07 avril 2010
Houari Boumediene
Houari Boumediene
Houari Boumediene (en arabe : هواري بومدين), de son vrai nom Mohamed Ben Brahim Boukharouba était un homme politique et ancien président algérien né le 23 août 1932 à Guelma et mort le 27 décembre 1978 à Alger.
Biographie
Né le 23 août 1932 à Aïn Hesseinia, près de Guelma, Boumédiène connut déjà très jeune les événements sanglants du 8 mai 1945 à Sétif et à Guelma, dont il dit plus tard : « Ce jour-là, j'ai vieilli prématurément. L'adolescent que j'étais est devenu un homme. Ce jour-là, le monde a basculé. Même les ancêtres ont bougé sous terre. Et les enfants ont compris qu'il faudrait se battre les armes à la main pour devenir des hommes libres. Personne ne peut oublier ce jour-là. »
Durant les années quarante, il entreprit des études coraniques à l'institut Kettania de Constantine, puis les poursuivit à l'institut Zitouna de Tunis ; il se dirigea par la suite vers l'institut al-Azhar du Caire.
En 1955, il retourne en Algérie où il rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN), il se retrouve dans la wilaya 5 (Oranie) à la tête de laquelle il est nommé en 1957, avant de prendre le commandement du P.C. d'Oujda, puis le commandement opérationnel de l'ouest, très vite il se fait remarquer et occupe le poste de chef d'état-major de l'ALN. Il passe une partie de la guerre au Maroc en préparant ce qu'il appelle "l'Armée de frontières", sous la protection de la police civile marocaine, avec un groupe appelé par la suite le "groupe de Oujda" comptant entre autres Abdelhafid Boussouf. Une fois l'indépendance acquise, Boumédiène devient vice-président et ministre de la Défense du Conseil de la Révolution qui est alors présidé par Ben Bella. Étant un proche de l'arabophonie et de la vision unique, refusant les accords conclus entre le président en place Ahmed Ben Bella avec l'opposition conduite par Hocine Ait Ahmed, alors responsable du FFS, Houari Boumédiène conteste le régime de son allié Ben Bella. Ne partageant pas les orientations politiques de ce dernier, il décide le 19 juin 1965 de mener un coup d'État au terme duquel il devient le nouveau président de l'Algérie. Sous sa direction, plusieurs actions sont entreprises en vue d'estomper sur le plan intérieur, les tensions nées de la guerre d'indépendance. En 1968, il réussit à faire évacuer la dernière base militaire occupée par la France à Mers el Kébir (Oran) ; alors que sur le plan économique, il opte pour le modèle socialiste, et fait construire sur la base de ce choix beaucoup d'usines et d'écoles. Il contribue surtout, le 24 février 1971, au nom du principe de la récupération des richesses nationales, à la nationalisation des hydrocarbures, au grand dam de la France.
Cette nationalisation réussie confère à Boumédiène une importante dimension internationale. En effet, Boumédiène a réussi là où l'Iranien Mossadegh avait échoué. L'année 1973 lui donne une nouvelle fois l'occasion d'affirmer son influence sur le plan international en organisant avec succès le sommet des non-alignés auquel les plus grands dirigeants du Tiers-Monde de l'époque assistent. Dès lors, l'Algérie de Boumédiène offre un soutien très actif aux différents mouvements de libération d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, et c'est en véritable leader du Tiers Monde qu'il se déplace en 1974 à New York, pour prendre part à une réunion spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU sur les matières premières qu'il a lui-même convoquée au nom des non-alignés. Il prononce à cette occasion un discours exposant une doctrine économique, favorable entre autres à l'établissement d'un nouvel ordre économique international plus juste, qui prendrait en compte les intérêts du Tiers Monde. Il a pour cible l'exploitation des matières premières au profits des industries françaises. Au sein de celles-ci, le besoin d'une main d'œuvre à bas prix s'est fait sentir tout au long de leur développement. "Cette situation, nous ne pouvons pas la changer, ni dans quatre ans, ni dans cinq, ni peut-être dans dix ! Ce qui nous importe c'est de considérer l'émigration algérienne dans les pays européens, non pas comme un problème banal mais une question nationale. Personnellement, j'estime que, progressivement, de nombreux concitoyens qui ont émigré retourneront dès qu'ils pourront jouir des conditions de travail dans le pays".
