24 juin 2011
Pauvres sur Canapé
Ce sont d'affreux flemmards. Ils se vautrent dans le chômage. De vrais parasites. « Le cancer de la société », comme dit élégamment Laurent W auquiez. On les surnomme « les canapés », note « Le Figaro Magazine », qui décrit.avec dégoût ces inutiles qui restent chez eux devant la télé. Rendez-vous compte, ils touchent le RSA et n'en fichent pas une. Ils sont 1,15 million. On va les mettre au boulot. L'UMP, le sémillant Copé en tête, prévoit donc d'obliger tous ces flemmards à bosser cinq ou dix heures par semaine. Sinon, fini la monnaie!
Wauquiez voulait les faire travailler gratis. Grands seigneurs, et devant le tollé provoqué par cette polémique, ses amis de l'UMP condescendent à ce que ces heures soient payées au smic. Un service de travail obligatoire, donc, mais chichement rémunéré.
C'est quand même formidable. Voilà plus de trente ans que la France connaît un chômage de masse. 2,6 millions de chômeurs aujourd'hui, dont l'écrasante majorité ne demande qu'à travailler. S'il existe, évidemment, des petits malins, des fraudeurs, d'authentiques glandeurs, parmi les allocataires du RSA, chacun sait bien qu'ils ne forment pas le gros de la troupe. Ce sont avant tout des pauvres, réduits à la survie : 466 euros pour une personne seule et sans enfant, est-ce si scandaleux ?
Mais, en désignant les pauvres comme coupables, la droite, qui se veut tellement moderne, fait preuve d'un archaïsme étonnant. Le sociologue Alexandre Vexliard le notait voilà longtemps : «L'assistance par le travail a été considérée avec une remarquable persistance, malgré les échecs répétés, comme une solution aux problèmes de vagabondage et de mendicité. » Il faut donner les raisons pour lesquelles le travail obligatoire ne marche pas: un, ce n'est pas rentable (personnel flottant, produits de moindre qualité) ; deux, comme cela fait de la concurrence aux entreprises ayant pignon sur rue, ça reste marginal ; trois, ça coûte cher à l'administration (organisation, encadrement, paperasse); quatre, les tâches proposées sont généralement dénuées d'intérêt, pénibles, sales, insatisfaisantes, humiliantes.
Tout ça ne date pas d'hier: en 1551, le Grand Bureau des pauvres de Paris n'avait réussi à organiser des travaux publics que pour 20 personnes ... On parie que Copé ne fera guère mieux, mais qu'importe? Pour faire oublier l'échec de la lutte contre le chômage, l'impuissance face aux délocalisations et tenter de piquer des voix au Front national, il ne faut pas faire léger.
J.-L. P. Le Canard Enchaîné
06:47 Écrit par Pataouete dans Mes humeurs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pauvres, fainéants, rsa
Commentaires
C'est sûr que critiquer est toujours plus simple, surtout en visant certaines personnes... Pour mémoire, la fraude fiscale coûte plus que le RSA et la sécurité sociale réunie, oui oui...
Écrit par : Martin | 10 septembre 2013
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