Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17 novembre 2009

Un Général Non-violent : de Bollardière

Jacques Pâris de Bollardière, né le 16 décembre 1907 à Châteaubriant en Loire-Atlantique et mort le 22 février 1986 au Vieux-Talhouët, Guidel dans le Morbihan, était un officier général de l’armée française, combattant de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre d'Indochine et de la guerre d'Algérie. C'est également une des figures de la non-violence en France.

Jacques de Bollardière est l'un des Français les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale : grand officier de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération, deux fois décoré du DSO (Distinguished Service Order), etc.

Engagement contre la torture en Algérie

debollardiere-2a911.jpgJacques de Bollardière est le seul officier supérieur à avoir condamné ouvertement l'usage de la torture pendant la guerre d'Algérie : il dénonce « certains procédés » pratiqués par une partie de l'armée française dans la recherche du renseignement lors de la guerre d'Algérie. Sa prise de position publique lui vaut une sanction de soixante jours d’arrêt de forteresse à La Courneuve.

Il écrit quelques années plus tard : « Je pense avec un respect infini à ceux de mes frères, arabes ou français, qui sont morts comme le Christ, aux mains de leurs semblables, flagellés, torturés, défigurés par le mépris des hommes ». Il soutient Jean-Jacques Servan-Schreiber dans sa dénonciation de la torture.

« La guerre n’est qu’une dangereuse maladie d’une humanité infantile qui cherche douloureusement sa voie. La torture, ce dialogue dans l’horreur, n’est que l’envers affreux de la communication fraternelle. Elle dégrade celui qui l’inflige plus encore que celui qui la subit. Céder à la violence et à la torture, c’est, par impuissance à croire en l’homme, renoncer à construire un monde plus humain. »

Relevé de son poste, il est ensuite nommé adjoint du général commandant supérieur des forces armées de la zone de défense AEF-Cameroun puis à Coblence, en Allemagne, des postes honorifiques qui l'éloignent du commandement. Il démissionne au moment du putsch des Généraux (avril 1961), n'ayant pu obtenir de poste en Algérie, comme il le souhaitait.

Il déclare à cette occasion : « le putsch militaire d’Alger me détermine à quitter une armée qui se dresse contre le pays. Il ne pouvait être question pour moi de devenir le complice d’une aventure totalitaire. »

Non-violence

800px-Lanza_muller_bolardiere.jpgJacques de la Bollardière (à droite) sur le plateau du Larzac, protestant contre l'extension du camp militaire, dans les années 1970. A sa gauche, les philosophes non-violents Jean-Marie Muller et Lanza del Vasto.

Pendant deux ans, il travaille comme attaché de direction dans l'entreprise de construction navale La Perrière à Lorient.

Il devient un membre actif du Mouvement pour une alternative non-violente (MAN) avec sa femme Simone. Il participe au mouvement de défense du Larzac menacé par l'extension d'un camp militaire. Le 17 juillet 1973, il est arrêté au large de Mururoa alors qu’il manifeste de façon non-violente contre les essais nucléaires atmosphériques (et plus généralement contre la dissuasion nucléaire). La marine française arraisonne son voilier, le Fri, alors qu'il est en dehors des eaux territoriales (mais à l'intérieur du périmètre de sécurité délimité en vue d'un essai). Le « commando Bollardière » est composé de Jean Toulat, Jean-Marie Muller et Brice Lalonde.

Il est également président de l'association Logement et promotion sociale de 1968 à 1978, membre d'associations régionalistes bretonnes et théoricien de la défense civile non-violente. Ces convictions sont indissociables de sa foi chrétienne.

À l’occasion de la loi de réhabilitation des militaires putschistes de 1982, certains officiers ayant résisté au putsch sont également réintégrés dans les cadres ; trouvant ce parallélisme déplacé et ce geste bien tardif, le général de Bollardière refuse le même traitement.

Décédé dans sa résidence du Vieux-Talhouët le 22 février 1986, il est inhumé à Vannes.

07:40 Écrit par Pataouete dans L'Algérie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : algérie, de bollardière, non-violence

Commentaires

Un homme courageux

Mais le constat reste accablant sur les conditions de détention dans de nombreux pays du monde

Difficile de croire que cela peut changer...

Écrit par : noelle | 17 novembre 2009

Au premier abord je ne connaissais que le nom, en lisant je me souviens.

Écrit par : alsacop | 17 novembre 2009

Au risque de déplaire au capitaine, La Bollardière est quelqu'un dont je me souviens : dans ma jeunesse, c'était une icône des aumôneries...

Écrit par : Rosa | 17 novembre 2009

Rosa : Je ne vois pas ce qui pourait me déplaire, j'ai écrit " Ces convictions sont indissociables de sa foi chrétienne."
Mais là je parlais surtout du Général...

Écrit par : Z'Yves | 17 novembre 2009

Je continue le bavardage entamé à propos de notre association l'AAACG.
Merci d'avoir consacré un article au général.
Car notre présidente d'honneur est Simone de Bollardière, la femme du général qui apparait dans le dernier film pour la télévision qui nous est consacré et qui vient da passer sur France ô.

Nous participons à toutes les inaugurations de rues baptiséés JP de Bollardiére( on retrouve sur notre site 4acg.org celles de Paris et de Rezé les Nantes).
Le seul film qui lui est consacré( réalisé en 1974) a toujours été refusé par les télés. Le réalisateur m'en a envoyé une copie dont j'ai commencé à remasteuriser le son(un peu fatigué).

Ceux qui lisent ce message et peuvent convaincre un maire de commémorer JP de Bollardière sur un lieu public seront les bienvenus, car son exemple doit être connu.

Amitiés.

Écrit par : jourocos | 21 novembre 2009

Comme vous, j'ai cité ce Général courageux par ses prises de position durant la Guerre d'Algérie.
Mais je ne connaissais pas ses actions postérieures à 1962 ...

Écrit par : GéLamBre | 26 décembre 2009

Les commentaires sont fermés.