En 1975 il accueille le premier sommet de l'OPEP par le biais duquel les membres du cartel ont pu définir une politique pétrolière concertée. Dans le sillage de cette même réunion, il parvint à sceller la paix entre l'Iran du Chah et l'Irak de Saddam Hussein. Sur le plan intérieur, il fait voter en 1976 une charte en vertu de laquelle il promulgue la constitution d'une Assemblée législative ainsi que la création du poste de président de la République, soumis au suffrage universel.
À partir de l'année 1978, les apparitions publiques du président Houari Boumédiène se font de plus en plus rares, et il s'avère qu'il souffre d'une maladie du sang, la maladie de Waldenström. Toutefois, très peu de choses ont été dites à propos des circonstances qui entourèrent sa mort, survenue le 27 décembre 1978.
Bibliographie
* Ania Francos et Jean-Pierre Séréni, Un Algérien nommé Boumédiène, éd. Stock coll. « Les Grands Leaders », 1976
* Paul Balta et Claudine Roulleau, La Stratégie de Boumédiène, éd. Simbad, 1978
* Juliette Minces, L'Algérie de Boumediène, éd. Presses de la Cité, 1978
07:07 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : algérie, houari boumediene
Commentaires
Voilà, j'ai tout lu, merci Yves
Ce 8 mai 45, ne sera jamais oublié
Écrit par : noelle | 07 avril 2010
En toute modestie, ce morceau, petit témoignage...
Lorsque Houari Boumédène a renversé Ben Bella, j'avais 11 ans, je vivais en zone rurale, je n'ai rien su. Plus tard, en 1975, en été, j'ai pris part à une campagne des étudiants volontaires pour la dite "Révolution agraire". Avant d'être lâchés par brigades sur toute l'étendue du territoire, nous sommes passés par un rassemblement dans la capitale où, entre autres, nous avions été conduits aux palais des Pins pour un discours de galvanisation de Boumédiène. Je me suis trouvé assis dans les premières rangées. J'ai constaté que les photos de lui ne correspondaient pas à son physique réel ! Le vrai Boumédiène avait un physique réel supérieur de très loin en beauté aux photos, c'est bizarre, dit-on alors qu'il n'était pas photogénique? Ceci dit, il était en avance sur beaucoup de monde ici, il avait tout compris, mais n'avait pas à disposition la matière humaine nécessaire à sa compréhension. Comme on peut le lire dans Internet, on pense que sa mort n'a pas été naturelle. Après lui, c'est le règne des minables, et des requins, le règne de ceux qui ont de petits destins avec les moyens du pétrole. L'économiste De Bernis n'a t-il pas induit en erreur Boumédiène par le schéma dit des industries industrialisantes ? En effet, en ce temps là la population était en majorité paysanne, et je me demande comment Boumédiène pourtant clairvoyant a pu accepter une inversion des priorités aussi grossière, qui a définitivement enlaidi "L'Indépendance", c'est aujourd'hui un monde qui importe tout : Tout ! Boumédiène a signifié une tentative de construction d'une dignité, mais il semble qu'il y a trop de mauvaises graines dans ce peuple que, par ailleurs, il avait lui même qualifié de difficile à gouverner !
Écrit par : Bekaddour Mohamed | 18 avril 2010
Je savais ce qu'il avait dit du 8 mai 1945, et c'est ce qu'a judicieusement retenu Noelle : La racine du grand destin de Boumédiène, en somme l'essentiel. Il y avait en lui la blancheur, il portait le Coran qu'il avait appris par coeur. Il avait juré après le 8 mai 1945 de ne pas porter l'uniforme de l'armée française, un serment tenu, qui a été favorisé par le destin, puisqu'au moment où l'administration française était sur le point de le faire extrader d'Egypte comme déserteur est survenu le coup d'état qui l'a sauvé. Un destin est un destin, il s'accomplit contre vents et marées. Un journaliste français l'a un jour interrogé sur "Mohammed", (Le Messager d'Allah), je n'ai pas sa réponse exacte en mémoire, et lorsqu'il revenait d'URSS, alors qu'il se savait condamné à brève échéance, en survolant le territoire français il avait adressé un télégramme au président Giscard d'Estaing lui disant que, pour l'avenir il fallait faire confiance au génie des peuples... La relation France/Mohammed n'a pas encore accouché du Meilleur !
Écrit par : Bekaddour Mohammed | 18 avril 2010
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