ce qu’on lui demande de faire. S’il est balayeur, il ballait, le gamin qui jette un papier par terre ou le chien qui s’épanche à ses pieds, ce n’est plus son affaire. S’il y a un événement imprévu, forte chute de neige par exemple, avant que les agents ne se mettent en action, l’élu doit d’abord ouvrir sa cagnotte.
Je me souviens d’un copain de classe hilare au matin. Son père était chef d’une équipe d’entretien des voies ferrées, et à ce titre logé à proximité de ces voies, à 4 h du matin, le train « 4623 » ne passe pas, le type se réveille s’habille, va constater ce qui se passe et fait intervenir son équipe. Combien d’heures restez-vous coincés aujourd’hui dans un TGV victime d’un « incident » ?
Privatisation
Venons-en maintenant aux entreprises du secteur public d’état : SNCF, EDF-GDF, PTT, …
Elles furent d’abord victime de la concession de pans entiers de leur activité, cela fait des lustres que les agents n’effectuent plus les taches de création et d’entretien des réseaux.
Puis vint le néo-libéralisme européen. Notre particularité française de gestion publique ne correspondait pas aux critères de l’Europe. Il nous fallait donc ouvrir nos entreprises publiques à la concurrence, les transformer en Société cotée en Bourse. En un mot : Privatiser. Il est d’autant plus remarquable que le texte le plus « assassin » pour le Service Public à la Française a été ratifié sous la cohabitation Chirac-Jospin. Par un gouvernement « socialiste » donc. Lorsque je vois les « éléphants » se dresser sur leurs petits ergots pour défendre La Poste, je ne pleure pas de rire mais de rage.
Pendant ce temps, des démarcheurs « ripoux » embêtent les vieilles dames et communique des documents non signés à l’exploitant historique qui résilie les contrats sans sourcilier !
Voilà pourquoi je me suis battu toute ma vie contre ces privatisations, larvées ou officielles, mais, tel Don Quichotte, j’ai souvent eu l’impression de me battre contre des moulins…
11:33 Écrit par Pataouete dans Mes humeurs | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : privatisation, concession, la poste
Commentaires
...Toujours du Brel ! Je m'appelle Pa...taouet !
Écrit par : alsacop | 11 octobre 2009
Tu sais Alsa "l'homme de la Mancha" c'est MON disque...
Surtout la Quête quand j'ai le Blues...
Je suis plus Quichotte que Sancho quoi que ...
Écrit par : Z'Yves | 12 octobre 2009
Toi aussi tu as fais des rapports du style "scier la branche sur laquelle...".
Autre anecdote : un jour ma direction (Grand groupe) me convoque et m'explique que je ne pouvais pas me présenter aux élections de délégués du personnel, mon poste ne le permettant pas.
Le mois suivant...une augmentation de 1000 francs par mois à partir de la nouvelle année, aucun lien
Cinq mois plus tard j'étais licencié pour raison économique...
Don Quichotte...j'avais lu, je n'aimais pas trop la comédie musicale de Brel, je manquais de "maturité" !
Écrit par : alsacop | 12 octobre 2009
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