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02 juin 2010

"A nos Morts"

A l'occasion des débats provoqués par les films présentés au Festival de Cannes, un "Remarquable" copain de blog ma transmis un lien proposant de relater l'Histoire des Tirailleurs Africains : les "Sentinelles de l'Empire". Je remercie les auteurs de : l'histgeobox et, si vous êtes intéressés par l'Histoire je vous conseille d'aller les lire.

Ce thème fera l'objet de plusieurs notes tout au long de la prochaine quinzaine.

Les sentinelles de l'Empire.

La Haine raciale des Allemands

Dans les rangs de la France Libre

A nos Morts !

Le C.A.M.P. "A nos morts"

anosmorts.png

L'album "A nos morts" est l'œuvre d'une compagnie de rappeurs et de chanteurs de Strasbourg : le C.A.M.P., Collectif d'artistes pour une mémoire partagée. Il retrace l'histoire des tirailleurs africains, maghrébins et asiatiques - de 1857 à 1945 -, à travers de raps originaux ou de textes fondateurs ("l'Affiche rouge" de Louis Aragon, des déclarations de Jean Jaurès ou de Kateb Yacine) mis en musique et conceptualisé par Yan Gilg. Nous avons ici sélectionné le morceau "Hosties noires". Son titre fait référence à un recueil de poèmes que Léopold Sedar Senghor dédie aux tirailleurs sénégalais en 1948. Les paroles du morceau sont également empruntées à deux poèmes grand écrivain franco-sénégalais.

 

« Vous tirailleurs sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort ;

Qui pourra vous chanter si ce n'est votre frère d'arme, votre frère de sang ?

Je ne laisserai pas les louanges de mépris vous enterrer furtivement

180px-Stamp_of_Moldova_md068cvs.jpg[première strophe tirée du poème Ode aux martyrs sénégalais]

Je déchirerai les rires banania sur tous les murs de France

Qui m'invite à sa table et me dit d'apporter mon pain ?

qui me donne de la main droite et de la main gauche enlève la moitié ?

Oui, Seigneur, pardonne à la France qui hait les occupants et m'impose l'occupation si gravement

[ deuxième strophe tirée du poème "Prière de paix"]

On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat Inconnu. Vous, mes frères obscurs, personne ne vous nomme.

On vous promet 500 000 de vos enfants à la gloire des futurs morts, on les remercie d'avance, futurs morts obscurs ... »

[dernière strophe tirée du poème "aux tirailleurs sénégalais morts pour la France. Voir ci-dessous]

 

Ode aux martyrs sénégalais

 

Vous Tirailleurs sénégalais, mes frères noirs à la main chaude

sous la glace et la mort

Qui pourra vous chanter si ce n'est votre frère d'armes, votre frère de sang ?

Je ne laisserai pas la parole aux ministres et pas aux généraux

Je ne laisserai pas - non ! - les louanges de mépris

vous enterrer furtivement.

Vous n'êtes pas des pauvres aux poches vides sans honneur

Mais je déchirerai les rires « banania » sur tous les murs de France.

Car les poètes chantaient les fleurs artificielles

des nuits de Montparnasse

Ils chantaient la nonchalance des chalands

sur les canaux de moire et de simarre

Ils chantaient le désespoir distingué des poètes tuberculeux

Car les poètes chantaient les rêves des clochards

sous l'élégance des ponts blancs

Car les poètes chantaient les héros, et votre rire

n'était pas sérieux, votre peau noire pas classique.


Ah ! ne dites pas que je n'aime pas la France

je ne suis pas la France, je le sais -

Je sais que ce peuple de feu,

chaque fois qu'il a libéré ses mains,

A écrit la fraternité sur la première page de ses monuments

Qu'il a distribué la faim de l'esprit comme de la liberté

A tous les peuples de la terre conviés solennellement

au festin catholique

Pardonne-moi, Sira Badral, pardonne étoile du Sud de mon sang

Pardonne à ton petit-neveu s'il a lancé sa lance

pour les seize sons du sorong.

Notre noblesse nouvelle est non de dominer notre peuple,

mais d'être son rythme et son coeur

Non de paître les terres, mais comme le grain de millet

de pourrir dans la terre

Non d'être la tête du peuple, mais bien sa bouche et sa trompette.


Qui pourra vous chanter si ce n'est votre frère d'armes,

votre frère de sang

Vous Tirailleurs sénégalais, mes frères noirs à la main chaude,

couchés sous la glace et la mort ?


Léopold Sédar Senghor (Sénégal)Senghor1981.jpg


« Poème liminaire à L.-G. Damas »,

Hosties noires, (1948), © Éditions du Seuil.


07:45 Écrit par Pataouete dans L'Algérie, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tirailleurs africains, algérie

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