20 septembre 2009
Je n’aime pas que l’on galvaude la Mutualité
Je n’aime pas que l’on galvaude un nom et encore moins que l’on récupère une notion de Solidarité au profit du secteur marchand.
Que le Frigidaire ou le Frigo ait supplanté le Réfrigérateur passons. Mais que l’on me demande si j’ai une Mutuelle alors qu’il s’agit, dans la plupart des cas aujourd’hui, d’une Assurance Santé me révolte. Il est vrai que les Sociétés qui se veulent « Mutuel » ne répondent plus vraiment non plus aux valeurs essentielles de la Mutualité.
Le mutualisme
Le mutualisme est en France le mouvement politique et historique qui a conduit à la création des formes mutualistes ou coopératives d'association dans les domaines de l'assurance, de la banque, de la construction, de l'instruction, et en général de toutes formes de production ou de commerce. Ce mouvement a conduit à la création d'un secteur économique non marchand régi par le code de la mutualité.
L'adjectif « mutuel » désigne, plus précisément, le caractère réciproque d'un droit ou d'une obligation.
Histoire du mouvement coopératif / mutualiste
L’association coopérative n’est pas un groupement instinctif, mais une forme déjà structurée de la vie en société. On peut imaginer à juste titre que les premières manifestations coopératives ont été spontanées : l’entraide... On peut néanmoins trouver des exemples de « préhistoire coopérative » ! L’aménagement du fermage collectif dans la Babylonie, les confréries d’assistance et de sépulture de l’antiquité romaine aurait eu d’un certain point de vue quelque parenté avec les institutions coopératives. On peut aussi évoquer les équipes de compagnons du bâtiment, lors de la construction du Temple de Salomon à Jérusalem : les ouvriers ont en effet mis en place un système d'entraide destiné à ceux d'entre eux victimes d'accidents ou de maladie, système qui a perduré avec les compagnons qui parcouraient l’Europe au temps des cathédrales. N'oublions pas les « artels » de pêcheurs, de chasseurs et d’artisans de l’ancienne Russie...
Les racines de la Coopération ouvrière plongent loin, environ 150 ans dans l’histoire. On peut dire qu’elle est une réponse des travailleurs aux conséquences de la concentration des capitaux. Les coopératives sont une réponse aux « abus » du capitalisme, essentiellement développé pendant la Révolution industrielle.
La loi Le Chapelier des 14 à 17 juin 1791 qui interdit les « assemblées d’ouvriers et d’artisans ». Cette loi proscrit ainsi les coalitions tant ouvrières que patronales, mais ce sont surtout les premières qui étaient visées de crainte « qu’elles ne provoquent une augmentation de salaire ». En 1791, la Révolution française inspirée par des préoccupations libérales supprime, par la loi « Le Chapelier », tous les corps intermédiaires :
- Corporations : ensemble des personnes exerçant la même profession (marchands et artisans) afin d’en réglementer l’accès et l’exercice, la concurrence, les heures de travail et les techniques de production.
- Jurandes : Sous l’Ancien Régime, corps de métier constitués par le serment mutuel que se prêtaient ces membres.
- Compagnonnage : « Association entre ouvriers d’une même profession à des fins d’instruction professionnelle et d’assistance mutuelle. »
La loi Le Chapelier ne fut abrogée qu’en 1884.
La classe ouvrière est livrée à l’arbitrage des employeurs.
Il est certain que pendant le premier demi siècle de son existence, le développement coopératif aura été dominé par la primauté :
- Des coopératives de consommation
- Des coopératives européennes.
C’est là que se forgèrent les types d’organisation internes et le stock des doctrines dominantes.
