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04 novembre 2009

Faut plus qu'on cause du Peuple !

L’Identité Nationale ! vaste débat ré-ouvert cette semaine par le Ministre de l’Immigration et de l’Identité Nationale (sic).

Afin d’apporter ma contribution au Débat, je vous propose la lecture d’un article de Guy Konopnicki (Marianne 31 octobre 2009) qui résume bien mon état d’esprit sur cette question.

Faut plus qu’on cause du peuple !

280px-Social_contract_rousseau_page.jpgL'étonnante polémique sur l'existence d'une identité française me rassure. Je me sentais bien seul quand, pour établir ma carte d'identité nationale, la sous-préfecture de Boulogne-Billancourt me demandait de fournir de vieux papiers datant de trois générations.

La France se trouve dans la même situation ! Le président Nicolas Sarkozy éprouve le besoin de convoquer des états généraux pour établir son identité. Comment est-elle française, la France, par filiation, droit du sol ou naturalisation ? C'est qu'elle ne manque pas de parents étrangers ! Son nom lui-même vient d'ailleurs, comme le remarquait Raymond Queneau, dans « Un rude hiver », roman dont l'action se situe en 1916, au Havre. Au cœur de cette effroyable guerre franco-allemande, Queneau se plaisait à rappeler l'origine du nom de notre pays.

La France étant le pays des Francs, qui étaient allemands, on pouvait en déduire que les mots France et Allemagne étaient des synonymes. L’histoire en avait décidé autrement mais, pour l'étymologie, l'auteur de Zazie ne se trompait jamais.

Nous aurons donc des états généraux. En fait, il est déjà arrivé qu'une réunion de ce genre se penche sur la question. Ce n'était pas exactement l'ordre du jour fixé par Louis XVI, mais le tiers état s'est réuni dans la salle du Jeu de paume, pour proclamer une Assemblée nationale. Ce jour-là, 20 juin 1789, la volonté du peuple est entrée dans l'histoire. Non plus le bon peuple, les sujets, les gens, mais le peuple français, souverain.

Pour d'inexplicables raisons, l’expression « peuple français » ne figure plus que sur les jugements des tribunaux. Pour tant, c'est peu dire que l'on aime les peuples en France. Les autres ! C'est très bien, c'est grand, c'est généreux. Or ceux qui, selon leurs inclinations, n'ont de cesse de défendre les droits des peuples tchétchène, croate, palestinien, ukrainien, afghan, tamoul, kurde, iranien, j'en passe, tous ceux-là et beaucoup d'autres crient au chauvinisme, au populisme dès lors que l'on évoque le peuple français.

Le seul rappel de son existence serait une manière d'exclure tous les autres, à commencer par ceux qui sont appelés, qu'ils le veuillent ou non, à s'intégrer au peuple français.

Qui parle de peuple français, à la suite de Jules Michelet, est suspect de pétainisme ! Qu'importe si le premier acte de Pétain fut d'abolir le régime fondé sur le principe de la souveraineté du peuple, c'est-à-dire la République ! Au mot peuple, on appose immédiatement l'adjectif péjoratif populiste. Ce qualificatif ne vient pourtant pas de France, il a été traduit du russe. En France, les grands mouvements historiques ont utilisé l'autre adjectif, populaire, comme le Front de 1936. En ce temps-là les communistes chantaient la Marseillaise. Aujourd'hui l'Humanité crie au pétainisme. Jaurès et Aragon c'était donc Pétain ? Et « Ma France » de Jean Ferrat, c'était quoi ?

L'étrangeté de cette polémique qui nous revient réside précisément dans l'abandon de la référence au peuple français. Abandon qui unit dans une même aversion une grande partie de la gauche aux anciens rédacteurs et diffuseurs de la Cause du peuple, passés à droite avec l'âge. L’affreux mot « respect », qui s'est répandu depuis quelques années, vient aggraver la confusion. Revendiquer l'identité, pourtant évolutive, du peuple français, serait une manière de ne pas respecter les croyances et coutumes venues d'ailleurs. L’élitisme arrogant associé à la culpabilisation de l'histoire française interdit donc d'accoler les deux mots constitutifs de l'identité révolutionnaire.

Celle de ce peuple français qui eut l'incroyable audace de se proclamer souverain.

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07:07 Écrit par Pataouete dans Mes humeurs | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : identité nationale, konopnicki, peuple