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22 avril 2010

Tour des Camps

 

J'ai fait quelques notes sur les camps des oubliés en Algérie, je trouve aujourd'hui un article de Philippe Thomas dans le Canard Enchainé qui nous évoque d'autres camps, plus anciens mais crées ,eux aussi, par la République.

Tour des Camps

BibLaFranceDesCamps.jpgPourquoi se montrer si modestes? En matière de camps d'internement, nous n'avons pas été que des bricoleurs. On en compte plus de 200 dans notre pays entre novembre 1938 et mai 1946 : de quoi enfermer près de 600 000 personnes. C'est à un aspect de ce tourisme, négligé depuis des dizaines d'années, que nous a convié Denis Peschanski, directeur de recherche au CNRS, avec « La France des camps », ce jeudi 8 avril dans « Infrarouge» (France 2).

La visite guidée commence par le camp d'Argelès, près de Perpignan, une longue plage ceinte de barbelés où les Besson, les Hortefeux de l'époque, incarnés par le président du Conseil Daladier, décidèrent, en toute démocratie, d'interner les étrangers indésirables. En l'occurrence les Espagnols républicains défaits par un général putschiste, Franco, au nom de la paix des chaumières. Civils demeurés fidèles au gouvernement légal, femmes, enfants, vieillards, combattants, parmi lesquels de nombreux blessés, malades, engagés volontaires dans les Brigades internationales, ils seront 500 000 à déferler à pied vers la frontière du Perthus, hagards d'épuisement et de faim, croyant dans le pays des droits de l'homme. On leur dépêcha gendarmes et goumiers à cheval de notre armée d'Afrique, pour cantonner sur la plage ces « fauteurs de troubles » potentiels. « C'était le mois de février, racontent des survivants aux cheveux blancs. On creusait des trous dans le sable. On s'y glissait à quatre ou cinq. La tramontane nous projetait dans la figure les petits graviers de la plage. C'était horrible. Nous étions cent mille. » Le 3 septembre 1939, la guerre est déclarée. Le pacte d'alliance entre Hitler et Staline est signé. Dès lors le Parti communiste est interdit. Tout ce que la police peut rafler de sympathisants, puis de syndicalistes est interné. S'y ajoutent Allemands et Autrichiens antinazis, déjà persécutés dans leurs pays, tous les étrangers, suspects parce que étrangers.

La plupart sont passés par les centres de rétention comme on ne disait pas encore, de Roland-Garros ou de Colombes, avant d'être expédiés vers le sud de la France, dit zone non occupée depuis le mois de juin 1940 et l'armistice signé par Pétain. Ainsi à la fin de cette année-là compte-t-on 55 000 internés. Il a fallu ouvrir d'autres camps.

Mais ce fut après les lois antisémites et la visite à Paris, le 5 mai 1942, du patron SS Heydrich que fut notable un changement de clientèle. Et de destination. La zone sud ayant disparu, tout ce qui était juif fut regroupé dans les camps de triage comme Pithiviers, Châteaubriant.

Drancy surtout, avant la destination finale, Auschwitz et autre Birkenau. Entre 1942 et 1944, sur 75 000 déportés, 2 500 ont survécu.

Ensuite, la république revenue, on enterra à Drancy les suspects de collaborationnisme et de marché noir. Le dernier interné fut libéré en mai 1946. Et on ne parla plus de rien.

Parce que la France avait eu honte de découvrir ce que la démocratie avait commencé en 1938. Et ce que Vichy sous pression allemande avait accompli contre des concitoyens accusés d'avoir pollué la France en attendant le redressement moral.

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07:59 Écrit par Pataouete dans La poulitique | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : camps, 1938, 1946, argelès