11 août 2010
J'existe !
Comme vous le savez, je suis né dans un département français, celui de l'Algérois. Même dans une commune qui devint ensuite un chef lieu de département lorsque le gouvernement français chercha à diviser pour mieux régner : Orléansville.
Lorsque ce territoire ne fut plus français, je n'arrive toujours pas à savoir aujourd'hui si ce fut un bien ou un mal pour tous mes frères d'Algérie, les archives d'Etat Civil furent versées au fond des français nés à l'étranger : Nantes.
Cela devait être un tel foutoir, 1 tiers des rapatriés ne disposait pas d'acte de naissance, que dès juillet 1962, et par décret, la France décidait de nous accorder une dérogation. Sur présentation d'une réponse négative de Nantes, une fiche d'état civil suffisait.
C'est ainsi, que je fus, sous-officier appelé, assermenté par la Justice, titularisé dans la Fonction Publique, que je me suis marié par 2 fois, que mes enfants portent mon nom et que j'ai pu traverser, au moins une fois, 17 frontières différentes.
Cependant, la disparition des fiches d'état civil aidant, à l'approche des 60 ans, probablement à cause de cette recherche frénétique de Nationalité, de guichetiers zélés et probablement, aussi, de la disparition naturelle des 300.000 congénères concernés, mes ennuis ont commencé. La CPAM m'a harcelé afin de compléter mon dossier de Carte Vitale 2. (comme tout le monde j'ai eu un numéro de Sécu à 18 ans) mais lorsque ma caisse de retraite me demanda les mêmes pièces, mais eu m'ont tout de suite précisé qu'il s'agissait de mon numéro INSEE j'ai craqué.
Mes archives personnelles, regroupées lors de mes recherches psycho généalogistes, étaient prêtes. J'ai adressé à Nantes un dossier d'une douzaine de feuillets, bien sur il en manquait, deuxième envoi complémentaire et aujourd'hui miracle, je suis en possession d'un acte de naissance ! J'existe ! Je suis bien né ! Et aux âmes bien nées la valeur…
J'ai bien cru un moment que mes descendants ne pourraient pas me donner une sépulture. Qu'est-ce qu'on fait de Pap'Yves ? S'il n'existe pas on ne peut pas délivrer de certificat de décès et sans certificat pas d'incinération donc pas de dispersion. Je ne vois plus que le congélateur. Au secours Kafka fait quelque chose.
Eh ! Ben non c'est réglé, j'existe ! À 60 balais, j'ai un acte de naissance à mon nom avec mes ascendants, mes mariages, mon divorce, tout quoi, comme tout le monde.
Le vieil Anar qui sommeille en moi, mais pas trop, était bien content de faire chi… l'état français défaillant mais devant la menace de la statistique je n'ai pas pu résister.
J'existe !
07:52 Écrit par Pataouete dans Mes humeurs | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : algérie, acte d'étét civil, nantes