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06 novembre 2010

Un rapport officiel désespérant pour les jeunes

Banlieues, chômage, Pôle Emploi, l'Inspection des affaires sociales se paie le gouvernement !

Un rapport ? En réalité, c'est plutôt un réquisitoire que dresse l'Inspection générale des Affaires sociales sur le thème de" L'accès à l'emploi des jeunes des quartiers prioritaires de la politique de la ville ».

En 177 pages, encore confidentielles,  mais publiées par "le Canard Enchainé",  les fonctionnaires de l'Inspection dressent un constat juste un peu désespérant de la situation. Ainsi la fameuse "politique de la ville» voulue par Sarkozy ne consacre pas plus de 30 millions à l'emploi. Une misère. Quant à l'intérêt qu'y porte le service public, il tient en une phrase : " Très massivement: les chefs des sites de Pôle emploi déclarent n'avoir pas d'objectifs concernant les jeunes des zones urbaines sensibles (ZUS). » Au moins, voilà qui est clair.

Les Zus et coutumes

Les collectivités doivent donc bricoler comme elles peuvent des « missions locales pour l'emploi» et les faire fonctionner. Régions, départements et communes fournissent les locaux et le personnel. Mais, faute de moyens, on doit parfois se rabattre sur les Maisons des jeunes et de la culture. Dans certaines de ces « zones urbaines sensibles », le personnel des MJC est alors réquisitionné pour la bonne cause: entre club photo et cours de gym pour les adultes, il doit trouver le temps de recevoir et d'orienter les chômeurs. Et faire face à des situations désespérantes, avec, dans certains quartiers, un jeune sur deux au chômedu. Malraux, le père des MJC, doit se retourner dans sa tombe.

Plus déprimant encore : les services de Pôle emploi regardent généralement de haut ces employés, souvent dévoués, des missions locales, et préfèrent garder leur salive pour discuter avec les boîtes privées auxquelles ils ont accordé de juteux contrats de sous-traitance. Du coup, les jeunes des «quartiers» obtiennent nettement moins de stages de formation ou de contrats en alternance que ceux des zones favorisées. Mais il leur reste les cages d'escaliers.

Pourtant, depuis l'arrivée de Sarko, les promesses ont succédé aux promesses. Simple rap­pel: en 2008, le plan « Espoir banlieues » présenté par Fadela Amara prévoyait d'« accompagner vers l'emploi» 100 000 jeunes des quartiers. Un an plus tard, Sarko voyait les choses en très grand et mettait 1,3 milliard au pot. Objectif: caser 627 000 jeunes entre juin 2009 et juin 2010. Mathématiquement, toute la jeunesse devrait donc bosser aujourd'hui.

Un an après ce plan éblouissant, Pôle emploi en dénombre encore 631 000 (contre 641 000, alors). Chacun de ces 10 000 chômeurs en moins dans les statistiques a donc coûté 130 000 euros. Résultat: selon la Direction des statistiques du ministère des Affaires sociales, le taux de chômage flirte toujours avec les 17 % chez les jeunes (contre 10 % en moyenne). Et il culmine à 30 % (avec des pics à plus de 40 %) dans les zones urbaines sensibles. Bref, le couple Pari­sot-Chérèque, qui s'est dévoué pour ouvrir de prochaines négociations sur l'emploi des jeunes en guise de « sortie de crise », peut s'attendre à un franc succès.

Agences de beaux quartiers

Les implantations de Pôle emploi pourraient leur fournir un bon sujet de réflexion. Ainsi, cinq ans après les émeutes des banlieues, le maire de Clichy-sous-Bois (93), Claude Dilain, a dressé un constat édifiant sur France Inter le 26 octobre : sa ville n'a pas la chance d'être dotée d'une agence de Pôle emploi (mais elle dispose d'un commissariat de police ... ), pas plus que la cité voisine de Romainville. Soit 63 000 habitants laissés pour compte par le service public du chômage. En revanche, la cité très cossue du Raincy, alias « le Neuilly du "neuf-trois" », qui compte moins de 14 000 âmes, a « son » Pôle emploi.

A un jet de pierre de là, une autre agence du service public est implantée à Aulnay-sous-Bois, mais elle est réservée aux chômeurs du bâtiment ou du secteur de la restauration et de l'hôtellerie. Normal, dans une zone aussi touristique que la Seine-Saint-Denis.

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09:31 Écrit par Pataouete dans La poulitique, Les Quartiers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : quartiers, poleemploi