Robert Owen (1771-1858) est considéré comme le père fondateur du mouvement coopératif moderne. Le Gallois qui fit fortune dans le commerce du coton désirait améliorer les conditions de travail et de vie de ses salariés par l'éducation des travailleurs et de leurs enfants, la mise en place de crèches... Il mit en œuvre ses idées avec succès dans sa filature "New Lanark" en Écosse. La première coopérative de consommateurs (magasin coopératif) y fut créée. Cette réussite lui donna l'idée de créer des "villages of coopération" où les travailleurs pourraient se sortir eux-mêmes de la pauvreté en produisant leur propre nourriture, fabricant leurs propres vêtements et finalement se gouverner eux-mêmes. Il tenta de créer de telles communautés à Orbiston en Écosse et à New Harmony, dans l'Indiana aux États-unis, mais sans succès.
Autres domaines
Aujourd'hui, il semble que la mutualité soit conduite vers d'autres formes de compensation que la maladie, l'accident, la vieillesse ou la mort. Du fait des situations de précarité et d'exclusion en progression constante, y compris dans les pays dits développés, une nouvelle source d'inspiration pour la solidarité se fait jour, moins matérialiste et d'avantage axée vers les activités de l'esprit. L'accès aux savoirs et aux savoir-faire est en effet devenu une préoccupation essentielle pour tout individu, d'autant que les technologies modernes de communication permettent une diffusion rapide et étendue des informations et des moyens de formation individuelle.
Déjà, en France, on peut observer la création de mutuelles dites « culturelles », ayant pour vocation de proposer un système mutualisé d'accès à la culture au profit du plus grand nombre.
11:59 Écrit par Pataouete dans Mes humeurs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : mutuelle, mutualité, mutualisme
28 juillet 2009
Pierre-Joseph Proudhon et si on l'avait écouté ?
Pierre-Joseph Proudhon, né le 15 janvier 1809 à Besançon dans le Doubs et mort le 19 janvier 1865 à Passy, était un polémiste, publiciste, économiste, et sociologue français, le premier à se qualifier d'anarchiste.
Proudhon est célèbre pour sa fameuse formule « la propriété, c’est le vol ! » dans son mémoire « Qu’est ce que la propriété ? Ou recherches sur le principe du droit et du gouvernement » qui fut son premier ouvrage majeur, publié en 1840.
La publication de « Qu'est-ce que la propriété ? » attire l’attention des autorités françaises mais aussi de Karl Marx qui entame une correspondance avec Proudhon. Les deux hommes s’influencent mutuellement ; ils se rencontrent à Paris où Marx est en exil. Leur amitié s’achève quand, en réponse à « La Philosophie de la misère » de Proudhon, Marx écrit « La Misère de la philosophie ». Au sein de l’Association internationale des travailleurs (première Internationale), il y eut une scission entre les anarchistes de Bakounine et ceux de Proudhon. Les mutualistes proudhoniens pensaient que la propriété collective était indésirable et que la révolution sociale pouvait être atteinte pacifiquement.
Proudhon donna dans son « Système des contradictions économiques » publié en 1846 une explication de la société fondée sur l’existence de réalités contradictoires. Ainsi la propriété manifeste l’inégalité mais est l'objet même de la liberté, le machinisme accroît la productivité mais détruit l’artisanat et soumet le salarié, in fine la liberté elle-même est à la fois indispensable mais cause de l'inégalité. Ces contradictions sont éternelles et n’annoncent nullement l’autodestruction du capitalisme qu'aurait annoncée Marx.
Dans son livre « Les Confessions d’un révolutionnaire pour servir à l’histoire de la Révolution de Février », Proudhon écrit entre autres choses la fameuse phrase « l’anarchie c’est l’ordre sans le pouvoir ». Il tenta de créer une banque nationale qui donne des prêts sans intérêts, similaire d’une certaine façon aux mutuelles d’aujourd'hui, enfin plutôt d’hier…
Et si on l'avait écouté....
Si vous voulez appronfondir :
ou
ou débrouillez vous vous êtes libre....
07:51 Écrit par Pataouete dans La poulitique | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : proudhon, mutualisme